Georges Beaufils

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Georges Beaufils né en 1913 à Crouin, près de Cognac, décédé après 1994. Militant communiste surtout connu, sous le pseudonyme de Joseph pour avoir été l'interlocuteur de Rémy lors des premiers contacts entre la France libre et le Parti communiste français clandestin.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les années d'avant guerre

Le père de Georges Beaufils était conducteur de locomotives et sa mère, serveuse dans un hôtel. Bon élève, Geoges Beaufils se retrouve, après son certificat d'études, en apprentissage dans un atelier d'électricité automobile où son patron lui donne le goût des études et le pousse à suivre des cours de mathématiques et d'électricité par correspondance.

En 1931 Georges Beaufils monte à Paris, se marie et il deviendra père de deux petites filles. Il effectue à Limoges son service militaire qu'il termine comme sous-officier. Lorsqu'il revient à la vie civile, il est nommé chef d'atelier. Des amis lui proposent alors d'adhérer au Parti Communiste, ce vers quoi le dirigeaient assez naturellement les traditions familiales. Il prend de petites responsabilités aussi bien au Parti qu'à la CGT. Il participe activement aux évènements de 1936 en organisant la fourniture de repas pour les ouvriers grévistes du 19ème arrondissement.

Il quitte alors son activité professionnelle et devient permanent du Parti, à la section des cadres et collabore avec Arthur Dallidet et Maurice Tréand.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique, il accompagne à Moscou son patron Arthur Dallidet que Maurice Thorez avait envoyé pour s'informer auprès des autorités soviétiques de la signification exacte du pacte. Rapatrié en urgence par l'ambassade de France après la déclaration de guerre, il participe aux combats dans l'Est de la France à la tête d'une section. Il est fait prisonnier le 10 juin 40 et parvient à s'évader dans les premiers jours de captivité en France. Sa première tâche est d'aller récupérer dans le Maine-et-Loire des petits carnets qu'il avait confié à sa famille. Ces carnets, constitués avec Dallidet, étaient en fait un fichier de militants et cadres du Parti sur qui l'on pouvait compter. Georges rentre à Paris en novembre 1940 et reprend contact avec Dallidet.

En accord avec Dallidet, Georges Beaufils prend le statut de "légal", c'est-à-dire qu'il vit avec sa famille sous sa véritable identité. Il rachète un garage à un ancien patron. Ce garage, en même temps qu'il permit à Beaufils de faire vivre sa famille, devint un atelier clandestin où furent fabriqués, par exemple, des cordons de détonateurs pour des engins explosifs. Pour ces activités, Georges Beaufils était en contact avec Jean Jérome et Georges Beyer, le beau-frère de Charles Tillon.

L'appartenance de Beaufils à la section des cadres avant-guerre, son voyage à Moscou avec Dallidet laissent à penser qu'il est intégré depuis plusieurs années dans l'appareil clandestin et qu'il a la confiance des soviétiques. À partir de la fin 1940, on peut dire qu'au sein de l'OS (Organisation Spéciale) mise en place par Dallidet, il est plus ou moins mis à disposition de Jean Jérome.

Georges Beaufils sera en tous cas, pendant plusieurs mois, d'avril à septembre 1942, l'interlocuteur inattendu de Rémy, l'agent secret de la France libre représentant le général de Gaulle. Beaufils représente le Parti Communiste Clandestin. C'est Jean Jérome qui l'a désigné pour tenir ce rôle. Entre Rémy le royaliste très Vieille France, et Beaufils que Rémy connaissait sous son pseudo de Joseph, l'ouvrier communiste, il s'est créé une amitié sincère. Ces premiers contacts entre la France libre et les communistes aboutissent à une première livraison d'armes pour les communistes, au large de Le Guilvinec, le 15 août 42, et surtout, à la fin août, l'envoi de Fernand Grenier pour représenter le Parti à Londres.

Au début de l'été 42, Georges Beaufils a une longue conversation avec Charles Tillon. Jusqu'au 12 avril 1943, c'est lui qui sera amené à représenter les FTPF dans des réunions tenues à Paris avec les autres organisations militaires de la Résistance sous la présidence de Passy et Brossolette. À partir de mai 43, il cède sa place à Marcel Prenant. Néanmoins, le 29 décembre 43, c'est Beaufils qui signe au nom de Charles Tillon, l'acte de naissance des FFI. Au sein de l'état-major des FFI, il est connu comme le colonel Drumont.

Le 1er juin 44, Georges Beaufils est envoyé par le COMAC dans l'Ouest comme inspecteur régional des FFI. En août 44, il aura de très mauvaises relations avec le colonel Pierre de Chevigné, commandant militaire des zones libérées nommé par De Gaulle. Il participe à la liquidation des poches de résistance allemandes.

[modifier] L'après guerre

Après-guerre, Geoges Beaufils sera intégré à l'armée avec le grade de lieutenant-colonel. En 1946, il suit les cours de l'École supérieure de guerre, mais il est bien vite relégué au DCI (Dépôt Central des Isolés) de Versailles, en compagnie des autres officiers communistes. Il y fut parfois en position de rivalité vis-à-vis de Rol-Tanguy qui avait une position plus légaliste que la sienne.

Il quitte définitivement l'armée en 1963, s'installe à Royan et reprend des activités civiles, notamment au sein du Bérim. Il a des contacts avec des agents soviétiques, dont on ne connaît pas l'importance exacte, mais qui lui vaudront d'être arrêté par la DST en 1977, condamné à 8 ans de prison. Il bénéficiera en 1981 d'une grâce présidentielle.

[modifier] Sources

  • Pierre Durand, Joseph et les hommes de Londres, Le temps des Cerises, 1994 (Biographie autorisée de Georges Beaufils)
  • Roger Faligot, Rémi Kauffer, Service B, Fayard, 1985
  • Roger Faligot, Rémi Kauffer, Les Résistants, Fayard,1989
  • colonel Rémy, Mémoires d'un Agent Secret de la France Libre (juin 40-juin 42), Raoul Solar, 1946
  • colonel Rémy, Le livre du Courage et de la Peur (juin 42-novembre 43), Raoul Solar, 1947
  • Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004

[modifier] Voir aussi