Guerre d'indépendance espagnole

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Cet article traite de la guerre de 1808-1814, appelée également Guerre d’Espagne. Pour la guerre d’Espagne de 1936-1939, voir l’article Guerre d'Espagne

Le 2 mai 1808 : La charge
des Mamelouks
, de Francisco Goya
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Ce conflit du début du XIXe siècle porte aussi les noms suivants selon les pays :

  1. campagne d’Espagne pour les Français, ou encore guerre d’Espagne, à ne pas confondre avec d’autres conflits désignés aussi sous le même terme ;
  2. guerre d’indépendance pour les Espagnols (guerre du Français pour les Catalans);
  3. guerre péninsulaire pour les Portugais et les anglophones.

La guerre commença en 1808 lorsque Madrid se souleva contre l’armée française stationnée dans la capitale espagnole. L’insurrection se généralisa à tout le pays après que Napoléon obtint l’abdication du roi d’Espagne au profit du frère de l’empereur, Joseph. L’armée française se heurta à une guérilla, puis à l’armée anglaise, venue aider le Portugal. Débordés, les soldats de l’empereur durent refluer en deçà des Pyrénées en 1813. L’invasion de la France par les Espagnols, Anglais, et Portugais commandés par Wellington, devenait imminente.

Sommaire

[modifier] Origines : la crise monarchique espagnole et l’occupation française

L’Espagne était, après le traité de San Ildefonso signé par le prince Manuel Godoy en 1796, une fidèle alliée de la France et c’est avec elle qu’elle subit la terrible défaite de Trafalgar en 1805. La perte de toutes communications avec ses colonies d’outre-mer lui fit rechercher des compensations territoriales sur le royaume voisin du Portugal, dont la monarchie était favorable au Royaume-Uni (ce fut la guerre dite des oranges qui se conclut le 27 avril 1807 par le traité de Fontainebleau). De son côté, Napoléon désirait envoyer ses troupes dans la péninsule, officiellement pour envahir le Portugal qui constituait une faille notable dans son dispositif de blocus continental. Le roi d’Espagne Charles IV accepta que le général français Junot traversât son royaume pour châtier les Portugais. Napoléon commença alors à se mêler des affaires espagnoles. Sous prétexte d’envoyer des renforts à Junot, il fit entrer en Espagne une armée commandée par Murat. Au même moment, un coup d’État dirigé en sous-main par l’infant Ferdinand, renversa le roi Charles IV. Ferdinand, devenu Ferdinand VII, prit le pouvoir. Le roi déchu en appela à l’arbitrage de Napoléon. Celui-ci convoqua le père et le fils à la conférence de Bayonne (avril-mai 1808). Voyant l’état de décrépitude de la monarchie espagnole, l’empereur tenta de profiter de la situation pour mettre la main sur l’Espagne. Ses conseillers le poussaient : le ministre Champagny écrivait par exemple : « il est nécessaire qu’une main ferme vienne rétablir l’ordre dans son administration [celle de l’Espagne] et prévienne la ruine vers laquelle elle [l’Espagne] marche à grands pas »[1]. Habitué à sa popularité et à la docilité de l’Italie et des Polonais, Napoléon crut bien sincèrement que les afrancesados (les partisans des Français) constituaient la majorité des Espagnols ; il se trompa grandement.[2]

À Madrid, des rumeurs affirmaient que la famille royale espagnole était retenue en otage par Napoléon à Bayonne. Le 2 mai 1808, après une tentative d’enlèvement d’un enfant de la famille royale par la France, la population madrilène se souleva contre les troupes françaises. En effet, alors qu’elle était en train de se disputer le trône d’Espagne devant l’Empereur, au point d'en venir aux mains, le lendemain, Murat écrasa dans le sang la rébellion. Le célèbre tableau de Goya, Tres de mayo, rappelle les fusillades nées de cette répression. Napoléon crut pouvoir poursuivre son objectif : il força les deux souverains à abdiquer puis offrit la couronne vacante à son frère Joseph. C’était une grave erreur d’appréciation. L’Empire s’engageait dans une guerre qui allait miner ses forces pendant près de 6 ans.

[modifier] Descriptif des opérations

[modifier] Une cruelle guérilla

Le guet-apens de Bayonne déclencha l’embrasement de l’Espagne. Malgré sa rapide répression, le soulèvement de Madrid inspira d’autres villes du pays : Carthagène, León, Santiago, Séville, Lérida et Saragosse. L’armée française était partout attaquée. Le 18 juillet 1808, le général Pierre Dupont de l'Étang et ses 20 000 hommes furent vaincus près de la petite ville andalouse de Bailén. Ce fut la première défaite retentissante de l’armée impériale en Europe continentale. En soi la défaite ne rendait pas la situation militaire des Français catastrophique mais elle eut un énorme impact psychologique pour leurs ennemis : les soldats de Napoléon pouvaient être battus. Deux jours plus tard, malgré cet échec, Joseph Bonaparte, le nouveau roi d’Espagne, parvint à entrer à Madrid. Mais il ne put y rester longtemps. Puis, le général Junot dut évacuer le Portugal face à l’offensive des Anglais du futur duc de Wellington. La dégradation de la situation inquiétait Napoléon. L’empereur se rendit en personne en Espagne, à la tête de 80 000 soldats qu’il avait tirés d’Allemagne. Il ne resta que quelques mois (novembre 1808-janvier 1809) en Espagne mais son intervention assura la reprise en main des villes par les Français

Madrid, menacé d’un assaut, ouvrit ses portes au conquérant. Le 4 décembre 1808, dans une proclamation qu’il adressa aux habitants, il menaça de traiter l’Espagne en pays conquis, si elle persistait à ne pas reconnaître Joseph Napoléon pour roi[3]. À regret, les Madrilènes virent une nouvelle fois le frère de l’empereur s’installer au palais royal.

