Histoire de Montargis

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Montargis est situé au pied d'un coteau élevé d'où le spectateur domine toute la campagne environnante ; c'était en ce lieu, disait quelque légende, que Junon, la déesse jalouse, avait placé le berger Argus pour y épier la malheureuse Ion sa rivale ; de là naturellement l'étymologie légendaire de Mons Argi. Quant au nom Morita Regulo, il aurait une origine plus historique ; César, dans ses Commentaires, fait mention d'un petit roi de ce pays appelé Moritas, qui aurait, dit-on, donné son nom à la ville. Quoi qu'il en soit, Montargis est une ville fort ancienne ; il est certain qu'au temps du roi franc Clovis il existait sur son emplacement une tour destinée à protéger le pays contre les invasions étrangères.

Le premier seigneur de Montargis qui soit connu est Josselin, sire de Courtenay, qui fut contemporain du roi Robert. Pierre, quatrième fils de Louis le Gros, épousa Isabeau de Courtenay et reçut le comté en dot ; il augmenta et fortifia le château, et, pour attirer des habitants à Montargis, il accorda en 1170, à tous ceux qui résideraient dans cette ville, une charte de franchise par laquelle il les exempta de toutes tailles et corvées, hormis le carroi du vin du seigneur et la dîme d'un minot de seigle pour chaque laboureur cultivant avec une charrue ; de plus il garantit aux habitants la possession de leurs propriétés, quelque crime qu'ils pussent commettre, et établit de grandes sûretés pour les marchands qui fréquentaient les foires de Montargis. En 1188, Pierre céda cette ville à Philippe-Auguste.

Le roi Philippe le Bel confirma à cette ville ses privilèges, et, vers ce temps, celle-ci prit un grand accroissement.

Les habitants de Montargis se distinguèrent particulièrement en 1427 contre les Anglais. Les comtes de Warwick et Suffolk, commandant un corps d'armée, vinrent assiéger cette place ; les habitants opposèrent une résistance courageuse ; ils rompirent les digues de plusieurs vastes étangs qui se trouvaient dans les environs et dominaient le camp anglais. Grand nombre d'ennemis furent noyés ; La Hire et Dunois survinrent au milieu du désordre que l'irruption soudaine des eaux avait jeté parmi les Anglais et en massacrèrent un grand nombre. Charles VII récompensa généreusement la ville où, selon sa propre expression, s'était trouvé le premier terme de son bonheur ; il lui accorda, en 1430, de grandes exemptions et des privilèges avec le titre de Montargis-le-Franc. La ville s'agrandit à cette époque de l'île d'Amadoux, qui s'élevait au milieu du Loing. En 1431, un capitaine anglais nommé l'Aragonais s'empara de Montargis, mais il en fut chassé par La Trémouille l'année suivante.

En 1490, Charles VIII exempta les habitants du franc fief, du ban et de l'arrière-ban. C'est à cette époque qu'on place l'aventure du fameux chien de Montargis ; cette histoire est trop connue et a été trop souvent écrite pour que nous en racontions les détails ; nous nous contenterons de rappeler qu'un méchant chevalier, Macaire, qui avait fait périr un jeune gentilhomme, Aubry de Montdidier, fut terrassé en combat singulier par le chien de sa victime.

Louis XII, en parvenant au trône, réunit de nouveau à la couronne la ville de Montargis, qui avait été comprise dans le duché d'Orléans.

François Ier engagea Montargis, en 1528, à sa belle-sœur Renée de France, fille de Louis XII. Cette princesse s'y retira après la mort de son mari, le duc de Ferrare, embrassa la religion réformée et y protégea ses coreligionnaires. En 1570, malgré les instances des habitants pour que leur ville demeurât attachée à la couronne, Charles IX confirma à perpétuité en faveur d'Anne d'Este, fille de Renée de France, l'engagement consenti par François Ier.

En 1585, le château fut surpris par le cardinal de Bourbon, qui s'était révolté contre Henri III.

En 1594, la ville et le château se soumirent à Henri IV.

Marie de Médicis, femme de ce roi, racheta en 1612 Montargis des ducs de Guise et de Mayenne, petits-fils d'Anne d'Este, duchesse de Nemours.

Comprise dans l'apanage de Gaston, frère de Louis XIII, la ville passa, sous Louis XIV, dans celui de Philippe d'Orléans.

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[modifier] Sources

Source principale : La France illustrée, par V.A. Malte-Brun (Jules Rouff éditeur, 1882)