Grammaire hébraïque

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Manuscrit hébraïque du XIe siècle
Manuscrit hébraïque du XIe siècle

La grammaire hébraïque (דִּקְדּוּק עִבְרִי diqədūq ʿiḇərî, prononcé aujourd'hui דקדוק עברי diqdouq ivri) étudie la langue des Hébreux. Cet ensemble de justifications grammaticales des normes de transcription de l'hébreu oral en hébreu écrit, élaborées pendant douze siècles par les massorètes, fut transmis par la tradition religieuse juive jusqu'à nos jours.

Une grammaire systématique est pourtant science linguistique récente pour l'hébreu.
Au premier degré la grammaire normative se limite à présenter les façons correctes de s'exprimer, le bon usage de la langue hébraïque.
Au second degré la grammaire synchronique étudie un état de la langue limité dans le temps, celui de la langue vernaculaire des Israéliens contemporains par exemple.
Au degré vraiment encyclopédique la grammaire diachronique décrit les particularités de la langue aux époques successives de son évolution, permettant la lecture et la compréhension d'une littérature hébraïque étendue sur plusieurs siècles.

La langue hébraïque est partiellement analytique car elle exprime les formes (datives, ablatives et accusatives) à l'aide de prépositions plutôt que par des variations morphologiques. La flexion joue cependant un rôle majeur dans la formation des verbes, la déclinaison des prépositions à l'aide de suffixes pronominaux, la construction génitive des noms, et la formation du pluriel des noms et des adjectifs.

Sommaire

[modifier] Introduction

Portail (שַׁעַר šaʿar) du Talmud de Babylone
Portail (שַׁעַר šaʿar) du Talmud de Babylone

L'hébreu (lashon ivri לָשׁוֹן עִבְרִי lāšōn ʿiḇərî, litt. langue hébraïque) est une langue sémitique parlée par les Hébreux, devenus au fil du temps Israélites, Iduméens, Moabites, ou Ammonites, que la tradition biblique fait descendre du patriarche Eber. Leur langue est proche des dialectes cananéens de leurs voisins immédiats, Cananéens et Phéniciens, et des dialectes des habitants des colonies par eux fondées, dont Carthage en Afrique du Nord. Considéré par les enfants d'Israël comme « langue de sainteté » (lashon haqodèsh לָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ lāšōn haqodeš) avec laquelle fut créé le monde[1], l'hébreu est religieusement conservé par les descendants judéens des Hébreux.

La grammaire naît probablement d'une technique accessoire de l'exégèse biblique, visant à lire avec exactitude (hébreu דִּקְדּוּק diqədūq) toutes les subtilités du texte reçu[2]. Ce diqdouq fait ensuite l'objet de nombreuses leçons, ultérieurement recueillies dans le Talmud[3] dont la langue, l'hébreu de la Mishna, se démarque progressivement de l'hébreu biblique que supplante peu à peu l'araméen. La phonétique, la forme et la syntaxe de l'hébreu biblique font l'objet d'une rigoureuse transmission par les massorètes, principalement ceux de l'école de Tibériade, tandis que l'hébreu continue à évoluer en hébreu médiéval, utilisé par la littérature rabbinique, langue plus savante et poétique que parlée, qui persiste surtout dans la liturgie juive.

La grammaire hébraïque s'affirme comme science indépendante sous l'impulsion de la grammaire arabe[2]. Les premiers à s'y illustrer sont les karaïtes, dissidents du judaïsme talmudique ne s'appuyant que sur la libre exégèse de la Bible hébraïque (le Miqra) pour déterminer la Loi. Ils trouvent cependant un adversaire vigoureux en la personne du rabbanite Saadia Gaon qui, outre la réfutation de leurs opinions, réalise une systématisation de la grammaire, de la philologie et de la linguistique hébraïques, ce qui en fait, selon Abraham ibn Ezra « le premier grammairien juif. » Saadia a un impact considérable sur l'étude de la grammaire, tant par l'école qu'il fonde et qui s'épanouira en Andalousie musulmane, que par la réaction défensive qu'il suscite chez les karaïtes, dont Yefet ben Ali et Aaron de Jérusalem[4], lequel fait l'objet de louanges du même Ibn Ezra, qui n'ignore rien de son appartenance confessionnelle.

Avec la Haskala, équivalent juif du mouvement des Lumières, puis surtout avec la montée vers la terre d'Israël de Juifs venus d'horizons divers sans partager une langue commune, naquit et se répandit l'hébreu moderne principalement mis en forme et adapté à l'ère actuelle par Eliézer Ben Yehoudah. Les mécanismes de cette renaissance linguistique furent particulièrement étudiés par Noam Chomsky[5].

[modifier] Phonétique

Icône de détail Article détaillé : en:Hebrew phonology.

La phonétique analyse une langue (lashon לָשׁוֹן lāšōn) conçue comme système de sons fondamentaux, les phones, d'un point de vue formel indépendant de son pouvoir de communication. Elle étudie la phonation, production des phones, et l'acoustique, leur perception auditive. La phonétique hébraïque se focalise sur les sons propres à la langue utilisée par les fils d'Abraham, qu'elle classe en trois groupes fondamentaux : les ténuot תְנוּעוֹת tənūʿōṯ assimilées à des voyelles, les shéwa שְׁוָא šəwâʾ et Hatoufot חֲטוּפוֹת ḥəṭūp̄ōṯ qualifiés d'euphonèmes, et les itsourim עִצּוּרִים ʿiẓẓūrîm assimilés à des consonnes.

La phonologie étudie comment les signes vocaux nommés phonèmes se combinent pour donner voix aux mots et aux phrases d'un langage utilisé comme outil de communication entre les hommes d'une même culture. L'étude phonologique de l'hébreu permet de bien entendre (au sens d'écouter et de comprendre) la ivrit עִבְרִית ʿiḇərîṯ , langage du peuple de la Bible. Ainsi, la manière dont l'hébreu construit des radicaux dérivés gézarot גְּזָרוֹת gəzārōṯ à partir de racines sharashim שָׁרָשִׁים šārāšîm qui contiennent certains types de phonèmes spéciaux (des gutturales géroniot גְּרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ par exemple) dépend de règles purement phonologiques.

L'orthophonie, prononciation correcte de la langue, est la conclusion pratique de ces deux études complémentaires de la tradition orale des différentes communautés juives au fil des temps. Pour y atteindre le hazzan étudiera préalablement la découpe des mots en syllabes havarot הֲבָרוֹת həḇārōṯ, la pose de l'accent tonique néguina נְגִינָה nəgînāh, et surtout la cantillation à l'aide des téamim טְעָמִים ṭəʿāmîm.

[modifier] Appareil phonatoire

Icône de détail Article détaillé : Phonation.
Les organes de la phonation
Les organes de la phonation

Les sons élémentaires propres à la langue hébraïque sont produits par les organes de la phonation dont l'ensemble forme l'appareil phonatoire. Ces organes s'étagent sur trois niveaux : le thorax, le cou, et la tête.

  • Note : les liens dans cette section renvoient aux descriptions physiologiques des organes de la phonation.
tête rosh רֹאשׁ roʾš
cou garon גָּרוֹן gārōn
thorax Hazè חָזֵה ḥāzēh

Chacun de ces niveaux porte différents organes. Le nom hébreu des différents organes est généralement du genre masculin.

dans le thorax חָזֵה
trachée
poumons
diaphragme

Du nom hébreu de chaque organe dérivent les adjectifs qui qualifient les catégories de phones qu'ils produisent. Ces adjectifs dérivés, bien que donnés ici sous la forme du genre féminin, s'accordent avec le nom auxquels ils se rapportent.

dans le cou גָּרוֹן
gutturales géroniot גְרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ gorge garon גָּרוֹן gārōn
pharyngale (à compléter...) pharynx,
laryngale larynx
glottale glotte
cordes vocales
  • Note : il convient de lire les tableaux dans le sens de l'écriture hébraïque, de la droite vers la gauche.
dans la tête רֹאשׁ
labiales séfatiot שְׂפָתִיִוֹת səp̄ātiyiōṯ lèvres séfatayim שְׂפָתַיִם səp̄ātayim , safa שָׂפָה sāp̄āh
dentales dents shinayim שִׁנַּיִם šinnayim , shèn שֵׁן šēn
palatales palais Hèkh חֵךְ ḥēḵ
vélaires voile du palais
linguales léshoniot לְשׁוֹנִיִוֹת ləšōniyiōṯ langue lashon לָשׁוֹן lāšōn
orales bouche פֶּה peh
nasales nez, fosses nasales af אַף ʿap̄

[modifier] Fonctions phonatoires

Chaque niveau de l'appareil phonatoire exerce une fonction spécifique, qui produit une des qualités fondamentales des phones qu'il émet. L'expiration des organes du Hazè חָזֵה ḥāzēh, le thorax, produit une néshama נְשָׁמָה nəšāmāh, un souffle qui permet de discriminer voyelles, consonnes et euphonèmes. La vibration des cordes vocales dans le garon גָּרוֹן gārōn, la gorge, permet de distinguer les phones voisés (sonores) des phones sourds, et dote ces sons d'une hauteur musicale utilisée pour cantiller le texte sacré. Les modes de l'articulation mutuelle des différents organes du rosh רֹאשׁ roʾš, la tête, et du garon גָּרוֹן gārōn, la gorge (exclusion faite des cordes vocales), déterminent le timbre des phones prononcés.

[modifier] Expirer un souffle

נְשָׁמָה

La respiration (néshama נְשָׁמָה nəšāmāh) est une fonction vitale particulièrement importante, surtout pour les Israélites qui y assimilent l'âme nishma נִשְׁמָא nišəmāʾ : les docteurs enseignent en effet que la mort doit être constatée dès l'arrêt de la respiration.

L'expiration produit un mouvement du souffle, une ténua תְּנוּעַ tənūaʿ, dans les canaux de la phonation que sont la gorge, la bouche, ou les fosses nasales. Les ténouot תְּנוּעוֹת tənūʿōṯ signifient «mouvements» en hébreu, et correspondent aux voyelles du français.

Lorsque le souffle est freiné voire arrêté, par constriction ou par occlusion des canaux phonatoires, l'hébreu nomme ce phénomène itsour עִצּוּר ʿiẓẓūr, littéralement un «arrêt». Les itsourim עִצּוּרִיםʿiẓẓūrîm correspondent aux consonnes du français.

Une nouvelle voyelle est prononcée lorsque le souffle pulmonaire reprend après un tel arrêt. Mais si les poumons cessent d'expirer, la prononciation de la consonne se conclut par une petite explosion de l'air accumulé dans le canal vocal suite au rétrécissement des organes phonatoires qui articulent les consonnes itsourim עִצּוּרִיםʿiẓẓūrîm. La grammaire traditionnelle ne considère pas que cet euphonème explosif, simple instrument d'euphonie, soit une voyelle authentique. Elle nomme shéwa שְׁוָא šəwāʾ et Hatoufot חֲטוּפוֹת ḥəṭūp̄ōṯ cet euphonème et ses dérivés.

Langue sémitique, l'hébreu biblique réglait aussi le débit du souffle pour faire varier la longueur et l'intensité des sons vocaliques ténouot תְּנוּעוֹת tənūʿōṯ. Ces nuances, bien que très importantes pour la compréhension de certaines règles grammaticales (celles relatives à la discrimination des syllabes ouvertes ou fermées par exemple) ont pratiquement disparu de la prononciation de l'hébreu moderne.

Qualités de durée et d'intensité du souffle :
un souffle (mot féminin) néshama נְשָׁמָה nəšāmāh
longue arouka אֲרֻכָּה ʾaroukkāh
courte qatsra קָצְרָה qaẓərāh
forte Hazaqa חֲזָקָה , ḥəzāqāh
faible Halasha חַלַּשָׁה , ḥalašāh

[modifier] Voiser un son

Vue laryngoscopique des cordes vocales dans le גָּרוֹן
Vue laryngoscopique des cordes vocales dans le גָּרוֹן

Lorsque dans la gorge, garon גָּרוֹן gārōn, les cordes vocales vibrent, le souffle pulmonaire ainsi voisé devient sonore. Lorsque cesse la vibration des cordes vocales, les phones produits sont sourds.

  • Toutes les ténouot תְּנוּעוֹת tənūʿōṯ étant voisées, ces voyelles sont toutes sonores.
  • Parmi les itsourim עִצּוּרִיםʿiẓẓūrîm, les consonnes voisées sont sonores (דּ par exemple), et sourdes sont les consonnes non voisées (תּ est le phone sourd correspondant au phone sonore דּ).
  • Les euphonèmes shéwa שְׁוָא šəwāʾ et hatoufot חֲטוּפוֹת həṭūp̄ōṯ n'étant jamais portés par un souffle pulmonaire voisé sont toujours sourds.
טְעָמִים

La cantillation hébraïque maîtrise la hauteur musicale du son qui, grave ou aigu, dépend de la fréquence des vibrations qui le produisent. Les massorti ou massorètes inventèrent des signes, les téamim טְעָמִים ṭəʿāmîm, qui servent à noter les variations mélodiques d'un texte liturgique. Les téamim טְעָמִים ṭəʿāmîm jouent un rôle syntaxique important dans l'interprétation juste des textes bibliques.

[modifier] Articuler un timbre

Mode d’articulation
Obstruction
Cavité
Écoulement
Flux
Phonation
Voir aussi :
Lieu d’articulation

Lorsque le souffle sonore néshama נְשָׁמָה nəšāmāh résonne dans le canal vocal qu'il emprunte, il s'y charge d'harmoniques qui enrichissent d'un timbre particulier le son fondamental qu'il porte. Le timbre d'un phone est une qualité acoustique résultant de son mode d'articulation.

