Gaspard de la nuit (Ravel)

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Gaspard de la nuit est un triptyque pour piano de Maurice Ravel composé en 1908 d'après trois poèmes extraits du recueil éponyme d'Aloysius Bertrand. Sa noirceur et son extrême difficulté en ont fait une des œuvres les plus emblématiques de son auteur. Sa durée d'exécution approche les 25 minutes.

L'œuvre fut créée le 9 janvier 1909 par Ricardo Viñes (piano).

Sommaire

[modifier] Origines

Gaspard de la nuit, Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot est un recueil de poèmes en prose d'Aloysius Bertrand paru en 1842. L'auteur y livra une vision pittoresque et fantastique du Moyen Âge. Ravel mit en musique trois de ces poèmes : le choix du musicien reflète son état d'esprit à cette époque où son père, très malade, était proche de la mort.

  • Ondine, conte d'une nymphe des eaux apparaissant à la fenêtre d'un humain.
  • Le gibet, dernières impressions d'un pendu qui assiste au coucher du soleil.
  • Scarbo, petit gnome diabolique et facétieux, porteur de funestes présages apparaissant en songe au dormeur.

[modifier] Musique

L'œuvre est connue pour sa considérable virtuosité et les prouesses pianistiques qu'elle requiert.

[modifier] Ondine

Ondine, qui n'est pas sans rappeler par moment les Jeux d'eau, est une évocation frémissante de l'esprit aquatique invitant un humain à visiter son domaine. histoire d'une siréne enchanteresse'mi-ange, mi-demon, née dans l'Allemagne des légendes, élevée par Grimm et appartenant au peuple particulier des Ondins.

Ondine, mesure 61

[modifier] Le Gibet

Dans Le gibet, Ravel tient le pari de garder pendant cinquante-deux mesures une pédale de si bémol. Ce sont au total cent cinquante-trois octaves de si bémol qui sont répétées. Les motifs qui les accompagnent sont joués « sans presser ni ralentir jusqu'à la fin ». Ce morceau hypnotique baigne dans une atmosphère blafarde et lunaire.

[modifier] Scarbo

Véritable fantasmagorie pianistique, Scarbo est par son rythme frénétique et son tempo rapide la pièce la plus difficile du triptyque d'un point-de-vue technique. « Tandis qu'Ondine démontre avant tout le potentiel mélodique de Ravel et Le gibet son potentiel harmonique, dans Scarbo, l'auteur donne avant tout la mesure de sa maîtrise rythmique. Cet éblouissant morceau pianistique est moins une œuvre à prétentions expressives qu'un compendium de la technique moderne de clavier et des possibilités du virtuose actuel. » (J. van Ackère, Maurice Ravel, 1957).

Scarbo, mesures 110 à 113

[modifier] Enregistrements célèbres

Les interprétations de Claudio Arrau (Lugano, 1963), Samson François (1967), d' Arturo Benedetti-Michelangeli, de Vlado Perlemuter (1973), de Martha Argerich (1975), d' Ivo Pogorelich et d'Alexandre Tharaud sont, parmi d'autres, remarquables.

Au contraire de nombre de ses oeuvres pour piano, Ravel n'avait pas prévu d'orchestration pour cette oeuvre. C'est le chef d'orchestre Marius Constant qui a relevé le défi en 1990. Cette version parvient somptueusement à restituer les couleurs du triptyque originel.

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[modifier] Liens externes