Joseph Martin-Dauch

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le serment du jeu de Paume par David - On reconnaît en bas à droite Martin-Dauch assis les bras croisés sur la poitrine, la tête inclinée sous le poids de la honte.
Le serment du jeu de Paume par David - On reconnaît en bas à droite Martin-Dauch assis les bras croisés sur la poitrine, la tête inclinée sous le poids de la honte.

Joseph Martin-Dauch, né le 26 mai 1741 à Castelnaudary où il est mort le 5 juillet 1801, est un homme politique français, député du Tiers état pour la circonscription de Castelnaudary aux États généraux de 1789, entré dans l’Histoire comme le député à ne pas voter en faveur du Serment du Jeu de Paume, au motif qu’il ne peut jurer d’exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le roi.

Joseph Martin-Dauch fils de Antoine Martin-Dauch, conseiller du roi, lieutenant principal de la sénéchaussée, propriétaire d’un domaine viticole, et de Marie Barbe Latour, sa mère. Il fit ses études à Toulouse où il fut licencié en droit en 1762. Il acheva sa vie reclus et retiré.

Sommaire

[modifier] Biographie

Mounier, en vue de calmer les esprits, propose que tous les membres présents prêtent un serment solennel « de ne jamais se séparer, de se réunir partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides. » Tous confirmeront sur le champ, par leur signature, cette résolution inébranlable...mais au moment où l’on passa la plume à Martin-Dauch, celui-ci dit « Mes électeurs ne m’ont pas envoyé pour insulter et déchirer la monarchie. Je proteste contre le serment adopté. » Aussitôt décrié, il tint tête et dit «  je ne peux jurer d’exécuter des délibérations non sanctionnées par le roi. » Martin-Dauch s’obstine, le président insiste « on a le droit de s’abstenir, non de former opposition au vœu de toute l’assemblée… » mais Martin-Dauch notera son nom avec en face, écrit « opposant ». Indignation dans la salle, qui dans un grand tumulte de voix, certains crièrent « A mort », d’autres entourent le renégat en le menaçant et poussé par Camus député de Paris vers la porte de sortie, un huissier nommé Guillot lui sauvera la vie en le faisant sortir par une porte dérobée et s’enfuir dans les rues de la capitale.

Cette signature visible et exposée dans une vitrine du musée des archives, est pratiquement illisible, et très hachée, ce qui démontre qu’elle a été tracée dans une bousculade indescriptible. Jean Sylvain Bailly tentera d’obtenir de Martin-Dauch une rétractation, sans succès, mais lui conseillera de ne plus paraître à l’assemblée. C’était méconnaître Martin-Dauch qui reprit sa place parmi ses collègues et siégera jusqu’à la fin de la constituante, se mêlant aux débats.

Un jour de l’an 1791Louis XVI se rendit à l’assemblée pour donner son agrément à la constitution, les députés avaient jugé de ne pas se découvrir la tête et de rester assis, mais Martin-Dauch fidèle à sa résolution d’indépendance, eut l’audace de se découvrir et de se lever. Il se retirera à Toulouse, mais la terreur l’arrêtera, le jettera en prison et sauvé de la guillotine[*], il se désintéressera de la politique, un sans culotte tentera sans succès de l’assassiner. De retour dans sa province natale à Castelnaudary après la terreur l’ex-député aux états généraux ne s’occupera que de son domaine familial, sans rancune pour ses anciens collègues, mais ne se doutait pas que le peintre David l’immortalisera sur son tableau du « Jeu de paume » en bas à droite bourré de remords, les bras croisés sur la poitrine, la tête inclinée sous le poids de la honte. L’historien Brette dira : le 20 juin 1789, Martin-Dauch fut loin d’être un hésitant et un timide, il soutint son opinion avec la plus grande énergie ayant en face de lui six cents collègues exaspérés et la foule des tribunes qui le huait...

[*] : Par bonheur au registre d’écrou, il était écrit Martin D’auch et non Martin-Dauch, cette opportune apostrophe le sauva de l’échafaud, croyant qu’il s’agissait de quelques vagues familles Martin originaires du Gers.

[modifier] Anecdotes

  • Mounier, l’instigateur du serment dira trois ans plus tard : « C’était un attentat aux droits du monarque...combien je me reproche aujourd’hui de l’avoir proposé. »
  • Jean Sylvain Bailly, Rabaut-Saint-Etienne, Pétion, François Buzot, tant d’autres et Robespierre dont le fameux serment les avait exaltés, furent tragiquement disgraciés, voire guillotinés.
  • Martin-Dauch est un nom composé hérité d’un ascendant dénommé Martin qui épousa une Dauch

[modifier] Sources

* Histoire pour tous : n° 137 de septembre 1971 qui fait lui-même référence aux recherches du professeur Marfan, et de son ouvrage. « Titre du livre : Figures Lauragaises par A.B. Marfan de l’académie de Médecine. »

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Autres langues