Grève générale de 1918 en Suisse

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La grève générale de 1918 (en allemand Landesstreik qui signifie grève du pays) est une grève qui débuta en Suisse le 12 novembre 1918.


Sommaire

[modifier] 1917 - L'émeute de Zurich

Les prémices de la grève se déroulent le 17 novembre 1917 lors de l'émeute de Zurich. Une fête spontanée est organisée par des pacifistes marginaux et des cercles de la jeunesse de gauche, pour fêter la victoire des bolcheviques en Russie. Elle provoqua la mort de trois manifestants et d'un policier. On en attribua la pleine responsabilité au PSS et à l'USS qui n'avaient pourtant joué aucun rôle dans ces événements.

[modifier] 1918 - La grève générale

Un an plus tard, à l'approche du premier anniversaire de la révolution russe, diverses personnalités dont le général Wille, font part de leur inquiétude au Conseil fédéral qui ordonne l'occupation militaire préventive de la ville de Zurich pour éviter toute insurrection révolutionnaire.

Le comité d'Olten qui regroupe les forces politiques et syndicales du socialisme suisse, répond par des grèves de protestation. Le Conseil fédéral refusant de faire marche arrière, le Comité d'Olten en appelle à la grève générale (12-14 novembre 1918).

Le comité d'Olten présente neuf revendications :

  1. Renouvellement immédiat du Conseil national selon le système de la représentation proportionnelle,
  2. Droit de vote et d'éligibilité pour les femmes,
  3. Introduction du droit au travail pour tous,
  4. Introduction de la semaine de 48 heures, dans toutes les entreprises publiques ou privées,
  5. Organisation d'une armée essentiellement populaire,
  6. Mesures visant à assurer le ravitaillement,
  7. Assurance vieillesse et survivants,
  8. Monopole de l'État pour les importations et les exportations,
  9. Paiement des dettes publiques par les possédants.

La grève est suivie par quelque 250 000 ouvriers, on remarque une très forte participation dans les villes industrielles, mais bien plus faible en Suisse romande et au Tessin, qui sont occupés à fêter l'armistice de 1918. La participation des cheminots est déteminante car elle permet l'extension de la grève même aux régions rurales écartées. La grève se déroule dans le calme, les syndicats avaient, pris des mesures préventives comme la prohibition de l'alcool. Il n'y a que peu de dérapages, comme à Granges, où trois grévistes sont tués le 14 novembre.

Après trois jours, les soldats envoyés en nombre par le Conseil fédéral sont maîtres de la situation. Le comité d'Olten cède sans condition, la grève est un échec. Le vendredi 15, le travail reprend presque partout si ce n'est à Zurich où les ouvriers du bois et les métallurgistes ne reprennent le travail que le lundi 18.

[modifier] Conséquences

Plus de 3500 personnes sont mises en accusation par la justice militaire dont grand nombre de cheminots, 147 personnes sont condamnées.

Certains points des revendications sont cependant appliqués :

  • Le point 1 avait en fait été accepté dès le 18 octobre 1918. La première élection au système proportionnel aurait dû avoir lieu en 1920. Elle se tient en 1919.
  • Le point 4, la semaine de 48 heures, est introduit en 1919.
  • Quant au point 7, l'AVS qui est accepté par le peuple en 1925 n'entre en vigueur qu'en 1948.

Du côté des ouvriers, la grève générale est l'événement qui a fait trembler la bourgeoisie. Du côté bourgeois, il s'agit du jour où la Suisse a failli passer au bolchevisme.

De cette grève, il résulte la naissance d'une certaine politique de consensus social. Mais les partis bourgeois se méfieront longtemps du parti socialiste qui n'obtient un premier siège au Conseil fédéral qu'en 1943.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

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