Franc-maçonnerie en Suisse

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La franc-maçonnerie est présente en Suisse depuis 1736. De nos jours quelques 4700 francs-maçons et plus de 300 francs-maçonnes s'y répartissent entre plusieurs obédiences.

Sommaire

[modifier] Histoire

"Dans un pays parlant 4 langues, carrefour de civilisations, constitué politiquement par une Confédération de 23 cantons (dont 3 sont divisés en demi-cantons), où chacun a ses lois particulières, la franc-maçonnerie ne pouvait présenter un développement homogène." [1]

En 1736, quelques Anglais fondent, avec des Genevois, une Loge appelée "Société des Maçons Libres ou Franc-Maçons du Parfait Contentement". Ils fondent ensuite "La Parfaite Union des Etrangers" à Lausanne. D'autres Loges se constituent dans le Canton de Vaud et se regroupent en un Directoire Helvétique Romand qui sera contraint à une semi-clandestinité par le gouvernement de Berne de 1743 à 1764. En 1740 est fondée "La Concorde" à Zürich, en 1743 "Les Trois Etoiles Flamboyantes" à Neuchatel et en 1744 une autre Loge à Bâle.

En 1745, bien qu'il fut prouvé qu'il ne se passait "dans les 6 Loges genevoises rien de contraire à la religion et aux intérêts de l'Etat", les syndics firent "défense à tout Genevois, sous peine de cent écus et de la prison, de s'incorporer à ces sociétés, un sage gouvernement ne pouvant tolérer le secret dont elles s'entourent." Cette interdiction n'eut pas de suites durables.[2]

En 1769, une dizaine de Loges se regroupent pour former la "Grande Loge de Genève". Dix autres les rejoignent peu après. Quelques ateliers demeurent cependant encore quelque temps sous l'égide de la Grande Loge de Londres. En 1779, le Grand Prieuré d'Helvétie se constitue en puissance maçonnique indépendante.

Suite à l'établissement d'un régime militaire, la Grande Loge de Genève connaît 4 années de demi-sommeil de 1782 à 1786. En 1786, les travaux reprennent et une deuxième obédience voit le jour: le Grand Orient de Genève. Cependant, la vie maçonnique suisse va connaître deux périodes d'arrêt à la suite des événements qui suivront la révolution française, de 1792 à 1802 d'abord, puis, après une reprise importante liée aux Loges militaires de l'armée napoléonienne, de 1813 à 1815.

En 1822, les deux obédiences qui régissent les ateliers symboliques sont la Grande Loge Nationale, à Berne et le Grand Prieuré d'Helvétie. Elles fusionnent en 1842 pour former la Grande Loge Suisse Alpina, les Hauts Grades Rectifiés restant sous l'Egide du Grand Prieuré d'Helvétie.

En 1873, les Hauts Grades Ecossais forment le Suprême Conseil pour la Suisse.

En 1975, le célèbre Convent international de Lausanne réunit onze Suprêmes Conseils qui réaffirment que le Grand Architecte de l'Univers, conçu comme "un principe créateur", est un symbole fondamental du Rite Ecossais Ancien et Accepté et fixe définitivement l'appellation des 33 degrés du Rite.

En 1876, la vie maçonnique s'organise de la manière qui a continué jusqu'à nos jours, autour de 3 principales structures:

  • La Grande Loge Suisse Alpina pour les Loges Symboliques.
  • Le Grand Prieuré Indépendant d'Helvétie pour les Hauts Grades Rite Rectifiés.
  • Le Suprême Conseil de Suisse pour les Hauts Grades du R.E.A.A.

En 1895, un première Loge du Droit Humain, Ordre Maçonnique Mixte, est ouverte à Zurich. La Fédération Suisse du D.H. est installée en 1963. Elle compte environ 320 membres.

En 1937, la franc-maçonnerie suisse est confrontée au fascisme avec l'initiative Fonjallaz, visant à interdire les sociétés secrètes en Suisse. Le 28 novembre 1937 le peuple rejette largement cette initiative.

Après l'installation d'un première Loge féminine, liée à la Grande Loge Féminine de France en 1964, la Grande Loge Féminine de Suisse est constituée en 1976. Elle comptait en 1987 11 Loges et 300 Sœurs.

En 1987, Alpina comptait environ 60 Loges et 3700 membres tandis que la Grande Loge de Suisse, devenue depuis Grand Orient de Suisse, fédérait 14 Loges.

On trouve aussi quelques Loges liées au Grand Orient de France ainsi que des ateliers du Rite de Memphis-Misraïm.

[modifier] Situation actuelle

Voir l'article annexe : Liste d'obédiences maçonniques#Suisse.

