Hétérogénéité des élèves

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L’hétérogénéité des élèves est de nos jours au coeur du système éducatif. C'est sans doute un défi pour l’enseignant, seul face à un nombre important d’élèves, qu'il doit, selon les textes officiels, apprendre à gérer.


Sommaire

[modifier] Définition

Ce qui est hétérogène est « ce qui est formé d’éléments de nature différente »[1]. Etymologie : du grec « hétéros » (autre, différent) et « genos » (famille, race, peuple).
Chaque être humain, par sa personnalité et par l’éducation qu’il a reçu, possède un caractère, des savoirs, des facultés et des désirs qui le rendent unique. A l’image de la société, la classe d’école est par nature hétérogène. L’hétérogénéité prend plusieurs formes[2] ; elle peut être celle :

  • des sexes, depuis trente ans dans le primaire, près de quarante dans le secondaire.
  • des âges, y compris au sein de la même année civile (différences de maturité notamment, entre les élèves nés en début d’année et ceux nés au dernier trimestre toujours les plus nombreux …).
  • des appétences scolaires et des motivations liées entre autres, aux espoirs placés dans l’école pour réaliser son projet personnel.
  • des compétences et savoir-faire dans les différents domaines de connaissance ainsi que dans les processus d’apprentissage.
  • des cultures et modes de vie en liaison avec les diverses représentations de la société générées par l’appartenance familiale et sociale.


Chaque classe constitue un univers singulier où les élèves entrent avec une maturité, mais aussi un niveau, un rythme, et des désirs différents. D’après les postulats de Burns :
Il n’y pas deux apprenants qui progressent à la même vitesse.
Il n’y pas deux apprenants qui soient prêts à apprendre en même temps.
Il n’y pas deux apprenants qui utilisent les mêmes techniques d’étude.
Il n’y pas deux apprenants qui résolvent les problèmes exactement de la même manière.
Il n’y pas deux apprenants qui possèdent le même répertoire de comportements.
Il n’y pas deux apprenants qui possèdent le même profil d’intérêt.
Il n’y pas deux apprenants qui soient motivés pour atteindre les mêmes buts.

[modifier] Dans les textes

L’inspecteur général de l’Education Nationale, Martine SAFRAN, a très bien résumé ce à quoi les enseignants sont confrontés quotidiennement dans leur enseignement : « l’hétérogénéité est une réalité dans toutes les classes, les différences entre élèves, tant leurs acquisitions que leurs stratégies scolaires constituent la norme ».
Depuis la mise en place du collège unique en 1975 (Réforme Haby), l’enseignant doit faire face à l’hétérogénéité des élèves. La loi d’orientation de 1989 (dite Jospin) préconise de mettre les élèves au centre des apprentissages. Il faut donc tenir compte de leurs particularités (niveau, rythme, maturité, handicap…). La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 24-04-2005 précise que « la scolarité est obligatoire » de façon à « garantir l'acquisition et la maîtrise de connaissances et compétences du socle commun nécessaires à la réussite de la scolarisation et de la construction de l’avenir de l’élève». Aucun élève n'est censé ignoré ce socle commun en sortie de scolarité obligatoire.
Par ailleurs, la loi engage l'Éducation nationale à mieux faire respecter les valeurs de la République, mieux organiser les établissements et les enseignements, et à mieux gérer le système éducatif au sein de l’école.
La loi réaffirme que l’école doit accueillir tous les élèves et intègre par conséquent l'hétérogénéité des élèves dans l’établissement et dans la classe :

  • en faisant une priorité d’élever le niveau de formation des élèves et de faire réussir tous les élèves.
  • en permettant de mieux garantir l'égalité des chances (parité, scolarisation des élèves handicapés, scolarisation des primo arrivants…).
  • en favorisant l'insertion professionnelle des jeunes et l'emploi, avec nécessité d'une qualification à la sortie.

[modifier] Comment gérer l’hétérogénéité ?

[modifier] Au sein de la classe

Pédagogie différenciée : c’est adapter les situations d’apprentissage de sorte qu’elles puissent être profitables aux élèves (Modèle cognitiviste : en fonction de la maturité des élèves).
Enseignement adapté au niveau des élèves : soit pour un élève seul, soit création de groupes de besoins.
Enseignement adapté au développement des élèves :

  • adaptation du rythme de travail (plus lent ou plus rapide) La quantité de travail diffère, et non la nature (risque : ne pas développer un rythme efficace de travail.)
  • Question de la maturité : zone proximale de développement (Vygotsky) et pré-requis nécessaires à l’apprentissage visé.

