Lettres d'Iwo Jima

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Letters from Iwo Jima (titre précédent : Red Sun, Black Sand, titre japonais : iōjima kara no tegami) est un film de guerre réalisé par Clint Eastwood et sorti au Japon le 9 décembre, 2006. Il relate la bataille d'Iwo Jima du point de vue japonais. Ce film a eu une sortie limitée aux Etats-Unis le 20 décembre et est sorti le 21 février 2007 en France. Basé sur le livre Picture Letters from Commander in Chief du général Tadamichi Kuribayashi, joué à l'écran par Ken Watanabe, Letters from Iwo Jima est complémentaire avec le film de Clint Eastwood Flags of Our Fathers.

Les bombardements systématiques préparatoires au débarquement donnent raison aux préparations du général Kuribayashi, opposé à ses homologues : le seul lieu hors de danger devient pour les soldats les cavernes et les souterrains qu'ils ont préparé.
Les bombardements systématiques préparatoires au débarquement donnent raison aux préparations du général Kuribayashi, opposé à ses homologues : le seul lieu hors de danger devient pour les soldats les cavernes et les souterrains qu'ils ont préparé.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Le film suit l'histoire de deux bons amis servant du côté japonais lors de la bataille d'Iwo Jima, durant la Seconde Guerre mondiale. La bataille est ainsi dépeinte du côté japonais, quand Mémoires de nos pères présentait le côté américain. L'ouverture du film passée, montrant des archéologues japonais effectuant des fouilles dans les cavernes, la transition s'effectue sur l'arrivée du nouveau général en charge de la défense de l'île en prévision de son invasion prochaine, l'US Navy concentrant ses forces à Saipan (îles Mariannes). Lorsqu'il atterrit, les soldats sont en train de creuser des tranchées dans le sable volcanique le long des plages de l'île, improbables refuges face à la puissance de feu adverse sur le point de se déchaîner. Le lieutenant général Kuribayashi n'apprend que tardivement, de la bouche du baron Nishi, la ruine de la flotte impériale japonaise à la bataille du golfe de Leyte, ce que le Mikado a soigneusement évité d'ébruiter en cherchant à minimiser le défaitisme parmi les rangs : les deux hommes perçoivent alors, tout moyen de contre-attaque étant anéanti, que la défense de l'île appelle au sacrifice de tous.

Les moyens des assaillants dépassèrent de loin ceux des défenseurs.
Les moyens des assaillants dépassèrent de loin ceux des défenseurs.

Évaluant les possibilités de défense, Kuribayashi se trouve confronté à des officiers obtus qui parfois refusent ses ordres ou ne les comprennent pas : alors qu'il prône une défense des reliefs de l'île, ils préparaient des tranchées sur les plages dans l'espoir de contenir le débarquement dès les premières heures. Ce n'est que lorsque la métropole demande le rapatriement des avions pour la défense ultérieure que les officiers prennent conscience de la lutte à mort qui s'annonce, et de la vanité des préparatifs qu'ils avaient engagé.

Confirmation de ces impressions lors de l'arrivée des navires, les Japonais estimant l'effectif des troupes débarquées à 20 000 alors que les États-Unis ont concentré sur cette opération les plus importantes forces des campagnes du Pacifique [1] : désormais, chacun doit agir au mieux selon son sens du bien.

[modifier] Distribution

Portrait de Tadamichi Kuribayashi, en charge de la défense de l'île.  le personnage interprété par Watanabe.
Portrait de Tadamichi Kuribayashi, en charge de la défense de l'île.
le personnage interprété par Watanabe.
Acteur Rôle
Ken Watanabe général Tadamichi Kuribayashi
Kazunari Ninomiya Saigo
Tsuyoshi Ihara baron Takeichi Nishi
Ryo Kase Shimizu
Shidou Nakamura lieutenant Ito

[modifier] Analyse

Forme

Alors que la narration du film conjoint Mémoires de nos pères était formée à l'aide de passages incessants des combats sur l'île aux vies des soldats de retour en Amérique [2], Lettres d'Iwo Jima est présenté par le biais d'une structure linéaire; les seuls moments rompant cette narration classique sont les réminiscences des différents soldats dont le contexte et l'engagement sont montrés aux travers de séquences rappelant de quelles manières variées ils appréhendent le conflit contre les Américains dans lequel l'Empire du Japon s'est engagé.

