Utilisateur:Geshunin

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Sommaire

[modifier] Naissance

Quelque part dans une masure isolée du sud-est de la France, le hurlement guttural d'un loup tira ma mère de son sommeil agité. Les contractions s'emparèrent de son corps frêle et elle comprit que bientôt, elle tiendrait dans ses bras un nouvel être, celui qu'elle avait tant désiré, un individu unique qui bouleverserait sa vie à tout jamais.

Le travail dura longtemps, les souffrances qu'elle endura étaient à la hauteur des espoirs qu'elle avait fondées en moi, ma genèse fut lente, mais ma mère accoucha enfin de celui qu'elle attendait tant, et mon vagissement bruyant lui arracha un sourire rayonnant.


[modifier] Enfance

Entouré par ses parents aimants et son chien Sultan ( admirez cette rime digne de Francis Cabrel ), cet enfant grandit dans un cocon familial propice, ses facultés intellectuelles étant à cette époque très honorables, ce qui ne sera pas toujours le cas comme vous le verrez par la suite.

Comme l'attestent les photographies prises par ma mère ( ces pièces sont tenues secrètes ), j'étais aussi laid que je le suis aujourd'hui, mais ma mère dissimule volontairement ce détail en s'extasiant devant ces représentations abjectes. Elle y va invariablement de ces cris d'émerveillement, comme si j'étais la 8ème merveille du monde, comme pour me rappeler qu'aujourd'hui je ne suis plus rien.

"Tu étais tellement beau qu'on te prenait pour une fille", cette phrase m'a toujours interloqué, je dois vous avouer qu'être pris pour une fille n'était pas si gratifiant que ma génitrice pouvait le penser. Je ressemblais à une masse informe dont la tête était surmontée d'une tignasse blonde ( le sang de mes féroces ancêtres vikings coulait dans mes veines ), mes joues montrant que j'étais sujet à l'embonpoint.

Dans ma jeunesse, j'arborais souvent un sourire niais, de même qu'une coiffure étonnamment avant-gardiste ou plutôt archaïque ( Mireille Mathieu n'avait qu'à bien se tenir ). Soufflant des bougies ou posant devant des bassins remplis de dauphins, je semblais si heureux de ma vie que c'en était risible.

J'avais de quoi me réjouir, une vie paisible, des résultats scolaires très bons, des amis en qui j'avais confiance, que pouvais-je rêver de mieux ?


[modifier] Émergence d'un psychopathe

Mon professeur s'était fait porter pâle ce jour-là, la classe se trouvait ainsi laissée pour tout dire à l'abandon, mais dans la salle de cours, la discipline régnait et le brouhaha provoqué par les discussions endiablées des jeunes enfants que nous étions restait confiné entre les quatre murs.

Rien ne laissait présager que dans mes yeux marron, la lueur du prédateur que j'étais s'était allumée et que ma folie sanguinaire trouverait son point de départ dans cet événement encore fortement ancré dans ma mémoire...

Je me laissais emporter par le son des voix de mes camarades, ma voisine de gauche discutant avec le garçon qui occupait la place de devant, mon regard fixé sur ma paire de ciseaux qui exerçait sur moi une attraction incomparable. Je ne pensais plus qu'à ces deux lames qui constituaient cet outil et c'est alors qu'en moi se manifestèrent des forces auxquelles je n'avais jamais eu affaire.

Ma main se dirigea vers l'objet de mes désirs, mes doigts s'agrippèrent à lui, se refermant telles les serres d'un aigle, pour ne jamais le relâcher. Ouvrant et refermant ma paire de ciseaux, je paraissais tel un fou qui ne contrôle plus ses gestes. Bêtement, une main se dirigea à ce moment-là vers moi, et les mâchoires se refermèrent alors sur ce corps étranger venu perturber l'harmonie de ce moment.

Courant dans les rangs comme si je venais de lui arracher la main, la victime de mon inconscience vociférait tant qu'elle attira le professeur de la classe attenante, ce qui me valut des menaces terrifiantes, cette folle brandissant le tétanos comme risque que j'avais fait encourir, et me garantissant que j'aurais des problèmes si jamais le gamin avait des problèmes de santé...

Mais je ne me contentai pas de cet attentat sur une personne humaine...


[modifier] Le drame

Les oiseaux chantaient avec insouciance à l'extérieur de l'appartement, les fenêtres ouvertes laissant entrer la douce brise de ce si bel été. C'était une journée telle que je les aimais, aucun indice de la funeste destinée qui attendait celle qui croiserait ma route aujourd'hui.