Les Juifs yéménites, et les Mizrahim en général, possèdent leur propre vocalisation de l'hébreu
Les Juifs yéménites, et les Mizrahim en général, possèdent leur propre vocalisation de l'hébreu

La patience des massorti massorètes sut capter toutes les nuances de timbre qu'utilise la langue hébraïque, qu'ils notèrent progressivement à l'aide des néqoudot נְקֻדּוֹת nəquddōṯ, ces petits points (niqoud נִיקוּד nīqūd, «ponctuation», littéralement «petite miette») qui parsèment les marges des textes par eux transcrits.

Que les phones élémentaires de la langue se distinguent les uns des autres par la qualité de leur timbre spécifique n'avait pas non plus échappé aux scribes qui, avant l'Exil à Babylone, adaptèrent l'alphabet phénicien à l'écriture de l'hébreu, pour noter avec soin chaque consonne par une lettre bien différenciée.

  • L'hébreu ancien utilisait divers phones aujourd'hui tombés en désuétude, tels le coup de glotte ʾaleph ou la laryngale ʿayin (transcrits aujourd'hui par des demi-anneaux qui rappellent l'esprit doux ʾ et l'esprit dur ʿ du grec ancien). Ces nuances, disparues de l'hébreu moderne, se sont conservées dans les dialectes des Juifs originaires de contrées arabophones, dont l'hébreu mizrahi.

[modifier] Modes d'articulation

L'articulation est le rapprochement, au long du canal vocal, d'un organe pointeur et d'une zone pointée.

  • Les organes pointeurs : la lèvre inférieure, la langue et la partie avant du gosier servent de pointeurs qui visent différents points d'articulation. La linguistique parlera d'articulation labiale, linguale, ou gutturale, selon l'organe pointeur utilisé.

Le diqdouq דִּקְדּוּק diqədūq traditionnel qualifie les modes d'articulation phonologiquement les plus importants pour la grammaire hébraïque par un adjectif dérivé du nom de l'organe pointeur correspondant :

organes pointeurs (masculins) modes d'articulation (féminins pluriel)
hasfataim הַשְׂפָתַיִם hasəp̄ātayim les deux lèvres séfatiot שְׂפָתִיִוֹת səp̄ātiyiōṯ labiales
halashon הַלָּשׁוֹן hallāshōn la langue léshoniot לְשׁוֹנִיִוֹת ləšōniyiōṯ linguales
hagaron הַגָּרוֹן haggārōn le gosier géroniot גְרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ gutturales
  • Les zones pointées : de la glotte aux lèvres le canal vocal longe, dans l'arrière gorge et le dessus de la bouche, diverses zones d'articulation situées autour des points d'articulation suivants : la glotte, le pharynx, la luette et le voile du palais d'une part, le palais, les alvéoles dentaires, les dents et la lèvre supérieure d'autre part. On qualifiera l'articulation de postérieure ( glottale, laryngale, pharyngale, vélaire) ou d'antérieure (palatale, alvéolaire, dentale, labiale) selon le point d'articulation visé.

La grammaire hébraïque considère comme

  • géroniot גְרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ gutturales les articulations glottale, laryngale et pharyngale. Cette catégorie de phones géroniot גְרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ aura de fortes conséquences morphologiques (par exemple : les consonnes géroniot גְרוֹנִיִוֹת gərōniyiōṯ ne peuvent jamais être redoublées par un daguesh),
  • léshoniot לְשׁוֹנִיִוֹת ləšōniyiōṯ linguales les articulations vélaire, palatale, alvéolaire et dentale,
  • séfatiot שְׂפָתִיִוֹת səp̄ātiyiōṯ labiales les articulations bilabiale et labio-dentale. Cette catégorie aura une incidence décisive sur la morphologie des mots hébreux (par exemple : en ce qui concerne la vocalisation des préfixes).

[modifier] Degrés d'aperture
ḍad

Parmi les itsourim עִצּוּרִים ʿiẓẓūrîm, les anciens comme les arabes aujourd'hui distinguaient avec soin quelques consonnes emphatiques, plus profondes et prononcées comme en bâillant, avec un degré d'aperture de la bouche plus grand que celui utilisé pour les consonnes ordinaires. L'hébreu moderne néglige cet usage pourtant fort important en lexicologie pour distinguer deux mots d'orthographe différente mais prononcés actuellement de la même manière.

  • Exemple arabe : ḍad.
  • Exemple hébreu : ט ṭ èt, ס ṣamekh, et ק qof.


Le diqdouq דִּקְדּוּק diqədūq discrimait par ailleurs un ensemble de points d'articulation supportant des consonnes de timbre semblable mais tantôt constrictives spirantes, tantôt occlusives, en fonction du degré d'aperture de la bouche entre la langue et le palais. Elle nommait ces phonèmes les begad kefat, distingués par les massorètes à l'aide d'un point nommé דגש daguesh inséré au coeur des lettres occlusives. L'hébreu moderne ne discrimine plus que trois de ces six phonèmes.

  • Les begad kefat sont :
    • bouche close, occlusives : ב . ג . ד . כ . פ . ת . avec דגש dagesh,
    • degré d'aperture plus marqué, constrictives : ב . ג . ד . כ . פ . ת . sans דגש dagesh,


Enfin, comme en linguistique moderne, le degré d'aperture de la bouche permet de distinguer des voyelles hébraïques hautes de voyelles plus basses.

  • Exemples : voyelle basse [a], voyelles médianes [ɛ] et [ɔ], voyelles hautes [i] et [u] (ou en français).

[modifier] Phones

Note: pour représenter graphiquement les phones dans cette phase de description phonétique de la langue orale, l'utilisation de la transcription en caractères API est fort utile, en regard des caractères traditionnels de l'écriture hébraïque.

[modifier] Voyelles

[modifier] Nature des voyelles

Les voyelles peuvent être mises en évidence par effacement des consonnes, ou ordonnées dans un « triangle des voyelles » qui résume les positions de la langue (d'avant en arrière et de bas en haut) et les timbres qui en résultent (notés selon le système API de l'Association Phonétique Internationale)

  • Exemple: A l'énoncé de cette phrase « ... il était alors au bout de ce jeu dur ! », le français prononce dix voyelles:
    • en effaçant les consonnes : il était alors au bout de ce jeu dur
    • en ordonnant ces dix sons vocaliques , comme suit :
position de la langue
hauteur de la langue en avant ............ ............ au milieu ............ ............ en arrière
4e degré , haut [i] [y] [u]
3e degré [e] [ø] [o]
2nd degré [ɛ] [ə] [ɔ]
1er degré , bas [a]

Des dix voyelles françaises énoncées ci-dessus, à savoir [i] [e] [ɛ] [a] [ɔ] [o] [u] [ə] [ø] [y] , l'hébreu ne connait que :

  • cinq תְּנוּעוֹת tenou‘oṯ considérées comme véritables voyelles : [i] [ɛ] [a] [ɔ] [u]
  • un שְׁוָא schwa (euphonème) utilisé, sans émission de souffle pulmonaire, comme aide à la prononciation des consonnes, authentiquement [ə] (e muet) mais prononcé [e] dans les communautés sépharades, [ø] dans les communautés ashkenazes.
Le triangle des cinq voyelles hébraïques authentiques
Le triangle des cinq voyelles hébraïques authentiques

[modifier] Longueur des voyelles

L'hébreu ancien attachait une grande importance à la durée d'émission des voyelles. La langue et la grammaire distinguait avec soin les voyelles longues (qu'ils nommaient grandes voyelles) et les voyelles courtes (nommées petites voyelles). L'hébreu contemporain a tendance à négliger cette distinction. Pour l'étude grammaticale distinguer la longueur des voyelles reste pourtant très important, car de nombreuses constructions morphologiques de la langue hébraïque dépendent de cette distinction phonologique.

  • Exemples :
  • La longueur de la première voyelle permet de distinguer les deux mots ʾammāh אַמָּה , la coudée, et ʾāmāh אָמָה , la servante (l'absence de daguesh dans ce dernier mot est un autre moyen phonétique permettant de le distinguer du premier).
  • C'est également la longueur de la première voyelles qui permet de différencier phonétiquement la kallāh כַּלָּה (fiancée, du verbe hébreu kālal כָּלַל signifiant parfaire ou couronner, apparenté au verbe chaldéen kəlal כְּלַל signifiant achever ou finir) et la kālāh כָּלָה (fin, anéantissement).
  • Le keleʾ כֶּלֶא , traduit par «une prison», provient du verbe kālāʾ כָּלָה qui signifie «enfermer», ces mots diffèrent par l'emploi de deux segolim brefs dans le premier cas, de deux qamatsim gdolim longs dans le second.

[modifier] Tableau des voyelles hébraïques

L'hébreu désigne chacune des cinq voyelles recensées ci-dessus par un nom suivi d'un adjectif qui qualifie sa durée.

phonème nature du phonème nom hébreu de la voyelle courte nom hébreu de la voyelle longue
תְּנוּעוֹת tenou‘oṯ voyelles קְטַנּוֹת qtanoṯ petites (courtes) גְּדוֹלוֹת gdoloṯ grandes (longues)
[u] , [u:] voyelle d'arrière haute קֻבּוּץ qoubouts שׁוּרֻק shourouq
[ɔ] , [ɔ:] voyelle d'arrière médiane קָמַץ קָטָן qamats qatan חוֹלָם ḥolam
[a] , [a:] voyelle neutre basse פַּתָּח pataḥ קָמַץ גָּךוֹל qamats gadol
[ɛ] , [ɛ:] voyelle d'avant médiane סֶגּוֹל ṣègol
[i] , [i:] voyelle d'avant haute חִירִיק קָטָן ḥiriq qatan חִירִיק גָּדוֹל ḥiriq gadol

[modifier] Consonnes

Les consonnes hébraïques sont des arrêts (itsourim עִצּוּרִים ʿiẓẓūrîm) du souffle pulmonaire par occlusion ou constriction du canal vocal par un organe pointeur (guttural, lingual ou labial) s'approchant d'un organe pointé ou point d'articulation situé dans l'une des zones présentées dans le tableau suivant.

Les phones y sont notés de deux manières : par un caractère phonétique formant lien vers le système API de l' Association Phonétique Internationale d'une part, par une lettre hébraïque nommée ot אוֹת ʾōṯ d'autre part. La section «écriture» de cette grammaire nous présentera plus loin ces otiyot אוֹתִיּוֹת ʾotiyyōṯ dans l'ordre alphabétique.

Zones d'articulation : 1 glottale, 2 laryngale, 3 pharyngale, 4 gutturale, 5 uvulaire, 6 vélaire, 7 palatale, 8 alvéolaire 9 linguo-dentale, 10 labio-dentale, 11 bilabiale 12 bilabiale avancée
12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
occlusives sourdes [p] פּ [t] תּ [ʈʼ] ט [k] כּ [q] ק [ʔ] א
occlusives voisées [b] בּ [d] דּ [g] גּ
occlusives voisées nasales [m] מ [n] נ
constrictives sourdes fricatives soufflantes [ɸ] פ [f] פ [θ] ת [x] כ [ʕ] ע
constrictives voisées fricatives soufflantes [β] ב [v] ב [ð] ד [ɣ] ג [d] ר [ħ] ה
constrictives sourdes fricatives sifflantes [ʐ] צ [s] שׂ [ʂ] ס
constrictives voisées fricatives sifflantes [z] ז
constrictives sourdes fricatives chuintantes [ʃ] שׁ
constrictives voisées fricatives chuintantes [ʒ] ז׳
constrictive voisée liquide ou latérale [l] ל
affriquées sourdes [t͡s] צ [d͡ʒ] צ׳
affriquée voisée [d͡ʒ] ג׳
ouverte voisée aspirée [ʕ̞] ה
ouvertes voisées isotoniques [w] ו [v] ו [j] י


[modifier] Gutturales

La catégorie des gutturales (gronioṯ ) comprend quatre phones, du plus profond de la gorge au presque vélaire :

  • le ʾaleph sourd (/ʔ/), qui signale le coup de glotte, négligé dans la prononciation israélienne contemporaine, mais conservé dans certains dialectes des communautés originaires des terres arabophones. Afin de produire cette occlusive glottale sourde, ébauchée dans la prononciation anglaise du mot actual, le gosier émet une petite explosion, avant de dire le [a] prononcé dans le mot français actuel.
  • le ʿayin sourd (/ʕ/), n'est pas un coup de glotte, mais une consonne fricative pharyngale voisée, très employée en arabe pour prononcer par exemple le mot correspondant (عين) ʿeyn, mais négligée elle aussi par l'hébreu vernaculaire contemporain
  • le ḥèt entre sourd et aspiré, est à l'origine une pharyngale (/ħ/) ou vélaire (/x/) fricative. Cette distinction a été préservée dans d'autres langues sémitiques, notamment l'arabe qui attribue le ḥāʼ ح au /ħ/ et le ḫāʼ ﺥ au /x/. Cependant, la prononciation israélienne moderne en a fait, ainsi que du khaf, une consonne fricative uvulaire sourde ([χ]), qui ressemble au Ach allemand. Le hèt est représenté orthographiquement par un point diacritique sous un h (ḥ)
  • le ([ʕ̞]), consonne fricative glottale sourde, analogue au hello anglais.

[modifier] Sonorités ambigües

L'hébreu étant porté par une longue histoire, la discrimination phonétique de certaines consonnes s'est amenuisée au fil du temps, à mesure que la langue cessait d'être parlée pour devenir progressivement une langue littéraire seulement lue avec les yeux.

