Humour carnavalesque

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Scènes du Carnaval de Paris au XVIIe siècle : en bas, à droite, la batte à imprimer des formes de rats au blanc d'Espagne.
Scènes du Carnaval de Paris au XVIIe siècle : en bas, à droite, la batte à imprimer des formes de rats au blanc d'Espagne.
Scènes du Carnaval de Paris au XVIIe siècle : en bas, la blague dont parle Le Constitutionnel, en 1864.
Scènes du Carnaval de Paris au XVIIe siècle : en bas, la blague dont parle Le Constitutionnel, en 1864.

Il existe des blagues traditionnelles, propres au 1er avril. Au Carnaval, et, notamment, au Carnaval de Paris, il y avait également des blagues traditionnelles.

[modifier] Blagues traditionnelles du Carnaval de Paris

Une gouache du XVIIe siècle, conservée en 1852 dans la collection de M. Bonnardot, en montre quelques-unes.

On y voit, notamment, un gamin de Paris imprimer, avec une batte spécial, une forme de rat, dans le dos d'une passante.

Ces images ont été gravées, en 1852, pour Le Magasin pittoresque.[1]

En 1790, dans une lettre adressée au Marquis de Lafayette, le maire de Paris, Jean-Sylvain Bailly, écrit, à propos du Carnaval de Paris :[2]

« Le rétour de la liberté a quelquefois engendré une licence aumoins momentanée. J'ignore si l'usage d'insulter les passants pendant le carnaval, soit en criant après eux, soit en leur appliquant au dos des formes de rats imprimées avec du blanc d'espagne, est entierement abrogé, mais je ne doute pas que vous penserez que cet abus doit perir avec beaucoup d'autres, et je vous serai obligé de mettre à l'ordre des défenses expresses contre l'abus que je vous dénonce. »[3]

La pratique d'appliquer, au dos des passants, des formes de rats imprimées avec du blanc d'Espagne, a donc été en usage à Paris durant fort longtemps.[4]

Une autre pratique traditionnelle du Carnaval de Paris est décrite, par le journal Ami des Lois, du 28 pluviôse, an VI (15 février 1798) :

... « Le Bureau central vient de renouveler aux commissaires de police l'ordre d'arrêter toutes les personnes masquées ou déguisées, ainsi que celles qui se permettraient d'attacher au dos des passants des écriteaux ou autres choses semblables. »[5]

Au Carnaval de Paris, les Parisiens avaient donc l'habitude d'accrocher des écriteaux dans le dos des passants.

Cela faisait partie des blagues parisiennes traditionnelles durant la période du Carnaval.

Un article du journal Le Constitutionnel,[6] paru le lendemain du Mardi Gras 1864, parle également d'une blague traditionnelle de Carnaval :

« —Aujourd'hui mardi, les promenades de masques ont été plus nombreuses et plus animées que les deux jours précédents, des industriels surtout profitant de l'occasion pour faire de la réclame et parcourir les rues avec des cortèges presque aussi nombreux que celui du bœuf gras.

» Pendant cette dernière journée des fêtes du carnaval on a vu se produire sur plusieurs points de Paris un usage remontant à une époque fort ancienne, mais plus répandue toutefois, croyons-nous, en province que dans Paris. Des plaisans semaient sur la voie publique des objets de nature à faire croire à quelqu'heureuse trouvaille : sur les trottoirs de la rue Saint-Lazare et de la rue de la Chaussée-d'Antin, entre autres, on trouvait de distance en distance des petits paquets enveloppés et ficelés avec beaucoup de soin, et jusqu'à des porte-monnaie que le premier venu s'empressait de ramasser; mais au moment où la main allait saisir l'objet, un fil invisible tiré d'une allée le faisait subtilement disparaître, à la grande jubilation de ceux qui avaient tendu le piège et des témoins de la déconvenue de ceux qui s'y étaient laissé prendre. »

[modifier] Notes et références

  1. Pages 140 et 141. Il s'agit de scènes du Carnaval de Paris, dans la partie la plus large de la rue Saint-Antoine, représentées en miniatures, sur un parchemin.
  2. Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, Fonds français 11697-Fol 38v° (Mentionné dans le catalogue des sources manuscrites sur l'histoire de la Révolution française, de Tuetey, tome II, page 319. Le numéro de page du manuscrit, indiqué par Tuetey, est erroné).
  3. Cette lettre inédite est intégralement reproduite dans l'article : Législation de la fête parisienne.
  4. Cette tradition rappelle celle du poisson d'avril, accroché dans le dos des gens et à leur insu.
  5. Ce texte est cité par Aulard, dans son ouvrage « Paris pendant la réaction thermidorienne. », tome IV, page 553. Il serait intéressant de connaitre ce qu'étaient exactements les « autres choses semblables. »
  6. Le Constitutionnel, mercredi 10 février 1864.