Emmanuelle Paradis

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Emmanuelle Paradis est une ancienne syndicaliste étudiante qui a notamment été vice-présidente de l’UNEF-ID, un syndicat étudiant qui s’est fondu dans l’actuelle UNEF. Elle a joué un rôle central dans le processus qui a conduit au renversement de majorité de ce syndicat en 1994.

Sommaire

[modifier] Les premiers engagements

En 1985, Emmanuelle Paradis commence des études d’histoire à l’Université Paris X Nanterre. Rapidement, elle adhère à l’UNEF-ID. L’année suivante, en 1986, le gouvernement propose une réforme prévoyant notamment de mettre en concurrence les universités et d’instaurer une sélection à l’entrée de celles-ci. En novembre un mouvement de grève contre le projet Devaquet éclate dans les universités et les lycées. À Nanterre, comme ailleurs, l’UNEF-ID participe à la contestation. Emmanuelle Paradis, toute jeune militante, s’implique dans l’organisation de la grève. En décembre, après le décès d’un étudiant : Malik Oussekine victime de la violence policière, et des manifestations de masse, le projet Devaquet est retiré. En 1987, Emmanuelle Paradis est élue au conseil d’administration de son université et devient présidente de son AGE, l’UNEF-ID de Nanterre.

[modifier] Au bureau national, du suivi des AGE au secrétariat général

Le congrès de 1987 décide de mettre en avant une nouvelle génération issue du mouvement contre le projet Devaquet. Emmanuelle Paradis qui s’est fait remarquer à Nanterre entre alors au Bureau national (BN). Elle s’occupe de la coordination des AGE de la région parisienne, puis de celles de province. Cette expérience lui donne une bonne connaissance du fonctionnement du syndicat. Aussi, lorsqu’en 1991, Philippe Campinchi remplace Christophe Borgel à la tête de l’UNEF-ID, le nouveau président la nomme secrétaire générale. Cette promotion est aussi, en interne, un signe d’ouverture vers l’aile gauche de la majorité, qu’Emmanuelle Paradis incarne.

[modifier] Une militante de l’aile gauche

Emmanuelle Paradis est en effet l’une des représentantes de l’aile gauche de la majorité. Cette particularité se caractérise par un certain nombre de prises de position parfois en contradiction avec l’orientation proposée par le président. En la matière, la première affaire importante est, en 19901991, la guerre du Golfe. Alors que la majorité peine à trouver une ligne claire, hésitant entre rejet de l’impérialisme américain, donc de la guerre, et la nécessité de réalisme politique et géopolitique, Emmanuelle Paradis prend clairement position contre la guerre.

Mais de manière générale, c’est l’orientation du syndicat qui commence à poser problème à Emmanuelle Paradis. C’est notamment vrai lors de la préparation du congrès de 1991 et la présentation du texte Muter par Christophe Borgel. Pour lui, il faut ouvrir une nouvelle page du syndicalisme plus axée sur le réformisme et la cogestion que sur l’offensive. Ce glissement doctrinal provoque des remous dans l’aile gauche. Finalement, après quelques concessions, le texte est accepté. Mais à partir de ce moment là, Emmanuelle Paradis et ses proches se considèrent comme un groupe de pression, sans existence officielle, qui à l’intérieur même de la majorité veille au respect d’un minimum d’activité clairement syndicale.

La troisième crise de confiance entre la secrétaire général et le président s’avère beaucoup plus grave. Elle a lieu en 1992, lors du mouvement contre la réforme pédagogique proposée par Lionel Jospin alors ministre de l’éducation nationale. Encore une fois, la majorité se divise. Pour Emmanuelle Paradis, les choses sont très claires. L’UNEF-ID est un syndicat étudiant, il doit donc être avec les étudiants en lutte. Au contraire, l’aile réformiste refuse de s’opposer directement à une réforme qu’ils estiment intéressante sur plusieurs aspects. Ils souhaitent donc pousser le ministre à négocier sans passer par la grève. L’aile gauche tente alors de bloquer toute prise de position officielle qui risquerait de discréditer les militants de l’UNEF-ID engagés dans le mouvement. Pour les contourner Philippe Campinchi prend l'initiative de créer une deuxième coordination, qui appelle à une pause et à des négociations. Cette décision, prise sans avoir consulté l’ensemble du Bureau national et notamment la secrétaire générale, fragilise dangereusement l’unité de la majorité.

