Ferdinandea

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ferdinandea
Dessin de l'éruption de 1831 de Ferdinandea
Dessin de l'éruption de 1831 de Ferdinandea
Altitude -8 m
Pays Italie Italie
Massif Empédocle
Type Volcan rouge
Activité Actif
Dernière éruption 30 septembre 1911 ?
Code [1] 0101-07=
Coordonnées géo. 37° 06′ N 12° 42′ E / 37.10, 12.70
Emplacement de Ferdinandea
Emplacement de Ferdinandea

Ferdinandea (également nommé banc de Graham) est un volcan situé à peu-près à 30 km au Sud de la Sicile. À l'heure actuelle, il s'agit d'un mont sous-marin dont le sommet n'est qu'à quelques mètres en dessous de la surface de la Méditerranée, mais des éruptions l'ont déjà fait surgir plusieurs fois au-dessus du niveau de la mer par le passé avant qu'il soit à nouveau submergé.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le sommet de Ferdinandea se situe par 37° 6' de latitude Nord et 12° 42' de longitude Est, à mi-chemin entre la ville sicilienne de Sciacca et l'île italienne de Pantelleria.

[modifier] Volcanisme

Ferdinandea est la partie parfois émergée du volcan Empédocle, un volcan qui reste actif, situé près de la frontière entre les plaques africaine et eurasienne. Lorsque la tension entre ces deux plaques augmente, Empédocle peut rentrer en éruption. Comme le sommet du volcan ne se trouve qu'à quelques mètres, ou quelques dizaines de mètres de la surface, il peut parfois émerger. Jusqu'à présent, une fois l'activité sismique passée et la pression exercée entre les deux plaques dissipée, le volcan est toujours redescendu en dessous du niveau de la mer.

Le phénomène n'est pas isolé. En 1967, l'île de Surtsey a émergé au large des côtes de l'Islande et est désormais haute de 170 m.

[modifier] Histoire

Les plus anciennes mentions d'éruptions sous-marines dans la zone de Ferdinandea remontent à la première guerre punique (entre 264 et 241 av. J.-C.) Il semble que le volcan ait fait surface au moins deux fois entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle.

La dernière apparition du volcan remonte à juillet 1831, lorsque des éruptions portèrent le volcan jusqu'à 65 m au-dessus de la surface, créant ainsi une île de 4 km². Le Royaume-Uni fut la première nation à en revendiquer la souveraineté et la nomma île Graham après avoir planté un drapeau britannique sur l'île le 2 août. Le roi des Deux-Siciles (Naples et Sicile), Ferdinand II de Bourbon, envoya alors des navires vers l'île afin de contester cette revendication et la dénomma île Ferdinandea. Le 29 septembre, un détachement venu de France planta le drapeau français sur l'île et la nomma île Julia. L'Espagne déclara également des ambitions territoriales (sans toutefois y débarquer). En décembre 1831, des navires britanniques ne trouvèrent aucune trace de l'île; les tensions sismiques s'étant relachées, le volcan était redescendu sous la surface, éliminant du même coup des tensions diplomatiques qui auraient pu dégénérer.

Pendant qu'elle existait, l'île fut explorée par plusieurs scientifiques des différents pays. L'île intermittente reçut également la visite de Walter Scott; elle inspira par ailleurs d'autres écrivains, comme Fenimore Cooper (Le Cratère), Alexandre Dumas (Le Speronare) ou Jules Verne (Mirifiques Aventures de maître Antifer et Le Chancellor).

Après une dernière éruption en 1863, le volcan ne fit plus parler de lui pendant plus d'un siècle. En 1925, son sommet était redescendu à 25 m en dessous du niveau de la mer. En 1986 (certaines sources mentionnent cependant 1987), un avion américain bombarda le volcan qu'il avait pris pour un sous-marin libyen.

En 2002, une augmentation de l'activité sismique dans la zone de Ferdinandea conduisit des volcanologues à spéculer sur un éventuel épisode éruptif et une réapparition de l'île. De fait, le sommet du volcan atteignit 8 m sous la surface en 1999 et 5 m en 2002. Plusieurs articles de journaux britanniques et italiens remirent le différend diplomatique au goût du jour et des plongeurs italiens plantèrent un drapeau et scellèrent une plaque (retrouvée brisée plus tard) sur le sommet du volcan, afin de parer à une éventuelle émersion de ce dernier. Cependant, en 2005, aucune activité volcanique n'a été enregistrée et le sommet reste 6 m en dessous du niveau de la mer.

[modifier] Souveraineté

Lors de la précédente émersion de Ferdinandea, l'époque était à la course à la colonisation entre les puissances européennes et l'occupation militaire d'un site était une méthode généralement reconnue de prise de possession.

Depuis, la notion de souveraineté d'un pays sur un territoire s'est précisée et se règle le plus souvent par des accords internationaux. L'occupation militaire d'une île ne garantit plus la reconnaissance de cette souveraineté par les autres nations (c'est le cas, par exemple, dans le problème complexe des îles Paracel et Spratley en mer de Chine). D'autres structures ont été mises en place, comme les différents traités portant sur le droit de la mer, ainsi que la Cour internationale de justice qui a déjà statué sur des différends territoriaux. La pose d'une plaque sur un haut-fond, ou d'un drapeau sur une île, n'est plus perçue comme un moyen légitime de revendiquer un territoire.

En théorie, Ferdinandea pourrait être revendiquée par l'Italie, Malte ou la Tunisie pour des raisons géographiques, voire par le Royaume-Uni ou la France pour des raisons historiques. L'île, en disparaissant sous la mer, n'a du coup pas été occupée depuis plus de 150 ans, ce qui exclut toute revendication basée simplement sur l'antériorité de son occupation.

En pratique, le volcan se situant dans la zone économique exclusive italienne, à l'intérieur même d'un triangle formé par les îles italiennes de Sicile, de Pantelleria et de Lampedusa, il est peu probable que s'il fait surface à nouveau, il donne lieu à d'intenses tractations diplomatiques. D'ailleurs, aucun des pays concernés n'a émis le moindre commentaire à son sujet.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Constant Prévost (1831) : Lettre relatant l'exploration de l'île de Julia. Bulletin de la Société Géologique de France, II, p. 32-36.
  • Société Géologique de France (1831) : Rapport sur les travaux de la société en 1831, p. 236-247.
  • L'île à éclipses : Histoire des apparitions et disparitions d'une terre française en Méditerranée / Bruno Fuligni. - Paris : Les éditions de Paris - Max Chaleil, 2003. - 93 p.-[8] p. de pl. : ill. ; 23 cm. ISBN 2-84621-046-2