Ksitigarbha

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Bodhisattva Kşitigarbha
Bodhisattva Kşitigarbha

Kşitigarbha, grand bodhisattva du fameux vœu immense qui est de ne devenir bouddha que lorsque l’enfer sera vide, il est chargé de sauver les êtres de la souffrance pendant la longue période datant du parinirvāna du bouddha Shākyamuni jusqu’à l’arrivée du futur bouddha Maitreya.

La signification du terme sanskrit Kşitigarbha est le « magasin [plein de trésors] qu'est la Terre » (Kşiti : la terre ; garbha : magasin), son nom traduit en chinois est Dìzàng 地藏, il est souvent appelé bodhisattva le roi du magasin qu'est la Terre, Dìzàngwáng púsà 地藏王菩薩. Au Japon son nom est Jizo 地蔵ou Jizosama.

Avec Mañjuśri, Samantabhadra et Avalokiteśvara, il fait partie des quatre grands bodhisattvas les plus vénérés en Chine, son lieu de pèlerinage est sur le mont Jiuhua 九華山 situé dans la province de Anhui, à l'est de la Chine.

D’après le Soutra des vœux originels du bodhisattva Kşitigarbha (ch. Dìzàng púsà běnyuàn jīng 《地藏菩薩本願經》), ce bodhisattva est considéré comme le grand modèle de la piété filiale, parce que c’est pour sauver sa mère des souffrances infernales qu’il a prononcé solennellement le vœu immense de ne pas devenir bouddha lorsque l’enfer ne sera pas vide (ch. Dìyùwèikōng, shìbùchéngfó, 地獄未空,誓不成佛).

En Chine les graves malades sont invités à lire le Soutra des vœux originels du bodhisattva Kşitigarbha et à prier ce bodhisattva de les aider à se rétablir. Il existe plein d’histoires extraordinaires issues de la lecture de ce soutra. Le bouddha Shākyamuni a dit dans ce soutra que celui qui récite le nom de ce bodhisattva mille fois par jour pendant mille jours sera protégé des accidents et des maladies pendant toute sa vie par des êtres divins envoyés par Kşitigarbha.

Dans certains temples, des photos des personnes décédées ou des tablettes portant des noms des défunts sont placés autour du portrait ou de la statue de Kşitigarbha afin qu’ils soient sauvés par lui. Au Japon, Jizo est spécialement sollicité par les femmes ayant fait une fausse couche ou avorté, et placé aux carrefours et aux cimetières pour qu'il libère les esprits errants.

Sommaire

[modifier] Le vœu de Kşitigarbha

Selon la classification générale du bouddhisme, il existe six classes d’êtres migrants : 1, les dieux (sk. deva), 2, les êtres humains (sk. manuşya), 3, les assouras (sk. asura, une sorte d’êtres célestes querelleux et belliqueux), 4, les animaux (sk. tiryak ), 5, les esprits errants ou démons (sk. preta), 6, les être infernaux (sk. narakastha). Les êtres sensibles transmigrent entre ces six voies dont les trois premières sont appelées les voies du bien et les trois dernières les voies du mal. Sans pratiquer le bouddhisme, les êtres des six voies ne peuvent pas sortir du cycle de la réincarnation (sk.samsâra).

C’est au Palais des Trente-trois Cieux (sk. Trayastrimśa) où se trouve sa mère Māyā que le bouddha Shākyamuni prêche le Soutra des vœux originels du bodhisattva Kşitigarbha. Le bouddha raconte qu’avant d’innombrables kalpas le bodhisattva Kşitigarbha était le fils d’un riche notable, il était séduit par la beauté éblouissante de l’Ainsivenu (sk, tathāgata) au nom de la Vélocité du Lion accomplissant pleinement Dix mille Bonnes Actions et lui demanda comment on pouvait avoir une si belle prestance, le tathāgata lui dit qu’il fallait libérer, pendant un temps incalculable, tous les êtres sensibles qui subissent des souffrances. Alors ce fils du notable fit immédiatement ce vœu : « Pendant un nombre incommensurable de kalpas jusqu’à l’extrémité des frontières du futur, j’établirai un vaste choix de moyens habiles à l’usage des êtres qui vivent dans les six voies et qui souffrent pour leurs fautes. Lorsque seulement ils seront tous libérés, j’accepterai de devenir bouddha parfaitement accompli. »

Dans une autre vie, ce bodhisattva était une fille brahmane, pour délivrer sa mère tombée dans l’enfer redoutable à cause de mauvaises actions, elle était alors résolue de la sauver à force d'offrandes et de prières, elle avait à cette occasion aperçu l'enfer et fit le même vœu devant le portrait du tathāgata Roi Maître de Lui par la méditation (sk. samādhi) nommée la Fleur de l’Eveil.

Encore dans une autre vie à l’époque du Tathāgata ayant Accompli Toute Connaissance, ce bodhisattva était un petit roi, afin de sauver tous les êtres souffrants, avec son ami roi d’un autre royaume, il fit encore une fois le même vœu solennel.

Et encore une fois, à la période de la loi finale du Tathāgata nommé Yeux Purs comme le Lotus, ce bodhisattva était une fille nommée Yeux Brillants, pour sauver sa mère tombée dans l’enfer à cause d’avoir tué et mangé d’innombrables fruits de mer, devant un arhat elle a prononcé ce vœu gigantesque.

