Gemiste Pléthon

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Georges Gémistos dit Gemiste Pléthon (1355, Constantinople - 1452), philosophe byzantin. Comme Platon, il pense que le philosophe doit analyser et réformer la société humaine. Dans « les Lois », il propose une refonte complète de l’économie, de la structure sociale et du système politique, en passant par le retour à une sorte de communisme naturel par les voies du paganisme antique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il naît entre 1355 et 1360 à Constantinople. Bien que nous n'ayons pas d'information certaines sur son origine et sa famille, les divers auteurs ayant mené des recherches sur ce sujet considèrent qu'il naquit au sein d'une famille aisée, probablement d'origine sacerdotale orthodoxe, d'où il est logique de supposer qu'il eut une formation complète dès son enfance.

Comme de nombreux intellectuels grecs à l'époque, il se rend à la cour du sultan, et c'est ainsi, qu'à une date non précisée, selon ce qu'affirme Gennade Scholarios, futur patriarche de Constantinople et son adversaire déclaré, Pléthon voyagea au moins dans deux des plus importantes villes ottomanes, Andrinople et Brousse. Il étudie avec Elisée, un Juif adepte de la Falsafa, versé dans Averroès et Maïmonide, qui maintenait des contacts avec les Juifs venant d'Espagne. Son séjour dans le monde ottoman dure sans doute une vingtaine d'années.

Sans doute vers 1390, Pléthon retourne à Constantinople où il acquiert rapidement une grande réputation comme érudit et réunit un cercle de disciples, parmi lesquels on remarquera Marc Eugénikos, qui jouera un rôle important dans le concile de Florence. Mais l'Eglise, alarmée du contenu de ses enseignements tente de le faire expulser et il part vers 1407 à Mistra, ville proche de l'antique Sparte, nommé semble-t-il premier juge de ce qui est alors le despotat de Morée.

Il y fonde et développe son école qui sera si importante ensuite pour la diffusion du platonisme en Occident. Il compte parmi ses disciples Bessarion.

Il est envoyé entre 1438 et 1439, au concile de Florence lors de la tentative pour mettre fin au schisme d'Orient et voyage donc en Italie avec la délégation grecque. A Florence il prend contact avec le cercle de Léonardo Bruni, héritier des enseignements de Pétrarque et traducteur de Platon, et initie une relation avec Cosme de Médicis au sujet de la nécessité d'approfondir la pensée hellénique (sans le filtre de saint Augustin). C'est sous son influence, selon les dires de Marsile Ficin, que le Seigneur de Florence décidera de la création de la nouvelle Académie platonicienne dans sa villa de Careggi.

Après le concile, Pléthon retourne à Mistra en 1440 d'où il ne repartira plus et où il mourra le 26 juin 1452. Après sa mort on découvrit son œuvre principale, le Traité des lois, qui ramené à Constantinople en 1460 (7 ans après la prise de la ville par les Turcs), fut partiellement censuré par le patriarche orthodoxe Scholarios.

[modifier] Œuvres

Extraits et commentaires des œuvres de Appien, Théophraste, Aristote, Diodore de Sicile, Xénophonte, Porphyre de Tyr et Denys d'Halicarnasse. Il écrivit des œuvres de théologie, musique, rhétorique, des oraisons funèbres, d'histoire et des traités de géographie. Son œuvre De gestis græcorum post pugnam ad Mantineam, à partir de Diodore et Plutarque fut éditée en 1503 à Venise et on en fit de nombreuses éditions en plusieurs langues. Autres œuvres : De rebus Peloponesiacis constituendis, Oracula magica Zoroastris ; Prolegomena Artis Rhetoricæ ; Orationes funebres de immortalitate animæ ; les traités Zoroastri et Platonicorum dogmatum compendium ; De fato ; De virtutibus ; De legibus et le plus important De Platonicae atque Aristotelicae Philosophiae differentia qui montre clairement son orientation néoplatonicienne et exalte ouvertement Platon au détriment d'Aristote, ce qui lui valut l'ire des aristotéliciens récalcitrants comme Georges Scholarios, qui fut patriarche de Constantinople et ordonna de détruire son œuvre Le Traité des lois.

Il tenta de concilier les théogonies orientales avec les doctrines du Christianisme. En philosophie morale il reçut l'influence du stoïcisme. Pour Pléthon, Zoroastre était la plus antique source de sagesse, dont la généalogie se terminait avec Pythagore et Platon. Les Oracles chaldaïques étaient la source pure de la sagesse de Zoroastre, œuvre qui, en outre, était considérée contemporaine des textes d'Hermès Trismégiste, en réalité écrite au IIe siècle après J.-C. au temps de Marc-Aurèle. L'œuvre fut éditée en 1894 par W. Kroll.

Le sommaire conservé du Traité des Lois et les nombreux écrits sur la politique, l'histoire, la médecine, la musique, la métaphysique et la philosophie, montrent l'intention de Pléthon de reconsidérer la philosophie comme une forme de vie capable d'harmoniser l'individu et la société avec une finalité transcendante pour laquelle les dieux nous ont mis dans ce monde.

Pléthon traça une généalogie minutieuse de ses prédécesseurs dans les doctrines qu'il synthétisa, qui allaient de Zoroastre et des brahmanes hindous jusqu'à Plotin et ses disciples Porphyre et Jamblique, en passant par Pythagore et Platon, laissant clairement entendre que, sur les sujets aussi importants que la connaissance des dieux et l'origine et la destinée de l'homme et des choses en général, il n'apportait aucune innovation. « Tous coïncident dans la plupart des sujets les plus importants et paraissent avoir toujours révélé leurs idées aux hommes les plus intelligents », dit le philosophe dans le Traité. C'est pourquoi il s'attacha à écarter de sa synthèse les relativistes sceptiques et les sophistes, classiques comme modernes. Ainsi par exemple, le chapitre III du Traité des lois est dédié à la réfutation des doctrines de Protagoras et de Pyrrhon.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • François Masai, Pléthon et le platonisme de Mistra, Belles Lettres, 1956
  • Georges Gémiste Pléthon, Traité des vertus. Édition critique avec introduction, traduction et commentaire, Corpus Philosophorum Medii Aevi, Philosophi Byzantini 3, Athens-The Academy of Athens, E. J. Brill, Leiden, 1987
  • Les fondements métaphysiques et éthiques de la pensée politique de Pléthon, Thèse de Doctorat, dirigée par P. Magnard et M. Tardieu, Université Paris IV-Sorbonne, 2002, 504 p.