Ermengarde de Tours

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Ermengarde ou Irmingarde de Tours (née en 804 en Alsace, décédée le 20 mars 851) est une souveraine du Moyen Âge.

Lothaire II
Lothaire II

Fille du comte Hugues III de Tours et de la Haute Alsace ou Hugo (765-837), un descendant de la maison d'Etichon-Adalric d'Alsace[1], père de sainte Odile, et d'Ava de Morvois.

Le 15 octobre 821, elle épouse à Diedenhoffen, aujourd'hui Thionville, l’empereur Lothaire Ier, fils de Louis le Pieux et petit-fils de Charlemagne. Par son mariage avec Lothaire Ier, la famille d'Etichon-Adalric d'Alsace, s'allia à la dynastie carolingienne.

Sommaire

[modifier] Descendance

Elle aura neuf enfants [2] :

  1. Louis II le Jeune (825-†875), empereur d'Occident de 855 à 875 et roi de Provence de 863 à 875. Épouse Engelberge d'Alsace et a deux enfants dont Ermengarde, qui épouse en mars 876 Boson V de Provence (Bosonides)
  2. Hildrud ou Helletrude (826-†866), épouse du comte Bérenger [3]
  3. Berthe (830-†877), abbesse d'Avenay-Val-d'Or en 847
  4. Ermengarde (830-†849), kidnappée en 846 par Giselbert né entre (826-830), comte de Maasgau qui l'épousa.
  5. Gisla (830-†864), abbesse de San Salvador à Brescia entre 852 et 864 - Décédée le 28 avril 864
  6. Lothaire II de Lotharingie (835-869), marié en 855 à Theutberge[4](répudiée en 860), fille de Boson d'Arles dit le Vieux († ap. 855). Se remarie en 862 avec Waldrade
  7. Rotrude (836-†882), née à Pavie, mariée en 850-51 à Lambert II de Nantes, margrave de Bretagne, comte de Nantes qui meurt le 1er mai 852, puis à Otton II de Lebarten
  8. Charles de Provence (84-†863), roi de Lyon et de Bourgogne transjurane. En janvier 863 rentre au monastère de Saint-Pierre-les-Nonnains de Lyon
  9. Carloman (né en 853), dernier fils de Lothaire Ier considéré comme illégitime

[modifier] Histoire

C'était une femme noble et très pieuse qui fut élevée par sa mère, Ava, dans l'esprit de la religion chrétienne, au milieu d'un monde encore semi-barbare.
Elle passa probablement une grande partie de sa jeunesse au monastère de Sainte-Julie à Brixen, aujourd'hui la ville de Bressanone dans la province autonome de Bolzano au nord de l'Italie (connue aujourd'hui sous le nom de Bressanone) où elle acheva son éducation. À la mort d'Amalperge, elle fut élue pour lui succéder au siège abbatial.
Lorsqu'en 817 Louis le Débonnaire associa son fils aîné Lothaire Ier à l'empire, ce dernier demanda à Ermengarde de lui accorder sa main. Le mariage eut lieu le 15 octobre 821 à Diedenhoffen[5] aujourd'hui Thionville. La cérémonie se déroula en présence de trente-deux prélats et seigneurs, dont l'évêque de Strasbourg Adaloche.
Par la suite Lothaire concéda à son épouse le protectorat de l'abbaye de Brixen, qu'elle défendra toute sa vie. À la mort du vénérable Wala de Corbie, abbé de Corbie et précepteur de Lothaire Ier le 31 août 836, elle fit faire des prières pour le repos de son âme dans son propre monastère de Brixen.
Les premières années de son mariage furent assez heureuses. Mais bientôt éclata la révolte des fils de Louis le Débonnaire contre leur père, suivie de la disgrâce de son époux qui avait trempé dans la conjuration. Elle fut aussi chagrinée par le divorce et le mariage coupable de son fils Lothaire II de Lotharingie avec la fameuse Waldrade et le rapt de sa fille Ermengarde (846) par Gislebert de Maasgau, comte de Hainaut.
Au milieu de ces tribulations et de ces épreuves, elle poussa sa patience et sa résignation jusqu'à l'héroïsme. Par sa gentillesse et sa douceur, elle parvint à gagner le cœur de son époux et à adoucir son caractère, comme en témoigne plusieurs diplômes qu'il fit sur les instances de son épouse.
Plus tard en 836, un an avant le décès de son père Hugues III, Ermengarde reçoit de celui-ci en accord avec son oncle paternel Leuthard de Sundgau[6] de vastes terres situées en Alsace, dont entre autres Échery au Petit Rombach[7]. Elle y fera construire un petit sanctuaire[8]qu'elle remettra en pleine plénitude à l'abbaye de Gorze avec l'approbation de Lothaire Ier. L'appartenance de ses biens à l'abbaye de Gorze sera confirmée plus tard par Lothaire II de Lotharingie son fils dans un diplôme envoyé de Strasbourg le 15 octobre 859 [9]. En 849, la pieuse princesse fonda l'abbaye d'Erstein, fondation que Lothaire Ier reçut en 817 de son père Louis le Pieux par un diplôme daté de Remiremont et qu'il accorda à son épouse. Le diplôme de la fondation de l'abbaye d'Erstein par Ermengarde signé par l'empereur Lothaire Ier ne laisse aucun doute sur la paternité de sa création. Cette bulle manuscrite contresignée par le pape Léon IV se trouve dans les archives de la ville de Strasbourg .Ermengarde se retira ensuite dans ce monastère, oubliant les angoisses qu'elle avait éprouvées, et y mourut le vendredi saint, soit le 20 mars 851[10] Ses restes mortels furent inhumés dans l'église abbatiale. Raban Maur, archevêque de Mayence, composa l'épitaphe qui se voyait encore avant la Révolution incrustée dans la pierre, et qui fait l'éloge de ses vertus et retrace, en même temps les bienfaits en faveur de cette abbaye. L'annaliste de Saint-Bertin, ad ab. 855 lui donne le nom de reine très chrétienne, Ermengarda christianissima regina. À sa mort, c'est la fille cadette d'Ermengarde qui sera nommé abbesse de l'abbaye d'Erstein.