J'allai rejoindre ma mère dans la cuisine, elle ne prêta pas réellement attention à moi. Ne trouvant rien qui puisse éveiller ma curiosité, j'allai chercher l'un des deux hamsters sortis il y a peu du ventre de leur mère. Je l'avais prénommée Claire car elle avait le pelage moins foncé que sa sœur. Cette petite boule de poils encore si jeune, si enjouée, n'était-elle pas adorable lorsqu'elle trottinait sur le buffet ?

Je la regardais dandiner ses petites fesses sur le blanc immaculé du meuble, ses mouvements si grâcieux me remplissant de joie, elle vint jusqu'à moi, inspectant son environnement, regardant autour d'elle, puis baissant la tête vers le tiroir que j'avais ouvert, jetant un regard intéressé à l'intérieur.

Obéissant à je ne sais quelle împulsion, je refermai violemment le tiroir, la nuque de Claire recevant directement l'impact, la faisant tomber à l'intérieur du tiroir. Un tel choc ne pouvait que lui avoir provoqué des dégâts irréparables, je ne pouvais rien imaginer d'autre que la mort, cela valait mieux pour elle...

Ma mère me devança, se saisit du corps tremblotant de l'animal et le projetta violemment 4 étages plus bas dans la cour, en espérant que le violent contact avec le sol l'ait tuée.

Voilà que j'étais devenu un assassin...


[modifier] Du sang sur les mains

Je ne pouvais plus nier que quelque part, j'avais voulu tout cela, que ma main n'avait agi que sur mes ordres, que telle était ma volonté et que j'avais souhaité contempler la souffrance, non pas sur moi, mais sur autrui, le sentiment de puissance de celui qui fait le mal sans en connaître lui-même le goût.

Je rêvais de pouvoir en faire plus, mais le risque était trop grand, je voulais satisfaire des envies illicites, mais je n'en eus jamais l'occasion, je ne faisais qu'appeler de mes vœux une situation qui me permettrait de faire couler le sang...


[modifier] Adolescence

Là où mes congénères sortent de leur chrysalide, déploient leurs ailes et deviennent de magnifiques papillons, j'effectuai l'évolution dans le sens inverse, me repliant sur moi-même, consolidant ma chrysalide pour qu'au sein de ce cocon protecteur, je ne sois blessé par personne, que la douleur ne puisse jamais m'atteindre, quitte à devoir tout rejeter pour me prémunir de la souffrance.


[modifier] I'm a poor lonesome cowboy

Une fois ma transformation achevée, je devins de plus en plus solitaire, imaginant de grandes étendues sauvages dont je serais le seul à profiter, à l'écart de toute civilisation, hors de cette société que je ne refusais pas d'intégrer, mais dont les membres m'effrayaient.

Je paraissais de moins en moins accessible, ne faisant que très peu d'efforts pour attirer la sympathie, me renfermant toujours plus, recherchant les instants que je pourrais passer seul et supportant de moins en moins la compagnie de mes congénères...


[modifier] I'm falling

Mais ce que je croyais être une bonne décision s'avéra finalement être un comportement auto-destructeur, et me complaire dans ma solitude n'était sans doute pas ce qui m'apporterait ce dont j'avais besoin à cette époque.

Il me manquait de l'affection pour me sentir exister... Je n'en eus hélas pas... J'avais besoin qu'on m'accompagne, qu'on me tienne par la main dans cette traversée du désert, mais je n'avais personne sur qui m'appuyer...

Je commençai alors peu à peu à lâcher du lest, à m'engluer dans une spirale de l'échec, boire la tasse sans jamais pouvoir reprendre mon souffle... Peu à peu, je m'enfonçai dans les abysses dont je savais que je ne pourrais pas sortir...


[modifier] A darkness is coming

Plus je me débattais, plus je coulais... Lorsque je repris contact avec les autres, je plongeai encore plus brusquement...

Je compris alors que ma carapace n'avait jamais été qu'une fine couche friable et que le moindre choc se répercutait des centaines de fois... Je ne savais plus quoi faire pour sortir de ce gouffre sans fond...

Lorsque l'on tisse des liens avec une personne, ce n'est pas évident de les rompre... Je me doute bien qu'il y a des avantages et des inconvénients... Avantages, car si jamais je vais mieux un jour ( ce qui est peu probable ), j'aurai quelqu'un pour m'aider ; inconvénients, car je suis entravé dans mes mouvements par l'affection qui peut m'être portée...


[modifier] Faux-semblants

Mais face à vous, je peux sourire, et déclamer ( sans en penser un mot ), que demain tout ira bien, et que je me réjouirai de chaque minute que je passe à respirer cet air, car je sais que quelque part quelqu'un m'attend...

Or, celle que je veux rejoindre, c'est la Mort, elle seule pourra apaiser mes souffrances, et j'enfouirai ma tête contre son épaule, lui demandant l'affection qu'on n'a jamais voulu me donner...