Globalia

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Globalia est un roman d'anticipation, une utopie de Jean-Christophe Rufin publié en 2004. En Folio, ISBN 2-07-030918-5

Sommaire

[modifier] Argument

L'action se déroule dans un futur daté précisément (première partie, chapitre 3) juillet 27 de l'ère globalienne. On n'en sait pas plus, si ce n'est que l'ère globalienne est postérieure à la nôtre. Une sorte d'État mondial, Globalia assure à ses citoyens la sécurité, la prospérité et une certaine forme de liberté. À partir du moment, bien sûr, où ils ne remettent pas en cause le système. Les zones sécurisées sont principalement situées dans l'hémisphère nord, tandis que les non-zones, surtout dans l'hémisphère sud, sont réputées inhabitées et servent de refuge à des populations que le pouvoir central qualifie de "terroristes". Baïkal, un jeune globalien, cherche à fuir cette société qui lui pèse.

[modifier] Analyse

Globalia est une fable politique, dans la lignée du Meilleur des mondes ou de 1984. Le roman dénonce ce que pourrait devenir notre société mondialisée si certaines de ses tendances étaient poussées à leur paroxysme : fracture définitive entre les riches et les pauvres, dépolitisation totale, ignorance de l'histoire, hédonisme individualiste, peur obsessionnelle du terrorisme, des risques écologiques et de la paupérisation utilisée comme facteur de cohésion sociale, contrôle de l'information et de la force publique par un oligopole de sociétés multinationales.

Après avoir écrit des essais sur le tiers monde, les relations nord-sud, les questions humanitaires et des romans historiques, Jean-Christophe Rufin a cherché avec ce roman à réunir ses deux formes de production littéraire. Il s'agit, sous forme romanesque, d'une sorte de synthèse de ces précédents essais. Il précise son propos à la fin de la poste-face : S'agissant du futur, un roman peut tout au plus contribuer à ce que le lecteur conserve une défiance légitime. Les avenirs radieux, quels qu'ils soient, même quand ils viennent à nous sous les dehors souriants de l'individualisme démocratique, sont à accueillir la tête froide. (p. 496)

[modifier] Citations

  • Certes, les choses que l'on ignore ne nous manquent pas et pourtant, à leur manière, elles sont là et exercent sur nous une influence. (I-7)
  • Croyez-moi, un bon ennemi est la clef d'une société équilibrée (I-7)
  • Chaque fois que les livres sont rares, ils résistent bien. À l'extrême, si vous les interdisez ils deviennent infiniment précieux. Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants. (III-5 folio p. 277)
  • La procédure est toujours la même [...]. Il faut laisser l'histoire de côté. Le plus important, c'est de choisir qui a tort. [...] On observe attentivement les deux camps qui s'affrontent et on voit comment chacun s'y prend. Il y en a toujours un qui est plus insolent, plus agressif, moins adroit. On déclare que celui-là est le méchant. Peu importe qu'il ait tort ou raison en réalité. Après, on met la machine en route. Tout doit être utilisé pour noircir le méchant : les écrans l'accusent de voler, de violer, de piller, etc. Et l'autre, le gentil, on vous l'habille vite fait en parfaite victime. Ce n'est pas très difficile de commander quelques bons reportages sur les les femmes et les enfants qui souffrent. [...] Ensuite, on vous rend le tout, mon général, et vous n'avez plus qu'à taper sur le méchant et à envoyer l'aide humanitaire à la victime. (III-7 folio p. 298-299) [Toute ressemblance avec les guerres des Balkans...]
  • La liberté c'est la sécurité, la sécurité c'est la surveillance, donc la liberté c'est la surveillance.()

[modifier] Liens internes

Œuvres littéraires anti-totalitaires

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