Koyaanisqatsi

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Koyaanisqatsi est un film réalisé par Godfrey Reggio en 1983, musique de Philip Glass, images de Ron Fricke, produit par Francis Ford Coppola.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Le film ne raconte pas d’histoire, pas plus qu’il ne constitue un documentaire à proprement parler. Il propose simplement des images où l’on joue sur les échelles d’espace et de temps pour montrer au spectateur le monde où il vit sous un angle différent, et l’inviter lui-même à conclure dans le sens qu’il jugera bon. On peut considérer ce film par moments comme une description enthousiaste de la technologie, parfois au contraire comme une vive critique de celle-ci. Le réalisateur admet avoir voulu montrer ce qu’il nomme la beauté de la bête (allusion sans doute ( ? ) à celle de l’Apocalypse)

Une chose ne fait pas de doute à la vue du film : la technologie qui, il y a peu (du temps des Hopis, par exemple) n'était qu'utilitaire, est maintenant omniprésente et se développe selon sa logique propre. Une image impressionnante d’une ville vue du ciel à différentes échelles se termine par la photographie des circuits d’un microprocesseur; l’image est claire : la population humaine a à peu près autant de liberté quand elle est prise dans son ensemble que les électrons de faire ce qu’ils veulent dans un microprocesseur. Même si l’individu reste libre, son ensemble, lui, ne l’est plus totalement et n’est pas programmé pour l’être. La frénésie de l’activité urbaine (dans la très esthétique séquence The grid, tournée à l’accéléré) alterne avec une image frappante d’ennui et de vide intérieur des individus quand ils ne sont plus en train de produire (séquences passées au ralenti).

[modifier] Les prophéties Hopis

Le film se base sur 3 prophéties Hopis annoncées et explicitées dans la bande annonce de fin du film. Ces prophéties permettent de mieux appréhender le film, car il est construit dessus. Les voici dans la langue originale (du film), l'anglais:[1]

  1. If we dig precious things from the land, we will invite disaster.
  2. Near the Day of Purification, there will be cobwebs spun back and forth in the sky.
  3. A container of ashes might one day be thrown from the sky which could burn the land and boil the oceans.

et leur traduction française:

  1. Si l'on extrait des choses précieuses de la terre, on invitera (engendrera) le désastre.
  2. Près du Jour de Purification, il y aura des toiles d'araignées tissées d'un bout à l'autre du ciel.
  3. Une urne de cendres pourrait un jour tomber du ciel et pourrait faire flamber la terre et bouillir les océans.

Ces prophéties mènent à des réflexions surprenantes, car ni les Hopis - ni personne - ne pouvaient raisonnablement prévoir l'évolution réelle du monde à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Or:

  • La prophétie n°1 évoque clairement l'ensemble des problèmes écologiques que nous connaissons actuellement, dans une exploitation peu régulée, des ressources de la terre.
  • On serait tenté de comprendre la prophétie n°2 comme l'avènement de la société en réseau, et bien entendu d'internet. Mais il faut savoir aussi que les Hopis vénèrent les araignées, car elles représentent le lien entre ce qui est sous-terrain et aérien, c'est à dire la connexion entre les 3 anciens mondes et l'actuel. L'image de la prophétie est donc probablement bien plus spirituelle que socio-technologique.
  • La prophétie n°3 pourrait évoquer les dangers de la technologie nucléaire et son terrifiant produit, la bombe atomique. Mais là encore il convient de lire la mythologie Hopi. Celle-ci décrit en effet que le Créateur aurait détruit le premier monde dans le feu, et le deuxième dans la glace, pour punir les hommes devenus mauvais. La 3e prophétie préviendrait alors davantage d'un châtiment divin, plutôt que d'une menace technologique...mais les deux ne sont pas incompatibles. (l'article allemand Hopi Legende fournit de précieuses informations sur la mythologie Hopi.)

[modifier] Signification du titre

Voir les explications dans l'article dédié à la Trilogie des Qatsi.

[modifier] Distribution

[modifier] Fiche technique

[modifier] Contexte : La trilogie des Qatsi

Ce film est le premier de la Trilogie des Qatsi, dont la réalisation s’étala sur trois décennies, et qui comporte les films suivants :

Voir l'article correspondant

[modifier] Notes

  • À la fin, le film crédite pour inspiration, Jacques Ellul, Ivan Illich, David Monongoye, Guy Debord et Leopold Kohr. En plus, parmi les consulteurs du directeur on peut trouver Jeffrey Lew, T.A. Price, Belle Carpenter, Langdon Winner, Cybelle Carpenter et Barbara Pecarich.
  • Bien que non revendiqué par le situationnisme en tant que tel, le thème de ce film ainsi que ses allusions répétées au thème de la vie transformée en spectacle telle que décrite longuement par Guy Debord incite à le répertorier comme film d'inspiration situationniste, différent par nature des films situationnistes proprement dits.
  • Des événements survenus dans le monde depuis le tournage (explosion en 1986 de la navette spatiale Challenger, attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001, guerre du Golfe) interfèrent aujourd’hui fortement avec certaines images du film, lui donnant des connotations qui ne pouvaient bien entendu pas s’y trouver en 1983.
  • Naqoyqatsi utilisait intensivement des moyens de synthèse de l'image alors que ces techniques n'avaient pas encore atteint leur degré de sophistication actuel, ainsi certaines images peuvent paradoxalement sembler vieillies pour cette raison. Il s'agit pourtant bien du plus récent et dernier des trois films de la trilogie.
  • Le thème du film est similaire à celui de la chanson Earth Song de Michael Jackson composée après, la scène du tracteur dans le clip s'est largement inspirée du film.

[modifier] Références

[modifier] Liens externes