Les caractères, maintenus discriminés par l'écriture, permettaient d'asseoir sur eux seuls des règles de grammaire ésotériques qui à l'origine découlaient très naturellement de la phonétique.

Depuis la renaissance de l'hébreu comme langue vernaculaire, la prononciation de certaines lettres a quitté leurs points d'articulation authentiques pour se fondre en sons ambigüs.

prononciation actuelle point d'appui conservé point d'appui oublié
[s] sin ṣamèkh
[k] kaf qof
[t] tav tèt
[v] bèt (passé de bilabiale à labiodentale) waw
[muet] ʿayin ʾalef

Bèt se prononce actuellement [b] à l'initiale d'un mot, [v] à l'intérieur ou à la fin d'un mot.

  • Exemples : se prononce [b] : baruḵ haba' béni celui qui vient (salutation de bienvenue),

se prononcent [v] : kaver un ami, ʿerev un soir

[modifier] Euphonèmes

[modifier] Le shéwa
שְׁוָא

Le שְׁוָא shéwa est un euphonème utilisé, par euphonie, comme aide à la prononciation de consonnes successives. Il se prononce sans émission de souffle pulmonaire, c'est une petite explosion qui suit la rétention du souffle nécessaire à l'émission d'une consonne occlusive. Le phone authentique est un e muet [ə], néanmoins prononcé [e] dans les communautés sépharades, [ø] dans les communautés ashkenazes.

Ce phénomène phonologique propre à la langue hébraïque est si particulier que la linguistique moderne en fit un de ses concepts sous l'orthographe Schwa.

[modifier] Le hataf

Dans certains cas, l'émission du shwa emprunte la position de l'appareil phonatoire nécessaire à la prononciation d'un a ou d'un o. Les euphonèmes résultants sont des hatufot.

La grammaire hébraïque ne considère pas ces euphonèmes comme étant des voyelles, ce qui est morphologiquement très important.

[modifier] Écritures

L'écriture
Concepts :
Types d'écriture :
Domaines :

Les logogrammes les plus anciens datent du ... déluge. Entre 3500 et 3200 avant notre ère ils furent utilisés pour écrire le proto-cunéiforme en Mésopotamie d'une part, et pour écrire les hiéroglyphes égyptiens d'autre part.

L'évolution des logogrammes en idéogrammes, pictogrammes, puis phonogrammes fut très lente.


De l'écriture égyptienne en hiéroglyphes dériva l'écriture protosinaïtique, suivie de l'écriture protocananéenne en vigueur dans la région du Sinaï jusqu'à l'époque de Moïse. Cette écriture évolua ensuite en écriture phénicienne considérée comme la mère des écritures grecque, paléo-hébraïque, samaritaine et araméenne.

[modifier] Écriture phénicienne

Icône de détail Article détaillé : Alphabet phénicien.

La calligraphie hébraïque dérive du graphisme phénicien. Ces deux systèmes d'écriture ont en commun de présenter un ensemble de caractères dont chacun peut être l'objet d'une lecture à plusieurs niveaux.

  • Tout caractère est d'abord un pictogramme, le troisième caractère du tableau ci-après (soit ג en hébreu) est d'abord un dessin stylisé qui représente un chameau (en phénicien) un cou de chameau (en hébreu) . Un chameau se dit gâmâl en hébreu et s'écrit (abstraction faite des voyelles) G M L.
  • L'initiale de ce mot est un son (la consonne G) et le second niveau de lecture sera celui d'un phonogramme : le même caractère qui désignait un chameau (gâmâl) signale ici le phonème G nommé lui aussi G M L, mais prononcé gîmèl dans cette nouvelle fonction.
  • Ce même caractère peut aussi fonctionner comme un chiffre, il représente alors une valeur numérale. Le caractère ג, au troisième niveau de lecture, se lira shalosh (trois en hébreu) ce qui correspond pour ce caractère à sa position dans l'alphabet (il occupe la troisième place).
  • Un quatrième niveau de lecture permettrait d'écrire une note musicale (à confirmer).
  • Un autre niveau de lecture est mystique ou ésotérique. Ainsi, au vu du tétragramme Y H W H le lecteur sait mentalement de qui il s'agit, mais il ne peut absolument pas prononcer le Nom (Baroukh ouBaroukh Shemo béni et béni son Nom) Nom Sacré, Ineffable, Indicible.


Phénicien Hébreu Pictogramme Pictogramme Phonogramme
Numérogramme
Aleph א taureau, maître [6] אֶלֶף ʾelep̄, אַלּוּף ʾallūp̄, ʾāleph הַחַד 1 ʾaḥad (ou 1000 אֶלֶף ʾelep̄) [7]
Beth ב maison [8] בַּיֽת bayiṯ, בֵּיֽת beyiṯ, ([9]) bēth 2 שְׁתַּיֽם šəṯṯayim
Gimel ג cou du chameau [10] gâmâl gīmel 3 שָׁלֹשׁ šāloš
Daleth ד porte [11]. dèlèth dāleth 4 אַרְבַּע ʾarəbbaʿ
He ה voici (interjection) [12] hēʾ 5 חָמֵשׁ ḥāmēš
Waw ו clou, crochet [13] wâw wāw 6 שֵׁשׁ šēš
Zayin ז arme, hache [14] zayin zayin 7 שֶׁבַע šeḇaʿ
Heth ח terreur [15] ḥēth ḥēth 8 שְׁמֹנֶה šəmoneh
Teth ט serpent [16] ṭēyth ṭēth 9 תֵּשַׁע ṯēšaʿ
Yodh י main [17] yād yōdh 10 עֶשֶׂר
Kaph כ paume, creux de la main [18] kaph kaph 20 עֶשְׂרִים
Lamedh ל aiguillon de bouvier [19] lāmèd lāmedh 30 שְׁלֹשִים
Mem מ eaux [20] mayim, mēym mēm 40 אַרְבָּעִים
Nun נ poisson [21] nûn nûn 50 חֲמִשִּׁים
Samekh ס appui, soutien [22] sāmèkh sāmekh 60 שִׁשִּׁים
Ayin ע oeil [23] ʿayin ʿayin 70 שִׁבְעִים
Pe פ bouche [24] pèh 80 שְׁמֹנִים
Sade צ (papyrus) ṣādē 90 תִּשְׁעִים
Qoph ק singe [25] qôph qûph 100
Res ר (tête) rēš 200
Sin ש (dent) šin 300
Taw ת (marque) tāw 400

[modifier] Écriture carrée

La langue hébraïque se note à l'aide de vingt-deux caractères rassemblés en un alphabet. Cet alphabet se nomme ʾaleph beth en hébreu, du nom de ses deux premiers caractères. Comme l'alphabet arabe, l'alphabet hébreu est du type ʾabjad qui note exclusivement des consonnes. Aujourd'hui coexistent deux calligraphies: l'écriture assyrienne dite écriture carrée, et l'écriture cursive.


[modifier] L'alphabet aleph beth
Icône de détail Article détaillé : Alphabet hébreu.

L'alphabet hébreu comprend vingt-deux lettres , qui représentent exclusivement les phonèmes consonantiques de la langue hébraïque. L'ordre de succession de ces caractères, dit ordre alphabétique, sert à organiser la présentation lexicale des mots dans les dictionnaires ou autres listes de vocabulaire. Depuis l'invention de l'imprimerie, l'écriture des livres imprimés utilise l'écriture dite carrée, ou assyrienne, que voici.

  • Note : certaines lettres présentent deux ou même trois variantes, qui seront expliquées après présentation du tableau suivant qui se lit de droite à gauche, sens habituel de l'écriture hébraïque :
son moderne lettre carrée transcription translittération nom hébreu
[ muet ou diérèse ] א aleph ʾālep̄ אָלֶף
[v] [b] בּ ב beth ḇêṯ ou bêṯ בֵּית ou בֵּית
[g] גּ ג guimel ḡimel ou gimel גִמֶּל ou גִּמֶּל
[d] דּ ד daleth ḏāleṯ ou dāleṯ דָלֶת ou דָּלֶת
[ʕ̞] ה he hēʾ הֵא
[v] ו vav wāw וָו
[z] ז zayin zayin זַיִן
[H] ח Het ḥêṯ הֵת
[t] ט tet ṭêṯ טֵת
[ j ] י yud yōd יוֹד
[k] [kh] כּ כ ך kaf ḵāp̄ ou kāp̄ פָּף ou פָף
[ l ] ל lamed lāmed לָמֶד
[m] מ ם mem mêm מֵים
[n] נ ן nun nūn נוּן
[s] ס samekh ṣāmeḵ סָמֶך
[ muet ou diérèse ] ע ʿayin ʿayin עַיִן
[f] [p] פּ פ ף pe פֵּא
[ts] צ ץ tsade ẓādîq צָדִיק
[k] ק qof qūp̄ קוּף
[R] ר resh rêš רֵישׁ
[s] שׂ sin sîn שִׂין
[ ʃ ] שׁ shin šîn שִׁין
[t] תּ ת tav tāw תָּו


שׂ שׁ

ש est l'initiale des mots שן (une dent) et שפה (une lèvre), bien que le premier mot se prononce šēn et le second sāp̄āh. Dès l'antiquité, les sons phonétiquement bien différenciés [ ʃ ] et [ s ] s'écrivaient à l'aide du seul caractère ש . Pour lever cette ambiguïté les massorètes inventèrent un point diacritique spécifique, placé à droite שׁ pour noter [ ʃ ] et à gauche שׂ pour noter [ s ], ils orthographièrent donc ces mots שֵׁן šēn et שָׂפָה sāp̄āh. Bien que la tradition considère ש comme une lettre unique dont שׂ ne serait qu'une variante, les dictionnaires distinguent ce caractère unique mais différemment pointé comme deux lettres distinctes, שׁ étant l'avant dernière et שׂ l'antépénultième de l'alphabet hébreu.

א ה ו י

La structure consonantique des mots sémitiques s'avérant plus stable que leur structure vocalique, les scribes antiques choisirent dès la période ougaritique d'écrire les consonnes, éléments phonologiquement plus stables de leur langue, et non les voyelles, jugées trop instables pour être notées. Cette tradition, maintenue par les phéniciens, fut transmise aux scribes hébreux du premier Temple, avant l'Exil à Babylone. Pour des locuteurs qui, avant de l'écrire, parlaient aisément leur langue maternelle, les ambiguïtés résultant de ce mode d'écriture étaient facilement surmontées.

  • Exemple : en lisant שן le locuteur hébreu natif distingue facilement, selon le contexte, le nom d'une dent שֵׁן šēn de celui d'une lettre שִׁין šîn.


À partir d'Esdras et de la construction du second Temple, les lettrés hébreux sentirent le besoin de noter, outre les consonnes, les quelques voyelles stables qui se retrouvaient toujours à la même place dans un mot quel que soit le contexte linguistique qui l'intègre (flexions nominale ou verbale, dérivations, compositions). Pour ce faire, ils n'inventèrent pas de nouveaux signes mais utilisèrent quatre lettres de leur alphabet traditionnel , à savoir : א ה ו י.

  • Exemple : dans בראשית , le premier mot de la Genèse, א et י signalent respectivement la présence du [ e ] vocalisé après [ R ] et du [ j ] vocalisé après [ ʃ ], ces lettres ne se lisent donc ni comme un coup de glotte pour א ni comme consonne spirante palatale voisée pour י.


L'isotonie se définissant comme l'équilibre de deux fonctions qui ont la même forme, ces quatre lettres א ה ו י sont qualifiées d'isotoniques. Elles deviennent quiescentes (du latin quiescant) lorsqu'elles se « reposent » de leur fonction d'indicateur de consonne pour exercer une fonction d'indicateur de voyelle stable , généralement longue. Dans l'exercice de cette fonction alternative chacun de ces caractères isotoniques était considéré comme une èm haqria אֵם הֲקְּרִיאָה ʾēm həqqərîʾāh par les scribes antiques , ce que les grammairiens médiévaux traduisirent en latin par mater lectionis devenu « mère de lecture » en français.

  • Exemple : dans בַּיִת bayit (maison) la lettre isotonique yōd exerce une fonction consonantique, dans בֵּין bên (entre, au milieu de) la même lettre isotonique yōd exerce la fonction alternative de èm haqria אֵם הֲקְּרִיאָה ʾēm həqqərîʾāh qui note ici la présence d'une voyelle [e] longue et stable.


Le système des néqoudot נְקֻדּוֹת nəquddōṯ inventé par les massorètes de Tibériade permettant seulement de noter le timbre et la longueur des voyelles, il ne se substitua pas aux « mères de lecture », dont la fonction principale d'indiquer l'emplacement d'une voyelle stable dans un mot reste valide jusqu'aujourd'hui.

  • Exemple : l'orthographe massorétique de בְּרֵאשִׁית indique timbre et longueur des voyelles et conserve les « mères de lecture » d'origine plus ancienne qui signalent l'emplacement de voyelles longues stables.


ך ם ן ף ץ
Manuscrit hébraïque du XIe siècle
Manuscrit hébraïque du XIe siècle

L'observation attentive d'un manuscrit hébraïque ancien montre une succession de lettres accumulées en mots et en phrases sans aucune séparation. L'écriture arabe procède de la même manière, ce qui rend incommode l'analyse du texte en mots distincts. Pour pallier cet inconvénient les scribes arabes inventèrent trois formes spécifiques pour chacune des lettres de leur alphabet, une forme initiale, une forme médiane, une forme finale.

  • Exemple : la lettre arabe isolée ﻉ ʿayn notant le phone [ʔˤ] prend les formes initiale ﻋ, médiane ﻌ, et finale ﻊ.

