Hôpital général

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La Fronde engendra une crise économique et un développement de la pauvreté lors du règne de Louis XIV. Le 27 avril 1656, le pouvoir royal créait l'hôpital général qui avait pour objectif de dispenser des soins aux pauvres, aux filles-mères... mais aussi servir de lieu d'"enfermement" pour les mendiants.

Il permet de regrouper différents établissements parisiens créés sous Henri IV (Hôpital de la Charité et Hôpital Saint-Louis), sous Louis XIII (Hôpital de la Pitié, Hôpîtal des Convalescents, Hôpital Laënnec) et au début du règne de Louis XIV (Hôpital du Saint-Nom de Jésus-Christ). En 1670, il intégrera la Maison de Couche de Paris qui devient l'Hôpital des Enfants-Trouvés . À côté de l'Hôpital Général existe de nombreux établissements relevant de l'Hôtel-Dieu de Paris.

Le personnel est essentiellement religieux : les frères de Saint-Jean-de-Dieu arrivés en France en 1601, les Filles de la Charité créées en 1633 par Vincent de Paul, les Augustines Hospitalières de l'Hotel-Dieu. À partir de la déclaration royale de décembre 1698, l'Hôpital général était dirigé par un bureau composé de sept administrateurs siégeant de droit et de vingt-six membres élus. Dominé par les jansénistes il fut entraîné dans les querelles entre le parlement de Paris et la royauté. La corruption et l'incompétence étaient assez fréquentes. La vie hospitalière était déplorable et mortifère. Les tentatives ministérielles de réforme de 1749-1758 échouèrent. Seul l'Hôpital Necker, fondation privée, était un modèle d'hygiène pour l'époque. L'Hôpital Général bénéficiait de l'exemption des droits d'entrée sur les denrées qu'il utilisait. Une redevance de trois sous par jour sur les carrosses de louage lui fut attribuée en 1702. L'hôpital recevait des dons et des legs.

Un édit de 1662, ordonna la création d'Hôpitaux Généraux dans chaque ville. En 1788, il y avait quarante-huit hôpitaux à Paris et plus de sept cents en France.

Sommaire

[modifier] Enfermement systématique

La progression de la pauvreté accrut la mendicité, le vagabondage, les agressions et la prostitution dans les grandes villes.

Au cours du XVIIe siècle, le pouvoir royal voulut régler ce problème en menant une politique d'enfermement systématique dans les institutions dépendant de l'hôpital général. Cette politique était avant tout l'expression d'une volonté d'ordre public qui n'avait pas de vrai souci médical. Ainsi à Paris dans les établissements de la Salpêtrière, la Pitié, Sainte-Anne, Bicêtre, Saint-Marcel, il s'agissait d'accueillir selon les termes mêmes de l'Édit de 1656 les pauvres « de tous sexes, lieux et âges, de quelques qualité et naissance, et en quelque état qu'ils puissent être, valides ou invalides, malades ou convalescents, curables ou incurables »[1]. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6 000 personnes, soit 1 % de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, on comptait 32 hôpitaux généraux dans tout le pays.

Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Elisabeth I instituait des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les « Houses of correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature.

[modifier] Les limites du système d'enfermement

Cette politique d'enfermement systématique était inhumaine et une erreur au plan sanitaire. Elle fut contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée.

[modifier] Notes et références

  1. M. Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique

[modifier] Voir aussi