Georges Pitoëff

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Georges Pitoëff (Tbilissi 1884 - Genève 1939) est un traducteur, acteur, décorateur et metteur en scène de théâtre français d'origine géorgienne.

[modifier] Biographie

Il était issu d'une riche famille de marchands anoblis. Son père, Ivan, dirigeait le théâtre de la ville où il était aussi metteur en scène et décorateur. Les enfants Pitoëff eurent une nurse allemande et une nurse française. Georges part à 18 ans à Moscou pour faire des études, mais le théâtre l'attire. Il travaille un moment avec Stanislavski qui prône un théâtre « vrai » ; Pitoëff, après longues discussions avec le maître, préfère un « théâtre qui donne accès au royaume du rêve ». Il débute en 1912 à Saint-Pétersbourg puis part en tournée dans la Russie profonde, où il joue Ibsen, Shakespeare, Molière, Musset, etc.

Après la mort de sa mère fin 1913, il part à Paris avec son père. Il rencontre Ludmilla et se marient le 14 juillet 1915, puis partent à Genève.

Georges monte des spectacles de bienfaisance pour les exilés russes puis il s'installe dans une petite salle de banlieue, à Plainpalais. Après quelques aller-retour à Paris, ils quittent définitivement Genève en janvier 1922 pour travailler avec Jacques Hébertot.


[modifier] Un homme passionné

Il exerçait de nombreuses professions à la fois, étant acteur, metteur en scène, décorateur, traducteur, chef d'une entreprise de 23 salariés (effectif de la troupe d'acteurs en 1922), et aussi père de 7 enfants. Seules la musique et la gestion financière lui échappaient.

Rigoureux et passionné, son activité était incessante. A titre d'exemple voici ce que fut l'activité de la troupe début 1922 :

Cette activité fébrile était facilitée par l'utilisation, ou quasiment l'absence, de décors sommaires et d'éclairages des plus simples. Avant tout, Georges voulait créer, quitte à interrompre un spectacle qui faisait recette – ce qui, joint à des dépenses non toujours contrôlées, expliquait des finances chroniquement problématiques.

Georges Pitoëff sut monter des spectacles mémorables avec des moyens réduits. Deux exemples :

  • pour Six personnages en quête d'auteur (avril 1923), il imagina de faire apparaître les acteurs par le monte-charges du théâtre, sans aucun décor. Des spectateurs crurent que les décors avaient été oubliés ;
  • pour Les Ratés de Henri-René Lenormand (mai 1920), il conçut un décor constitué de deux rideaux, un gris devant, un violet derrière ; ces rideaux pouvaient être tirés à demi vers la gauche ou vers la droite, ou tirés entièrement. De plus un praticable derrière le rideau violet offrait deux niveaux d'action, eux-mêmes sécables en deux parties : gauche-droite. L'action pouvait ainsi se dérouler dans un des quatre espaces dans les praticables, ou encore dans un des deux espaces délimités par les rideaux gris et violet, tirés à demi.

Pour Hamlet il imagina un décor unique avec des panneaux qui permettaient de définir 27 lieux différents ; mais, toujours soucieux de perfection, lors d'une reprise de la pièce, il supprima les panneaux et revint à un décor unique.

Le répertoire était très ouvert aux auteurs étrangers : Tchekhov, Shaw, Ferenc Molnár, Tagore, Pirandello, Synge, Tolstoï, Shakespeare - mais aussi Anouilh (alors débutant), Duhamel, Claudel, Maeterlinck... Il créa 210 pièces entre 1915 et 1939.

Dans le domaine de la traduction, il exécuta notamment celle du Roméo et Juliette de William Shakespeare avec Pierre-Jean Jouve, que ce dernier remania en 1955.

De toutes ces créations il ne reste aujourd'hui que peu de choses : des témoignages, des maquettes de décor, des indications de mise en scène, quelques photos. Mais aucun film qui permettrait de voir réellement ses créations.

[modifier] Liens externes

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