Langue des signes néo-zélandaise

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La langue des signes néo-zélandaise ou NZSL (sigles de son nom anglophone, New Zealand Sign Language) est la langue principale de la communauté sourde de Nouvelle-Zélande. Elle est devenue langue officielle du pays en avril 2006, statut qu'elle partage avec l'anglais et le maori, et est parlée par environ 7 700 personnes[1].

La langue des signes néo-zélandaise (dorénavant appelée NZSL) puise ses origines dans la langue des signes britannique (BSL) et peut se considérer un dialecte des langues des signes britannique, australienne et néo-zélandaise (BANZSL). On trouve 62,5 % de similarités entre les signes de la langue des signes britannique et la NZSL, comparé avec 33 % entre la langue des signes américaine (ASL) et la NZSL.

Comme les autres langues des signes, elle fut créée par les sourds avec aucun lien linguistique avec la langue écrite ou parlée et peut exprimer tout ce qu'on veut dire.

Elle utilise le même alphabet à deux mains que la langue des signes britannique et australienne.

On y utilise davantage les lèvres en conjonction avec les mouvements des mains et du visage que la langue des signes britannique, ce qui reflète l'histoire oraliste de l'éducation des sourds en Nouvelle-Zélande. Son vocabulaire inclut des concepts maori tels que marae et tangi et des signes pour des lieux néo-zélandais (par exemple, Rotorua : « bancs de boue », Wellington : « brise venteuse », Auckland : « Sky Tower », Christchurch : deux C pour indiquer l'abréviation de la ville, « ChCh »).

Sommaire

[modifier] Histoire

Les premiers immigrants non-polynésiens en Nouvelle-Zélande venaient du Royaume-Uni ; ceux qui étaient sourds parlaient la langue des signes britannique, qu'ils introduisèrent en Nouvelle-Zélande.

Le premier professeur de langue des signes connu fut Dorcas Mitchell, qui l'enseigna aux enfants d'une famille à Charteris Bay, Lyttelton Harbour, de 1868 à 1877. En 1877 elle l'avait déjà enseigné à 42 élèves. L'année suivante on fonda à Sumner (au sud-est de Christchurch), la première école pour sourds, alors appelé le Sumner Deaf and Dumb Institution. Elle postula pour en devenir la directrice, mais fut refusée ; le poste sera donné à Gerrit van Asch. Van Asch était d'accord avec le Congrès de Milan de 1880 d'enseignants de sourds (auquel aucun sourd ne fut invité), qui déclara que l'enseignement ne doit être qu'oral et que la langue des signes devrait être interdite. Il n'accepta aucun élève qui pouvait signer, donc il n'y en avait que 14 à l'école à ses débuts. Ce fut la politique de l'école jusqu'en 1979 ; un documentaire sur l'école produite dans les années 1950 ne mentionne pas la langue des signes. On tient des politiques similaires aux écoles pour sourds de Titirangi et de Kelston, qui ouvriront leurs portes en 1940 et 1958, respectivement.

Les enfants utilisèrent la langue des signes en secret et en dehors de l'école, développant en un siècle la langue des signes néo-zélandaise largement seuls et sans intervention adulte. Les principaux refuges de ceux qui signaient étaient les clubs pour sourds dans les grandes villes du pays.

L'école de Sumner adoptera l'approche « Total Communication » (la philosophie d'« utiliser tout ce qui marche », y inclus la langue des signes) en 1979, mais la langue des signes choisie pour enseigner était la « langue des signes australasienne », une forme construite signée de l'anglais. Les jeunes sourds utilisant la langue des signes incorporent alors plusieurs signes de la langue des signes australasienne dans la NZSL, tellement qu'aujourd'hui la NZSL est parfois appelée « Old Sign ». La NZSL fut officiellement adoptée pour l'enseignement en 1994.

En 1985 Marianne Ahlgren de l'Université Victoria de Wellington prouva dans sa thèse de doctorat que la langue des signes néo-zélandaise est une langue à part entière avec un grand vocabulaire et une grammaire cohérente.

On fonde la NZ Sign Language Teachers Association (NZSLTA) en 1992. Dans les années qui suivent on voit la fondation de plusieurs cours de NZSL pour adultes partout au pays. En 1997 on ajoute un cours de Deaf Studies à l'Université Victoria de Wellington.

Un grand pas en avant pour la reconnaissance de la NZSL est faite avec la publication en 1998 d'un dictionnaire de NZSL par l'Université Victoria et l'association des sourds de Nouvelle-Zélande. Il contient environ 4 000 signes arrangés par forme des mains et non leur signification en anglais et codé dans le Hamburg Notational System[2] ainsi que pictoriellement.

Pendant plusieurs années TVNZ diffusa un téléjournal hebdomadaire, News Review, interprété en NZSL. L'émission fut discontinuée en 1993 suite à un sondage des personnes sourdes et malentendantes qui trouva qu'une majorité préférait les programmes sous-titrés. Depuis, on ne trouve plus de programmes en NZSL à la télévision néo-zélandaise.

[modifier] Statut de langue officielle

La langue des signes néo-zélandaise est déclarée la troisième langue officielle de la Nouvelle-Zélande en avril 2006, rejoignant l'anglais et le maori. La loi approuvée par le Parlement à ce sujet passa sa troisième lecture le 6 avril 2006[3]. A sa première lecture le 22 juin 2004 la loi fut approuvée par tous les partis. Elle fut transférée au Justice and Electoral Committee, qui en reparle au Parlement le 18 juillet 2005. La seconde lecture est approuvée (119 votes pour et 2 contre) le 23 février 2006 ; seulement ACT s'y opposa parce que le gouvernement ne prévoyait pas de financer la NZSL[4]. Elle passa la troisième lecture le 6 avril 2006 avec le même nombre de pours et contres[5].

La loi reçut une sanction royale, une formalité constitutionnelle, le 10 avril 2006[6]. La langue des signes néo-zélandaise devient langue officielle le jour suivant.

L'usage de la NZSL pour l'enseignement ne fut pas toujours accepté par le gouvernement, l'association des enseignants des sourds, et beaucoup de parents, mais en vue des recherches effectuées sur sa validité comme langue et le plaidoyer de la part d'adultes sourds et parents d'enfants sourds, la NZSL est devenue partie de l'approche bilingue/biculturelle utilisée dans les écoles publiques (y inclus le Kelston Deaf Education Centre et le Van Asch Deaf Education Centre) depuis 1994. L'Université Victoria de Wellington a des cours en langue des signes néo-zélandaise, mais n'a pas encore un grand programme à ce sujet. Le Auckland University of Technology offre un cours diplômé d'interprétation de langue des signes néo-zélandaise.

[modifier] Variantes

Les différences de vocabulaire en Nouvelle-Zélande sont principalement dûes aux communautés d'étudiants dans les quatre écoles pour sourds du pays : Van Asch Deaf Education Centre (auparavant Sumner School for the Deaf, fondé en 1880), St Dominic's School for the Deaf (fondé en 1944 à Wellington, déménage à Feilding en 1953), Titirangi School for the Deaf (fondé en 1944), et Kelston School for the Deaf (fondé en 1958).

[modifier] Annexes

[modifier] Notes

  1. (en) Census 2001 ; Statistics New Zealand
  2. (en)(de) Sign Language Notation System, Universität Hamburg
  3. (en) Recognition for sign language ; TVNZ
  4. (en) Hansard 20060323
  5. (en) Hansard 20060406
  6. (en) Governor-General gives assent to Sign Language Bill

[modifier] Sources

[modifier] Liens externes