Plus économe de ses moyens, l'écriture hébraïque n'utilise que deux formes pour une même lettre : la forme normale et la forme finale, estimant superflue une forme initiale puisque la lettre qui suit une lettre finale commence nécessairement un mot nouveau. De plus, elle n'utilise pas une forme finale pour tous les caractères de son alphabet, mais seulement pour les cinq lettres finales otiot sofiot אוֹתִיּוֹת סוֹפִיּוֹת ʾōttiyyōṯ ṣōp̄iyyōṯ les plus souvent rencontrées en fin de mot.

  • Exemple : voici ces cinq lettres présentées par paire, forme normale à droite, et finale à gauche :
  • כ ך, מ ם, נ ן, פ ף, צ ץ
  • La calligraphie termine la forme normale par un petit trait horizontal, qui s'allonge verticalement vers le bas pour la forme finale de quatre des cinq lettres spéciales.
תּ פּ כּ דּ גּ בּ

Six caractères peuvent présenter une variante signalée à l'aide d'un point intérieur nommé daguesh léger.

[modifier] Les signes massorétiques
Icône de détail Article détaillé : Diacritiques de l'alphabet hébreu.

[modifier] Écriture cursive

[modifier] Translittérations

Lorsque la translittération ou la transcription d'un caractère hébreu ne trouve pas d'équivalent parmi les caractères latins, il est d'usage d'utiliser les caractères suivants :

translittération caractère hébreu phonétisation
ʾ א [ʔ] coup de glotte
ב [v] ou bh
ג [ɣ] ou gh
ד [ð] ou dh
ח [ħ]
ט emphatique
כ [χ] ou kh
ס emphatique
ʿ ע [ʕ]
פ [f] ou ph
š שׁ sh
ת [θ] ou th

[modifier] Lecture

Un Haredi préparant une lecture cantillée du texte sacré
Un Haredi préparant une lecture cantillée du texte sacré

La lecture silencieuse d'un texte sacré est un exercice préparatoire à sa lecture orale, communautaire, judicieusement cantillée. Les formules mélodiques de la cantillation sont à l'hébreu ce que la ponctuation est au français, elles permettent de structurer le texte en portions sémantiques mutuellement bien équilibrées. Mais la lecture cantillée offre davantage, elle permet d'exprimer tout le sens et toute la saveur (traduction littérale de ta'am טַעַם taʿam) de ce qui est énoncé.

Le rôle de la grammaire en ceci est modeste : elle se contente d'inventorier les té'amim טְעָמִים təʿāmîm, signes de cantillation, de les situer en marge du texte, généralement sur les syllabes marquées d'un accent tonique, et donc de déterminer préalablement les règles de la division des mots en syllabes avant de déterminer celles qui sont, ou non, accentuées.

[modifier] Syllabes

הֲבָרָה הֲבָרוֹת

Une lecture propédeutique peut analyser chaque mot en syllabes (havarot הֲבָרוֹת həḇārōṯ). Chaque syllabe (havara הֲבָרָה həḇārāh) se structure autour d'un noyau vocalique. Il convient de souligner que le noyau de chaque syllabe est une voyelle véritable, une ténua תְּנוּעַ tənūaʿ, à distinguer soigneusement des euphonèmes (shéwa שְׁוָא šəwâ, et hatufot חֲטוּפוֹת ḥəṭūp̄ōṯ).

  • Exemple : bérèshit בְּרֵשִׁית bərēšîṯ contient un euphonème [ə] et deux voyelles [ɛ] et [i].


Un mot contient autant de syllabes que de voyelles (exception faite du pataH furtif פַּתָּח גְּנוּבָה pattāḥ gənūḇāh qui aide à prononcer une gutturale en fin de mot).

  • Exemple : bérèshit בְּרֵשִׁית bərēšîṯ contient deux voyelles, et s'analyse donc en deux syllabes. Mais ruaH רוּחַ rūaḥ est considéré comme une seule syllabe dont le noyau est [ū] ([a] est ici un pataH furtif פַּתָּח גְּנוּבָה pattāḥ gənūḇāh servant à prononcer le חַ final).


Une syllabe rassemble, outre la voyelle qui la fonde,

  • l'éventuelle mère de lecture qui aide à noter cette voyelle,
  • la consonne que cette voyelle vocalise,
  • s'il échet, la consonne antérieure à la précédente et son euphonème nâ' שְׁוָא נָע šəwâ nāʿ dit mobile ([ə] "muet" prononcé),
  • et s'il échet, la consonne et son euphonème nâH שְׁוָא נָח šəwâ nāḥ dit immobile ([ə] vraiment muet, non prononcé) qui suit le noyau vocalique,
  • une consonne nantie d'un dagesh fort s'analyse en deux consonnes séparées par un euphonème muet [ə] , la première et son euphonème muet théorique se rattachent aussi à cette syllabe, la seconde à la syllabe suivante.
  • Exemple : bérèshit בְּרֵשִׁית bərēšîṯ se divise en deux syllabes : bérè + shit

première syllabe : noyau vocalique : [ɛ] + mère de lecture : è' + consonne qu'elle vocalise : rè' + consonne antérieure à r et son euphonème shéwa שְׁוָא šəwâ : bérè'

deuxième syllabe : noyau vocalique : [i] + mère de lecture : iy + consonne qu'elle vocalise : shiy שִׁי + consonne qui suit le noyau vocalique suivie de e muet : shiyt שִׁית


Une syllabe terminée sur une voyelle (ténua תְּנוּעַ tənūaʿ) est dite syllabe ouverte. Lorsqu'une syllabe ouverte n'est pas accentuée, son noyau vocalique est toujours une voyelle longue.

  • Exemple :


Une syllabe terminée sur une consonne euphonisée (par un shwa שְׁוָא šəwâ) est dite syllabe fermée. Lorsqu'une syllabe fermée n'est pas accentuée, son noyau vocalique est une voyelle courte.

  • Exemple :

[modifier] Accent tonique

L' accent tonique tombe généralement sur la dernière syllabe, c'est un accent oxyton, que le diqdouq traditionnel nomme milra מִלְּרַע .

  • Exemple : dans bvaqasháh (s'il vous plait) l'accent tombe sur le á marqué pour la circonstance d'un accent aigu.


Lorsqu'il tombe sur l'avant-dernière syllabe, il est dit paroxyton, ou mil'èl מִלְּעֵיל dans la grammaire traditionnelle

  • Exemple : dans láylah tov (bonne nuit) l'accent tombe sur le á marqué pour l'exemple d'un accent aigu.


En hébreu moderne les mots empruntés aux langues étrangères gardent leur accent tonique d'origine. Parmi ces mots certains sont accentués sur l'antépénultième syllabe, cet accent est dit proparoxyton.

[modifier] Cantillation

Icône de détail Article détaillé : Cantillation.

La lecture liturgique d'un texte hébraïque est cantillée. Les טעמים teʿamim sont des signes de cantillation qui donnent au lecteur trois indications importantes, phonétique, syntaxique, et musicale.

Leur rôle phonétique accessoire est d'indiquer l'emplacement de l'accent tonique de chaque mot.

Leur rôle syntaxique est similaire à celui de la ponctuation en français. Ils s'organisent en conjoncteurs qui regroupent certains mots, et en disjoncteurs qui permettent de séparer différents membres de la phrase cantillée. Les טעמים teʿamim sont hiérarchisés en fonction du type de rupture qu'ils signalent dans l'énoncé du texte.

Leur rôle musical permet de donner à l'élocution ainsi chantée tout son sens et toute sa saveur (טעם taʿam se traduit aussi par goût).

[modifier] Morphologie

Hebrew

L'analyse d'un énoncé en phrases (מִשְׁפָּטִים mišəppāṭîm), et de ces phrases en propositions, est l'objet qu'étudiera la syntaxe. L'analyse des propositions nous présente des mots reliés entre eux. Et l'étude de la forme de ces mots élémentaires (מִלּוֹת millōṯ ), abstraits de leurs relations réciproques et considérés dans leur structure formelle, est précisément l'objet qu'étudie la morphologie de la langue hébraïque.



[modifier] Morphèmes

La linguistique nomme morphème l'unité élémentaire qu'étudie la morphologie. Le morphème partage avec le phonème le fait d'être un élément sonore, et se distingue de lui par le fait d'être signifiant.

Le morphème signale un caractère spécifique du mot qu'il intègre (millāh מִלָּה), relativement à un trait grammatical.

  • Exemple : Le morphème -ah הַ- qui termine un mot hébreu peut signaler que ce mot est du genre féminin(trait grammatical mîn מִין genre, caractère spécifique de ce trait nəqēḇāh נְקֵבָה féminin).


La morphologie nomme morphème lexical un morphème qui porte une valeur lexicale (le lexème de la lexicologie), elle nomme morphème grammatical tout morphème privé de valeur lexicale.

  • Exemple : l'analyse morphologique du mot ṣəp̄ārîm סְפָרִים (des livres) considère le lexème ṣēp̄er סֵפֶר comme un morphème lexical et la terminaison -îm יִם- comme un morphème purement grammatical.


Un morphème libre peut constituer à lui seul un mot. Un morphème lié se rattache toujours à une base.

  • Exemple : ṣēp̄er סֵפֶר est un mot qui se traduit par livre, c'est aussi un morphème libre. Dans ṣəp̄ārîm סְפָרִים, -îm יִם- est un morphème lié à la base ṣēp̄er סֵפֶר pour signaler le genre et le nombre du mot ṣəp̄ārîm סְפָרִים.


Un morphème consonantique est constitué uniquement de consonnes (ʿiẓẓūrîm עִצּוּרִים), un morphème vocalique uniquement de voyelles (tənūʿōṯ תְּנוּעוֹת).


Un morphème radical se construit soit directement sur une racine (šoreš שֹׁרֶשׁ), soit sur une forme (gizərāh גִּזְרָה) dérivée de cette racine. Un morphème thématique permet de compléter le morphème radical pour constituer avec lui un thème.

  • Exemple : ṣ.p.r (ספר) est un morphème consonantique discontinu radical, .ē.e. (ֶ ֵ) est un morphème vocalique discontinu thématique, et ṣēp̄er סֵפֶר est un morphème lexical libre constitué par la combinaison des morphèmes radical et thématique.


Les morphèmes préfixés et les morphèmes suffixés, nommés parfois plus simplement préfixes et suffixes, forment l'ensemble des morphèmes affixés ou affixes.

  • Exemples : préfixes mē- -מֵ et ha- -הַ dans mēhaṣēp̄er מֵהַסֵפֶר dans le livre, suffixe -îm יִם- dans ṣəp̄ārîm סְפָרִים les livres.

[modifier] Traits grammaticaux

L'analyse de la langue hébraïque en différents domaines (phonétique, grammatical, sémantique) aboutit à des traits linguistiques qui regroupent les caractères distinctifs des éléments de cette langue (phonèmes, morphèmes et sémantèmes). Ainsi, le degré d'aperture d'une voyelle est un trait phonétique, le genre et le nombre sont des traits grammaticaux.

La décomposition morphologique d'un mot (millāh מִלָּה) en ses morphèmes élémentaires, suivie d'un regroupement en traits grammaticaux des caractères distinctifs indiqués par ces morphèmes, permet d'analyser les mots selon leur nature, leurs caractères intrinsèques, ou leur fonction dans une phrase.

  • Exemple : Le féminin et le masculin sont deux caractères distinctifs regroupés dans le trait grammatical de genre, et signalés par la morphologie à l'aide de morphèmes différenciés.

En hébreu, un premier trait grammatical important est la nature des mots, lexicale ou purement grammaticale (non-lexicale). Cette nature permet de classer les mots de la langue en catégories grammaticales: prépositions et pronoms sont, dans la langue hébraïque, des catégories grammaticales de nature non-lexicale; noms et verbes sont des catégories grammaticales de nature lexicale.
D'autres traits grammaticaux sont

Enfin le trait grammatical de fonction syntaxique d'un mot en contexte, qui montre le rôle exercé par ce mot dans une phrase (sujet, complément), sera aussi étudié dans la section syntaxe de la grammaire.


[modifier] Nature et catégorie

L'hébreu utilise deux sortes de mots (millōṯ מִלּוֹת) :

  • des termes purement grammaticaux de nature non-lexicale (regroupés dans la catégorie des prépositions (millōṯ-hayyaḥaṣ מִלּוֹת-הַיַּחַס), et dans celle des pronoms (kinnūyyîm ʾîšiyyîm אִישִׁיִּים כִּנּוּיִּים),
  • des expressions de nature lexicale, à plus forte valeur sémantique (et regroupés dans les catégories de verbes, adverbes, noms et adjectifs), formées d'un thème qui exprime une idée générale augmenté d'affixes (préfixes et suffixes) qui spécifient différents traits grammaticaux.

L'analyse des thèmes (verbaux et nominaux) nous fournissant une racine consonantique (typique des langues sémitiques) que complète une structure vocalique dont le type oriente le mot vers un usage soit verbal, soit nominal, la notion de catégorie en hébreu est dynamique et permet de classer des fonctions linguistiques (verbale ou nominale) plutôt que des mots-objets conçus comme des entités statiques (étiquetées verbes, ou noms).

  • Exemple : Dāvid lōmēd דָּוִד לוֹמֵד se traduit aussi bien : David est étudiant, David étudie, David est un étudiant. Le même participe présent lōmēd לוֹמֵד peut servir de nom ou d'adjectif, ou suppléer une conjugaison verbale défective au présent.

