Justice privée

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La justice privée est l'absence théorique ou pratique de justice d'État. Elle se caractérise par sa tendance à la loi du Talion et par la forte imprégnation de type vendetta.

Sommaire

[modifier] La justice privée: une organisation particulière

La justice privée se veut une organisation particulière différente de nos systèmes juridictionnels actuels, mais aussi des systèmes traditionnels.

[modifier] Son fonctionnement

La justice privée est une justice hors cadre. Elle n'obéit à aucune règle sociale ou juridique, ni à la tradition, ni aux lois. Elle est même souvent contraire aux justices traditionnelles et juridiques.

La justice privée est synonyme de vengeance. Elle concerne le paiement d'une douleur provoquée par ce que l'on considère comme une faute. La justice privée est donc souvent proche de la vendetta. La punition ne s'arrêtera que quand la douleur cessera.

[modifier] Ses conditions d'existence

La justice privée marque souvent les lacunes des autres systèmes. En effet, aucune société organisée ne peut supporter que la justice échappe à son domaine de compétence.

La justice privée existe donc en l'absence totale d'un système organisé de la justice ou quand celui-ci est en défaut. Il peut s'agir d'un manque de confiance dans la justice officielle (ex: massacre entre résistants français car ils ne s'entendaient pas) ou de l'incapacité de la justice à être efficace, à faire appliquer ces décisions (ex: fonctionnement des mafias).

En dehors de ces conditions particulières dans lesquelles la justice privée est primordiale, elle peut aussi résulter d'un trouble sporadique. La justice privée est souvent très importante quand le crime est très désapprouvé par le groupe où qu'il met en péril la confiance de ses membres envers la société.

La justice privée permet la vengeance du groupe contre une personnalité exclue du groupe et restaure les liens et la confiance des membres dans la société (ex: meurtre dans un village). La justice privée peut aussi être exercée par un individu pour sauvegarder ses prérogatives (ex : vol) ou pour venger un préjudice. L'action est ici proche de l'instinct de survie et est souvent impulsive (crise de folie) ou obsessionnelle (traque de la victime), il s'agit plus d'un instinct animal que d'un acte mûrement réfléchi.

[modifier] Critiques de la justice privée

L'appellation de justice privée est une invention récente, il y a peu elle était encore hors cadre de l'action de la société. La notion de justice privée n'a été créée que pour la condamner.

[modifier] Une justice arbitraire

La justice privée contredit l'un des rares points communs entre justice traditionnelle et juridictionnelle : elle est expéditive et peu sûre.

La justice privée est passionnelle (de passion : souffrance), elle n'accepte donc pas les doutes, ni ne perd de temps en débat. L'exemple type d'un tel acte est le meurtre pour adultère, c'est pourquoi il est souvent considéré moins gravement qu'un meurtre réfléchi.

[modifier] Une justice qui ne pacifie pas les esprits

Le rôle traditionnel de la justice est d'apaiser les conflits au sein de la société. En ce sens, la justice privée n'est pas une justice car elle fait perdre la cohésion dans le groupe.

La justice privée, c'est la vengeance d'un individu en dehors de tout cadre. Cela contribue donc à un engrenage de la violence. Quand les individus n'ont plus confiance en la justice, ils règlent leurs comptes eux-même et la justice à donc de plus en plus de mal à se remettre en place.

La justice privée obtient les mêmes résultats qu'une vendetta : le règne de la terreur !

[modifier] Justification de la justice privée

La justice privée existe car elle possède ses propres intérêts. Elle comble un vide que la nature humaine ne peut laisser en souffrance même si elle remet en cause le contrat social, tel que considéré par Rousseau.

[modifier] Justification de son existence

La justice privée apaise la douleur et permet de reprendre le dessus sur un acte considéré comme une injustice.

La justice privée apparaît donc dans les cas les plus graves d'injustice dans nos sociétés démocratiques. Cependant, elle est très développée dans les périodes d'insécurité et les zones dites de non-droit. La justice privée est un moyen de défendre son existence dans une société où plus rien ne vous protège.

La justice privée apparait majoritaire dans des zones où la police et l'État n'ont plus la confiance de leurs concitoyens. Ce manque de confiance provient souvent de sentiments diffus : l'impression d'abandon des populations locales, la corruption de la police et de la justice rendant le droit inexistant, des conflits avec la police (différence de modes de vie, langue,...).

La justice privée est donc le dernier ressort de certaines populations.

[modifier] Justification de son fonctionnement

La justice privée fait appel aux instincts de l'homme : honneur, instinct de survie...

C'est pourquoi, la notion de justice privée est plus proche de la notion de vengeance. Mais à la différence de la vengeance, la justice privée ne peut pas se manger froid. La justice privée est souvent sous la coup de l'émotion car elle est très coûteuse. Elle rompt l'équilibre de la société, et est donc désapprouvée en tant qu'acte individuel. On assiste donc souvent à la désignation d'un bouc émissaire pour rétablir la solidarité dans le groupe. Il vaut mieux sacrifier une brebis que le troupeau en entier.

La justice privée cherche donc l'exemplarité dans ces démonstrations : violence, torture et meurtre sont courantes. Un exemple récent est bien connu est le traitement des femmes qui ont couché avec l'ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin de la guerre, raser leurs cheveux ne servait pas qu'à les humilier, mais aussi à la montrer à affirmer l'horreur de leur acte. Cela permettait à de nombreux collaborateurs de se racheter une conduite en s'affichant à posteriori du « bon côté ».

[modifier] Voir aussi