Front uni et décennie de Nankin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Durant le premier front uni (1924-1927) et la décennie de Nankin (1927-1937) le Guomingdang peut progressivement consolider et affirmer son emprise sur le pays. Dans un premier temps nationaliste et communistes s'allient contre les seigneurs de guerre du nord.

Après cette période de collaboration avec le PCC, le Guomingdang affirme sa prééminence et réprime, souvent par la violence, l'opposition politique. Cela contraint les communistes à une guérilla armée qui entraîne la Longue Marche alors que le gouvernement nationaliste tente de moderniser le pays et de le libérer des pression étrangères.

Si l'autorité du Guangdong s'étend officiellement à tout le pays, de grandes régions restent gouvernées par des seigneurs de la guerre plus ou moins autonomes par rapport au gouvernement central. L'autorité du Guomingdang n'est absolue que dans les régions orientales de la Chine proche de la capitale Nankin mais des seigneurs comme Feng Yü-hsiang et Yan Xishan ont conservé une autonomie beaucoup plus importante dans leurs régions.

La menace Japonaise met fin à la décennie de Nankin, en poussant le Guomingdang à une nouvelle alliance avec le PCC.

Sommaire

[modifier] Affirmation de l'identité nationale

A partir de 1912, la Chine est dominée par les seigneurs de la guerre. Son économie est complètement désorganisée à cause du trafic d’opium. Durant cette période se développe le sentiment national, contre l'influence des japonais et des occidentaux.

Le mouvement pour la nouvelle culture est une démarche de rénovation de la culture nationale, surtout en matière de littérature. Celui-ci naît sous l'impulsion de certains intellectuels : écriture en baihua (白话 chinois oral), écritures d’œuvres de fiction (la première Le journal d’un fou de Lu Xun), traductions de textes occidentaux…

[modifier] Mouvement du 4 mai

manifestations du 4 mai
Article détaillé: Mouvement du 4 mai

Les étudiants de Pékin apprennent qu’à la conférence de la paix, qui aboutit au traité de Versailles, on a décidé de transférer au Japon les anciennes possessions allemandes de la province du Shandong. Ils sont mécontents car ils pensent que leur gouvernement a démissionné devant la conférence de la paix et ils en veulent aux japonais à la suite des vingt et une demandes. En 1919, il y a une grande manifestation dans les rues de Pékin.

[modifier] Fondation du parti communiste

En juillet 1921 se crée le Parti communiste chinois. Son premier dirigeant est Zhang Guotao (Chen Duxiu est le premier secrétaire général du Parti communiste chinois). Li Dazhao a un rôle clef lors de fondation du parti. Mao Zedong qui participe également à ce premier congrès n'est alors pas encore très connu. Le parti communiste Chinois est dépendant du Komintern (Internationale des partis communistes).

Entre novembre 1921 et février 1922, la conférence de Washington apparaît comme l'occasion de revenir sur les négociations de Versailles. Au cours de cette conférence, la Chine tente de récupérer ses deux provinces, mais seules les zones d’influence y sont abolies. Absents de cette conférence, les Russes renoncent à leurs privilèges en Chine à cette époque. En février 1923, Sun Yat-sen retourne à Canton et fonde un nouveau gouvernement révolutionnaire.

[modifier] Le premier front uni (1924-1927)

[modifier] La stratégie du front uni

Le front uni est une alliance entre les nationalistes du Guomingdang et les communistes pour lutter contre les seigneurs de la guerre. En 1924, alors que les communistes sont 300 et le Guomingdang 50 000, les nationalistes cherchent à se rapprocher des soviétiques. Les communistes chinois bénéficient de cette tentative de rapprochement. En 1924, les Russes aident à créer l'académie militaire de Huangpu. L’alliance effective est scellée en septembre 1923 en présence d’un délégué du Komintern. A partir de janvier 1924, le Guomingdang rédige ses statuts et accepte le principe de la double appartenance: il devient possible d'être communiste et d'adhérer au Guomingdang.