[modifier] Genre

שֶׁמֶשׁ est du genre féminin
שֶׁמֶשׁ est du genre féminin

Le trait grammatical de genre (mîn מִין ) comprend, en hébreu, le masculin (zāḵār זָכָר) et le féminin (nəqēḇāh נְקֵבָה). Le genre d'un nom hébreu peut différer de celui de sa traduction en français (ainsi, depuis l'antiquité sumérienne, le soleil se traduit par la šemeš שֶׁמֶשׁ, tandis que la lune est le yārēaḥ יָרֵחַ).

Il convient de ne pas confondre le genre naturel et le genre formel, purement grammatical. Bien que dénuée de sexe une ville,ʿîr עִיר, est grammaticalement du genre féminin.

Par ailleurs le genre neutre, commun dans les langues indo-européennes, n'existe pas en hébreu.

[modifier] Nombre

Autre trait grammatical : le miṣəppār מִסְפָּר ou nombre grammatical. L'hébreu marque grammaticalement trois nombres, le yāḥîd יָחִיד singulier, le zūgî זוּגִי duel et le rabbîm רַבִּים pluriel. Le zūgî זוּגִי s'utilisait à l'origine pour signaler les paires d'organes présentées par les êtres vivants (on ne dit pas « des jambes », mais « une paire de jambes »). Comme les noms de ces organes ne présentent jamais de pluriel régulier, l'usage du zūgî זוּגִי s'étend pour noter une multiplicité supérieure à deux (dans « trois amis ont six jambes », le pluriel de jambes se formera à l'aide du zūgî זוּגִי). Au lieu de traduire zūgî זוּגִי par «duel », il serait donc préférable de parler de pluriel irrégulier servant à signaler des objets appariés.

[modifier] Personne

Pour l'hébreu, un homme (ʾîš אִישִׁ) peut participer à une conversation en tant que « parlant humain » (mədabbēr ʾîšî מְדַבֵּר אִישִׁי) , ou comme « assistant humain » (nōḵēaḥ ʾîšî נוֹכֵחַ אִישִׁי) faisant littéralement face à celui qui parle, ou encore comme un « caché humain » (niṣəttār ʾîšî נִסְתָּר אִישׁי) un tiers absent de qui le premier parle en secret au second, son auditeur.

Ces trois personnages bien typés correspondent approximativement aux personnes grammaticales que le français se contente de numéroter. Le trait grammatical de personne comprend donc en hébreu une première personne mədabbēr מְדַבֵּר , une seconde personne nōḵēaḥ נוֹכֵחַ , et une troisième personne niṣəttār נִסְתָּר , différenciées chacune en genre et en nombre.

singulier nom hébreu de la personne
première personne, masculin mədabbēr מְדַבֵּר
première personne, féminin mədabbereṯ מְדַבֶּרֶת
deuxième personne, masculin nōḵēaḥ נוֹכֵחַ
deuxième personne, féminin nōḵaḥaṯ נוֹכַחַת
troisième personne, masculin niṣəttār נִסְתָּר
troisième personne, féminin niṣəttereṯ נִסְהֶּרֶת
pluriel nom hébreu de la personne
première personne, masculin mədabbərîm מְדַבְּרִים
première personne, féminin mədabbərōṯ מְדַבְּרוֹת
deuxième personne, masculin nōḵəḥîm נוֹכְחִים
deuxième personne, féminin nōḵəḥōṯ נוֹכְחוֹת
troisième personne, masculin niṣəttārîm נִסְתָּרִים
troisième personne, féminin niṣəttārōṯ נִסְתָּרוֹת


En hébreu, le morphème signalant la personne est souvent suffixé au thème, tant verbal que nominal. Ce morphème suffixé signale aussi le trait de nombre à toutes les personnes, le trait de genre aux seconde et troisième personne (la première personne reste donc ambivalente quant au genre).

La mention du trait de personne dans les verbes conjugués rend souvent inutile l'emploi du pronom qui, en français, précède la forme verbale conjuguée.

  • Exemple : j'ai mangé se traduit אָכַלְתִּי ʾāḵaləttî, et non אֲנִי אָכַלְתִּי ʾanî ʾāḵaləttî (qui marque une insistance et se traduirait plutôt par : moi j'ai mangé).

L'ajout au nom d'un morphème suffixé signalant la personne permet d'indiquer le possesseur de l'objet signifié par ce nom.

  • Exemple : daʿaṯ דַעַת une connaissance, daʿaṯî דַעַתִי ma connaissance.

Le pronom personnel prend souvent la forme d'un morphème préfixé prépositionnel suivi d'un morphème suffixé marquant la personne, considéré comme une désinence, c'est pourquoi la grammaire hébraïque parle d'une préposition déclinée.

  • Exemple : לִי pour moi (préfixe prépositionel l- -ל désinence personelle יִ-).

[modifier] Fonction

Le trait grammatical de fonction syntaxique est noté dans les langues indo-européennes par des morphèmes suffixés, des désinences qui varient selon le cas, dont l'ensemble forme une déclinaison. Les cas du latin par exemple sont nommés selon leur fonction : nominatif pour le cas signalant la fonction de sujet, génitif pour la fonction de complément du nom, et ainsi de suite.

L'hébreu signale la fonction syntaxique par un morphème préfixé prépositionnel, ou par une préposition millāh-hayyaḥaṣ מִלָּה-הַיַּחַס qui précède le mot dont il signale la fonction. Les mots hébreux ne se déclinent donc pas selon la fonction (la section précédente présente une flexion hébraïque, mais elle est personnelle, pas fonctionnelle).

Les termes nominatif, accusatif, génitif, datif, ablatif, locatif, et autres semblables se rapportent en hébreu aux fonctions syntaxiques exercées par les mots, et non aux cas d'une déclinaison, notion inexistante en grammaire hébraïque.

[modifier] Modes ou modalités

Le trait grammatical de mode renvoie, en français, aux notions d'indicatif, de subjonctif, d'impératif et autres modes classiques hérités de la culture gréco-latine.

La grammaire de l'hébreu conçoit la conjugaison du verbe selon diverses modalités telles l'indicatif, l'intensif, le causatif, le réflexif, exprimées par la forme du thème. Elle classe les thèmes en cinq catégories verbales caractérisées par la présence ou l'absence d'un préfixe "modal" mais surtout par la forme de la structure vocalique du thème nommée binəyān בִּנְיָן. Chaque verbe peut théoriquement se conjuguer selon le modèle des cinq binəyānîm בִּנְיָנִים, mais pratiquement les verbes réellement conjugués en utilisant tous les paradigmes théoriques sont rares.

Les catégories "modales" sont en hébreu des catégories morphologiques désignées par les termes pāʿal פָּעַל, piʿēl פִּעֵל, hitəppaʿēl הִתְפַּעֵל, hip̄əʿîl הִפְעִיל et nip̄əʿal נִפְעַל. Comme chaque catégorie peut exprimer plus d'une modalité, la grammaire hébraïque ne s'attache pas à la notion stricte de mode utilisée en français.

[modifier] Voix

Le trait grammatical de voix regroupe les notions, connues en français, de voix active, voix passive, et voix moyenne ou réflexive.

Les catégories morphologiques actives sont le pāʿal פָּעַל, le piʿēl פִּעֵל et le hip̄əʿîl הִפְעִיל. Réflexive est la catégorie hitəppaʿēl הִתְפַּעֵל. Le passif du piʿēl פִּעֵל est un paradigme pūʿal פֻעַל, le passif du hip̄əʿîl הִפְעִיל un paradigme hūp̄əʿal הֻפְעַל. Le passif du pāʿal פָּעַל étant défectif cette catégorie active utilise le modèle du nip̄əʿal נִפְעַל en guise de passif.

Certaines grammaires modernes considèrent les binəyānîm בִּנְיָנִים pūʿal פֻעַל et hūp̄əʿal הֻפְעַל comme des catégories morphologiques à part entière, portant ainsi le nombre des catégories de cinq à sept. Elles utilisent alors comme moyen mnémotechnique la figure de la mənōrāh מְנוֹרָה (chandelier à sept branches), portant trois «chandelles» actives à droite, les trois «chandelles» passives correspondantes à gauche, et la «chandelle» réflexive au milieu.

voix passives voix réflexive voix actives
nip̄əʿal (nif'al) נִפְעַל pāʿal (pa'al) פָּעַל
pūʿal (pou'al) פֻעַל hitəppaʿēl (hitpa'el) הִתְפַּעֵל piʿēl (pi'el) פִּעֵל
hūp̄əʿal (houf'al) הֻפְעַל hip̄əʿîl (hif'il) הִפְעִיל
מְנוֹרָה mənōrāh
מְנוֹרָה mənōrāh

À côté de la translittération des termes permettant d'apprécier la nature et la longueur des voyelles, se trouve (entre parenthèses) une transcription moins précise, mais commune dans les milieux francophones, du nom de ces catégories modales.

[modifier] Aspect

La notion d'aspect s'est atténuée au fil des temps. Elle était très importante dans l'antiquité, non seulement en hébreu biblique, mais aussi en grec ancien et en latin ou en sanskrit.

L'aspect est un trait grammatical qui recouvre les notions de perfectif et d'imperfectif appliquées à la conjugaison des verbes. Quelques grammairiens utilisent ici les termes accompli et inaccompli.

Un verbe conjugué au perfectif exprimait une action actuellement terminée. (Une traduction pointue de ʾanî kātaḇəttî אֲנִי כָּתַבְתִּי donnerait : J'ai maintenant fini d'écrire).

Un verbe conjugué à l' imperfectif exprimait une action actuellement en cours d'exécution, en train de se faire en vue d'un accomplissement ultérieur. (La traduction fine de ʾanî ʾeḵəttōḇ אֲנִי אֶכְתּוֹב serait : "je suis en train d'écrire" au sens de "je m'active pour l'instant à écrire afin que celà soit plus tard enfin écrit").

Le locuteur antique pensait donc toujours au présent à une action, soit actuellement achevée, soit actuellement en cours d'achèvement.

La conjugaison de l'hébreu ancien ne connaissait que deux paradigmes : le perfectif (ou accompli) dont la valeur ancienne d'aspect parfait se transforma en valeur moderne de temps passé, et l' imperfectif (ou inaccompli) dont la valeur antique d'aspect imparfait mua en valeur contemporaine de temps futur !

  • Les deux exemples donnés se traduiraient aujourd'hui : ani katavti par un passé, j'ai mangé, et ani ekhtov par un futur, je mangerai, ou j'ai à manger (dans le sens : je dois encore manger, ou je me prépare à avoir mangé).

[modifier] Temps

L'hébreu biblique pensait donc toujours au présent à ce qu'il avait fait ou à ce qu'il avait à faire.

De l'antiquité à nos jours il fréquenta d'autres langues dont les conjugaisons plus nuancées permettaient, entre autres, d'exprimer par un verbe conjugué une action passée, ou présente, ou future. (En français : j'écrivis, j'écris, j'écrirai). Il traduisait alors la passé de la langue étrangère en perfectif hébreu, le futur exotique en imperfectif hébreu, quant au présent ...

... conjuguer un verbe au présent est une prérogative divine qu'aucune créature humaine ne saurait exécuter sans blasphémer. La langue de ce peuple très religieux ignore donc une conjugaison du verbe au temps présent, et pour traduire le présent d'une langue étrangère en hébreu, il utilise une phrase nominale et non verbale en disant ʾani kotev , moi écrivant, qui utilise un participe présent en fonction d'attribut du sujet !

[modifier] Utilitaires grammaticaux

Morphologiquement, un mot grammatical se compose seulement de morphèmes grammaticaux, à l'exclusion de tout morphème lexical (ou lexème).

(La syntaxe nommera ce terme grammatical mot-outil car il exerce diverses fonctions syntaxiques, puis elle classera ces utilitaires grammaticaux en mots de liaison et en mots déterminatifs.)


  • Mots de liaison :

L'hébreu מִלָּה milah se traduit en français par mot. Les mots de liaison sont הַמִּלּוֹת הַיַּחַס hamiloṯ hayaḥaṣ les mots «de la relation» c'est à dire les prépositions, et le כִּנּוּי הַזִּקָּה kinouy haziqah pronom relatif .

  • Mots déterminatifs :

Les mots qui déterminent un verbe sont הַכִּנּוּיִּים הָאִישִׁיִּים hakinouyim haʾishiyim les pronoms personnels et les adverbes négatifs לֹא (loʾ ) et אַל (ʾal).

Les מִלּוֹת miloṯ qui déterminent un nom sont הַמִּלּוֹת הָרוֹמְזוֹת hamiloṯ haromzoṯ les mots «qui désignent» ou démonstratifs, הַמִּלּוֹת הַקִּנְיָן hamiloṯ haqinyan les mots «de la possession» ou possessifs , et הַמִּלּוֹת הַשְּאֵלָה hamiloṯ hasheʾèlah les mots «de la question» ou interrogatifs.

[modifier] Prépositions

Les מִלּוֹת-הַיַּחַס miloṯ-hayaḥaṣ sont littéralement des « mots de la relation ». La syntaxe considère chacun d'eux comme un mot-outil dont la fonction est semblable à celle des prépositions en français. Régimes de nombreux verbes, ils précèdent souvent des compléments de verbes ou de noms (ils sont « pré-posés » à ces mots).