Enseignement adapté aux intérêts des élèves : motivation, apprentissage fonctionnel. Pédagogie de contrat et pédagogie de projet (risque : pas de motivation = pas d’apprentissage)
Enseignement adapté aux méthodes d’apprentissage : utiliser tous les supports nécessaires (visuel, oral, auditif) travail de groupe :

  • Création de groupes homogènes (groupes de besoin) qui ont un travail à faire, mais qui est différent selon le niveau. Mise en commun avec la formation d’un nouveau groupe: chaque élève explique aux autres membres du groupe ce qu’il a fait. Exposé oral à toute la classe.
  • Groupe hétérogène : privilégier le tutorat ou la discussion entre les élèves sur différentes procédures pour réinvestir des notions étudiées en classe.
  • PPRE : (Projet Personnalisé de Réussite Educative) contrat entre l’élève, l’enseignant

et les parents : l’élève s’engage , dans une durée donnée, à acquérir les compétences inscrites au contrat (de la maternelle au collège).

  • Aide Individualisée : cours de soutien pour les élèves volontaires
  • fiches relais : affichage de fiches du suivi pour les élèves. Tous les professeurs

peuvent s’investir et prendre connaissance des difficultés de leurs élèves. Difficulté pour les professeurs de lycée de connaître les élèves : leur parcours scolaire, leur établissement d’origine…

  • modules en lycée


[modifier] En dehors de la classe

RASED : Réseau d’Aide Scolaire aux Elèves en Difficulté.
Parents : les mettre au courant de la situation de leur enfant pour qu’ils puissent s’impliquer.
Afev, accompagnement scolaire

[modifier] Les limites et les contraintes de ces méthodes

L’hétérogénéité soulève de nombreuses questions depuis le collège unique où celui-ci est considéré comme une « machine à broyer ». L’élève est noyé dans la masse.
Cette massification n’a pas su être maîtrisée. On constate la perpétuation de la ségrégation sociale et d’inégalités culturelles.
On ne se soucie pas toujours, car c’est difficile, du rythme et des particularités de chacun : tous les élèves sont « poussés » jusqu’à la troisième pour maîtriser le socle commun (pas d’orientation ni de redoublement précoce) Il y aurait un problème dés l’école primaire : il faudrait renforcer l’enseignement des fondamentaux. Les réalités du terrain sont également problématiques pour gérer l’hétérogénéité : -manque de temps ;
-contraintes liées aux programmes scolaires ;
-manques de moyens (pas d’assistants pour les langues, rétroprojecteurs, télé, salles mal agencées…) ;
-classes surchargées (difficultés pour mettre en place un travail en binôme ou en groupe) ;
-investissement important de l’enseignant.
Les parents ont peur que le niveau culturel baisse, ils craignent l’hétérogénéité, ils redoutent un appauvrissement des contenus disciplinaires dû aux problèmes d’organisation pédagogique . Les parents sont inquiets que leur enfant soit pénalisé. Pour fuir l’hétérogénéité, certains vont jusqu’à contourner la carte scolaire en choisissant des options particulières.

[modifier] Conclusion

L’hétérogénéité est une réalité dans et en dehors de l’école. Dans l’enseignement, les textes préconisent que celle-ci soit prise en compte par l’enseignant. Elle apparaît aux yeux de certains comme une contrainte et pour les autres comme une richesse et un moteur pour le développement de l’enfant et de l’adolescent.

[modifier] Notes et références

  1. Petit Larousse 2006
  2. article n°34 des “Rencontres pédagogiques” (1995 ; INRP)

[modifier] Notes et références de l'article

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • BILLON Christophe, PETIT Philippe, Comment sauver le collège unique.- Marianne, 12-18 mars 2001
  • CRAHAY M., Comment gérer l’hétérogénéité des élèves ?.- in L’école peut-être juste et efficace ?.- Boeck, 2000.
  • INRP, Rencontres pédagogiques, n°34 ; 1995.
  • Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école (24-4-2005)
  • LURCAT Liliane, Le pédagogisme, facteur d’échec.- in Philosophie politique, Ecole et démocratie, n°10, novembre 1999, PUF.
  • MEIRIEU, P. (1985). L’école, mode d’emploi. Des « méthodes actives » à la pédagogie différenciée. ESF.
  • PERRENOUD, P. (1995). La pédagogie à l’école de différences. Fragments d’une sociologie de l’échec. ESF.
  • PRESZMYCKY, H.(1991). La Pédagogie différenciée. Hachette.
  • TARDIF, La prise en compte des différences par la pédagogie différenciée.- Colloque du 23 mai 2003, Atelier B-15.

[modifier] Liens externes