Lex Sempronia

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La question agraire a empoisonné la vie politique romaine pendant plusieurs siècles. Les Gracques, issues de la plèbe vont faire des propositions de loi qui vont secouer la société romaine.

Sommaire

[modifier] La loi agraire

En -133, le tribun de la plèbe Tibérius Sempronius Gracchus tente une réforme agraire à Rome (lex Sempronia) qui stipule qu’aucun citoyen ne peut occuper personnellement plus de 500 jugères de l'ager publicus (terres publiques), avec un maximum de 1000 (250 ha) s’il avait deux fils et interdit de faire paître sur les pâturages publics plus de cent têtes de gros bétail ou cinq cent de petit. Les terres, reprises par l’État aux grands propriétaires (indemnisés), devaient être distribuées en lots inaliénables de 30 jugères aux citoyens pauvres. Tibérius espérait inciter la plèbe inactive au retour à la terre et lutter contre la dépopulation.

Tibérius pense faire passer sa loi en s’appuyant sur la tradition (la limitation à 500 jugères est un retour à la loi agraire de Caius Licinius Stolon) et sur la fraction libérale du Sénat. La proposition est d’abord soutenue par le consul P. Mucius Scaevola, l’ancien consul Appius Claudius Pulcher, le grand pontife P. Licinius Crassus, Q. Metellus et quelques autres. Le tribun M. Octavius, qui s’oppose à la réforme, est déposé de sa charge à l’unanimité par les comices convoqués par Tibérius en violation de la constitution. La loi agraire passe dans une forme aggravée (Tibérius fait disparaître le principe d’indemnité).

[modifier] Application de la loi agraire

Un triumvirat agraire est élu pour faire appliquer la loi, composé de Ti. Sempronius Gracchus, C. Sempronius Gracchus et Ap. Claudius Pulcher. Les amis libéraux de Tibérius au Sénat, avant tout constitutionnels, l’abandonnent, ainsi qu’une grande partie de l’opinion. Tibérius, devant l’opposition du Sénat, préparait peut-être d’autres mesures concernant le recrutement des légions et la judicature, et une proposition de loi pour être autorisé à exercer un second tribunat. Il se fait massacrer le jour du vote au cours d’une émeute provoquée par les Sénateurs, sous la conduite de Publius Cornelius Scipio Nasica.

La commission chargée d’appliquer la loi continue de fonctionner. P. Licinius Crassus, beau-père de Caïus remplace Tibérius après son assassinat. Mais l’oligarchie gouvernementale multiplie les difficultés d’application. A la mort de P. Licinius Crassus et d’Appius Claudius en -130, ils sont remplacés au triumvirat agraire par Marcus Fulvius Flaccus et C. Papirius Carbo, tribun de la plèbe[1]. Les assignations reprennent.

En -129, Scipion Emilien, qui pense peut-être revêtir une dictature constituante, fait enlever, par une loi, aux triumvirs agraires leurs pouvoirs judiciaires, et les fait transférer aux consuls qui refusent d’en user sous prétexte de partir en campagne. L’application de la loi agraire s’en trouve paralysée. Scipion meurt brusquement, la veille des Féries latines, jour où il devait proposer l’abrogation de la loi agraire. On parle d’assassinat.

[modifier] Relance de la loi agraire

En -124, le tribun de la plèbe Caius Sempronius Gracchus, frère de Tiberius, restitue à la commission triumvirale chargé d’appliquer la loi agraire ses prérogatives (droit de délimitations) ralentie par la loi de -129. Il renforce la loi agraire en redistribuant l’ager publicus (domaine public) aux Romains comme aux Italiens, en Italie comme en Afrique ; il institue des distributions de blé à prix réduit (pour lutter contre la corruption électorale), décide la fondation de nouvelles colonies à Tarente, Capoue, Carthage et Corinthe, fait construire des routes, des greniers en Italie, mesures destinées à soulager la misère du petit peuple. Caius Gracchus, qui se heurte à l’oligarchie et aux Sénateurs, s’appuie sur la plèbe, les Italiques et l’ordre équestre dont la puissance économique et politique s’accroît.

[modifier] Echec final

En -121, Le Sénat tente de faire abroger la loi Rubria, sur la colonie de Carthage, invoquant des prétextes religieux. Fulvius Flaccus et Caius Sempronius Gracchus veulent résister, et rassemblent leurs partisans. Lors d’une rixe au Capitole entre leurs partisans et ceux du consul Opimius, représentant de l’oligarchie, un licteur d’Opimius est tué. L’aristocratie se hâte d’exploiter ce meurtre. Le Sénat vote le « sénatus-consulte ultimum », la loi martiale qui donne aux consuls le droit de condamner sans appel des citoyens.

Caius Sempronius Gracchus et Fulvius sont tués avec 3000 de leurs partisans au cours d’une bataille sur l’Aventin contre les troupes du consul Opimius. Ses lois, ainsi que celles de son frère, sont abrogées. L’oligarchie triomphante garde le pouvoir jusqu’en -108. Elle abroge la loi coloniale : la colonie de Carthage est supprimée, et celle de Capoue n’est pas fondée. Celle de Tarente subsiste, mais perd de son importance.

[modifier] Notes

  1. Appien, Histoire des guerres civiles de la république romaine, Livre premier, XVIII

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Autres langues