Morphologiquement, ces prépositions peuvent être classées en fonction du nombre de syllabes qu'elles contiennent. Elles sont alors distinguées en monosyllabiques, bisyllabiques, ou polysyllabiques.

prépositions monosyllabiques :
אֵין ʾèyn préposition négative il n'y a pas
אֶל ʾèl origine du préfixe ל , l- à, vers
אֶת אֵת ʾèṯ préposition déterminative de COD avec, près de
בֵּין bèyn origine du préfixe ב , b- entre, dans
יֵשׁ yèsh préposition assertive il y a
כָּל כֹּל kol dénote un ensemble tout, chaque, entier
מִן min origine du préfixe מ , m- de, venant de
מוּל moul devant, en face de
עַד ʿad durant, jusqu'à
עוֹד ʿod encore
עִם ʿim plus littéraire que אֵת ʾèṯ avec
עַל ʿal sur, au dessus de, à cause de
שֶׁל shèl à valeur de génitif de

Quelques prépositions, réduites à leur consonne initiale, échangent leur statut de mot indépendant pour celui de particule prépositionnelle. Cette particule devient alors un préfixe qui intègre le mot qu'elle détermine.

Voici ces particules :
préposition originale particule prépositionnelle traduction
בּתוֹךְ betoḵ בּ , b dans, à l'intérieur de
אֶל ʾèl ל , l à, vers
מִן min מְ , m de, à partir de
כְּמוֹת kmoṯ, et כְּמוֹ kmo כּ , k comme

Une préposition dérivée peut naître de la fusion de chacune de ces particules avec une autre préposition. Voici quelques prépositions dérivées  :

  • Exemples :

(Un autre type de dérivation présente une particule prépositionnelle suivie de terminaisons pronominales. Comme le mot exerce en ce cas une fonction pronominale, il est considéré comme un pronom dérivé à l'aide de cette particule prépositionnelle.)

Une préposition composée se forme par juxtaposition de deux prépositions, unies par un trait orthographique nommé mapiq. Ainsi :

  • Exemples :


La préposition déterminative d'un complément d'objet direct défini : le mot-outil את ʾṯ.

L'usage le plus fréquent du mot-outil את ʾṯ est syntaxique, il indique la fonction de complément d'objet direct du mot défini qui le suit, et se vocalise en ce cas par un tsèyrèh ( אֵת ʾèṯ ). Sont considérés définis les noms propres et les noms communs préfixés par le הֵא-הַיְדִיעָה haʾ haydi‘ah (préfixe dont la fonction est semblable à celle de l' « article défini » en français).

  • Exemples:
  • David ʾohèv ʾèt Baṯ-shèba‘ David aime Betsabée
  • דָּוִד אָכַל אֵת הַתַּפּוּז David ʾaḵal ʾèṯ hatapuz David a mangé l'orange

Ces exemples montrent que אֵת ʾèṯ ne se traduit pas en français, et certaines grammaires d'ajouter que cette préposition est intraduisible. Elle n'est pourtant pas privée de valeur sémantique :

Le mot-outil את ʾṯ signale que son régime est proche et pourrait se traduire par la locution prépositionnelle française « près de ». Il indique aussi une grande proximité et se traduit alors par « avec » ou « auprès de ». Il marque la situation précise de son régime, et se rend alors par « ici même », « précisément sur », « précisément dans ». Il dénote une précision très marquée, presque exclusive : « ceci », « ceci même », « ceci et rien d'autre ».

Utilisé comme préposition, il marque un voisinage étroit avec l'objet qu'il régit.

[modifier] Pronoms

Lorsque le sujet d'un verbe est une personne humaine, l'hébreu désigne ce sujet soit par un nom, soit par un terme grammatical, un כִּנּוּי ‏אִישִׁי kinouy ʾishiy, littéralement un mot «nommant humain» ce sujet. Le français traduit cette notion par «pronom personnel».

Chacun de ces הַכִּנּוּיִּים הַאִישִׁיִּים hakinouyim haʾishiyim ou pronoms personnels se présente sous la forme d'un préfixe grammatical indiquant la personne complété par une terminaison signalant les traits grammaticaux de genre et de nombre. Ce mot-outil sans thème ni racine est donc un utilitaire grammatical uniquement composé d'affixes.

Avant d'analyser leur morphologie , voici ces כִּנּוּיִּים kinouyim :
au singulier au pluriel
אֲנִי ʾani (usage vernaculaire) אֲנַחְנוּ ʾanaḥnou (usage vernaculaire)
אָנֹכִי ʾanoḵi (usage littéraire) אָנוּ ʾanou (usage littéraire)
אַתָּה ʾatah אַתֶּם ʾatem
אַתְּ ʾaṯ אַתֶּן ʾaten
הוּא hou' הֵם hèm (usage vernaculaire)
הֵמָּה hèmah (usage littéraire)
הִיא hi' הֵן hèn (usage vernaculaire)
הֵנָּה hènah (usage littéraire)

La flexion du pronom personnel présente les trois traits grammaticaux de personne, de genre, et de nombre.

  • La personne : le préfixe indique sans équivoque la personne.
    • En première analyse l'hébreu distingue la troisième personne, qu'il caractérise par le préfixe h-, des deux autres dont le préfixe commence par ʾa-.
    • En seconde analyse l´hébreu distingue les deux premières personnes en terminant la syllabe préfixale par -n pour la première personne, et par -ṯ pour la seconde.
préfixe personne
אנ ʾan - pour le première personne
את ʾa - pour la seconde personne
ה h - pour la troisième personne
  • Le nombre : Le suffixe indique sans équivoque le nombre, par inclusion d'une nasale ( ם m ou ן n ) pour signaler le pluriel, et par absence d'une telle nasale au singulier. Lorsque le pronom se réfère à un ensemble mixte d'individus, comme en français (n'en déplaise aux dames) la forme masculine est utilisée.
suffixe nombre
י ou כִי , -oḵi ou -i singulier
ה -ah singulier
וּא -ou' singulier
יא -i' singulier
נוּ ou חְנוּ , -aḥnou ou -ou pluriel
ם m pluriel
ן n pluriel
  • Le genre :
    • au pluriel la nasale n signale un féminin, la nasale m un masculin (la première personne du pluriel présente donc une forme féminine mais qui, de fait, convient aux deux genres).
    • au singulier la forme de la première personne convient aux deux genres, le féminin de la seconde personne se caractérise par l'absence de suffixe, et la troisième personne différencie les genres par alternance de deux suffixes : -i' au féminin, -ou' au masculin.

[modifier] Démonstratifs

Les pronoms démonstratifs :

הַמִּלּוֹת הָרוֹמְזוֹת hamiloṯ haromzoṯ sont littéralement les mots «qui désignent». Un pronom démonstratif permet de signaler la présence proche ou lointaine de la personne ou de l'objet auquel il se réfère.

Le pronom démonstratif proche discrimine le genre au singulier, mais pas au pluriel :

singulier pluriel
féminin zoṯ ʾeleh
masculin zeh ʾeleh

Le pronom démonstratif lointain distingue le genre tant au singulier qu'au pluriel :

singulier pluriel
féminin hahiʾ hahen
masculin hahuʾ hahem

Morphologiquement les pronoms démonstratifs lointains sont formés sur la base des pronoms personnels de la troisième personne, préfixés par le ha- qui a même valeur grammaticale que l'article défini en français.


Les adjectifs démonstratifs :

Utilisés comme adjectifs, les démonstratifs tant proches que lointains sont préfixés par le ha- correspondant à l'article défini français.

  • Exemples : hazoṯ, hazeh, haʾeleh.

L'emploi de haʾelou au masculin pluriel est moins vernaculaire et plus formel.

[modifier] Possessifs

Les adjectifs et pronoms possessifs (hébreu: הַמִּלּוֹת הַקִּנְיָן hamiloṯ haqinyan, les « mots de l'acquisition ») utilisent la préposition (« à ») et shel (« de, » littéralement « qui est à ») devant le nom du possesseur pour en indiquer l'appartenance.

  • Exemple : hatzav shel Orèn (la tortue d'Orèn)

Ses mots se déclinent en suivant la flexion des pronoms personnels préfixée par shel, créant ainsi un pronom possessif fléchi comme suit :

singulier pluriel
ʾani sheli qui est à moi, mien ʾana'hnou, ʾanou shelanou qui est à nous, notre
ʾata shelḵa (m) qui est à toi ʾatem shelaḵem (m) qui est à vous, vôtre
ʾat shelaḵ (f) qui est à toi ʾaten shelaḵen (f) qui est à vous, vôtre
houʾ shelo (m) qui est à lui hem shelaḵem (m) qui est à eux, leur
hiʾ shela (f) qui est à elle hen shelaḵen (f) qui est à elles, leur

La possession peut aussi se noter en suffixant au nom de ce qui est possédé une variante du pronom personnel. Les noms ainsi fléchis utilisent un suffixe possessif différent selon que la chose possédée est au singulier ou au pluriel.

masculin singulier
d'un singulier
masculin singulier
d'un pluriel
masculin pluriel
d'un singulier
masculin pluriel
d'un pluriel
dodi mon oncle dodènou notre oncle 'dodaï mes oncles 'dodeinou nos oncles
féminin singulier
d'un singulier
féminin singulier
d'un pluriel
féminin pluriel
d'un singulier
féminin pluriel
d'un pluriel
dodati ma tante dodatènou notre tante 'dodotaï mes tantes 'dodotènou nos tantes

[modifier] Mots lexicaux

[modifier] Lexème, racine, radical

Un morphème consonantique lexical, formé par une séquence discontinue de consonnes , est conçu comme le שֹׁרֶשׁ shorèsh (la racine) de chacun des mots du lexique hébreu. Cette séquence, qui compte souvent trois phonèmes consonantiques, est en ce cas qualifiée de trilitère. Des racines, moins fréquentes, de deux ou de quatre consonnes se rencontrent aussi.

  • Exemple : le mot שָׁלוֹמ shalom (paix) a pour racine trilitère שׁלמ sh.l.m.

Du point de vue lexical, ce שֹׁרֶשׁ shorèsh est un lexème, élément significatif fondamental au coeur du mot (plus exactement du lemme).

Morphologiquement, à l'état des שָׁרָשִׁים sharashim (racines) que l'hébreu qualifie de שְׁלֵמִים shlèmim (entiers, complets, c'est à dire inaltérés) correspond la notion morphologique de racine. Il arrive que, par la présence de consonnes gutturales (et dans quelques autres cas spécifiques que la grammaire de l'hébreu détaille), la racine s'altère et présente une forme dérivée que l'hébreu nomme גִּזְרָה gizra (littéralement forme séparée). À la גִּזְרָה gizra correspond la notion morphologique de radical.

[modifier] Paradigmes thématiques verbal et nominal

Un morphème vocalique thématique est une séquence discontinue de voyelles qui, entrelacée au שֹׁרֶשׁ shorèsh (racine ou radical) forme avec lui un thème. Former ainsi un thème peut suffire à générer un mot (lemme). L'hébreu présente différents morphèmes vocaliques thématiques.

  • Exemples : le mot דִּיבֵּר dibèr (il parla) utilise le morphème vocalique thématique אִאֵ XiXèX. Le mot dobèr (un porte-parole) utilise le morphème vocalique thématique XoXèX. Le mot doubar (il fut dit) utilise le morphème vocalique thématique XouXaX. De nombreuses variantes existent.

Un paradigme thématique est l'ensemble des formes différentes que peut prendre le morphème vocalique pour constituer des thèmes différents sur une même racine ( שֹׁרֶשׁ shorèsh).

  • Dans l'exemple évoqué ci-dessus, l'ensemble des morphèmes vocaliques thématiques ( XiXèX, XoXèX, XouXaX, et autres variantes non présentées ici) appliquées à la racine D.B.R. constituent un paradigme thématique.

L'hébreu distingue deux ensembles de paradigmes thématiques, les binyanim (constructions, structures) qui permettent de construire des thèmes verbaux, et les mishqalim (poids) utilisés pour donner aux thèmes nominaux leur pesant de voyelles.

Un paradigme thématique verbal (bynian) présente un ensemble structuré de morphèmes vocaliques utilisés pour conjuger des verbes. Un paradigme thématique nominal (mishqal), par son « pesant » de voyelles, permet de distinguer différentes familles de noms (noms d'actions, noms de métiers, noms d'outils, et bien d'autres encore).

Ce qui précède nous permet de comprendre la morphologie de paradigmes simples. Il existe cependant aussi des paradigmes complexes qui, en plus des morphèmes vocaliques thématiques, utilisent des préfixes consonantiques éventuellement suivis d'une voyelle pour créer des thèmes composés.

  • Exemple : à coté du thème simple dibèr montré ci-avant, medabèr (parlant) montre un préfixe thématique m. suivi d'un euphonème -e-, et nidbar (il se mit d'accord) montre un préfixe thématique n. suivi d'une voyelle -i-.

[modifier] Du thème verbal au verbe conjugué

[modifier] Prototype verbal

Chaque racine trilitère pourrait être figurée par le prototype XXX dans lequel chaque X représenterait n'importe quelle consonne de l'alphabet hébreu.

En partant de cette racine théorique, la formule X:X:X serait le prototype de toute formule consonantique d'un thème radical (composé uniquement de consonnes radicales), dans lequel les double-points signaleraient les points de chute des voyelles et euphonèmes (e muets) constituant les morphèmes vocaliques thématiques.

Quant aux prototypes des formules consonantiques composées à l'aide de préfixes modaux, ils seraient : N:X:X:X pour le thème préfixé par un N modal, H:X:X:X pour les thèmes préfixés par un H modal, et H:T:X:X:X pour le thème précédé du préfixe modal double HT.

L'inclusion des morphèmes vocaliques thématiques propres à chaque paradigme ( binyan) fournirait alors sept prototypes thématiques : XaXaX, XiXèX, XouXaX, NiX:XaX, HiX:XiX, HuX:XaX, et HiT:XaXèX.

Et pour expliquer les formes verbales conjuguées à partir de ces thèmes, il faudrait qualifier chaque X de la racine comme étant la consonne initiale, ou médiane, ou terminale du radical.