[modifier] L’essor des luttes sociales et la réaction du Guomingdang

Des mouvements revendicatifs naissent et se développent et les travailleurs chinois commencent à s’organiser. Des grèves éclatent dans les usines et en mai 1925 est fondée la fédération des syndicats de Chine. Le mouvement ouvrier ne se développe pas facilement. Mord d'une manifestation en mai 1925, la police tire. Parallèlement, les masses paysannes s’organisent notamment dans le Guangdong. En juin 1926, on trouve des unions paysannes dans douze provinces chinoises qui regroupent au total près de un million de membres. Le 12 mars 1925, Sun Yat-sen meurt à Beijing. Wang Jingwei lui succéde. A la mort de Sun Yat-sen, la division politique du Guomingdang éclate au grand jour. Deux grandes tendances : de gauche avec Wang Jingwei (courant qui s’appuie sur les dernières volontés de Sun Yat-sen) et de droite de Tchang Kaï-chek (courant qui répudie les principes de la lutte des classes d’où cohabitation avec le parti communiste chinois difficile). Une alliance se forme entre la gauche et le parti communiste. Tchang Kaï-chek réalise un coup de force à Canton contre les organisations locales du parti communiste pour montrer qu’il est le patron du Guomingtang. Wang Jingwei quitte son poste et s’enfuit.

[modifier] L’expédition contre le nord et la montée en puissance des communistes

Article détaillé: Expédition du Nord

L'offensive militaire est déclenchée le 9 juillet 1926, elle se propage rapidement et en six mois terrasse les principaux seigneurs de la guerre. À la mi-décembre, le gouvernement du Guomingdang se transporte à Wuhan. L’expédition bénéficie du soutien des masses laborieuses. Le parti communiste chinois comprend 342 membres en 1923, 10 000 en 1925, 58 000 en 1927. Les communistes s’emparent de Shanghai avant que les troupes de Tchang Kaï-chek n’arrivent. Les communistes organisent un gouvernement municipal à Shanghai institué en mars 1927. Tchang Kaï-chek refuse de reconnaître ce gouvernement municipal de Shanghai, rétablit la république par la force ce qui entraîne une répression sanglante.

[modifier] La fin du front uni

Article détaillé: Soulèvement de Nanchang

Le 12 avril 1927, Tchang Kaï-chek lance une attaque contre les locaux communistes en association avec la pègre locale. 400 syndicalistes et communistes sont tués le 12 avril. Il y a au total 5 000 victimes à Shanghai. Avec cette opération d’épuration, Tchang Kaï-chek s’ouvre les portes du pouvoir. Il fonde à Nankin un gouvernement national qui contrôle le sud du pays. La rupture entre la gauche et la droite est consommée. Wang Jingwei rentre en avril pour prendre la tête du gouvernement de Wuhan. Il y a donc deux gouvernements en Chine.

Les communistes, alliés à l’aile gauche du Guomingtang maintiennent le front uni. Mais ça ne dure pas longtemps car des tractations entre l’aile droite et l’aile gauche du Guomingdang aboutissent, fin 1927, à la réunification du parti sous la direction de Tchang Kaï-chek. Le Kominterm décide de changer de stratégie et pousse à l’action insurrectionnelle. La commune de Canton dure deux jours avant d'être réprimée. Face à ce nouvel échec, les communistes doivent encore changer leur tactique.

[modifier] La décennie de Nankin

Le 18 avril 1927, le nouveau gouvernement central qui s’est installé à Nankin n’a pas fini l’expédition du Nord. Pour consolider son pouvoir politique Tchang Kaï-chek lance une seconde expédition et les nationalistes s’emparent de Beijing en février 1928. Ils la rebaptisent Beiping et Nankin devient la capitale. Le seigneur de la guerre qui contrôle la Mandchourie se soumet à Tchang Kaï-chek mais d’autres seigneurs contrôlent encore des zones plus réduites; ils acceptent un pacte de reconnaissance du pouvoir central. La décennie de Nanjing est la période qui sépare la fin de l’expédition du Nord et le début de la guerre contre le Japon.

