Jazz (Pagnol)

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Jazz est une pièce de Marcel Pagnol représentée pour la première fois à Paris, au Théâtre des Arts, en 1926.

Il s'agit d'une pièce en quatre acte à douze personnages (3 F, 9 H) qui raconte la chute et la mort d'un professeur de grec de l'Université d'Aix-en-Provence, le professeur Blaise. L'action se déroule entièrement à Aix-en-Provence, sur deux décors (le bureau du professeur et une salle de cours de l'Université)

L'intrigue, admirablement nouée, montre comment Blaise, cinquante-six ans, qui vient de terminer le déchifrement et l'étude approfondie d'un texte inédit qu'il attribue à Platon, s'apprête à accéder à une chaire en Sorbonne. La révélation par un spécialiste anglais de l'inexactitude des hypothèses de Blaise ruine ses espérances d'accéder à l'honneur ultime que représente la Sorbonne (premier acte). Constatant qu'il vient de consacrer plus de trente ans au savoir, sans penser une seconde à vivre, Blaise fait volte-face. Dans un dernier cours ex cathedra, il encourage ses étudiants à jouir de la vie et traite l'étude de fadaise (deuxième acte). Amené par les événements à rencontrer le jeune homme qu'il était autrefois, Blaise, dépité et déboussolé, décide de se rabattre sur l'amour. Il révèle à l'une de ses élèves, Cécile, sa passion cachée pour elle et lui demande sa main, qu'elle accepte après un rude combat intérieur (troisième acte). Au dernier acte, alors que Blaise s'attend à épouser Cécile avant peu, la personnalité réelle de celle-ci se fait jour, ainsi que son affection pour l'un de ses condisciples, l'étudiant serbe Stépanovitch. Confronté une dernière fois à son double "jeune", Blaise tente de le tuer et se tue bien évidemment lui-même.

D'une structure remarquable, la pièce regorge de moments très forts sur le sens et la nature de l'étude, sur la brièveté de la vie, sur la fragilité de la passion. Des personnages secondaires intenses (en particulier l'ami de Blaise un quincailler dénommé Barricant, le Doyen de la faculté, et la bonne Mélanie) offrent des dialogues et des situations très intenses. Surfant sur la vague psychanalytique, elle s'appuie en fin de compte sur l'idée que les actes posés dans notre jeunesse sont remplis de conséquences dans l'avenir. Ainsi, à la fin de la pièce, le fantôme du jeune homme contre lequel Blaise combat révèle-t-il son intention profonde de se venger et montre à Blaise comment il a assouvi sa colère contre lui.

Cette pièce, peu reprise par les théâtres en France, mériterait tout leur intérêt. Même s'il ne s'agit pas du tout grand Pagnol de Marius et Topaze, l'écriture ne manque pas, par sa poésie et par la profonde détresse de ses personnages, d'évoquer Ibsen et Strindberg.

[modifier] Reproduction de Manuscrits

Préface de Jazz par Marcel Pagnol