[modifier] Notes et références

  1. surnommé quelquefois Attic, Athic, Hetti
  2. Les historiens ne sont pas d'accord sur le nombre d'enfants qu'a eu Ermengarde. Parmi les filles on connaît principalement : Berthe, Ermengarde, Gisèle, et Rugrude, qui est peut-être la même que Helletrude, ou Hildrud, femme du comte Beranger
  3. Le Gendre : Histoire de France, tome 8, p.41
  4. Theutberge est décédée vers 875 à l'Abbatiale Sainte-Glossinde de Metz à l'âge de 35 ans.
  5. Diedenhoffen nom allemand de Thionville
  6. comte de Sundgau, époux de Grimilde, issue du sang royal de Bourgogne, mort en 830. Il n’est pas le père de Girart de Roussillon, qui est le fils de Leuthard Ier, comte de Fézensac, puis comte de Paris (816) et un membre de la famille des Girardides. Mais il est le père d’Otbert, évêque de Strasbourg
  7. D'après les Annales de Saint-Bertin. Charte de Vézélai
  8. Les Annales de Saint-Bertin et la Charte de Vézélai affirment que c'est Hugues III en l'an 836 qui fonda un sanctuaire à Belmont ou Echéry dans la vallée de la Liepvrette
  9. Ce diplôme est considéré comme un faux par Robert Parisot et Christian Pfister. Ce faux a été fabriqué de toute pièce d'après eux par Jérôme Vignier pour faire coïncider la famille d'Etichon à Girart de Roussillon et aux ducs de Lorraine du 10e siècle
  10. Les auteurs de la Gallia christiana fixent à l'année 840 la fondation de l'abbaye d'Erstein par Ermengarde. Le diplôme de l'empereur Lothaire Ier prouverait plutôt qu'on doit la placer à l'année 849, tout comme les annales de Saint-Bertin, Guillimann et Albrecht

[modifier] Bibliographie

  • Bernhard, J. - Histoire de l'abbaye et de la ville d'Erstein, 1883
  • Grandidier A.P : Œuvres historiques inédites, Colmar 1865 - 6 volumes
  • Grandidier André Philippe : Histoire de l’Église et des princes-évêques de Strasbourg, jusqu'à nos jours - 2 tomes, Strasbourg 1776, Imprimerie François Levrault
  • Grandidier A.P. - Histoire ecclésiastique, militaire, civile et littéraire de la province d'Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzi et Schulerii (tome I) et Levrault (tome II)
  • Parisot, Robert : Le Royaume de Lothaire sous les Carolingiens, Paris, 1899, Alphonse Picard et fils éditeurs
  • Perny, Guy : Aldaric, duc d'Alsace, Jérôme Do Bentzinger Editeur, Colmar, 2004 ISBN 2 84960 023 7
  • Pfister, Christian : Le Duché mérovingien sous les Carolingiens, Annales de l'Est, 1888,1889, 1892, Nancy
  • Sitzmann, Édouard : Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace, Rixheim, 1907, Imprimerie F. Sutter & Cie, 2 volumes
  • Vignier, Jérôme : La Véritable Origine des très illustres maisons d'Alsace, de Lorraine, d'Autriche, de Bade et de quantités d'autres, Paris, 1649