Enfance (Nathalie Sarraute)

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Enfance est une autobiographie écrite par Nathalie Sarraute (1900 - 1999), publiée en 1983.

Nathalie Sarraute, y raconte, sous forme d'un dialogue avec elle-même, ses souvenirs d'enfance. Cette période est déchirée entre ses parents, divorcés, et entre la Russie et la France. N. Sarraute essaye d'être aussi sincère que possible, et son roman s'avère être une sorte d'introspection où elle s'interroge sur la véritable nature de sa mère, froide et distante, et qui finit par l'abandonner complètement à l'adolescence. Toutefois, elle explique qu'elle renoue ses liens avec sa mère vers la fin du livre.

Sommaire

[modifier] Étude du livre

On assiste dans le livre à un dédoublement du personnage : entre deux parents, entre deux cultures (russe et française), entre deux personnages: Nathalie et sa propre conscience, et entre deux langues. Le livre relate les souvenirs d’enfances de l’auteur. Il n’y a pas de récit rétrospectif organisé selon une logique temporelle mais le livre nous expose les souvenirs d’enfance de l’auteur selon la perception de l'enfant, les souvenirs apparaissent dans l’ordre dicté par les sensations de l’enfant.

Le but de cette autobiographie selon Nathalie Sarraute est de "décrire comment nait la souffrance qui accompagne le sentiment du sacrilège". Sarraute veut retrouver les sensations éprouvées au moment où est remis en question le mensonge originaire, celui de la beauté de la mère.

Elle rencontre différents problèmes de mémoire :

  • L’oubli : On peut le voir dans les verbes (savoir, se souvenir…) à la forme négative, dans les adverbes (probablement, peut-être…).
  • L’imprécision du souvenir : Le narrateur introduit des descriptions qu’elle appelle «morceaux de préfabriqué».
  • Les vides (lacunes du souvenir) : Visibles dans les espaces blancs, piétinements de la phrase, répétitions des mots.

Un autre problème se pose : Comment reconstituer cette enfance ? Nathalie Sarraute recherche les réactions (les tropismes) de l’enfant face à un stimulus extérieur. Elle veut donc atteindre les réactions profondes et cachées de cet enfant. Le tropisme est la réaction développée face à un stimulus ou à une force extérieure. Les tropismes sont retranscrits par des images et des descriptions, ils peuvent êtres heureux ou malheureux. Ils permettent d’aller au fond de l’individu et de faire renaître les sensations de l’enfant.

La relation avec la mère est constituée d’une alternance de fusion et d’éloignement. Le père est moins présent mais plus important pour l’enfant. Sarraute ressent dans sa narration l’influence de Sigmund Freud et de Berçant. Chez l’enfant c’est la sensibilité qui prime et non la réflexion. L’enfant n’est pas encore influencé par la culture et par la réflexion, l’enfance est une période où l’homme est pur et s’approche du monde de façon naturelle.

Il y a par ailleurs dans le livre deux notions du temps : le temps du souvenir et le temps de l’écriture (le temps de l’histoire) :

  • Le temps du souvenir : Il est lié à la perception de la conscience enfantine, l’enfant dilate les événements qu’il juge importants et rétracte les autres. Il y a ainsi des ellipses temporelles quand l’enfant ne se souvient pas ou banalise certains faits.
  • Le temps de l'écriture : Il est rattaché à la double voix et à son rôle. Il y a une dilatation, un grossissement du temps là ou il y a nécessité de réfléchir ou d’approfondir.

Les temps verbaux qui apparaissent le plus souvent dans l’ouvrage sont : le présent (temps principal), l’imparfait et le passé composé. Le temps du souvenir est le présent, l’imparfait et le passé composé sont rattachés à la deuxième voix : ils permettent de prendre du recul. L’imparfait est itératif : il exprime une habitude. Le discours indirect libre est celui du narrateur qui rapporte le souvenir : il permet en effet d’atteindre les souvenirs les plus profonds de l’enfant.

