Emily Carr

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Emily Carr (13 décembre 1871 - 2 mars 1945) fait partie des artistes les plus fameux du Canada. Ses peintures ont pour thèmes principaux les forêts de sa région, la Colombie-Britannique, et l'art totémique des autochtones (qu'on appelle aujourd'hui les "First Nations").

La Galerie d'art de Vancouver possède une importante collection de ses œuvres. Cette femme peintre part en France en juillet 1910 avec sa sœur Alice, qui lui sert d'interprète, munie d'une lettre d'introduction à Henry Phelan Gibb, peintre anglais et membre du cercle de Gertrude Stein, Matisse, et Picasso. Elle apprendra de lui les techniques de Signac et des fauves, mais ne comprend encore le cubisme.

Elle s'inscrit d'abord à Paris à l'académie Colarossi, puis avec John Ducan Fergusson à l'atelier Blanche. Mais elle tombe malade et est obligée de quitter Paris pour sa santé. Durant l'été 1911, elle apprend que Gibb va donner des cours de peinture de paysage dans la nature; elle s'inscrit et vient s'installer à Crécy en Brie avec lui. Elle y réalisera de nombreuses toiles, dispersées dans des collections particulières ou des musées au Canada (Vancouver).

Après son retour au Canada en 1912, elle conçut un projet ambitieux - faire une collection de peintures de tous les villages autochtones de la côte nord-ouest avec leurs mâts totemiques. Elle s'était interessée depuis quelque temps au sort des autochtones dont les territoires étaient envahis de colons britanniques depuis l'achèvement de la construction du chemin de fer à travers le Canada (Canadian Pacific Railway) en 1886. En 1912 elle fit un grand voyage parmi les Kwak'waka'wakw, les Haida et les Tsimshian. Cela lui permit de monter une exposition d'à peu près deux cents toiles et esquisses avec lesquelles elle voulait réapprendre à la population locale à respecter l'héritage et les traditions des autochtones.

Comme elle était en avant de son temps elle n'eut aucun succès, et fût obligée pendant les années qui suivirent de gagner sa vie à louer des chambres d'hôte, à élever des chiens, et à faire de la poterie. Sa carrière se rétablit en 1927 quand la Galerie Nationale du Canada revendique l'art traditionnel des autochtones. Emily Carr fut alors invitée à participer à une exposition à Ottawa, Toronto, et Montréal qui vise à faire des liens entre l'art autochtone et celui des peintres modernes du Canada, menés par le Groupe des Sept, pour établir un patrimoine national. Pendant quelques années elle peindra les totems avec un style cubistique qui transmet leur pouvoir de perturber et communique ce qu'elle conçoit, de sa position de colon, être la tragédie de leur prochaine disparition.

Après 1932, elle se voue a créer des paysages de forêt, mer et montagne avec une ligne rythmique et calligraphique. Comme son voisin et collègue américain, Mark Tobey, qui l'a beaucoup encouragée, elle s'ouvre à la stylisation de l'art autochtone et au pinceau fluide de l'art chinois. Elle reste fidèle, néanmoins, à la vision de Lawren Harris, chef du Groupe des Sept, que la peinture de paysage est destinée a donner un sens d'identité nationale aux Canadiens, et que ce sens comprendra la spiritualité.

Pendant ses dernières années elle écrivit plusieurs livres autobiographiques pour réfléchir sur ses expériences parmi les autochtones (Klee Wyck, publié en 1941), et sur sa carrière d'artiste, et sur le développement rapide de la société de la Colombie-Britannique depuis la période des pionniers; plusieurs d'entre eux ont été traduits en français.