Le bodhisattva Kşitigarbha a prononcé d’innombrables fois ce vœu immense, et a déjà sauvé des êtres incommensurables pendant un temps inimaginable dont une image favorisant la compréhension a été donnée par le bouddha Shākyamuni: « A titre de comparaison, prenons toutes les herbes, tous les arbres, les bois, les forêts, les plants de riz, les chanvres, les bambous, les roseaux, les rochers, les montagnes, les poussières contenues dans le système des trois mille milliers de grands mondes. Chacun d’eux est transformé en un fleuve Gange. Chaque grain de chaque Gange est devenu un pays, puis dans chacun de ces pays, chaque poussière est un kalpa. Ensuite tous les grains de poussière contenus dans un kalpa chacun devient encore un kalpa. Le temps qui s’est écoulé depuis que le bodhisattva Kşitigarbha accéda à la Dixième Terre des Bodhisattvas est mille fois plus long que la comparaison ci-dessus. Encore plus long a été le temps où il était encore au stade d’Arhat et de pratyekabouddha ! »

Les cerveaux qui parviennent à saisir cette image comprennent bien pourquoi le portrait du bodhisattva Kşitigarbha est le plus beau parmi ceux de tous les bodhisattvas.


[modifier] Le moine du mont Jiuhua

Deux Jizos japonais d’aspect enfantin portant les bavoirs rouges offerts par les mères en deuil.
Deux Jizos japonais d’aspect enfantin portant les bavoirs rouges offerts par les mères en deuil.

Jīn Qiáojué (金喬覺), fondateur du temple du Mont Jiuhua, l'un des quatre monts bouddhistes de Chine situé dans la province de Anhui, est considéré comme une incarnation de Kşitigarbha, raison pour laquelle les représentations chinoises et japonaises de Dizangwang ou Jizo le montrent en costume monastique. Sa momie naturelle fut longtemps conservée sur le mont. En dehors de Chine, Jin Qiaojue est mal connu et on pense parfois que le célèbre Xuanzang évoqué dans Le Voyage en Occident a servi de modèle pour les représentations de Kşitigarbha en moine.

La tradition en fait un membre de la famille royale de Silla (royaume occupant une partie de l’actuelle Corée), venu à 24 ans par ses propres moyens poursuivre son étude du dharma en Chine, alors domaine de l’empereur Xuanzong de la dynastie Tang. Il aurait obtenu le soutien du propriétaire de Jiuhuashan, un certain Min (閔), pour y bâtir un monastère où il serait mort à 99 ans après avoir atteint l’illumination. C’était dans la 16e année de l’ère Kaiyuan, le soir du 30 du septième mois lunaire, date à laquelle a lieu tous les ans un pèlerinage. Son corps ne s’étant pas dégradé au bout de 3 ans, il commença à faire l’objet d’un culte l’identifiant à Kşitigarbha. Le temple a joué un rôle non négligeable dans la popularité croissante de Dizangwang en Chine. De nos jours, il est encore possible de voir plusieurs momies de moine (plus récentes) sur le mont Jiuhua.

[modifier] Kşitigarbha dans le bouddhisme tibétain

Sans occuper une place particulièrement proéminente comme en Chine ou au Japon, Kşitigarba a sa place dans le bouddhisme tantrique comme bodhisattva de la lignée de Ratnasambhava (Bǎoshēngrúlái 寶生如來 en chinois), celui des cinq bouddhas de sagesse qui est associé au Sud et à la couleur jaune, souvent utilisée pour Kşitigarbha. Il tient dans sa main gauche la perle à souhait (sk. cintānaņi, ch. Rúyìbǎozhū 如意寶珠) qui exauce les vœux. Il forme parfois un couple avec Ākāśagarbha ( en chinois Xūkōngzàng 虚空蔵, en japonais. Kokuzo), le "magasin du cosmos". Dans de nombreux mandalas, il apparaît à un rang inférieur à celui de déités comme Amitābha, mais certaines représentations le mettent avec Avalokiteśvara au même rang que les bouddhas.

[modifier] Représentations

Il est en général représenté en habit monastique et porte la couronne ornée des cinq bouddhas de sagesse caractéristique du clergé de haut rang; celle-ci peut être remplacée par un chapeau de fonctionnaire impérial (en Chine), à moins qu’il ne reste tête nue (au Japon). Il a souvent dans la main droite la perle que lui attribue le bouddhisme tibétain; en Chine, cette perle peut être remplacée par un miroir, signe de rectitude et de clairvoyance. Dans sa main gauche il tient le xīzhàng 錫杖' (ch.) ou shakujo (jap.), sorte de chasse-mouche tenu en main par les moines de haut rang, et dont la fonction originelle est de chasser les insectes afin d’éviter de les blesser. Parfois il chevauche un "lion bleu", animal fantastique considéré comme la transformation du grand chien blanc qui, selon la tradition, accompagnait Jin Qiaojue. Au Japon, les Jizo sont rarement en position assise. Il peuvent avoir un aspect enfantin qui rappelle les nouveau-nés qu’on leur demande de protéger. Les mères ayant perdu un bébé leur mettent un bonnet et un bavoir rouge.

[modifier] Associations

Dans l'interprétation populaire, du fait de son rôle de sauveur des âmes, Dizangwang est parfois associé avec Guan Yin et Amituofo; deux sūtras apocryphes les considèrent d’ailleurs comme deux aspects de la même entité. Il est également associé au gardien des enfers, Yánluówáng 閻羅王 (Yama en sanscrit).

[modifier] Mantra de Dizang

Le mantra détruisant l'enfer et le mauvais karma du bodhisattva Kşitigarba est fréquemment récité par des bouddhistes chinois, ce mantra est aussi court que puissant: Pramardane svāhā.

[modifier] Articles connexes