[modifier] Maçonnerie dite "régulière"

La maçonnerie dite « régulière », masculine, reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre (qui ne reconnait qu'une seule obédience par pays), est incarnée par la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA). Elle a été fondée en 1844 en tant qu'association selon l'art. 60 du Code Civil Suisse. Elle possède sa propre Constitution, ses statuts et ses règlements.

Si la plupart des Obédiences régulières postulent que pour devenir maçon il faut impérativement croire en « Dieu, Grand Architecte de l'Univers », la GLSA prône la liberté de conscience. Dans ses principes généraux, la GLSA présuppose le travail à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, en affirmant la liberté de conscience, de croyance et de pensée. « Elle respecte toutes les convictions sincères et réprouve toute opposition à la liberté de pensée » (« Principes maçonniques généraux de la Grande Loge Suisse Alpina », art. 4).

[modifier] Maçonnerie dite "libérale"

Pour la maçonnerie suisse libérale « adogmatique », on citera les obédiences suivantes:

Les loges du DH sont des loges progressives, qui travaillent au rite écossais ancien et accepté (REAA). L'origine du DH est française, et de nombreuses fédérations et juridictions sont répandues à travers le monde. Les Loges travaillent soit au G.A.D.L.U ou/et Au Progrès de l'Humanité. Les Loges sont présentes à Lausanne, Genève et au Tessin.

Il est membre fondateur, en 1961 du CLIPSAS (Centre de Liaison et d'Information des Puissances Maçonnique Signataires de l'Appel de Strasbourg).

Il existe en outre en Suisse quelques Loges totalement indépendantes (on les dit parfois « sauvages »), telles la Loge masculine « Humanisme et Lumière », ou la Loge féminine « Perspectives » à Genève.

Les rapports entre les différentes obédiences sont bons et s'établissent à travers les maçons. La GLSA a des rapports cordiaux, quoiqu'officieux, avec la plupart des obédiences non reconnues.

Dans ce paysage maçonnique suisse il faut aussi mentionner la L.U.F., la Ligue Universelle de Francs-Maçons, présente dans plusieurs pays dans le monde. C'est une association fondée en 1905, sans but lucratif, composée de Francs-Maçons actifs, membres d'un atelier et agissant à titre individuel, sans restrictions et indépendamment des Obédiences ou des Ordres maçonniques. la L.U.F. n'est pas une puissance maçonnique ou une fraternelle, c'est essentiellement une plate-forme d'échange inter-obédiencielle visant essentiellement l'amélioration et le développement des relations fraternelles et amicales entre les sœurs et frères du monde entier. La Ligue Universelle de Francs-Maçons (L.U.F.), aspire à créer une action coordonnée en faveur des hommes et des peuples sans aucune distinction de sexe, de race ou de couleur, dans l'esprit désintéressé des Droits de l'Homme et des devoirs de chacun envers ses semblables. C'est un peu l'oecuménisme de la Franc-Maçonnerie avec la fureur qu'on peu imaginer de certaines obédiences intégristes ... C'est que hélas, la Franc-Maçonnerie, comme tous mouvements spirituels humains a ses intégristes de tous bords et de toutes tendances s'imaginant chacun être le seul dépositaire de La Tradition primordiale, ayant tout simplement oublié que c'est à travers toutes les traditions que s'exprime cette Tradition Primordiale. Aussi, faute d'avoir perdu la Règle, il ne leur reste plus que des règlements ...

[modifier] Les rites

De nombreux rites sont pratiqués en Suisse. Au sein de la GLSA, on pratique essentiellement le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), mais on trouve aussi des Loges travaillant au Rite Français (RF), au Rite Emulation (RE), au Rite de Schroeder (RS), et au Rite Ecossais Rectifié (RER).

En principe, une Obédience gère les trois premiers grades d'un rituel (Apprenti-Compagnon-Maître) et peuvent pratiquer différents rites, alors que les Hauts Grades sont pris en charge par des entités bien distinctes (REAA et RER notamment), et ne pratiquent qu'un rite, dont ils sont, si l'on veut bien, les "spécialistes".

[modifier] Voir aussi

[modifier] Ressources bibliographiques

[modifier] Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article

  • Paul Cugnet, Deux siècles et demi de Franc-maçonnerie en Suisse et dans le pays de Neuchâtel, Editions du Chevron, La Chaux-de-Fonds, 1991 (ISBN 2-88251-017-10)
  • Paul Naudon, Histoire générale de la Franc-Maçonnerie, éd. Office du Livre, 1987 (ISBN 2-8264-0107-6)

[modifier] Articles connexes


[modifier] Références et notes

  1. Paul Naudon, Histoire générale de la F.M., PUF, p.143
  2. Paul Naudon, Histoire générale de la F.M., PUF, p.143