Guyart des Moulins

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Guyart des Moulins (Guyart-des-Moulins) est l'auteur de la première Bible en prose rédigée en français et traduite du latin de la Vulgate: La Bible historiale. Son nom s'écrit selon Paulin Paris dans Le Répertoire des manuscrits de la Bibliothèque du roi: "Guyart des Moulins" ou "Guyart-des-Moulins". On le trouve parfois retranscrit à l'anglaise "Guiard Desmoulins" ou plus étonnant "Guiart Desmoulins", parfois "Guiard des Moulins" ou encore "Guiart des Moulins". Toutes ces orthographes désignent bien l'auteur dela Bible Historiale.

[modifier] La Bible en prose française au Moyen Âge

Folio 1 du Ms Ars. 5057: Guyart des Moulins à l'oeuvre. On reconnaît le texte du prologue que l'on retrouve sur la miniature du manuscrit Ars 5057 dans l'article Bible historiale: "pour ce que le Deable qui chascun jour detourbe et en ordut les coeurs des hommes par oyseuse et par mille lacs qu'il a tendus...". Bible Historiale Ms Fr 155 folio 14 "
Folio 1 du Ms Ars. 5057: Guyart des Moulins à l'oeuvre. On reconnaît le texte du prologue que l'on retrouve sur la miniature du manuscrit Ars 5057 dans l'article Bible historiale: "pour ce que le Deable qui chascun jour detourbe et en ordut les coeurs des hommes par oyseuse et par mille lacs qu'il a tendus...". Bible Historiale Ms Fr 155 folio 14 "

Pour en savoir plus, voir notamment Bible historiale. Pour une édition critique du livre de la Genèse et une analyse des sources l'ouvrage, voir notamment X.-L. Salvador, Vérité & écriture(s)¸Paris, Champion, 2005.

Avant l'édition de la Bible Historiale, on connaissait une bible en français destinée aux étudiants de l'Université, la Bible dite du treizième siècle. Il s'agit d'un texte dont on ne possède plus que le livre de la Genèse conservé dans quelques rares manuscrits et insérés en introduction des Bibles historiales avec qui les lecteurs semblaient la confondre.

La Bible historiale se présente comme une bible glosée, c'est-à-dire une bible où figurent les traductions des paragraphes de la Vulgate en caractères nobles, et intercalés entre chaque chapitre, une série de commentaires. En belles lettres figurent donc les traductions de la Vulgate immédiatement suivies de la traduction du même passage extrait de Comestor. Des titres de chapitres, extraits de Comestor, sont insérés en rouge dans la page. Son texte est donc avant tout une traduction originale de la Vulgate accompagnée de la traduction des histoires de la Bible. Comme la traduction de la Vulgate dans la Bible de 1250 était accompagnée de la traduction de la Glossa ordinaria.

[modifier] Biographie

La France a eu, en la personne de Guyart-des-Moulins ou Guyart des Moulins (la première est donc l'orthographe retenue par Paulin Paris dans la première édition du catalogue des manuscrits de la Bibliothèque du roi), un historien érudit extraordinaire. La date de naissance de Guyart des Moulins est portée dans le prologue de sa Bible Historiale, 1251. Il devient chanoine de Saint Pierre d’Aire en 1291 et achève son ouvrage en 1294. Son travail n’est pas une simple traduction du texte de Comestor, mais au contraire, en plusieurs endroits il a changé « l’économie du travail », comme il le dit lui-même dans sa préface. La Bible Historiale dont il est l’unique auteur est non seulement une traduction du texte du Maître écolâtre, mais en plus une juxtaposition interpolée du texte traduit de la Vulgate . Il s’agit donc là véritablement d’une Bible glosée en langue vulgaire proposée aux laïcs que rédige Guyart des Moulins. Le témoignage de Paulin Paris, familier de cette Bible par la position qu’il occupait en 1836, est, de ce point de vue, précieux : « Ce fut pour les gens du monde que notre Guyart des Moulins traduisit la Bible en françois , plus d’un siècle après la mort de Petrus Comestor ». Le succès de la Bible historiale ne s’est jamais démenti au cours du temps, c’est a priori son travail qui inspira l’édition de Jean de Rély et l’élève de J. J. Rive, dans son ouvrage La chasse aux antiquaires et bibliographes mal avisés rappelle que :