Marines sur la plage, avec le mont Suribachi en arrière-plan ; sa perte va enclencher des dissensions importantes dans la chaîne de commandement japonaise, ce qui joue un rôle important dans l'intrigue du film.
Marines sur la plage, avec le mont Suribachi en arrière-plan ; sa perte va enclencher des dissensions importantes dans la chaîne de commandement japonaise, ce qui joue un rôle important dans l'intrigue du film.
Fond

Une autre comparaison peut-être donnée aux deux films :
- le premier montrait l'avènement d'une stratégie de propagande en cours de constitution basée sur l'exploitation effectuée par le pouvoir politique de la photo des GI's hissant le drapeau sur le mont Suribachi. Le contraste consistait pour Eastwood à faire apparaître le désarroi vécu par les protagonistes, provenant du décalage entre l'épreuve du feu lors de la prise de l'île et les témoignages de bravoure qui leurs sont demandés au pays afin de susciter une levée de fonds par souscription populaire pour financer la guerre.
- le second montre, chez les individus japonais civils comme militaires, l'effet qu'a produit une propagande déjà installée et orchestrée par l'État sur plusieurs années, basée sur le nationalisme, l'exaltation impériale et le sentiment de supériorité. Ces éléments réductibles au gimmick la victoire ou la mort prennent un sens prégnant à la veille de l'arrivée des envahisseurs sur le sol national [3], sens tout à fait précis dans le contexte culturel japonais : il appelle au sacrifice personnel par seppuku ou tout autre moyen pour éviter la honte de n'avoir su défendre sa position. Cette fois, sur le plan individuel des protagonistes, le conflit est aussi intérieur puisqu'ils doivent se situer par rapport à ce poids collectif sollicitant leur suicide ou une charge à l'ennemi droit sur une mort certaine ; peu surmontent la honte de la reddition afin de tenter de survivre à ces instants critiques.

Kuribayashi trouve, selon le récit du film, en la compagnie de Takeichi Nishi (ici avec son cheval Uranus qu'il avait fait venir à Iwo Jima) les rapports de franchise qu'il n'a plus avec ses subordonnés.
Kuribayashi trouve, selon le récit du film, en la compagnie de Takeichi Nishi (ici avec son cheval Uranus qu'il avait fait venir à Iwo Jima) les rapports de franchise qu'il n'a plus avec ses subordonnés.
Originalité

La mise en scène de deux films donnant les perspectives adverses sur le plan subjectif est sans précédent parmi les productions hollywoodiennes ; la critique a d'ailleurs encensé la démarche en avançant qu'Eastwood avait réalisé le film sur l'Histoire du Japon que le cinéma japonais n'avait jamais osé faire. Le point de jonction des deux films a bien sûr lieu au moment de tension lors de la scène clé du débarquement, lorsqu'au bout des jumelles du général Kuribayashi retranché, c'est l'autre film qui se déroule [4] : cette mise en corrélation est une prouesse de cinéma.

Vanité de la guerre

Le développement des deux personnages du général Kuribayashi et du baron Nishi, par le biais de leurs histoires antérieures, illustre de la vanité de cette situation de guerre qui va les voir périr. Tous deux ont eu des liens étroits avec l'Amérique; l'un lors des rapprochements avec l'État-major de la flotte du pacifique dans les années trente, l'autre à l'occasion de sa participation aux J.O. de Los Angeles de 1932, pour lequel il chérit le souvenir de son cheval de concours hippique, Uranus. Sans rien renier de leur engagement envers l'empire [5], ils ont donc des raisons de trouver circonstancielle et sans but cette opposition à leurs amis d'hier.

[modifier] Accueil de la critique

  • Golden Globe 2007 - Meilleur Film en Langue Etrangère (Best Foreign Language Film).

[modifier] Voir aussi

Le personnage de Saigo avait promis à sa femme, enceinte, qu'il reviendrait au pays voir son fils. Cette promesse, lui permettant de faire un choix face au comportement de sacrifice attendu par la hiérarchie militaire, fait de lui l'un des mille soldats japonais qui ont survécu à Iwo Jima .
Le personnage de Saigo avait promis à sa femme, enceinte, qu'il reviendrait au pays voir son fils. Cette promesse, lui permettant de faire un choix face au comportement de sacrifice attendu par la hiérarchie militaire, fait de lui l'un des mille soldats japonais qui ont survécu à Iwo Jima [6].

[modifier] Notes

  1. 110 000 Marines embarqués sur 880 navires — [ source ].
  2. mélange rendant difficile à identifier ce qui relève du flashback du flashforward, puisque l'exposé de l'histoire joue sur ces deux temps.
  3. l'île est japonaise, et de surcroît présentée comme la future base d'envol des bombardiers ennemis si elle est perdue
  4. scène de débarquement des Marines hors du feu japonais, et leur étonnement initial de l'absence de résistance lors des premières minutes.
  5. puisqu'ils meurent au champ d'honneur
  6. sur 20 000 soldats japonais engagés dans la bataille.

[modifier] Liens internes

Caractéristiques portraitisées :
  • Kempeitai (Kempeitai), le corps de police militaire
  • Banzai, Longue vie au moment du sacrifice individuel à l'Empereur
  • Senninbari (Senninbari), la ceinture porte-bonheur confectionnée par une mère ou une épouse

[modifier] Liens externes