[modifier] Le gouvernement de Nankin

Il adopte une constitution provisoire et annonce un programme de reconstruction économique et de réformes sociales. Le gouvernement modernise les systèmes légaux et pénaux, stabilise des prix, tente de résorber la dette, et reforme le système bancaire, améliore l'infrastructure ferroviaire et routières et les équipements de santé publique, légifère contre le trafic de stupéfiants et augmente la productivité industrielle et agricole.

Des progrès sont également faits dans l'éducation et, dans le but d'unifier la société chinoise, un programme pour promouvoir la langue nationale et limiter ses variations dialectales est lancé.

Son objectif est la reconquête des droits de souveraineté et les pressions étrangères sur la Chine sont modérées par la diplomatie. Le gouvernement de Nanjing dénonce les traités inégaux qui arrivent à échéance et les puissances étrangères restituent les deux tiers des concessions tout en gardant les plus importantes. La Chine retrouve l’autonomie de ses ports.

Le gouvernement nationaliste connaît trois échecs majeurs :

  • en matière agricole, le régime nationaliste ne réalisa jamais une réforme, revendication du Guomingdang, la terre à qui la cultive ;
  • en matière de finance le gouvernement de Nankin n’arrive pas à établir son budget ;
  • en matière de démocratie le gouvernement n’a pas été élu, il pratique la censure contre les critiques, n’a pas de soutien populaire.

[modifier] Les communistes : des bases révolutionnaires à la longue marche

Le Kominterm engage les Chinois dans une nouvelle tactique qui tient en quelques points :

  • le centre de l’action se déplace des villes vers les campagnes;
  • Il faut essayer de s’emparer du pouvoir localement qu’on appellera les bases révolutionnaires au lieu d’envisager la révolution dans le pays entier.

[modifier] La première république soviétique (1931-1937)

Article détaillé: République soviétique chinoise du Jiangxi

Les communistes se retirent dans les campagnes pour créer des bases de guérilla. Ils procèdent à une réforme agraire en confisquant les terres aux riches et en les répartissant entre les pauvres. Le 7 novembre 1931 à Ruijin (province du Jiangxi), les petites bases de guérilla sont regroupées pour créer la République soviétique chinoise. On nomme un président de la république Mao Zedong.

[modifier] La Longue Marche et l’ascension de Mao

Article détaillé: Longue Marche

Les nationalistes entrent en guerre contre la République soviétique chinoise. Entre 1932 et 1934 le territoire est encerclé par les nationalistes qui mènent cinq campagnes successives. À l’automne 1934, le cinquième assaut est fatal pour la république soviétique. Elle pousse les communistes à s’enfuir en direction de Shaanxi où existe un petit territoire soviétique. La longue marche dure un an pour parcourir 9 600 km. Sur les 100 000 partisans qui prennent le départ, 30 000 survivent aux escarmouches contre les nationalistes, à la faim et au froid, aux blessures et maladie. Cela provoque une redistribution des influences au sein du parti et, en janvier 1935, la réunion du comité central du parti de Zunyi (Guizhou) entraîne l'élection de Mao à sa tête.

[modifier] Le nouveau front uni

[modifier] L’intervention Japonaise en Chine

Article détaillé: Conquête de la Mandchourie par le Japon

En 1931, le Japon envahit la Mandchourie et s’empare des trois provinces chinoises du Nord-est (Liaoning, Jilin, Heilongjiang). Tchang Kaï-chek privilégie la lutte contre les communistes. Les Japonais poursuivent donc leur progression et c’est le gouvernement soviétique chinois qui déclare la guerre au Japon.

[modifier] Naissance du front uni

Article détaillé:Accord de Xi'an

Zhang Xueliang veut faire un front commun contre les Japonais. Les communistes chinois sont pressés par le Kommintern de faire alliance. Le 7 juillet 1937, les Japonais sont aux portes de Beijing. L'accord de Xi'an permet de créer le deuxième front uni, cette fois anti-japonais.

Cet accord marque la fin de la décennie dite « de Nankin ».

[modifier] Voir aussi