Discuter:Histoire de l'Albanie

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Etat de la péninsule balkanique, l'Albanie (28 748 km 2 ), est limitée au nord et à l'est par le Kosovo et la Macédoine, au sud par la Grèce, et donne à l'ouest sur la mer Adriatique.

Les Albanais descendent vraisemblablement des Illyriens, peuple indo-européen qui s'installa dans la région de la côte dalmate à la fin de l'âge du bronze. Le nom d'Albanoï apparaît pour la première fois au IIe siècle de notre ère, dans un texte du géographe Ptolémée. Ce nom réapparaît ensuite régulièrement, à partir du X e siècle, sous la plume des chroniqueurs byzantins


L'Antiquité et le Moyen Age Le territoire actuel des Albanais, colonisé par les Grecs au VII e siècle av. J.-C, passa sous la domination de Rome au II e siècle av. J.-C. Après la partition de l'Empire romain en 395, le territoire albanais fit partie de l'Empire romain d'Orient. Par la suite, comme le reste des Balkans, il fut envahi aux IV e -VI e siècles par les Wisigoths, les Antes, les Lombards, les Avars, et enfin par les Slaves, qui s'établirent par vagues successives à partir de 580. Province de l'Empire byzantin jusqu'au IX e siècle, le pays est ensuite envahi par les Bulgares (IX e -XI e siècle), puis reconquis en 1018 par l'empereur Basile II.

Au XI e siècle, l'Albanie excita les appétits des Normands. Le passage de la première croisade (1096) s'accompagna de grands ravages, mais trois expéditions normandes, entre 1107 et 1185, échouèrent.

En 1190, à la faveur de l'affaiblissement de l'Empire byzantin, ravagé par la quatrième croisade en 1204, se crée la principauté d'Albanie qui constitue le premier Etat albanais : la principauté, qui s'étend entre les fleuves Shkumbin et Drin, établit sa capitale à Krujë.

Au XIII e siècle, le roi de Sicile Charles I er d'Anjou, frère de Saint Louis, débarque en Albanie où il proclame un éphémère royaume (1272). La domination angevine s'écroule en effet bientôt sous les attaques de l'Empire serbe d'Etienne Douchan (1331-1355), après la mort de qui le pays sombre dans l'anarchie.

D'une mosaïque de petits Etats régis par des seigneurs albanais en conflit permanent entre eux, émergent alors deux principautés rivales : l'une à Durrës avec Charles Topia, l'autre à Shkodër (Shkodra) avec les princes Balsha.


La conquête ottomane A la fin du XV e siècle, l'Albanie est submergée par les Ottomans, en dépit d'une farouche résistance rassemblée derrière Gjergj Kastriot Skënderbeg (Georges Castriota Skanderbeg, v. 1403-1468). Pendant près d'un quart de siècle, ce héros national - salué par le pape Nicolas V du nom d'«athlète du Christ» - inflige de rudes défaites aux troupes turques, sans toutefois parvenir à les chasser. Après la mort de Skanderbeg l'Albanie retombe dans les déchirements féodaux, et le sultan Murat II achève de réduire cette citadelle avancée de la chrétienté.

L'histoire de l'Albanie sous l'occupation ottomane, du XVI e siècle jusqu'à 1912, est une succession de révoltes qui échouèrent toutes; les plus célèbres restent celle des Bushati à Shkodër (1796), et celle d'Ali Pacha de Tepelena (1822). Au cours des XVI e et XVII e siècles, l'Albanie s'islamisa en grande partie, et fournit de nombreux soldats et fonctionnaires (notamment plusieurs vizirs et cinq grands vizirs) à l'Empire ottoman. Les raisons de ces conversions résidaient essentiellement dans le statut social et les intérêts économiques qui découlaient de la profession de foi en l'islam, mais résultaient aussi des jeux d'alliance entre les clans.

La guerre russo-turque de 1877-1878, conclue par le traité de San Stefano, provoque le réveil éclatant du sentiment national albanais. En effet, ce traité cède aux Puissances et à la Russie victorieuse des territoires conquis de l'Albanie : le Sud aux Grecs, le Nord aux Serbes et l'Est aux Bulgares. Face à ce démembrement, tandis que se prépare le congrès de Berlin (13 juin 1878), les représentants albanais des diverses communautés se réunissent à Prizren et décident de créer une ligue armée dans le but de défendre le pays et d'obtenir l'autonomie. Connue sous le nom de Ligue de Prizren, cette ligue fut détruite par les Turcs et les puissances européennes, mais elle fut une étape importante de la renaissance du sentiment national albanais.


