Honorat Rambaud

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Honorat Rambaud, né à Gap vers 1516 et mort à Marseille après 1585, probablement en 1586[1], est un grammairien français.

Sommaire

[modifier] Le lieu de sa naissance

Photo de la ville de Gap
Photo de la ville de Gap

Honorat est certainement né à Gap. Le doute sur son lieu de sa naissance vient que dans la permission d'imprimer son livre, accordée par la ville de Lyon, il est dit que Honorat Rambaud est natif d'Esparron (Var), diocèse d'Aix en Provence. Mais Joseph Roman (1840-1924) précise dans son Tableau historique du... , p. 100 écrit : Né à Gap, mais maître d'école à Marseille [1] Adolphe Rochas dans sa Biographie Du Dauphiné, contenant l'histoire des hommes nés dans cette province qui se sont... [2] nous dit également qu'il est né à Gap. René Merle confirme qu'il est un Occitan francisateur... comme tant d'autres, descendu de Gap tenir école à Marseille, à partir de 1546. [3]

La Major au XVIIe siècle
La Major au XVIIe siècle

[modifier] Carrière

Honorat Rambaud est maître d’école des enfants des Consuls de la ville de Marseille.

Les personnes sachant lire étant peu nombreuse cette époque, il préconise une réforme révolutionnaire pour permettre au peuple d’accéder à la culture.

Honorat Rambaud va plus loin encore dans l'audace que Ramus et ses proches. Ramus souhaite en 1562, que les poètes français fassent leurs vers par mesure de syllabes longues et brèves, ce qui règlerait la quantité. Rambaud écrit son livre quatre ans après les vers mesurés de Jean Antoine de Baïf, et parle d’un système vraiment phonétique, afin de faciliter l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Selon lui, l’alphabet est corrompu. Il invente donc un alphabet nouveau et préconise l'abandon radical de l'alphabet latin, inapte à noter 34 des 52 sons repérables dans l'usage du temps, ce qui représente une grande révolution pour la grammaire. Si ce pédagogue présente un alphabet d'une grande cohérence graphique , celui-ci est perçu comme l'œuvre d'un fou Mais le sous-titre explique sa démarche, il veut uniquement représenter naïvement les paroles et bien avant les philosophes du XIXe sa préoccupation est sociale, et permettre à tous de savoir lire et écrire.

En 1578, à Marseille, comme dans bien des provinces, la connaissance du français joue comme un démarcateur social. Les riches parlent et écrivent le français et le provençal est leur langue maternelle. Les pauvres ne parlent pas le français, et n’écrivent pas le provençal. Rambaud vit et enseigne aux notables, mais veut permettre aux gens du peuple d’écrire le français. Bien entendu le provençal a des interférences sur le français naissant de Marseille, comme le note Henri Merle. L'implantation du français dans les provinces occitanes méridionales à la Renaissance montre que la langue d'oc résiste et donne au français parlé en particulier à Marseille des caractéristiques spécifiques. Les spécificités qui sont notées par Honorat Rambaud résultent de l'influence marseillaise. Le français n'est dans cette ville qu'encore une langue seconde.

Dès 1550, il travaille à ce qui va devenir La Declaration des Abus que l’on commet en escrivant Et le moyen de les euiter, & de représenter nayuement les paroles : ce que iamais homme n’a faict. Par Honorat Rambaud, Maître d’Escole à Marseille, A Lyon, Par Jean de Tournes, Imprimeur du Roi, M.D.LXXVIII. Nous le savons car il écrit en 1578 qu'il travaillé pendant 28 ans au projet de sa Déclaration.

Honorat Rambaud propose son livre en 1567 aux Consuls de Marseille. Il obtient trois permissions d'imprimer, l'une à Montpellier le 6 septembre 1567, l'autre à Toulouse le 27 septembre 1567 et la troisième à Lyon le 3 août 1568. Il obtient également un privilège du roi, le 18 mai 1577. Seuls les deux derniers documents ont été conservés.

La rédaction de son ouvrage est terminée en 1567, puisqu'il a obtenu sa première permission d'imprimer durant cette année-là. Mais il ne fait presser à Lyon qu'en 1578 son ouvrage, faute d’imprimerie locale, par Jean de Tournes. Un seul artiste à cette époque à Lyon est capable de fabriquer de nouveaux poinçons, selon Nina Catach, citée par Hermans, à savoir Robert Granjon. Il a aussi dû faire affaire avec quelqu'un pour créer les cases pour former sa graphie.

Sa principale innovation est la création de 24 lettres nouvelles. Le traité d’Honorat Rambaud est composé de 351 pages. De ces 351 pages, 18 sont exclusivement en graphie réformée et constituent un manuel d'apprentissage. Les pages de gauche est en graphie traditionnelle, celles de droite en nouvelle graphie.

Charles Nodier écrit son admiration de l’œuvre de Rambaud en 1840, mais de son vivant, Laurent Joubert et Bleyn de Lyon écrivent leur admiration de l’homme.

Henri III Portrait par Quesnel (vers 1588)
Henri III
Portrait par Quesnel (vers 1588)

Il obtient un privilège royal, le 18 mai 1577, du roi Henri III.

Il est cependant considéré comme un original[2] ou, selon René Merle, comme un facteur Cheval, mais de nos jours son travail est étudié par de nombreux universitaires à travers le monde.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. François Barby, Reconstitution des familles marseillaises du XIVe au XVIe siècle, à partir des actes notariés/Geneanet/Rambaud/Marseille/canebiere - folio 113, cote 381E-186
  2. Antónia Szabari parle de fantaisie évangélique de l’écriture, dans Lyon et l’illustration de la langue française à la Renaissance, ENS, 2003.