La grammaire traditionnelle procède à peu près de cette manière, mais elle remplace les X mentionnés ci-dessus par les consonnes d'une racine réelle extraite du mot פֹעַל poʿal (se traduisant en français par : une oeuvre, une action, un fait et ... un verbe). Sur cette racine trilitère, פעל p.ʿ.l, se forment sept thèmes énoncés traditionnellement dans l'ordre suivant : פָּעַל paʿal, נִפְעַל nifʿal, פִּיעֵל piʿèl, פּוּעַל pouʿal, הִתְפַּעֵל hitpaʿèl, הִפְעִיל hifʿil, הוּפְעַל houfʿal .

Ces formes, qui mettent en évidence les morphèmes consonantiques et vocaliques constitutifs de ces thèmes, sont celles que prennent chaque thème conjugué à la troisième personne du masculin singulier du passé-perfectif. Elles servent d'étiquette aux paradigmes binyanim qui les intègrent, et qui par elles sont cités dans les grammaires et dictionnaires.

L'usage de ce prototype permet aussi de signaler facilement la consonne initiale d'une racine par pèh, la consonne médiane par ʿayin, et la consonne finale par lamed. Ainsi, pour la racine ktb (signifiant écrire) la grammaire dit que p est k, est t, et l est b, pour montrer que les consonnes k, t , b, occupent respectivement les places initiale, médiane, et finale du prototype radical.

D'un point de vue morphologique, on distinguera deux catégories parmi ces prototypes :

  • un ensemble de trois thèmes radicaux d'abord (qui utilisent les consonnes du radical à l'exclusion de tout préfixe) : פָּעַל paʿal, פִּיעֵל piʿèl, פּוּעַל pouʿal,
  • un ensemble de quatre thèmes composés ensuite, dont trois thèmes préfixés par une consonne unique (soit N, soit H) : נִפְעַל nifʿal, הִפְעִיל hifʿil, הוּפְעַל houfʿal, et un thème préfixé par deux consonnes successives H et T : הִתְפַּעֵל hitpaʿel.

[modifier] Formes conjuguées du verbe

Ancien ou moderne, l'hébreu ne connait à proprement parler que trois conjugaisons :

L'hébreu utilise aussi des formes non conjuguées du verbe, correspondant à ce que la grammaire française appelle formes nominales du verbe, à savoir :

[modifier] Conjugaison perfective ou passée
  • La conjugaison du binəyān בִּנְיָן pāʿal פָּעַל d'un verbe sous l'aspect perfectif se caractérise par l'utilisation d'un thème verbal perfectif auquel s'ajoute un suffixe spécifique à chaque personne du singulier et du pluriel. Ainsi le verbe construit sur la racine KTV (écrire) a-t-il pour thème verbal perfectif la forme kâtav auquel peuvent s'ajouter un des suffixes personnels suivants : -tî, -tâ, -t, -âh, -nou, -tèm, -tèn, -ou, ce qui donne la conjugaison reprise dans le tableau suivant :
en hébreu transcription traduction approximative
כָּתַבְתִּי kâtav j'ai écrit
כָּתַבְתָּ kâtav tu (masculin) as écrit
כָּתַבְתְּ kâtav t tu (féminin) as écrit
כָּתַב kâtav il a écrit
כָּתְבָה kâtv âh elle a écrit
כָּתַבְנוּ kâtav nou nous avons écrit
כָּתַבְתֶּם kâtav tèm vous (masculin) avez écrit
כָּתַבְתֶּן kâtav tèn vous (féminin) avez écrit
כָּתְבוּ kâtv ou ils (ou elles) ont écrit
  • Remarques : Le thème kâtav se maintient devient tout suffixe commençant par une consonne, mais la dernière voyelle du thème s'élide (kâtv) devant un suffixe commençant par une voyelle. Dans l'exemple choisi l'initiale תֶּ du suffixe est redoublée à l'aide d'un daguesh.
  • Traduction plus précise de כָּתַבְתִּי kâtavtî : en hébreu ancien j'ai à présent terminé d'écrire, en hébreu moderne j'ai écrit, j'écrivais, j'écrivis.

[modifier] Conjugaison imperfective ou future

[modifier] Conjugaison impérative

L'impératif n'est pas à proprement parler un mode comme en français, mais une variante de la conjugaison du verbe au perfectif/futur. Il se forme en retirant le préfixe tav des formes du perfectif/futur mais en gardant les suffixes propres à cette conjugaison.

L'impératif n'utilise que trois formes de la seconde personne, à savoir le féminin singulier, le masculin singulier, et le pluriel ambivalent.

L'impératif ne sert jamais à exprimer des ordres négatifs, lesquels sont formés en hébreu à partir de formes du perfectif/futur.

  • Exemples :

[modifier] Formes nominales du verbe

Le thème verbal peut présenter, outre les formes conjuguées, les formes nominales du verbe que sont l'infinitif, le participe présent actif, le participe présent passif.

[modifier] Infinitif

Le morphème préfixé datif (et directionnel) l- ajouté au thème verbal permet de former un infinitif. Des règles grammaticales complexes déterminent la vocalisation de ce préfixe en le- , la- , li-. Cette construction rappelle l'usage anglais de la préposition to pour signaler un infinitif (to think, penser).

  • Exemples : lhaʿamin croire, laʿazor aider, likhtov écrire.

[modifier] Participe présent actif

Le participe présent actif présente quatre formes, construites à l'aide de morphèmes suffixés qui signalent les traits grammaticaux de genre et de nombre. Les suffixes -et et -ot indiquent le féminin singulier et le féminin pluriel. L'absence de suffixe et le suffixe -im indiquent le masculin singulier et le masculin pluriel.

catégorie modale racine participes
פָּעַל paʿal k.t.v écrire kotev kotevet kotvim kotvot
נִפְעַל nifʿal k.n.s entrer nikhnas nikhneset nikhnasim nikhnasot
פִּיעֵל piʿèl d.b.r parler medaber medaberet medabrim medabrot
פּוּעַל pouʿal
הִתְפַּעֵל hitpaʿèl y.sh.b s'établir mityashev mityashevet mityashvim mityashvot
הִפְעִיל hifʿil H.l.f changer maHlif maHlifa maHlifim maHlifot
houfʿal

[modifier] Participe présent passif

[modifier] Verbes spéciaux

[modifier] Être
היה

Sur la racine verbale trilitère היה (HYH) se conjuguent trois modèles structurels (בּֽנְיָנֽים byniânim) à savoir :

  • un paradigme פָּעַל (pāʿal) de voix active (הָיָה hāyāh qui peut se traduire en français par les verbes : être, exister, habiter, venir à passer),
  • un paradigme נִפְעַל (nip̄əʿal, nifʿal) de voix passive (נִהְיָה nihəyāh qui se traduirait par : devenir, se transformer en, être transformé en),
  • et un paradigme פִּעֵל (piʿēl) qui, sans déposer sa modalité généralement intentionnelle, intensive ou répétitive, exprimer en outre ici une nuance causative (היִיָּה hīyāh signifiant produire ou faire exister), cette dernière forme est désuète en hébreu moderne mais courante en hébreu de la mishna.

Comme pour tous les verbes vus précédemment, la flexion de היה (HYH) présente des formes verbales conjuguées à l'indicatif (perfectif et imperfectif) et à l'impératif, mais aussi des formes nominales du verbe, soit

  • deux infinitifs :
    • un infinitif absolu (מָקוֹר מוּחְלָט māqōr mūḥlāṭ littéralement de source déterminée) הָיֹה hāyoh
    • un infinitif construit (שֵׁם הַפֹעַל šēm hapoʿal, littéralement nom d'action) לִהְיוֹת lihəyōṯ
  • un participe actif
  • et un gérondif


Conjugaison sur le modèle pâ'al de gizrah L est H:

[modifier] Avoir (inexistant)

Comment traduire le verbe avoir (inexistant en hébreu) à l'aide du verbe être.

[modifier] Du thème nominal au nom

Le chargement d'un morphème vocalique thématique מֽשְׁקָל mishqal sur le morphème consonantique radical שֹׁרֵשׁ shorèsh génère un thème nominal. La traduction littérale de מֽשְׁקָל mishqal étant "un poids", la grammaire de l'hébreu utilise ce mot pour signifier le "pesant de voyelles" de ce thème nominal.

L'ajout de morphèmes affixés au thème nominal forme un lemme nominal, un nom שֵׁמ shèm apte à intégrer un énoncé מֽשְׁפָּט mishpat. Un jeu de morphèmes suffixés permet de noter le genre, le nombre, et l'appartenance de ce nom . Quelques morphèmes préfixés, construits à l'aide de particules spécifiques, permettent de lever l'indéfinition du nom, et de le situer dans un environnement syntaxique.

[modifier] Morphèmes préfixés

Les morphèmes préfixés sont qualifiés, en raison de la fonction qu'ils exercent, de préfixes déterminatif, ablatif, conjonctif, locatif, datif, et comparatif.

Un thème nominal peut être préfixé par un seul morphème ou par une succession de morphèmes combinés.

[modifier] Préfixe déterminatif

Le morphème préfixé déterminatif ha- s'assimile à l'article défini du français. Ce morphème est parent du préfixe utilisé par les pronoms personnels huʾ , hiʾ , hem, hen et les pronoms démonstratifs lointains correspondants.

Un nom sans préfixe est indéfini.

  • Exemple : tapuz se traduit en français par "une orange" (une orange quelconque), bien que l'hébreu ne connaisse pas d'article indéfini.

L'usage du préfixe ha- rend le nom défini.

  • Exemple : hatapuz se traduit par "l'orange", cette orange et pas une autre, ou cette orange dont on vient de parler.
hatapuz

hatapuz

Les noms propres étant définis par nature, ils ne sont jamais précédés d'un morphème préfixé déterminatif.

  • Exemple : Daniʾel est un nom propre, donc défini.

[modifier] Préfixe ablatif

Le morphème préfixé ablatif mi- généré par contraction de la préposition min marque l'extraction, l'origine, ou le point de départ, et se traduit par la préposition française de, ou par le cas ablatif en latin.

Ce morphème peut être préfixé directement au thème nominal qui reste alors indéfini, il peut aussi précéder un thème nominal défini par le préfixe déterminatif ha-, vu ci-dessus, formant ainsi avec lui un morphème préfixé complexe.

  • Exemples : le bruit peut provenir mireḥov d'une rue, ou mehareḥov de la rue.

Ce dernier exemple montre que mi- se vocalise toujours me- devant une consonne gutturale.

[modifier] Préfixe conjonctif

Le morphème préfixé conjonctif v- (lettre waw) se traduit en français par la conjonction de coordination et. Ce préfixe permet de lier entre eux des mots ou des propositions. Il s'attache directement au thème nominal indéfini, ou précède les autres préfixes d'un thème déjà porteur de morphèmes préfixés.

  • Exemples : vreḥov et une rue, vhareḥov et la rue vmireḥov, et d'une rue, vmehareḥov et de la rue.

[modifier] Préfixe locatif

Le morphème préfixé locatif b- généré par contraction de la préposition beyn se traduit en français par la préposition dans, ou par le cas locatif dans les langues indo-européennes.

Lorsque ce morphème précède le préfixe déterminatif ha-, de ce dernier disparait l'aspiration initiale et donc la lettre het qui indiquait cette aspiration, mais la voyelle a se maintient pour signaler que le nom qu'elle précède est bien défini.

  • Exemple : bmidbar dans un désert, bamidbar dans le désert.

[modifier] Préfixe datif ou directionnel

Le morphème préfixé datif ou directionnel l- , généré par contraction de la préposition 'èl indiquant une direction, une destination, un but, se traduit en français par les prépositions à, vers, pour, ou par les cas datif, bénéfactif, causal ou directionnel des langues indo-européennes.

  • Exemples : lʿaṣakim pour les affaires, lhitraʾoṯ à se revoir (au revoir).


Lorsque, comme pour le préfixe locatif, ce morphème précède le préfixe déterminatif ha-, de ce dernier disparait l'aspiration initiale et donc la lettre het qui indiquait cette aspiration, mais la voyelle a se maintient pour signaler que le nom qu'elle précède est bien défini.

  • Exemples : lkhaverah pour une amie, lakhaverah pour l'amie.


Ce morphème se vocalise parfois en le- , la- , li-. Il se préfixe aussi à un thème verbal pour former l'infinitif considéré comme une forme nominale du verbe.

  • Exemples : likhtov écrire (à écrire, pour écrire, au sens de l'anglais to write).

[modifier] Préfixe comparatif

Le morphème préfixé comparatif k- , généré par contraction de la préposition kmo, se traduit par la conjonction "comme" en français.

[modifier] Morphèmes suffixés

[modifier] Suffixes marquant le genre

Marquent le féminin singulier les préfixes -ah, -eṯ, eṯ -it.

  • Exemples : ḥavayah une expérience, rakhèvèṯ un train tsimḥoniṯ végétarienne.

Ces exemples rappellent que le genre des noms peut différer de l'hébreu au français.

[modifier] Etats absolu et construit d'un nom

L' état construit se nomme smikhouṯ.