Le XXe siècle Le 28 novembre 1912, après presque cinq siècles d'occupation ottomane, l'Albanie accède finalement à l'indépendance, mais cela soulève de nombreux problèmes dans une péninsule balkanique déchirée par la guerre. Le 17 décembre s'ouvre à Londres la conférence des ambassadeurs des six grandes puissances afin d'examiner le statut international de l'Albanie. Celle-ci est reconnue, le 29 juillet 1913, comme «principauté souveraine héréditaire et neutre sous la garantie des grandes puissances». Sa superficie est limitée à 28'000 km 2 , et laisse en dehors de ses frontières toute la région du Kosovo, cédée à la Serbie. Le nouveau roi choisi pour l'Albanie est un prince allemand, Guillaume de Wied (1876-1945), ignorant tout du pays, et dont le règne durera seulement 6 mois.

A la fin de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle elle fut successivement envahie par les armées des deux camps, l'Albanie retrouve une éphémère indépendance. La conférence de la paix, à Paris, reconnaît son statut international et elle est admise à la Société des Nations le 17 décembre 1920. La conférence des ambassadeurs de quatre pays (France, Italie, Japon et Royaume-Uni), chargée de fixer les frontières, restitue à l'Albanie les villages d'Epire du Nord, mais laisse au Monténégro les localités revendiquées par l'Albanie.

Les premières élections de l'Albanie indépendante se déroulent en avril 1921, opposant les conservateurs, rassemblés autour du parti progressiste, et les réformateurs organisés autour du parti populaire, dont l'un des dirigeants est l'évêque et écrivain Fan S. Noli (1882-1965). C'est à cette époque qu'intervient Ahmet bey Zogu (1895-1961), grand féodal de la région de Mati et membre du parti populaire. Ministre de l'Intérieur, puis Premier ministre (décembre 1922), il forme un nouveau gouvernement, qui démissionne deux ans plus tard face à l'opposition organisée derrière Fan Noli et Avni Rustemi.

Le 16 juin 1924 est formé le gouvernement démocratique et libéral dirigé par Fan Noli, qui tente, en six mois, des réformes importantes afin de faire passer le pays du stade féodal à une démocratie (au sens que le président américain Wilson entendait donner à ce terme). Mais Ahmet Zogu, soutenu par les Yougoslaves, prépare une intervention militaire et s'empare de nouveau du pouvoir : le 31 janvier 1925, il est élu président de la République proclamée par l'Assemblé constituante. Le 1 er septembre 1928, il se proclame roi d'Albanie, sous le nom de Zog I er , et fait élaborer une nouvelle législation inspirée du droit européen; il promulgue un code civil, un code pénal et un code commercial, et entame une importante réforme agraire qui échoue devant les réticences des grands propriétaires terriens. Mais il s'enfonce dans les dettes envers l'Italie fasciste, qui exerce une influence politique et économique croissante en Albanie.

Le 7 avril 1939, Mussolini adresse à l'Albanie un ultimatum, suivi d'un bombardement; le pays est envahi par les troupes fascistes, tandis que le roi Zog s'enfuit avec sa famille. Le 12, une prétendue assemblée constituante réunie à Tirana offre le gouvernement à Victor-Emmanuel III, qui s'arroge le titre de roi d'Albanie; sous la fiction d'une union personnelle, c'est une annexion pure et simple de l'Albanie par l'Italie. Le Duce impose les lois fascistes et, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, s'applique à créer la Grande Albanie, territoire dont les frontières correspondaient aux limites ethniques du peuple albanais et qui englobait le Kosovo, la Macédoine et la Tchamerie.

Toutefois, la résistance albanaise s'organise autour du parti communiste d'Albanie, sous la direction d'Enver Hoxha et en liaison avec le mouvement de Tito en Yougoslavie. En septembre 1942, la Conférence de libération nationale regroupe communistes et nationalistes de diverses tendances et donne naissance au Front de libération national (FLN). Après la capitulation de l'Italie, le 8 septembre 1943, le pays subit l'occupation nazie, bien plus sanglante que celle des fascistes italiens.

