Frederick Lugard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Frederick John Dealtry Lugard (22 janvier 185811 avril 1945), 1er baron Lugard, était un officier britannique, un explorateur de l'Afrique et un administrateur colonial qui fut gouverneur de Hong-Kong (1907-1912) puis gouverneur général du Nigéria (1914-1919).

Sommaire

[modifier] Au service de la colonisation britannique

Fils d'un aumônier militaire, Lugard naquit à Madras, en Inde, en 1858. Il étudia à l'Académie royale militaire de Sandhurst et commença en 1878 une carrière dans l'armée coloniale britannique. Il participa à plusieurs campagnes : en Afghanistan (1879-1880), au Soudan (1884-1885) et en Birmanie (1886-1887). En 1888, il mena une expédition organisée par les colons britanniques du Nyasaland contre des trafiquants d'esclaves arabes et fut gravement blessé. L'année suivante, il entra au service de la British East Africa Company pour laquelle il explora le bassin du fleuve Sabaki, au Kenya. En 1890, il partit assurer la domination britannique en Ouganda, dont il fut l'administrateur militaire pendant deux ans (1890-1892). Pendant cette période, il voyaga dans tout le pays.

Rentré en Angleterre en 1892, il convainquit le premier ministre William Gladstone de renforcer la présence britannique en Ouganda. En 1894, Lugard repartit en Afrique, cette fois pour défendre les intérêts de la Royal Niger Company au Nigéria, en particulier contre la concurrence française. Après une expédition au Botswana pour le compte de la British West Charterland Company (1896-1897), il revint au Nigéria avec pour mission de constituer une troupe indigène destinée à protéger les intérêts britanniques dans l'arrière-pays de Lagos. Il commanda la West African Frontier Force pendant deux ans (1897-1899), avec pour préoccupation d'empêcher toute ingérence française au Nigéria. Après le règlement du différend colonial franco-britannique, la question perdit de son importance.

[modifier] Un administrateur colonial expérimenté

Lugard quitta son commandement militaire pour devenir Haut Commissaire du Protectorat du Nigéria septentrional (Protectorate of Northern Nigeria), de 1900 à 1906. Quand il prit ses fonctions, la domination britannique dans la région était plus théorique que réelle. Il s'efforça d'organiser l'administration coloniale de ce vaste territoire en dépit de l'hostilité du sultan de Sokoto et d'autres chefs peuls. Il y eut des opérations militaires durant toute cette période pour soumettre les populations indigènes, notamment en 1903 et 1906. En 1902, Lugard épousa Flora Louise Shaw, une journaliste qui écrivait des articles sur les affaires coloniales dans le Times.

Durant son mandat de gouverneur de Hong-Kong (1907-1912), il proposa vainement de rétrocéder Weihaiwei à la Chine en échange d'une cession à perpétuité des Nouveaux Territoires. Lugard œuvra aussi à la naissance de l'Université de Hong Kong, en 1911, en dépit des réticences du Colonial Office et des hommes d'affaires implantés à Hong-Kong.

En 1912, Lugard retourna en Afrique comme gouverneur des deux protectorats du Nigéria avec pour mission de les fusionner en une colonie unique. Cette fusion fut controversée parmi les milieux coloniaux de Lagos mais ne rencontra guère d'opposition dans le reste du pays. Jusqu'en 1919, il s'efforça d'améliorer le sort des indigènes en combattant l'alcoolisme et les pratiques esclavagistes.

De 1922 à 1936, Frederick Lugard fut le représentant de la Grande-Bretagne à la Commission des Mandats de la Société des Nations.

[modifier] Un théoricien du gouvernement indirect

En 1926, Lugard publia ses réflexions dans un livre intitulé The Dual Mandate in British Tropical Africa. Il y défendait une politique de gouvernement indirect (indirect rule) pour les colonies africaines. Lugard justifiait la domination coloniale au nom de la propagation du christianisme et de la lutte contre la barbarie. L'État britannique devait s'impliquer selon lui dans la colonisation non seulement pour protégrer les missionnaires mais aussi les chefs locaux et les populations autochtones aussi bien des guerres tribales que des ambitions étrangères. À ce titre, il estimait nécessaire que la Grande-Bretagne assure sa domination sur les terres vacantes avant que d'autres puissances coloniales, comme l'Allemagne, le Portugal ou la France ne s'en emparent. La colonisation, par l'exportation des matières premières, l'imposition des indigènes et l'utilisation de leur travail peu onéreux, devait contribuer à l'enrichissement de la Grande-Bretagne. Il lui fallait conserver ses colonies pour demeurer une grande puissance.

Pour ce faire, Lugard poussait au maintien de chefs indigènes pour l'administration locale. Il estimait que les Africains noirs étaient fort différents des Européens blancs. Confier des responsabilités aux autochtones aux échelons intermédiaires du pouvoir présentait pour lui l'avantage de diminuer les risques de révoltes, les indigènes préférant obéir à des gens leur ressemblant, parlant leur langue et partageant leurs coutumes. Cette pratique de gouvernement indirect rencontra un certain succès.

[modifier] Œuvres

En 1893, Lugard publia The Rise of our East African Empire, ouvrage partiellement autobiographique. Il fut l'auteur de plusieurs rapports relatifs au Nigéria pour le Colonial Office. Son œuvre principale, The Dual Mandate in British Tropical Africa, fut publiée en 1926.