Ismail Omar Guelleh

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Ismail Omar Guelleh (1947) est un homme politique djiboutien, président de la république de Djibouti, élu en 1999.

Sommaire

[modifier] Un passé familial proche de la France

Né à Dire Dawa en Éthiopie, ville principale de la province du Harrar en Éthiopie, Ismaël Omar Guelleh est issu d’une famille appartenant au clan des Mamassans, une des composantes de la tribu somali des Issas. Son grand-père, Guelleh Batal, fut l’un des cosignataires du traité plaçant Djibouti sous la dépendance de la France au début du XIXe siècle. En reconnaissance, il obtint le poste de recruteur pour le compte de la Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien (CFE) qui construisait la ligne reliant Djibouti à Addis-Abeba. Son père, Omar Guelleh, fut un des premiers instituteurs du territoire constituant alors la Côte française des Somalis. Il suivit ensuite la tradition familiale et entra au service du CFE.

[modifier] Un militant pour l’indépendance

À Diré Dawa, chef-lieu du Harrar et gare importante d’Éthiopie où son père était en poste, Ismail Omar Guelleh suit l’enseignement traditionnel à l’école coranique, puis à l’école française Charles-de-Foucault à Djibouti. En 1964 (il a alors dix-huit ans), il entre dans la police. Il en est expulsé en 1974 pour son militantisme en faveur de l’indépendance de son pays, rebaptisé Territoire français des Afars et des Issas en 1967, pour tenir compte des deux composantes de la population. Il rejoint peu après la Ligue populaire africaine pour l’indépendance (LPAI), un des principaux partis de l’opposition qui regroupe surtout des militants issas, et dont le leader est son oncle Hassan Gouled Aptidon.

[modifier] L’homme fort du clan des Issas

En 1974, la Corne de l’Afrique est en effervescence. En Éthiopie, le négus a été renversé et la Somalie revendique les territoires habités par les populations de langue somalie. Le pays, où le clivage entre Issas et Afars est attisé par des visées extérieures, est au bord de la guerre civile. Ismaël Omar Guelleh fait partie de la délégation djiboutienne qui, devant la montée des périls, cherche à négocier au plus vite avec la France. Dès la proclamation de l’indépendance, le 27 juin 1977, le nouveau président Aptidon en fait son chef de cabinet. Ismaël Omar Guelleh ne tarde pas à coiffer aussi les services de sécurité, s’attirant rapidement une réputation d’« homme fort », tout dévoué à son clan des Issas selon ses adversaires. Sa bonne connaissance des rouages du monde politique local, lié à un sens aigu de la diplomatie et de la communication font de lui l’interprète fidèle de la politique présidentielle. Son passé familial en fait pour la France un partenaire obligé. Djibouti abrite en effet une base militaire française de 4 000 hommes dont la mission de protection de la jeune république s’étend aussi à la surveillance de la région au nom du monde occidental. Ismaël Omar Guelleh saura tirer partie du désir des Occidentaux de faire de Djibouti une « oasis de paix et de stabilité », fût-ce au détriment de la démocratie intérieure.

[modifier] Le successeur de Hassan Gouled Aptidon

Membre du parti présidentiel — le Rassemblement pour le progrès (RPP) — à sa création en 1979, il est élu président du comité central et de la commission culturelle en 1981. À la fin des années 1980, Djibouti n’échappe pas au vent de démocratisation qui touche le continent africain, d’autant plus qu’au sein de l’opposition multiforme au régime, un mouvement armé actif est apparu en pays afar, le Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD). Pour Ismaël Omar Guelleh, qui participe aux pourparlers avec l’opposition pour introduire le multipartisme et la démocratie, la rébellion est « un complot fomenté par les socialistes français » (alors au pouvoir en France). Il parvient à diviser le FRUD, mais l’augmentation de l’armée nationale de 3 000 à 15 000 hommes met le pays dans une situation financière désastreuse, qui pousse Djibouti à faire appel au Fonds monétaire international (FMI). Le 9 avril 1999, Ismaël Omar Gelleh, qui a reçu l’investiture du RPP, est élu président de Djibouti avec plus de 74 p. 100 des suffrages au cours d’une élection sans surprise pour succéder à Hassan Gouled Aptidon, octogénaire.

Le nouveau chef de l’État bénéficie d’un contexte international favorable, bien que l’opposition ne cesse de grandir face au [clientélisme] et au tribalisme dont elle accuse le pouvoir. Le 12 mai 2001, ses adversaires du FRUD sont contraints de signer des accords de paix. Les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre les États-Unis entraînent l’ouverture à Djibouti en 2002 d’une base américaine forte de 1 800 hommes, à côté de celle de l’armée française.

[modifier] Affaire Borrel

A partir de 2004, l'affaire Borrel tendirent ses relations avec la France. Elisabeth Borrel, la veuve du juge Borrel a accusé le président djiboutien d’être l’un des commanditaires de l’assassinat de son mari avant son accession à la présidence djiboutienne.

Le 14 février 2007, la juge d'instruction Sophie Clément a demandé à l'entendre comme témoin alors qu'il devait participer au sommet Afrique-France à Cannes, le 16 février 2007. Le ministère français de la Justice avait précisé qu'en raison de son "immunité", celui-ci "ne pouvait être contraint de témoigner".

[modifier] Références

  • Le président djiboutien convoqué dans l’affaire Borrel, Le Figaro, 14 février 2007