Pierre François Orsini, élevé sur la chaire de Saint Pierre d’Aire sous le nom de Benoît XIII, qui avait conçu dans l’ordre de saint Dominique, où il avait fait profession, une si haute vénération pour cette histoire, avait ordonné sous son pontificat, dont la première année est l’an 1724, au cardinal Quirini d’en publier une nouvelle édition et à tous les ecclésiastiques de son ordre de s’en pourvoir, à peine de n’être pas promu aux ordres .

L’histoire de la Bible historiale constitue donc le versant officiel de l’histoire de la Bible traduite en français. Une édition est actuellement en cours [1].

[modifier] Bibliographie sommaire

  • S. Berger :
    • La Bible romane au Moyen Âge : Bibles provençales, vaudoises, catalanes, italiennes, castillanes et portugaises, Genève, Slatkine Reprints (réimpression des articles extraits de Romania XVIII-XXVIII, 1889-1899), 1977.
    • Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Âge, Paris, Hachette, 1893.
    • De l’histoire de la Vulgate en France. Leçon d’ouverture faite le 4 novembre 1887, Paris, Fischbacher, 1887.
    • Des Essais qui ont été faits à Paris au treizième siècle pour corriger le texte de la Vulgate, Paris, Fischbacher, 1887.
    • La Bible française au Moyen Âge : étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en prose de langue d’oil, Genève, Slatkine Reprints (Fac Similé de l’édition originale Paris, 1884), 1967.
  • Guyart des Moulins
    • Bible historiale ou Bible française, édition de Jean de Rely, volume I, 1543.
  • J. J. Rive (un élève de), La Chasse aux antiquaires et bibliographes mal avisés, Londres, N. Aphobe, 1787.
  • P. Paris, Les Manuscrits français de la bibliothèque du roi, Paris, Techener, place du Louvre, 1836, I-VII.
  • M. Quereuil [dir.], La Bible française du XIIIe siècle édition critique de la Genèse, Genève, Droz, « Publications Romanes et Françaises », 1988.
  • X.-L. Salvador
    • Vérité et écriture(s), Paris, Champion, 2005 (avec une édition critique du Livre de la Genèse de la Bible Historiale mentionnant les emprunts à Comestor et les citatiosn de la Glossa)
    • « L’utilisation du pont dans la théologie chrétienne médiévale », Les Ponts au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, 2005.
    • « La Réécriture argumentative impliquée par la traduction du livre de la Genèse : l'exemple des énoncés car q dans The Medieval translator, the Theory and practice of translation in the middle ages, R. Ellis [ed.], Paris, Brepols, 2005.
    • « L’Enceinte sacrée des traductions vulgaires de la Bible au Moyen Âge », La Clôture – Actes du colloque qui s’est déroulé à Bologne et à Florence les 8, 9 et 10 mai 2003, Préface de Claude Thomasset, textes réunis par Xavier-Laurent Salvador, Bologna, Clueb, 2005.
    • « L’exemple de "derechief" dans la traduction de la Bible historiale », Actes des XIe journée d’ancien et de moyen français (Anvers 2005), en cours de publication.
    • « Une Autre définition de l’étymologie : dire le Vrai dans la Bible au Moyen Âge », Mélanges en l’honneur de Claude Thomasset, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2003.
    • « Les "Biblismes", un système de définition original du lexique dans le discours pédagogique de la Bible Historiale », dans Lessicologia e lessicografia nella storia degli insegnamenti linguistici, Quaderni del Cirsil - 2 (2003), 14-15 novembre 2003, Bologna, http://amsacta.cib.unibo.it/archive/00000931/.
    • « Des Coffres hébraïques aux bougettes françaises, La translation du sacré à travers les traductions médiévales de la Bible », Coffres et contenants au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, en cours de parution.
  • F. Vieillard, « Compte rendu de l’édition de la Bible du XIIIe », Romania, n°109, p. 131-137.