Honnête homme

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Au XVIIe siècle, l'Honnête homme a une culture générale étendue et les qualités sociales propres à le rendre agréable. Homme de cour et homme du monde, il se doit de se montrer humble, courtois et cultivé mais aussi de pouvoir s'adapter à son entourage. Au nom de la nature, il refuse tout excès et sait dominer ses émotions.

L’Honnête homme est un modèle d’humanité qui est apparu au XVIIe siècle sous la plume des moralistes et des écrivains de l’époque qui témoigne de l'émergence et de l'affirmation croissante de la bourgeoisie à l'intérieur de la société de l'époque face à la noblesse qui occupe tout l'espace de la conscience sociale. L'apparition de l'Honnête homme fait ressortir, en même temps, l'ambiguïté de sa position sociale. Cet ascendant de la noblesse a fait en sorte que c'était le Courtisan qui apparaissait jusqu'alors comme modèle idéal d'humanité. La politesse mondaine devient, avec l’Honnête homme, à la différence du modèle du Courtisan qui l'a précédé[1], une sorte d’obligation morale. Nicolas Faret a écrit le premier grand traité portant sur L’Honnête Homme (1633).

L’Honnête homme est un être de contrastes et d’équilibre. Il incarne une tension qui résulte de cette recherche d’équilibre entre les exigences de la vie et celles de la pensée, entre les vertus antiques et les vertus chrétiennes, de l’âme et du corps. Il lui faut fuir les excès, même dans le bien. En un mot, il est un idéal de modération et d'équilibre dans l'usage de toutes les facultés. L’Honnête homme est un généraliste, ce qui suppose une représentation unifiée du savoir. Il s’oppose ainsi au « "spécialiste" (en grec, idiôtès: celui qui s'enfermant dans un savoir unique, devient stupide, idiot)[2].» Cet idéal de formation (généraliste) visait moins à développer un certain type de savoir particulier qu'à faire naître le «bon goût». Cette conception de l'Honnête homme renvoie au principe de Montaigne voulant qu'il est préférable d'avoir «la teste bien faicte que bien pleine».

Par un alliage judicieux de la culture générale avec le bon goût et la politesse des manières, il entendait que l'homme réalise pleinement la définition antique qui faisait de lui un «animal raisonnable»[3] En un mot, selon la formule de Boileau, il lui fallait «Savoir et converser et vivre»[4].


  1. Voir : Paul Hazard, La crise de la conscience européenne 1680-1715, Paris, Fayard, (1935), 1968, p. 299.
  2. Jean-Marie Domenach, Ce qu'il faut enseigner, Paris, Seuil, 1989, p. 19.
  3. Voir : Pierre Viau, «La fin de l'humanisme classique», (En coll.), Options humanistes, Paris, Les Éditions ouvrières, 1968, p. 16
  4. Cité par Lionel Groulx, «L'originalité de notre histoire», (En coll.), Centenaire de l'Histoire du Canada de François-Xavier Garneau, Montréal, Société historique de Montréal, 1945, p. 38.

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