Guerre des Castellammarese

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La guerre des Castellammarese est le nom donné à la lutte entre deux clans de la Cosa Nostra installée à New York dominant le crime à New York, en 1930 et 1931. Il en a résulté une transformation du paysage criminel nord-américain, l'ordre des mafieux siciliens traditionnels étant remplacé par une nouvelle génération qui allait créer le Syndicat du crime (ou Commission).

Sommaire

[modifier] L'origine du conflit

La guerre des Castellamarese est née, à une période où la Prohibition dopait les revenus des trafiquants, de la volonté de deux parrains siciliens (originaires de Castellammare del Golfo en Sicile) de régner sans partage sur le crime organisé à New York, en 1930-1931,

L'un des deux clans était dirigé par Salvatore Maranzano, né en 1868. Ce Sicilien fasciné par Jules César et aux mœurs très traditionnelles, avait été envoyé en Amérique en 1918 par le puissant parrain de Castellammare del Golfo (près de Palerme), don Vito Cascio Ferro, dont le projet était de bâtir un empire mafieux transatlantique. Ces projets avaient été contrariés par les poursuites du lieutenant de police Joseph Petrosimo qui le forca à quitter le territoire américain (avant d'être assassiné lors d'une enquête en Sicile en 1909), puis par Mussolini, qui le fit emprisonner en 1929. L'équipe de Maranzano comprenait d'autres transfuges siciliens, tels que Joseph Bonanno et Joseph Profaci, futurs parrains de l'une des cinq familles new-yorkaises (voir chapitres suivants). Le clan adverse était celui de Joe Masseria dit the Boss, né en 1879, immigré en 1903 et héritier de la famille Morello en 1920, après une série d'assassinats. Ouverte à des non-Siciliens, son équipe incluait notamment Al Capone, Lucky Luciano, Albert Anastasia, Vito Genovese, Willie Moretti, Joe Adonis, et Frank Costello.

[modifier] L'élimination de Masseria

La rivalité entre les deux factions était exacerbée, à la fin des années 1920, par de fréquents braquages par l'une de convois d'alcools destinés à l'autre. La guerre fut déclenchée en février 1930, lorsque Joe Masseria fit exécuter Tom Reina, un caïd qui songeait à faire allégeance à Maranzano, afin de s'emparer de son "entreprise" de racket des livreurs de glace (un commerce important à une époque où les réfrigérateurs n'existaient pas). Les hommes de Tom Reina, dont Gaetano Gagliano et Tommy Lucchese (qui devinrent eux aussi chefs d'une famille new-yorkaise), passèrent dans le camp de Maranzano, après avoir abattu le remplaçant de Reina placé par Masseria, un certain Pinzolo, considéré par les mafieux comme un "guignol". Après plusieurs dizaines de meurtres de part et d'autre sur tout le territoire américain, la jeune génération était effrayée par ce conflit sans issue. Lucky Luciano et Vito Genovese organisèrent le meurtre de leur propre patron, Joe Masseria, dans le restaurant Nuova Villa Tammaro à Coney Island, le 15 avril 1931. À la fin d'un repas avec Luciano, Masseria fut abattu par Genovese, Bugsy Siegel, Albert Anastasia et Joe Adonis.

Fait unique dans l'histoire du crime organisé, Salvatore Maranzano devint alors l'unique chef de la Mafia sicilienne ou Cosa Nostra (ce terme, signifiant "notre chose" serait apparu à cette époque) aux États-Unis. Il prit le titre de capo di tutti capi (chef de tous les chefs), suivant la hiérarchie inspirée des légions romaines en vigueur dans la Mafia en Sicile (chef, sous-chef, capo ou capitaine et soldats). Maranzano était ainsi à la tête d'une armée de 600 soldats sur le territoire des États-Unis. Il nomma les chefs des cinq familles de New York: Lucky Luciano (future famille Genovese), Joe Profaci (future famille Colombo), Gaetano Gagliano (future famille Lucchese), Joseph Bonanno, et Vincent Mangano (future famille Gambino). Cette organisation est toujours en vigueur aujourd'hui.

[modifier] L'élimination de Maranzano

Le règne de Maranzano fut bref. Son goût immodéré pour la tradition et son antisémitisme déplaisaient aux jeunes mafieux ambitieux menés par Lucky Luciano, se sentant davantage Américains que Siciliens et souhaitant travailler avec des comparses juifs tels que Meyer Lansky ou Bugsy Siegel. De plus, Luciano avait eu vent du projet de Maranzano de le faire assassiner, lui, ainsi que Vito Genovese et Al Capone, par le tueur à gages irlandais, Vincent "Mad Dog" Coll. En septembre 1931, Lucky Luciano prit donc les devants, avec l'agrément de ses associés, et envoya une équipe de gangsters juifs menée par Bo Weinberg (lieutenant de Dutch Schultz), déguisée en agents du fisc, l'égorger dans son propre bureau. Entre 40 et 90 de ses hommes furent tués le même jour (selon certains spécialistes, cet épisode serait une légende). Cet évênement a été surnommé "les Vêpres siciliennes", en référence au massacre des Angevins en 1282 à Palerme.

La guerre des Castellamarese a abouti à la prise de pouvoir d'une génération de mafieux au style beaucoup plus américanisé et détaché des valeurs traditionnelles. Lucky Luciano, qui avait projeté l'élimination des deux boss avec son ami et conseiller Meyer Lansky, prit de fait le pouvoir du crime organisé. Celui-ci fut réorganisé avec l'association des Siciliens et des non-Siciliens. La Commission, conseil exécutif de la mafia américaine vit le jour, avec la participation en principe égalitaire de caïds tels que Frank Costello, Albert Anastasia, Vito Genovese, Bugsy Siegel, Joe Adonis ou Lepke Buchalter. Aujourd'hui personne ne sait vraiment qui est devenu le grand parrain de cette famille.

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