Malgré la brillante campagne napoléonienne et les réformes mises en place (abolition des droits féodaux et de l’Inquisition), le pays était loin d’être soumis. Le contrôle des campagnes restait difficile. Les prêtres espagnols appelaient leurs fidèles à la croisade contre les Français. Les difficultés de l’occupant résidaient surtout dans la particularité du combat : les Espagnols pratiquaient la guérilla. [4] Si les Français remportaient régulièrement des victoires contre l’armée régulière espagnole et prenaient d’assaut les villes, ils peinaient contre les petits groupes de résistants embusqués qui les harcelaient.

[modifier] Une guerre internationale et civile

La guérilla embourba le conflit. Les Français avaient affaire à une hydre à mille têtes. Il ne manquait pourtant pas de partisans. On les appelait les afrancesados. Pour beaucoup imprégnés des idées des Lumières, ils espéraient que l’occupation française mette à bas la féodalité et l’absolutisme espagnols. Cette guerre d’Espagne se doublait donc d’une guerre civile. Des atrocités - saccages, viols, profanations, sadismes - furent commises par tous les camps.

La campagne de Russie obligea l’empereur à dégarnir de troupes l’Espagne. Wellington en profita et pénétra à Madrid le 11 août 1812. Les troupes britanniques, espagnoles et portugaises battirent les troupes françaises lors de la Bataille de Vitoria le 21 juin 1813. La fin pour les Français ? Non puisque le 3 novembre, Joseph put retourner dans la capitale espagnole. Mais ce n’était que le dernier sursaut. En quelques semaines, de mai à juillet 1813, Joseph et l’armée française reculèrent jusqu’aux Pyrénées. Napoléon comprit sa défaite et accepta, par le traité de Valençay, le retour de l’ancien roi d’Espagne, Ferdinand VII, dans son royaume. Début 1814, la Catalogne était reconquise par les Espagnols. La guerre d’Espagne s’achevait, mais à l’inverse débutait pour les Hispano-Anglais la campagne de France qui allait amener la chute de Napoléon.

[modifier] Liste des batailles et combats

[modifier] 1808

Bataille de Somosierra
Bataille de Somosierra

[modifier] 1809

[modifier] 1810

[modifier] 1811

[modifier] 1812

[modifier] 1813

[modifier] 1814

[modifier] Conséquences de la guerre

Napoléon l’avoua à Sainte-Hélène : « cette malheureuse guerre d’Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France ». On estime que le conflit retint 300 000 soldats français. L’Espagne fut un piège et un boulet pour la politique expansionniste de l’empereur.

Les Espagnols gardent un fier souvenir de cette guerre. Unis malgré leur divergences, ils ont réussi à repousser l’ogre napoléonien. Grande animatrice de la résistance, l’Église catholique retrouva une nouvelle vigueur. Toutefois à la sortie de la guerre, le pays était dévasté. Il rata d’ailleurs le virage de la modernisation agricole et industrielle au XIXe siècle. Autre point négatif du côté espagnol, les colonies d’Amérique du Sud profitèrent de la guerre pour s’émanciper de la métropole. Enfin, alors que le retour de Ferdinand VII en 1813 nourrissait beaucoup d’espoirs chez ses sujets, son règne ne permit pas de résoudre la crise politique. Le front commun né de la lutte contre Napoléon se brisa. L’Espagne retrouva ses divisions entre libéraux et ultraconservateurs. Les Espagnols qui luttaient dans l’espoir de rétablir leur roi sur le trône, finirent par se révolter contre ce même roi en 1820.

[modifier] Notes et références

  1. « Il faut qu’un prince ami de la France règne en Espagne ; c’est l’ouvrage de Louis XIV qu‘il faut recommencer. Ce que la politique conseille, la justice l’autorise ! »
  2. Mullié affirme que "cette nation fière, qui était comme assoupie depuis assez longtemps, indignée de ce que des étrangers se permettaient de régler ses destinées, de changer la dynastie de ses rois sans la consulter, oubliant l’extrême faiblesse de ses moyens, jura l’extermination de tous les Français ; toutes les classes, tous les sexes, les prêtres, les moines, les religieuses, les mendiants feront tout ce qui dépendra d’eux pour repousser les armées du conquérant usurpateur de leurs droits. Les Espagnols se battent rarement en bataille rangée, mais ils parviendront à lasser, à détruire leurs ennemis par une guerre d’embuscade, de partisans, d’assassins. Pour atteindre ce but, le poignard, le poison, tous les genres de destruction, de vengeance, leur sembleront légitimes ; le sol de la péninsule deviendra pour les Français un véritable cimetière, où ils trouveront la mort sans profit et sans gloire"
  3. « Je mettrai alors la couronne d’Espagne sur ma tête, et je saurai la faire respecter des méchants : car Dieu m’a donné la force et le caractère pour surmonter tous les obstacles. »
  4. L’historien Jean-René Aymes considère d’ailleurs cette guerre d’Espagne comme la première guerre de guérilla de l’histoire. Une thèse tout à fait contestable dans la mesure où la guérilla est la conséquence logique d'une guerre asymétrique. Sans porter officiellement le nom de "guérilla", le harcèlement des troupes anglaises par celles de Du Guesclin durant la guerre de Cent Ans en ont, par exemple, toutes les caractéristiques

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Jean-René AYMES, L’Espagne contre Napoléon. La guerre d’indépendance espagnole 1808-1814, Paris, Nouveau Monde éditions, fondation Napoléon, 2003

[modifier] Source partielle

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)


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