Le 28 novembre 1944, toute l'Albanie est libérée et en janvier 1946, la république populaire d'Albanie est proclamée. Derrière le «rideau de fer», le pays s'engage dans le camp socialiste.


De l'après-guerre à aujourd'hui Voulant affirmer une fidélité intransigeante aux dogmes du marxisme-léninisme, l'Albanie rompit d'abord avec la Yougoslavie en 1948, puis avec l'URSS en 1961, et enfin avec la Chine maoïste en 1977. Après cette séparation d'avec l'ensemble du camp socialiste, au lieu de se rapprocher de l'Europe, l'Albanie s'enferme au contraire dans un isolement total. Dirigée d'une main de fer par Enver Hoxha, le pays devient alors l'une des dictatures les plus dures des pays de l'Est. Ramiz Alia succéda à Enver Hoxha, décédé en 1985.

A partir du printemps 1990, face au mécontentement général, le gouvernement communiste fut amené à annoncer des réformes politiques et économiques. Mais il a fallu la chute du mur de Berlin, la révolution en Roumanie, les exodes massifs de juillet 1990, l'intensification de la pression internationale et la révolte des étudiants de Tirana pour que, le 11 décembre 1990, le multipartisme soit enfin instauré. Lors des premières élections libres (mars 1991), les communistes au pouvoir parvinrent à s'assurer la majorité au Parlement, et Ramiz Alia fut réélu à la tête de l'Etat en avril 1991.

Mais grèves et manifestations contraignirent le gouvernement à organiser des élections législatives (mars 1992), qui furent remportées par le parti démocratique. Après la démission de Ramiz Alia, Sali Berisha fut élu président de la République, mais la victoire de l'opposition socialiste aux élections législatives du 29 juin 1997, le força à démissionner. Un mois plus tard, Rexhep Mejdani, le secrétaire général du Parti socialiste, élu à la présidence de la République albanaise, leva l'état d'urgence en vigueur depuis cinq mois et nomma Fatos Nano Premier ministre. Peu après, les soldats de la Force multinationale de protection (FMP) quittèrent le pays, tandis que les forces gouvernementales reprenaient progressivement le contrôle du territoire.

La vie politique a cependant tardé à se normaliser, le Parti démocrate de S. Berisha boycottant les travaux du Parlement et organisant presque quotidiennement des manifestations. En septembre 1998 éclataient de nouvelles émeutes, S. Berisha tentant de reprendre le pouvoir avec l'appui de la rue. Il reprochait notamment au gouvernement de F. Nano son manque d'engagement vis-à-vis de la tragédie qui était en train de se nouer au Kosovo, alors que lui-même prenait fait et cause pour l'Armée de libération du Kosovo (UCK).

Dans cette crise, F. Nano adoptait en effet une position modérée et s'en tenait à un alignement constant sur les positions du Groupe de contact. En octobre cependant, sous la pression des mouvements de contestation orchestrés par les partisans de S. Berisha, le Premier ministre fut contraint de démissionner et le président Mejdani désigna Pandeli Majko pour lui succéder à la tête du gouvernement.

L'échec des négociations de Rambouillet sur le Kosovo, en mars 1999, et le développement des exactions des forces militaires et des milices serbes dans cette région, provoquèrent un afflux de réfugiés (près de 400'000 personnes totalement démunies venant en quelques semaines s'ajouter aux quelque 50'000 que l'Albanie avait déjà accueillis depuis un an) mettant à l'épreuve les capacités d'accueil et d'adaptation de ce petit pays convalescent.

Privées de tout moyen devant la crise qui les frappait, et inquiètes du jeu que Belgrade semblait souhaiter les voir jouer dans ce conflit, les autorités albanaises ouvrirent largement leur territoire aux forces de l'OTAN et aux organisations humanitaires. A la fin de l'année, le Premier ministre Pandeli Majko, politiquement fragilisé, fut remplacé par le socialiste, Ilir Meta, qui s'entoura de douze des seize membres de l'ancien gouvernement.