Fission spontanée

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La fission spontanée (FS) est une forme de désintégration radioactive caractéristique des isotopes lourds.

Elle est théoriquement possible pour tous les noyaux atomiques dont la masse est supérieure à 100 uma, c’est-à-dire à peu près plus lourd que le ruthénium. Cependant, en pratique, la fission spontanée est observée uniquement pour les noyaux atomiques dont la masse est supérieure à 230 uma, c’est-à-dire à partir du thorium. Les éléments les plus susceptibles de subir une fission spontané sont les actinides les plus massifs, comme le mendélévium et le lawrencium, ainsi que les éléments trans-actanides, tel que le rutherfordium. Mathématiquement, le critère qui détermine si une fission spontanée peut se produire est:

\hbox{Z}^2/\hbox{A}\ge45.

Dans le cas de l’uranium et du thorium la fission spontanée peut se produire, mais seulement pour une très faible proportion des désintégrations radioactives, et est le plus souvent négligée sauf lors de l'utilisation du schéma de désintégration dans la description exacte de l'activité d'un échantillon contenant ces éléments.

Comme son nom le suggère, la fission spontanée possède exactement le même processus de désintégration que la fission nucléaire, au détail près qu’elle se produit sans que le noyau atomique soit frappé par un neutron ou une autre particule. La fission spontanée rejette des neutrons, comme toute fission, ainsi, si la masse critique est atteinte, elle peut engendrer une réaction en chaîne. C’est pourquoi les radio-isotopes dont la désintégration nucléaire par fission spontanée n’est pas négligeable peuvent être utilisés comme source d’émission de neutrons. Le californium-252 (demi-vie de 2,645 années, ratio de fission spontanée de 3,09%) est souvent utilisé pour cet usage. Les neutrons ainsi produits peuvent alors être utilisés dans des applications telles que la recherche d'explosifs lors de la fouille des bagages dans les aéroports, la mesure de l'humidité des sols lors de la construction de routes ou sur les chantiers de construction,la mesure d'humidité des matériaux entreposés en silos.

Tant que les réactions de fission ne conduisent qu'à une diminution négligeable du nombre de noyaux spontanément fissiles, il s'agit d'un processus de Poisson : pour les intervalles de temps très court, la probabilité d'une fission spontanée est proportionelle à la durée de l'intervalle.

La mesure des défauts cristallins causés par la fission spontanée de l'uranium 238 est à la base d'une méthode de datation absolue.

[modifier] Taux de fission spontanée

Taux de fission spontanée[1]:

Nucléide demi-vie Prob. de fission par désintégration (%) Neutrons par fission Neutrons par (g.s)
235U 704x106 ans 2.0x10-7 % 1.86 3.0x10-4
238U 4.47x109 ans 5.4x10-5 % 2.07 0.0136
239Pu 2.41x104 ans 4.4x10-10 % 2.16 2.2x10-2
240Pu 6,569 ans 5.0x10-6 % 2.21 920
252Cf 2.638 ans 3.09 % 3.73 2.3x1012

Dans la pratique, le plutonium-239 contient toujours une certaine quantité de plutonium-240 en raison de l'absorption de neutrons dans les réacteurs; or le taux élevé de fission spontanée du plutonium-240 en fait un contaminant indésirable dans le plutonium de qualité militaire. Ce dernier est donc obtenu dans des réacteurs spéciaux permettant de conserver une quantité de plutonium-240 inférieure à 7%.

En ce qui concerne les bombes A dites par insertion , la masse critique doit être obtenue en moins d'une milliseconde, durée pendant laquelle l'occurrence de fission doit être faible. La seule matière fissile utilisable dans ces bombes est donc l'uranium 235.

[modifier] Notes et références

  1. Shultis, J. Kenneth; Richard E. Faw (2002). Fundamentals of Nuclear Science and Engineering. Marcel Dekker, Inc., pp. 137 (table 6.2). (ISBN 0-8247-0834-2).
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Spontaneous fission ».