Dans la deuxième partie de l’ouvrage l’enfant se développe et apparaît l’idée de la temporalité. Le langage a d’abord un rôle répressif chez l’enfant mais ensuite il devient un rempart, un refuge. C’est finalement à l’école qu’elle apprendra sa « vraie » langue : le français qui va lui permettre de construire son identité et de mettre fin à sa division entre plusieurs langues et cultures. La langue est très importante dans l’autobiographie : un langage conventionnel ne peut pas exprimer les sentiments de l’enfant, la recherche sur les mots et sur le style devient donc très importante et permet d’approfondir la compréhension des sentiments de l’enfant et du monde en général.

Le style est déterminé par le langage et par la construction de la phrase et de l’œuvre : le style doit représenter le but de l’œuvre. On trouve une juxtaposition des phrases à travers les virgules qui représente le travail de la mémoire et du souvenir et nous montre la fragmentation de la pensée. Le but du style est de montrer le travail de la mémoire à travers la juxtaposition, la coordination… Les phrases sont simples. Ces choix reproposent le mouvement de la pensée et de la mémoire qu’un langage conventionnel ne pourrait pas représenter. Les énumérations servent à approcher un concept en utilisant plusieurs mots pour mieux l’atteindre : c’est une recherche du mot idéal.

[modifier] Résumé du livre

  • Tout au long du récit le lecteur se trouve face à une écriture fragmentée qui marque l'hésitation de Sarraute
  • Nathalie Sarraute passe des vacances avec son père dans un hôtel. Elle veut obstinément respecter la consigne de sa mère qui lui a dit de mâcher ses aliments jusqu'à ce qu'ils soient aussi liquides qu'une soupe. La petite fille est alors critiquée par les autres enfants mais refuse de tromper sa mère.
  • Elle retrouve sa mère à Paris. On a une observation de la mère selon le point de vue de l'enfant.
  • Elle raconte sa vie à Paris. Les promenades avec la bonne pour aller au jardin du Luxembourg.
  • Episode de l'opération des végétations de Nathalie Sarraute et la venue de sa grand-mère paternelle.
  • Elle exprime le caractère autoritaire de sa mère
  • L'enfant veut que sa maman ait un autre bébé, épisode plutôt drôle et attendrissant étant donné la candeur de la fillette, qui pense que sa mère doit seulement avaler de la poussière...
  • Voyage vers la Russie (Kamenetz-Podolsk), chez son oncle Gricha Chatounovski. La 2e instance réapparaît car elle doute de nouveau dans le récit de son enfance (les beaux souvenirs ne lui conviennent pas). Elle raconte tout de même la vie avec sa mère en Russie. Elle y collectionne et a une passion pour les flacons de parfum qu'elle perd juste après son départ. Elle enchaîne en nous racontant un moment où elle était malade et où elle a pu profiter de sa mère qui s'occupait un peu plus d'elle, notamment lorsque sa mère lui lisait des livres.
  • Elle est à la maison d'Ivanovo avec son père. Elle a beaucoup d'affinités avec son père. Elle y passe de bons moments, joue avec la neige et apprécie la lecture d'un livre qu'on lui a offert. On lui offre aussi une poupée qu'elle n'aime pas beaucoup parce qu'elle est trop rigide. On a alors une vision du père plus en détail toujours selon le point de vue de la fille. Elle passe Noël avec son père et a un premier contact avec sa belle-mère, Véra.
  • Nathalie Sarraute et son père vont chez les parents du père, et la petite fille est étonnée par la violence qu'il a eue lorsqu'il leur a parlé (la petite fille a exagéré en fait la réaction du père) et ne profite donc pas du séjour avec ses grands-parents.
  • Nathalie Sarraute est à Paris avec son père et se promène dans le jardin du Luxembourg ( à Paris) .
  • Elle joue à un jeu où il faut attraper des anneaux mais se crispe trop et rate. On voit alors le caractère de Nathalie Sarraute qui n'arrive pas à jouer comme les autres enfants.
  • Elle est dans un mariage mais elle ne trouve pas sa place avec les grands et adopte alors un déguisement de bébé.
  • Elle arrive alors rue Boissonade ,juste après ;la fiancée de son père arrive et danse avec la petite fille qui rit beaucoup.
  • Elle est encore au Luxembourg avec son père et sa fiancée et tout à coup ressent une joie intense qui l'envahit et qui l'emplit mais elle n'arrive pas à trouver les mots pour exprimer ce sentiment.
  • Elle se promène avec sa mère lorsqu'elle voit une poupée dans une vitrine. Elle annonce alors à sa mère : Elle est plus belle que toi! . C'est alors la rupture entre sa mère et sa fille.
  • Sa mère va la laisser chez son père et lorsqu'elle lui demandera si elle souhaite retourner avec elle, cette dernière refuse et décide de rester chez son père.
  • Véra annonce à Natalie que sa mère l'a abandonné.
  • Elle s'amuse à faire le service dans le restaurant que tenait les parents de l'une de ses amies. Elle ne joue pas à des jeux comme les autres enfants.
  • Elle nous raconte les plaisirs qu'elle éprouve lorsqu'elle écrit son chagrin ; l'écriture semble venir d'ailleurs . . .
  • Sa belle mère attend un enfant, elle est malade à la suite de l'accouchement.
  • A l'arrivée du bébé à la maison, Nathalie Sarraute se retrouve dans une petite chambre, sans qu'on l'ai prévenue avant.
  • La grande chambre est réservée au bébé. Elle se sent rejetée.
  • Lili, l'enfant de Vera, obtient un traitement de faveur de la part de celle-ci, on lui donne de la cervelle ou des bananes que l'on refuse à Nathalie.
  • Elle est troublée par la perspicacité de Vera dans l'épisode du pot de fleurs. Elle rencontre Ivgin le fils de Teübe, ami de son père.


