Groupe diédral

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Symétrie bidimensionnelle D4
Symétrie bidimensionnelle D4

En mathématiques, le groupe diédral noté Dn, pour n\geq 2, ou parfois D2n, est un groupe d'ordre 2n qui s'interprète notamment comme le groupe des isométries d'un polygone régulier à n côtés dans le plan. Le groupe est constitué de n éléments correspondant aux rotations laissant le polygone invariant et n autres correspondant aux réflexions.

Pour n = 2, le groupe D2 est le groupe de Klein à quatre éléments. C'est le seul qui soit un groupe abélien.

Sommaire

[modifier] Présentation et définitions équivalentes

Le groupe Dn peut être défini par la suite exacte scindée suivante :

1\to C_n\to D_n\to C_2\to 1

Cn est un groupe cyclique d'ordre n, C2 est cyclique d'ordre 2, la section étant donnée par l'action d'un relevé σ du générateur de C2, sur un générateur τ du groupe cyclique d'ordre n :

στσ − 1 = τ − 1

Ce groupe est donc produit semi-direct de Cn par C2. Une présentation est alors :

< σ,τ | σ2n,στσ − 1τ >

On peut ainsi dresser une liste complète des éléments du groupe :

1,\tau,\tau^2,\dots,\tau^{n-1},\sigma,\sigma\tau,\sigma\tau^2,\dots,\sigma\tau^{n-1}

Une présentation alternative, où μ = τσ dans le système de générateurs de la présentation précédente, est :

< σ,μ | σ22,(μσ)n >

On voit ainsi que le groupe diédral admet un système de deux générateurs tous deux d'ordre 2. Les seuls autres groupes finis possédant cette propriété sont les groupes cycliques.

Le groupe diédral d'ordre 2n peut aussi être vu comme le groupe d'automorphisme du graphe constitué seulement d'un cycle avec n sommets (si n ≥ 3).

[modifier] Interprétation géométrique

On peut définir de la façon suivante une représentation du groupe diédral Dn :

\varphi : D_n\to Gl_2(\mathbb{R})

avec \varphi(\tau)=\begin{bmatrix}\cos{2\pi \over n} & -\sin{2\pi \over n} \\ \sin{2\pi \over n} & \cos{2\pi \over n}\end{bmatrix} et \varphi(\sigma)=\begin{bmatrix}1 & 0 \\ 0 & -1\end{bmatrix}. Cette représentation est en fait à valeurs dans le groupe O_2(\mathbb{R}).

On reconnaît que la matrice φ(τ) est une matrice de rotation d'angle 2\pi\over n, et la matrice φ(σ) une matrice de réflexion. Ces transformations laissent effectivement invariant le polygone régulier centré en l'origine à n côtés.

[modifier] Graphe de cycle

Les graphes de cycle de groupes diédraux sont constitués d'un cycle à n éléments et de cycles à 2 éléments. Le sommet sombre dans les graphes de cycle ci-dessous de divers groupes diédraux représente l'élément identité, et les autres sommets sont les autres éléments du groupe. Un cycle est constitué des puissances successives de l'un ou l'autre élément connecté à l'élément identité.


D2 D3 D4 D5 D6 D7

[modifier] Propriétés

Certaines propriétés des groupes diédraux Dn avec n ≥ 3 dépendent de la parité de n. Elles peuvent souvent facilement être déduites de la représentation géométrique de ce groupe.

  • Le centre de Dn est constitué seulement de l'identité si n est impair, mais si n est pair le centre a deux éléments : l'identité et l'élément τn / 2.
  • Pour n impair, le groupe D2n est isomorphe au produit direct de Dn et d'un groupe cyclique d'ordre 2. Cet isomorphisme est donné par :
\sigma^h\tau^{k+\epsilon n}\mapsto(\sigma^h\tau^k,\epsilon)

D2n est l'ensemble de départ Dn*C2 celui d'arrivée, h et ε étant définis modulo 2, et k modulo n. Les générateurs des groupes diédraux sont choisis comme dans la première partie de l'article.

  • Toutes les réflexions sont conjuguées les unes les autres dans le cas où n est impair, mais elles sont contenues dans deux classes de conjugaison si n est pair.
  • Si m divise n, alors Dn a n / m sous-groupes de type Dm, et un sous-groupe cyclique Cm. Par conséquent, le nombre total de sous-groupes de Dn (n ≥ 1), est égal à d (n) + σ (n), où d (n) est le nombre de diviseurs positifs de n et σ (n) est la somme des diviseurs positifs de n (voir liste des petits groupes pour les cas n ≤ 8)

[modifier] Représentations

Si n est impair, le groupe Dn admet 2 représentations irréductibles complexes de degré 1 :

\sigma\mapsto (-1)^k\;\tau\mapsto 1\;k\in\{0,1\}

En revanche, si n est pair, il existe 4 représentations irréductibles de degré 1 :

\sigma\mapsto (-1)^k\;\tau\mapsto (-1)^h\;k\in\{0,1\}\;h\in\{0,1\}

Les autres représentations irréductibles sont toutes de degré 2 ; elles sont en nombre \frac{n-1}{2} si n est impair, respectivement \frac{n}{2}-1 si n est pair. On peut les définir comme suit :

\tau\mapsto\begin{bmatrix} \omega^h & 0 \\ 0 & \omega^{-h}\end{bmatrix}\;\sigma\mapsto\begin{bmatrix} 0 & -1 \\ -1 & 0\end{bmatrix}

ω désigne une racine primitive nème de l'unité, et h parcourt les entiers compris entre 1 et n-1. On peut vérifier que deux telles représentations sont isomorphes seulement pour h1 et h2 vérifiant h1+h2=n. On obtient alors le nombre annoncé de représentations irréductibles de degré 2 non isomorphes, et donc toutes les représentations irréductible du groupe diédral, par la formule liant le nombre de représentations irréductibles à l'ordre du groupe.

[modifier] Bibliographie

  • Algèbre générale , Bernard Charles et denis Allouch , PUF , Paris 1984