Discuter:Félix Amiot

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Félix Amiot (1894-1974) a construit son premier avion à 17 ans et a pris très vite de nombreux brevets. En 1916, il a 21 ans, et le Ministère de la guerre souhaite lui commander des avions, à condition qu’il trouve à financer son entreprise. Pierre et Paul Wertheimer financent aux deux tiers la SECM, Société d’Emboutissage et de Constructions Mécaniques. Pierre en est le président. F. Amiot conçoit et construit des avions qui battent quelques records. En 1929, le gouvernement forme la SGA, Société Générale d’Aéronautique en fusionnant plusieurs avionneurs autour de Lorraine-Dietrich. Les frères Wertheimer et F. Amiot, de même que les actionnaires, récupèrent des dividendes impressionnants. Mais en 1934, c’est la déconfiture. Pour éviter le scandale politico-militaire, l’état autorise Amiot et Dassault (portant encore le nom de Bloch) à racheter l’entreprise à bas prix. F. Amiot et les frères Wertheimer la rachètent pour une bouchée de pain. « De Colombes à Cherbourg [où Amiot dirige les Chantiers aéronautiques de Normandie, CAN], Amiot a des équipes de fer ». Il fait merveille. Ses bombardiers, ses nouveaux modèles, le 370, le 350 et le 340, sont reconnus et admirés par les Allemands. Cependant la collaboration de la SECM et de l’armée se passe mal. Amiot fait quelques erreurs, mais le ministère est aussi responsable de nombreux atermoiements, changement de politique, délais de règlements, diminution brutale de crédits, etc. Aussi, la construction en série posant problème en France,Pierre Wertheimer part en janvier 1939 aux État-Unis avec des plans, pour envisager une usine de montage à la Nouvelle-Orléans. Il y a un malentendu de plus avec le Ministère de l’Air et le projet n’avance guère. A la déclaration de guerre, les frères Wertheimer comprennent le sort qui leur est réservé s’ils restent en France, et ils quittent très vite la France vers le Brésil puis s’installe à New-York. Félix Amiot se charge de veiller sur leurs biens et réussit à faire démobiliser le fils de Pierre, Alain. Le 3 juin 1940, au Bourget, les ateliers et les usines sont bombardés sévèrement . Le 5 juin, c’est le tour de Cherbourg. Le 10 juin, Amiot évacue son personnel (3000 personnes) vers le Sud. Il obtient 3 millions de francs du gouvernement à Bordeaux en contrepartie de ses commandes d’avant-guerre. Il doit rapatrier son personnel à Paris. « Mais j’ai réussi à soustraire le bureau d’études et le maintenir en zone libre », écrit Amiot. Il l’installe précisément à Vichy pour tenter de continuer à récupérer des paiements en retard et se faire financer. Amiot reconstitue une usine à Marseille et soustrait ainsi de nombreux ouvriers au STO. Cette action sera reconnue quand on jugera de son attitude pendant la guerre. Au printemps 1942, des employés d’Amiot cherchent à recréer leur activité. Ils se tournent vers Pierre Wertheimer, devenu administrateur du constructeur aéronautique Bell aux Etats-Unis. La jonction s’avère impossible et ils tentent de constituer une escadrille aux couleurs de la France Libre en Afrique du Nord. F. Amiot finance de sa poche un réseau qui réussira à faire passer une dizaine de personnes en Afrique du Nord et aussi à faire parvenir des renseignements aux anglais. Malheureusement le réseau est démantelé en mai 1943 avec l’arrestation par la Gestapo du responsable, Yves Maurice, à Perpignan.

Cependant F. Amiot a fort à faire pour préserver les intérêts des Wertheimer : il rachète leurs entreprises de parfumerie (ils se disputeront après la guerre au moment de régler les comptes de Bourjois), il fait des faux pour prouver que ces entreprises sont purement aryennes, et il prouve sa bonne volonté en s’associant à la société allemande Junkers Flugzeug und Motorenwerke pour construire 370 avions (commande de 1,2 milliard de francs). [Le musée de l’aviation de Münich confirme que les Junkers Ju 52, AAC 1 Toucan, ont été fabriqués dans les usines Amiot]. F. Amiot aura tout de même quelques ennuis sans lendemains de la part de la Gestapo, en septembre 1942. Mais il peut reprendre la gestion des châteaux, usines, maisons de couture, écuries, etc. des frères Wertheimer et peut, dès la Libération de Paris, recevoir le Général Bradley chez lui, au château de la Boissière-Beauchamps à Lévis-Saint Nom. Il envoie un télégramme triomphal à ses amis Wertheimer. Ils reviennent encore plus riches qu’avant la guerre.

Après la guerre, les frères Wertheimer entament des procédures contre Amiot pour récupérer le maximum. Quant à Félix Amiot, il sort de la guerre en bonne situation financière. Il est quelque peu inquiété, mais s’en sort très bien. Il se consacre à ses Chantiers Navals de Cherbourg, où il travaille pour l'armée autant que pour la plupart des grands navigateurs (de Kersauzon, par exemple). En particulier c’est lui qui construit les vedettes qui furent indûment livrées à Israël, contre l’ordre d’embargo du Général de Gaulle en 1969. Il a alors 75 ans.