Utilisateur:Everhard/histoire et idéologie

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[modifier] Histoire et idéologie

La fin du XXeme siècle, notamment après la chute du mur du Berlin, a été l'occasion d'un étalage de mensonges et de falsifications ayant pour but d'affirmer que le seul horizon possible de l'histoire humaine est le régime de la propriété privée des moyens de production.

Toute une école de pensée réactionnaire s'est formé autours de la prétention hypocrite de comprendre le "sens" de ce siècle, en relégant aux oubliettes de l'histoire les mouvements révolutionnaires porteurs d'un projet d'émancipation sociale et politique. Ceux ci, aux mieux considérés comme des élans "généreux" mais "utopiques", sont bien souvent réduites à des aventures sanglantes, oeuvres de quelques fous fanatiques.

En France, ce courant s'est notamment incarné dans la plume de l'historien François Furet — sympathisant stalinien de 1949 à 1956 et reconverti par la suite à l'économie de marché — ainsi que par les auteurs du Livre noir du communisme qui dédiaient d'ailleurs leur livre « à la mémoire de François Furet, qui avait accepté d'en rédiger la préface ».

Celui-ci reliait d'ailleurs son combat contre l'héritage d'octobre 1917 à celui de la remise en cause de la Révolution française et du jacobinisme. Omniprésent dans les journeaux, à la dévanture des librairies, lors de la célébration du bicentenaire de la révolution, ce chef de file de la contre-révolution idéologique se félicitait alors de « la disparition de la tradition révolutionnaire et jacobine » et du « consensus institutionnel [...] marqué par le ralliement de la gauche à une monarchie républicaine qui concilie l'Ancien régime et la révolution » (France Culture, Les Lundis de l'histoire, 12 décembre 1988).

Sa haine de la démocratie révolutionnaire et sa nostalgie de l'Ancien régime, Furet ne l'a pas caché : « Depuis le 10 août 1792, la Révolution a été entrainée par la guerre et la pression de la foule parisienne hors du chemin tracé par l'intelligence et la richesse du XVIIIeme siècle. Une passion égalitaire est remontée en surface (...). Le monde de la revendication sans-culotte est un monde sans hiérarchie, sans singularité, sans prestige de la fortune ou du talent (...). C'est la révolution des forces obscures, de la misère et de la colère. » (La Révolution française p 253). Assurément, F. Furet donne sa préférence aux salons de l'aristocratie d'ancien régime, lui qui se pique d'adopter des idées nouvelles !

Les réflexions du révolutionnaire Léon Trotsky développées dans Bilan et perspectives (1906) prennent une surprenante actualité :


« Le terme de "jacobinisme" est actuellement une expression péjorative dans la bouche de tous les sages libéraux. La haine de la bourgeoisie contre la révolution, sa haine des masses, sa haine de la force et de la grandeur de l'histoire qui se fait dans la rue se concentre dans ce cri de peur et d'indignation : "C'est du jacobinisme !" Nous, l'armée mondiale du communisme, avons depuis longtemps réglé nos comptes historiques avec le jacobinisme. (...) Nous l'avons soumis à une critique théorique, nous avons dénoncé ses limites historiques, son caractère socialement contradictoire et utopique, sa phraséologie, nous avons rompu avec ses traditions, qui, des décennies durant, ont été regardées comme l'héritage sacré de la Révolution.

Mais nous défendons le jacobinisme contre les attaques, les calomnies, les injures stupides du libéralisme anémique. La bourgeoisie a honteusement trahi toutes les traditions de sa jeunesse historique, et ses mercenaires actuels déshonorent les tombeaux de ses ancêtres et narguent les cendres de leurs idéaux. Le prolétariat a pris sous sa protection l'honneur du passé révolutionnaire de la bourgeoisie. »


L'idéologie n'est jamais gratuite. Le travail des Courtois, Werth, Furet et autres plumitifs sensibles au vent du mensonge qui passe, vise à faire accepter comme seul horizon définitif de l'histoire humaine la propriété privée des moyens de production, la dictature des marchés financiers, les délocalisations, le dépécage de dizaines de nations à travers le monde en Yougoslavie, en Irak, en Palestine, depuis l'annonce de la création d'un « nouvel ordre mondial » par Georges Bush en 1991, avec l'appui de la bureaucratie soviétique, liquidatrice des héritages d'octobre 1917.

Furet — encore lui — avait rédigé peu avant de mourir un texte que son décès a transformé en testament, paru dans Le Monde (23 septembre 1997), intitulé L'énigme française. On y lisait :

« Le capitalisme est victorieux, devenu même l'horizon unique de l'humanité.» La France y est selon lui confrontée à deux grands problèmes : « Le premier d'entre eux, la construction européenne, trop complexe ou trop explosif pour fournir un sujet électoral, continue à être réservé aux élites (...). Le deuxième des grands problèmes français (est) le chômage (...). Mais comme le remède en ce domaine passe avant tout par une diminution du coût du travail et donc par un allègement des dépenses sociales (...), cette voie n'est pas facile à mettre en oeuvre ni même à proposer, tant la protection sociale est devenue un tabou dans l'opinion, sans parler des multiples intérêts organisés autours du maintien du statut quo » Tout historien a évidemment le droit d'avoir des opinions politiques, mais le "pragmatisme" de Furet, ou de ceux qui s'en réclament, prend parfois des formes bein étranges.

Les insurgés de Falloujah écrasés sous les bombes de l'armée américaine, les paysans sans terre brésiliens occupant les Latifundias, les ouvriers chinois en lutte contre le talon de fer des multinationales et de leurs vassaux du PCC, l'immense déferlement des travailleurs et étudiants français contre le CPE en mai 2005... des millions d'hommes et de femmes se battent chaque jour pour refuser que le capitalisme soit l'horizon unique de l'humanité.

« Qui contrôle le passé contrôle le présent. Qui contrôle le présent controle le futur » lit-on chez Orwell. L'enchainement idéologique de l'histoire est aussi une arme d'oppression. La défense de l'héritage d'octobre 1917 et de la révolution française — entre autres — prend ici tout son sens.


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