Langue dravidienne

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Aire d'extension des langues dravidiennes.
Aire d'extension des langues dravidiennes.

Les langues dravidiennes forment une famille d'une trentaine de langues, originaires de l'Inde, essentiellement parlées dans le sud de l'Inde. Elle possède également des locuteurs dans quelques foyers isolés du Nord-Est et du Nord-Ouest du pays au Sri Lanka (au Nord et à l'Est surtout), et dans les communautés émigrées. Environ 200 millions de personnes ont une langue dravidienne, en très grande majorité le télougou (65 millions de locuteurs environ), le tamoul (65 millions), le malayalam (35 millions), ou le kannara (35 million). Chacune de ces quatre langues est la langue principale d'un état indien, respectivement l'Andhra Pradesh, le Tamil Nadu, le Kérala et le Karnataka.

Icône de détail Article connexe : Liste des langues dravidiennes.

Sommaire

[modifier] Découverte de la famille

Dès 1816, Alexander D. Campbell a évoqué des liens entre tamoul et télougou. C'est cependant en 1856 que Francis W. Ellis a, le premier en Occident, décrit les langues du Sud de l'Inde en les envisageant comme membres d'une famille unique.[1] Il utilisa le mot de "dravidien", reprenant le mot sanskrit drāvida qui avait été utilisé pour désigner les langues d'Inde du Sud.

[modifier] Origine et parentés

L'origine des langues dravidiennes est mal connue.

Certains chercheurs ont cru discerner de fortes ressemblances lexicales entre les langues dravidiennes et les langues ouraliennes, ce qui suggèrerait des contacts prolongés entre locuteurs des deux langues. Cette hypothèse est toutefois critiquée par des spécialistes des langues ouraliennes et, moins fréquemment, des spécialistes des langues dravidiennes.[2]

On a également tenté de relier les langues dravidiennes à la civilisation de la vallée de l'Indus, dont les habitants se seraient dispersés après la chute de cette civilisation. Cette hypothèse est toutefois difficile à étayer car on ne connaît pas la langue de la vallée de l'Indus. On a aussi évoqué des liens avec l'élamite, qui fut parlé en Iran, du début du IIIe millénaire au IVe siècle av. J.-C. au moins.

Les hypothèses les plus satisfaisantes mettent aujourd'hui en relation les langues dravidiennes avec les langues de l'Afrique (groupes bantou, peul, mande, ouest-africain...).[3]

Lilias Homburger et Théophile Obenga ont trouvé des affinités entre l’égyptien ancien, les langues dravidiennes, parlées aujourd’hui en Inde du Sud, et les langues négro-africaines. Sans parler des études comparatives entre dravidien et sumérien, il y a plusieurs thèses de doctorat, écrites par des Dravidiens ou des Sénégalais, sur les rapports entre les langues dravidiennes et les langues du groupe sénégalo-guinéen : wolof, serer, peul. Ce qui amène à penser qu’il fut un moment, au néolithique, où les langues agglutinantes recouvraient l’Afrique, le Bassin méditerranéen et le sud de l’Asie.[1]

[modifier] Liens avec les autres groupes

Cette famille linguistique indépendante a subi et exercé plusieurs influences sur les langues avoisinantes, du fait de la proximité de la famille indo-iranienne. En effet, les langues dravidiennes comprennent un lexique d'origine indo-iranienne assez important, comme par exemple dans le cas du tamoul, largement influencé par le sanskrit. Inversement, en Inde et au Pakistan, les langues indo-iraniennes ont intégré des procédés syntaxiques propres au dravidien, comme une position finale fixe du verbe, mais aussi des sons consonantiques rétroflexes propres aux langues dravidiennes du Nord.

[modifier] Subdivisions

Les linguistes ont coutume de diviser cette famille en trois groupes :

  • Le groupe septentrional, localisé dans des foyers dispersés du Nord-ouest et du Nord-est de la péninsule indienne.
  • Le groupe central, dont les langues les plus parlées, le parji et le kolami, ont chacune 100 000 locuteurs.
  • Le groupe méridional, de loin le plus important, et lui même divisé en deux sous groupe:
    • Le sous groupe le moins au sud comprod le télougou est d'autres langues de moindres importance telles que le gondî et le kui.
    • Les sous groupe le plus au Sud comprend lui même de nombreuses subdivisions. La langue la plus parlée est le tamoul parlé dans le Sud de l'Inde, au Sri Lanka et dans divers îles de l'Océan indien. Le malayalam, qui en est assez proche et le kannara qui l'est moins sont également parlés par des dizaines de millions de personnes. Le tulu et d'autres langues moins répandues appartiennent également à ce sous groupe

[modifier] Grammaire

Les langues dravidiennes sont des langues agglutinantes.

Il n'y a qu'un verbe conjugué par phrase.

[modifier] Notes

  1. Francis W. Ellis, Grammar of the Teloogoo Language, 1856.
  2. Krishnamurti, Bhadriraju (2003) The Dravidian Languages Cambridge University Press, Cambridge. ISBN 0-521-77111-0, p. 40-41.
  3. Sergent, B. (1997) Genèse de L'Inde Ed. Payot, Paris. pp. 52-58.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Bloch, Jules, 1946, La structure grammaticale des langues dravidiennes, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien-Maisonneuve, Paris
  • Burrow, T. and Emeneau, M.B. (1984), A Dravidian Etymological Dictionary, Second Edition, Clarendon Press, Oxford.
  • Caldwell, Robert (Bishop) ([1ère éd.] 1856, [2ème éd.] 1875, [3ème éd.] 1913, 1974), A Comparative Grammar of the Dravidian or South-Indian Family of Languages, Third edition, Revised and Edited by J.L. Wyatt and R. Ramakrishna Pillai. [Reprint of the 3rd edition, originally printed by K. Paul, Trench, Trübner & Co., Ltd, London], Oriental Books Reprint Corporation, New Delhi.