Politiquement Emmanuelle Paradis se démarque aussi du reste de la majorité alors dominée par les cambadélistes. En effet, elle participe, dès juin 1992, au mouvement Refondation[1]. Il s’agit d’une sorte de club de réflexion politique, fondé un an plus tôt par des communistes refondateurs, des socialistes contestataires ainsi que des militants associatifs et syndicalistes. Le but de Refondation est de poser les bases d’un nouveau programme unitaire clairement ancré à gauche.

[modifier] La rupture avec la majorité

Au cours de l’année 1992, l’aile gauche emmenée par Emmanuelle Paradis et David Rousset, en rupture de plus en plus évidente avec la majorité, décide de scissionner. Mais avant, elle souhaite se donner le temps de la réflexion et donc proposer une alternative réfléchie et cohérente. Ce processus va aboutir à l’écriture du Texte rouge, de son vrai nom « Indépendance et action : pour un syndicalisme de transformation sociale ». Tout est dit dans le titre, et dans la couleur de la couverture, rouge. Les dissident veulent retrouver ce qu’ils appellent les « valeurs syndicales », c’est-à-dire l’indépendance politique, l’action sur le terrain qui passe par la contestation et le mise en avant de « revendications unifiantes », le tout devant permettre une transformation sociale favorisant l’égalité des chances[2]. La scission doit être officialisée au Collectif national (CN) de janvier 1993. Mais le président qui a eu vent de l’affaire annule le CN. Cela n’empêche pas les contestataires de se réunir quand même et de présenter aux militants présents le programme de la Tendance indépendance et action. Rapidement les différentes tendances d’opposition rejoignent ce premier groupe et forment ensemble la Tendance indépendance et démocratie (TID).

[modifier] La vice-présidence

Le congrès suivant s’annonce donc particulièrement tendu et une victoire de l’opposition n’est plus à exclure. Pendant tout ce processus Emmanuelle Paradis joue un rôle central, au point qu’elle est désignée pour concourir au poste de président, si l’opposition venait à l’emporter. Aussi, lorsque le congrès de Clermont-Ferrand s’ouvre, rien n’est joué même si Philippe Campinchi semble avoir sauvé sa place. Le résultat du vote des adhérents est si serré que la majorité est obligée de composer avec l’opposition. Celle-ci obtient un renforcement des ses positions au BN et à la Commission de contrôle. De son coté, Emmanuelle Paradis échange le secrétariat général contre la vice-présidence. Mais si cet accord de gestion permet de sauver l’essentiel, l’unité de l’UNEF-ID, en revanche il plonge le syndicat dans de nouvelles luttes intestines.

L’année 1994 va marquer le déclin de la majorité. Le syndicat retrouve tout juste un semblant d’unité pour lutter contre le Contrat d'insertion professionnelle (CIP) dit « SMIC jeune » d’Édouard Balladur. En interne, face à la défection de la Tendance reconstruire, le président annonce son départ du syndicat et convoque un congrès anticipé. L’opposition remporte le congrès de Paris, mais Emmanuelle Paradis décide de ne pas briguer une nouvelle fois la présidence pour laisser la place à une nouvelle équipe. Pouria Amirshahi est donc élu président de l’UNEF-ID.

[modifier] Après l’UNEF-ID

Après le renversement de la majorité, Emmanuelle Paradis se retire des instances nationales du syndicat pour se consacrer à la fin de ses études, un DESS d’ingénierie pédagogique. Elle travaille depuis dans le secteur de la formation professionnelle. Malgré quelques activités militantes, comme à la fondation Copernic, elle n’exerce plus de responsabilités syndicale ou politique.