[modifier] Extraits : Incipit du livre

- Alors tu vas vraiment faire ça ? « Evoquer tes souvenirs d'enfance »... Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les seuls mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »... il n'y a pas à tortiller, c'est bien ça.

- Oui, je n'y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi...

- C'est peut-être... est-ce que ce ne serait pas.. on ne s'en rend parfois pas compte... c'est peut-être que tes forces déclinent...

- Non, je ne crois pas... du moins je ne le sens pas...

- Et pourtant ce que tu veux faire... « évoquer tes souvenirs »... est-ce que ce ne serait pas..."

- Et tout s'est effacé, dès le retour à Paris chez ma mère ... tout a repris cet air d'insouciance...

[modifier] Liste des personnages présents dans le livre

  • son père
  • sa mère, nouvelle Mme Boretzki
  • Véra, sa belle mère
  • M. et Mme Florimond
  • Le professeur Lesage
  • Sa grand mère paternelle
  • Claire Hansen
  • Lucienne Panhard
  • Alexandra Karlovna
  • Gricha Chatounovski, son oncle
  • Sa grand mère "babouchka"
  • Sa tante, la femme de Gricha
  • Son oncle Iacha
  • Micha, son ami
  • Mme Agafonoff, la mère de Micha
  • M. Agafonoff, père de Micha
  • Lola, la plus jeune de ses cousines
  • Pétia, frère de Lola donc son cousin
  • Son grand père paternel
  • M. Ivanov, ami de son père
  • Kolia, le nouveau mari de sa mère
  • Gacha, la bonne de sa mère
  • Korolenko, ami d'enfance de sa mère
  • Hélène, sa demie soeur, fille de Véra,mais surnommée Lili
  • Adèle, qui s'occupe d'Hélène
  • Pierre, fils de M. Laron
  • M. et Mme Péréverzev, dentiste

[modifier] Lien externe