[modifier] Adjectifs

épithète

attribut

comparatif/superlatif

[modifier] Nombres

Calendrier hébreu pour l'an 5591 (1831)
Calendrier hébreu pour l'an 5591 (1831)

Les nombres de 1 à 10 : lire de droite à gauche :

  • en cours d'élaboration
masculin féminin chiffre hébreu chiffre arabe
efes . efes . . 0
ekhad . akhat . . 1
shnayim . shtayim . . 2
shloshah . shalosh . . 3
arba'ah . arba' . . 4
khamishah . khamesh . . 5
shishah . shesh . . 6
shiv'ah . sheva' . . 7
shmonah . shmoneh . . 8
tish'ah . tesha . . 9
asarah . eser . . 10

[modifier] Adverbes

[modifier] Adverbes interrogatifs

Les adverbes interrogatifs sont :

  • mi qui
  • mah quoi
  • meʾayin d'où, de quelle origine
  • ʾeyfoh où, en quel endroit
  • meʾeyfoh d'où, de quel endroit (usage vernaculaire)
  • lamah pourquoi

[modifier] Adverbes négatifs

Pour exprimer une négation l'hébreu utilise le morphème adverbial négatif לֹא loʾ , dérivé de l'araméen לָא lāʾ , qui précède toujours le mot qu'il veut nier. Cet adverbe se traduit en français par « non » ou par « ne pas ».

  • Exemple : à la question ʾatah David ? es-tu David, peut répondre la phrase négative loʾ, ʾani loʾ David non, je ne suis pas David.

[modifier] Syntaxe

La syntaxe de l'hébreu a pour objet de composer différents מִּשְׁפָּטִים mishpatim. Est מִּשְׁפָּט mishpat ce qui procède d'un jugement, tel un édit ou l'énoncé d'une sentence. Mais l'usage linguistique de ce terme se restreint et recouvre les notions d'énoncés, de phrases, de propositions qu'étudie aussi la grammaire du français. L'hébreu considère ces éléments syntaxiques d'abord et principalement comme des énoncés qu'il qualifiera, ensuite, selon leurs relations réciproques de coordination ou de subordination.

Comme מִּשְׁפָּט mishpat est un nom générique traduit par énoncé, le מִּשְׁפָּט עִקָּרִי mishpat ‘iqari (littéralement l'énoncé « éradiqué » par analyse d'un énoncé plus large) est l'énoncé-racine qui correspond à ce que la grammaire française nomme proposition principale d'une phrase complexe. Et le מִּשְׁפָּט מֻרְכָּב mishpat mourkhav est l'énoncé composé, assemblé, « attelé », la phrase complexe qui littéralement « met en selle » les différentes propositions subordonnées ou coordonnées à l'énoncé-racine.

Les propositions subordonnées sont aussi des מִּשְׁפָּטִים mishpatim, qualifiés cette fois de טְפֵלִים tfèlim, c'est à dire des énoncés imputés, ou pour mieux dire attachés à l'énoncé principal (le מִּשְׁפָּט עִקָּרִי mishpat ‘iqari) afin de former avec lui cet énoncé complexe plus large qu'est le מִּשְׁפָּט מֻרְכָּב mishpat mourkhav.

L'énoncé מִּשְׁפָּט mishpat est le résultat final d'une syntaxe bien menée. Ce phénomène syntaxique terminal est qualifié, en cours d'analyse, de מֻרְכָּב mourkhav complexe, de עִקָּרִי ‘iqari principal, de טָפֵל tafel subordonné. Et selon d'autres propriétés encore, expliquées plus loin.


[modifier] Syntaxe de la proposition indépendante

Avant d'observer la phrase complexe, il convient d'étudier le מִשְׁפָּט פָשׁוּט mishpat pashout, énoncé dépouillé de complexité, comme dénudé, que le français nomme phrase simple ou proposition indépendante.

Les éléments qui fondent la phrase simple sont des מִלּוֹת miloṯ, des mots, nantis de tous les traits grammaticaux étudiés dans la section de morphologie ci-dessus, que la syntaxe enrichit d'une fonction grammaticale en les intégrant dans une phrase.

En dessous du niveau supérieur qu'est la phrase, descend une hiérarchie de syntagmes. Chaque syntagme est un groupe d'autres syntagmes de niveau inférieur parmi lesquels on distingue un noyau entouré de satellites. La décomposition des syntagmes-noyaux et des syntagmes-satellites débouche, en dernière analyse, sur des mots-noyaux et des mots-satellites qui constituent le niveau inférieur, fondamental, de la syntaxe d'une phrase.

Au premier degré d'intégration syntaxique des mots, ceux-ci se regroupent donc en syntagmes. Chaque syntagme est qualifié selon la catégorie du mot-noyau qu'il intègre, et selon la fonction grammaticale dite aussi fonction syntaxique exercée par ce mot-noyau au sein de la phrase.

Exemples :

  • Un syntagme sera dit verbal, nominal, pronominal, si son noyau est un verbe, un nom, un pronom, ou un autre syntagme verbal, nominal, pronominal.
  • Un syntagme sera dit sujet, complément d'objet, complément circonstanciel, si son noyau est un mot ou un autre syntagme exercant cette fonction dans la phrase.
  • On distinguera par exemple un syntagme pronominal sujet d'un syntagme nominal complément circonstanciel. De nombreuses variantes se présentent au cours de l'analyse syntaxique d'une phrase.


[modifier] Syntagmes et fonctions syntaxiques en hébreu

En première analyse de l'énoncé מִשְׁפָּט פָשׁוּט mishpat pashout, la phrase indépendante, l'hébreu distingue deux syntagmes qu'il qualifie de נָשׂוּא nasouʾ (épousé ou porté) et de נוֹשֵׂא nosèʾ (épousant ou portant).

Le noyau du syntagme נָשׂוּא nasouʾ étant un verbe, le linguiste parlera de syntagme verbal en fonction de prédicat du sujet (il convient de distinguer les notions logique et linguistique de prédicat).

Le noyau du syntagme נוֹשֵׂא nosèʾ pouvant être un nom ou un pronom, il s'agit d'un syntagme nominal ou pronominal en fonction de sujet du verbe.

Le grammairien hébreu synthétise en un mot les notions de composition syntaxique (assimilée à un mariage) et de fonction grammaticale (le sujet supporte le verbe, le verbe est supporté par un sujet).

Le נָשׂוּא nasouʾ syntagme verbal prédicat contient , outre le verbe, différents satellites qu'il nomme chacun מֻשָּׂא mousaʾ. Ce terme dérive de la même racine נשׂא nsʾ et signifie déporté (divorcé, détaché du verbe qu'il complète). Ces satellites sont des syntagmes de catégorie nominale ou pronominale dont la fonction ressemble à celle du complément d'objet du verbe en français.

Enfin, les syntagmes nominaux ou pronominaux sujet נוֹשֵׂא nosèʾ ou complément מֻשָּׂא mousaʾ peuvent contenir des satellites לְוַאִים lwaʾim, littéralement des accompagnateurs, qui sont des syntagmes de différentes catégories (nominale, adjectivale, adverbiale, pronominale) en fonction de complément du nom ou du pronom qui est noyau du syntagme qui les incorpore.

[modifier] Syntagme sujet

Le נוֹשֵׂא nosèʾ est un syntagme nominal ou pronominal sujet.

[modifier] Syntagme verbal prédicat

Le נָשׂוּא nasouʾ est un syntagme verbal prédicat.


[modifier] Syntagme complément d'objet

Le מֻשָּׂא mousaʾ est un syntagme nominal ou pronominal complément d'objet.


[modifier] Complément d'objet direct défini

[modifier] Complément d'objet direct indéfini

[modifier] Complément d'objet indirect

[modifier] Syntagme complément du nom

Les לְוַאִים lwaʾim sont des syntagmes complément de nom.

[modifier] Syntagmes compléments circonstanciels

[modifier] Syntaxe de la phrase nominale

Un type particulier de מִשְׁפָּט פָשׁוּט mishpat pashout est la phrase nominale, d'usage fréquent en hébreu. Ce מִשְׁפָּט mishpat, caractérisé par l'absence de syntagme verbal, compose deux syntagmes nominaux, un נוֹשֵׂא nosèʾ et un נָשׂוּא nasouʾ averbal, puisque dénué de noyau verbal. Plusieurs phrases nominales peuvent être coordonnées entre elles.

  • Exemple : ʾani David vzoṯ haḥaverah sheli Ruṯ se traduit : Je suis David et celle-ci est mon amie Ruth.

La traduction transforme ces deux phrases nominales hébraïques en phrases verbales françaises qui utilisent le verbe être pour noyau. La répugnance de l'hébreu à utiliser ce verbe au présent (prérogative divine oblige) explique la construction hébraïque à l'aide de syntagmes nominaux.


La phrase nominale permet aussi de suppléer l'absence de conjugaison verbale au temps présent en hébreu, par juxtaposition d'un נוֹשֵׂא nosèʾ nominal ou pronominal sujet et d'un נָשׂוּא nasouʾ dont le noyau est un participe présent, forme nominale du verbe.

  • Exemple : David ḥoshev , littéralement " David pensant " pourrait se rendre en français par " David est pensant " qui se traduit par le présent français " David pense ".

Ce dernier exemple ramène la notion de prédicat linguistique à celle plus étroite du prédicat logique étudié en philosophie médiévale : David est ici le sujet auquel est attribué le prédicat logique pensant.

[modifier] Syntaxe de la phrase interrogative

L'ordre des mots d'une phrase interrogative est, en hébreu, identique à celui d'une phrase affirmative, contrairement au français, qui inverse l'ordre des mots dans ces cas. L'hébreu ancien ignorant le point d'interrogation, le sens interrogatif d'une phrase se manifeste oralement par l'intonation qui s'élève en fin de phrase interrogative.

  • Exemple : hem tayarim peut signifier « ils sont des touristes » ou « sont-ils des touristes ? »

L'hébreu peut cependant signaler une une phrase interrogative par la présence de mots interrogatifs, déjà décrits dans la section morphologie.

  • Exemple : mah shlomkha ? comment vas-tu ?

[modifier] Syntaxe de la phrase complexe

[modifier] Propositions

[modifier] Phrases complexes

[modifier] Stylistique

La stylistique est une science linguistique parallèle à la grammaire qui, sans s'intégrer à elle, la complète. Cette section d'étude stylistique de l'hébreu se limite à quelques notions élémentaires, comme l'ordre des mots dans la phrase.

[modifier] Ordre des mots dans la phrase

L'ordre habituel des mots place le verbe entre son sujet et ses compléments. Le style modifie parfois cet ordre sujet-verbe-objet (SVO), afin de mettre en évidence le mot qui n'occupe pas sa position coutumière. L'un des exemples les plus connus est le premier verset de la Genèse, בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים (Au commencement créa Dieu), où le sujet (Elohim) suit le verbe (créa) afin d'insister sur l'importance du Créateur, qui dépasse celle de sa Création.
Certains mots occupent cependant une place fixe de la phrase quelque soit la liberté de style qui a été prise: la suite de ce premier verset, אֵת הַשָּׁמַיִם וְאֵת הָאָרֶץ , la préposition אֵת ʾèṯ (qui signifie « ceci même » mais que le français ne traduit pas) précède invariablement le mot qu'elle régit et qu'elle signale comme complément d'objet direct défini.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Bereshit Rabba 18:4
  2. ab Hebrew grammar, dans la Jewish Encyclopedia, 1901-1906
  3. Par exemple T.B. [[Haguiga|]] 12b
  4. Kaufmann Kohler, article AARON OF JERUSALEM, dans la Jewish Encyclopedia, 1901-1906.
  5. Noam Chomsky, Aspects of the theory of syntax, MIT Press, 1965
  6. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 1 et 28.
  7. B.Donnet-Guez, Grammaire de l'hébreu, pages 156 et 160.
  8. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 52 et 63.
  9. état construit de בַּיֽת bayiṯ
  10. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 87 et 107.
  11. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 112 et 125
  12. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 134, cette interjection, prononcée comme un souffle, est passée du chaldéen à l'hébreu.
  13. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 148 et 149.
  14. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 149.
  15. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 211.
  16. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 213.
  17. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 222, 226 et 227, en hébreu comme en chaldéen
  18. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 271 et 297.
  19. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 309.
  20. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 330 et 361.
  21. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 423.
  22. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 478, 491 et 492.
  23. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 499 et 524.
  24. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, page 564.
  25. Sander & Trenel, Dictionnaire hébreu-français, pages 628 et 638.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Bibliographie

Bibliographie
Bibliographie
  • Hans Bauer et Pontus Leander, Historische Grammatik der Hebraischen Sprache des Alten Testaments, 91 pages, Georg Olms, Hildesheim, édition originale 1918, réédition 1965 (ISBN 3487054795)
  • Shmuel Bolosky, 501 Hebrew Verbs, fully conjugated in all the tenses in a new easy-to-learn format alphabetically arranged by root, 910 pages, Barron's Educational Series, Inc., New York, 1996.
  • Paul Joüon, Grammaire de l'hébreu biblique, 624 pages, Pontificio Istituto Biblico, 1996 ISBN 8876534989
  • N.Ph.Sander et Isaac Léon Trenel, Dictionnaire Hébreu-Français, 811 pages, réimpression de l'édition de Paris de 1859, Slatkine reprints, Genève, 2005,
  • Baruch Spinoza, Abrégé de Grammaire hébraïque, tr. fr. Joël et Jocelyne Askénazy, Vrin, 2006 (3ème éd. revue et augmentée).
  • Agnès Tichit, Hébreu biblique. Grammaire de base et introduction aux fêtes juives. Textes expliqués. Exercices et corrigés, Langues et cultures anciennes, Éditions Safran, Bruxelles, 2007, (ISBN 978-2-87457-008-7)
  • Agnès TIichit, Le verbe en hébreu biblique. Conjugaisons, exercices et corrigés, Langues et cultures anciennes, Éditions Safran, Bruxelles, 2004, (ISBN 2-9600469-6-X)
  • Marie-Paule Feldhendler, Grammaire pratique de l'hébreu israélien, Éditions Ellipses, Paris, 2003
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