L'Organisation

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L’Organisation est un roman de l'écrivain français Jean Rolin, paru en 1996. Écrit à la première personne (selon une narration de type autodiégétique), et largement autobiographique, ce roman raconte l’itinéraire personnel du narrateur, sur une durée d’environ vingt-cinq ans. La majorité de la première partie met en scène les aventures du narrateur au sein d’une organisation maoïste où il est engagé, au début des années 1970 (on reconnaît la Gauche prolétarienne). Après qu’il l’a quittée, on le suit dans ses voyages et ses errances.

[modifier] Extraits

  • « [...] comme à chaque fois que nous nous montrions plus rusés que la police (et c'était, je le dis en toute immodestie, assez souvent), nous en retirâmes une certaine satisfaction exaltée, élargie encore par le sentiment que si elle utilisait contre nous de si grands moyens c'était que nous ne rêvions pas, que nous étions engagés sur la bonne voie. Aujourd'hui il me semble que nous aurions persisté moins longtemps dans cette exaltation si une partie au moins de la police, à commencer sans doute par son ministre, n'avait partagé notre rêve, même si elle devait l'envisager de son côté comme un cauchemar. Je n'en veux pour preuve que l'insistance avec laquelle certains inspecteurs, lors des interrogatoires qu'il nous arrivait de subir, nous demandaient, et pas sur le ton de la plaisanterie, ce que nous ferions d'eux après la révolution, ajoutant parfois que nous aurions besoin d'une police forte, expérimentée, et que le mieux serait de nous appuyer sur celle qui existait auparavant. Aussi aveugles que nous quant aux chances de succès de nos entreprises, les policiers qui nous tenaient ce langage manifestaient du moins, quant à l'essence même de la révolution, une lucidité dont nous étions bien incapables. »
    • Première partie, p. 35–36 dans l’édition de poche
  • « À l'automne, j'avais été requis par l'organisation pour aller à Paris prendre livraison de Suzanne, qui nous était envoyée en renfort. Dans les couloirs de la station de métro Sèvres-Babylone, où notre rendez-vous avait été fixé, le rire de Suzanne – un rire d'une gaieté, d'une force telles que je n'en ai jamais retrouvé depuis dans le rire d'aucune femme – faisait se retourner les gens. Il était dans l'ordre des choses que je tombe amoureux de Suzanne, et c'est ce qui advint. Elle-même me préféra Jean-Noël, et c'est ainsi qu'à toutes les raisons, bonnes ou mauvaises, authentiques ou livresques, que j'avais déjà de détester le monde – non seulement la société, mais le monde – s'en ajouta une nouvelle, plus forte que toutes les autres, et assez commune à cet âge. »
    • Première partie, p. 43