Edwy Plenel

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Edwy Plenel lors des Assises du Journalisme à Lille en mai 2008
Edwy Plenel lors des Assises du Journalisme à Lille en mai 2008

Edwy Plenel, de son nom complet Hervé Edwy Plenel, est un journaliste politique français, né le 31 août 1952 à Nantes (Loire-Atlantique). Il a été le directeur de la rédaction du quotidien Le Monde de 1996 jusqu’à sa démission volontaire en novembre 2004. En désaccord avec les orientations prises par le journal et le groupe dirigés à l'époque par Jean-Marie Colombani et Alain Minc, il quitte Le Monde le 31 octobre 2005 après y avoir travaillé durant vingt-cinq ans.

Sommaire

[modifier] Biographie

Fils du vice-recteur de la Martinique Alain Plénel, connu pour ses engagements humanistes et anti-colonialistes, il passe l'essentiel de son enfance dans cette île des Caraïbes, qu'il quitte en 1962. Après une étape en région parisienne, il vit à partir de 1965 en Algérie, termine à Alger sa scolarité et y commence ses études universitaires.

De retour en France et arrivé à Paris en 1970, il rejoint la Ligue communiste révolutionnaire et en 1976 il est journaliste (sous le pseudonyme de Joseph Krasny) dans l’hebdomadaire de la LCR Rouge qui devient quotidien pour une courte période. Après son service militaire, il s’éloigne de la LCR et entre au Monde en 1980. Son livre Secrets de jeunesse (2001) revient sur une jeunesse militante qu'il n'a jamais reniée.

D'abord spécialiste au Monde des questions d'éducation, il s'y fait remarquer, à partir de 1982, par ses enquêtes, tout en assurant la rubrique « police » du quotidien. Ses révélations sur la plupart des affaires de la présidence de François Mitterrand en feront une figure du journalisme indépendant et critique. Cette indépendance lui vaudra nombre d'inimitiés et beaucoup d'adversité. Jusqu'en 1994, soit pendant une quinzaine d'années, il travaille à l'écart du monde journalistique parisien, en solitaire ou en tandem – essentiellement avec Bertrand Le Gendre, puis Georges Marion. L'élection de Jean-Marie Colombani à la tête du Monde qui, à l'époque, était simplement un journal et non pas un groupe de presse, va l'amener, malgré ses réticences, à accepter des responsabilités. Principal animateur de la nouvelle formule du Monde sortie en 1995, il devient directeur de la rédaction en 1996. Jusqu'en 2003, sous sa direction, les ventes du quotidien ne cesseront d'augmenter, hissant Le Monde à un niveau qu'il n'avait jamais atteint depuis sa création en 1944, celui de premier quotidien national généraliste, devant Le Figaro[réf. nécessaire]. Jusqu'aux violentes polémiques et à la longue crise provoquée, début 2003, par la parution d'un livre à charge contre les orientations éditoriales qu'il incarnait, l'opinion générale saluait le dynamisme, l'originalité et l'indépendance de sa direction éditoriale[réf. nécessaire]. Depuis, une sorte de « légende noire » s'est installée qui, tout à la fois, le mythifie et le démonise[réf. nécessaire]. Il l'évoque dans la préface de ses Chroniques marranes (2007), sous le titre « Autoportrait ». Il a annoncé en novembre 2007 un nouveau projet de média participatif de qualité sur Internet, MediaPart.

Edwy Plenel est l’une des personnalités victime des écoutes illégales de l’Élysée dans les années 1980. Plenel a été mis sur écoute en raison de ses enquêtes sur la cellule dite antiterroriste de l’Élysée, notamment son implication dans le dévoilement de l’affaire des Irlandais de Vincennes. L’écoute s’est prolongée en 1985 durant l’affaire Greenpeace pour connaître ses sources alors que ses révélations provoquaient la démission du ministre de la défense, Charles Hernu, et du chef des services secrets, l'Amiral Pierre Lacoste. Poursuivis devant la justice, les collaborateurs concernés de François Mitterrand prétextèrent d’une affaire d'espionnage soviétique, le dossier Farewell, pour justifier cette écoute, n’hésitant pas à affirmer que l’ex-trotskiste Plenel travaillait pour la CIA.

Cette calomnie a été reprise sans aucune distance ni précaution par certains journalistes défenseurs de Mitterrand. Le jugement rendu en 2005 par la XVIe chambre du tribunal correctionnel de Paris l’a explicitement balayée et a condamné à des peines de prison avec sursis les quatre responsables de la cellule de l’Élysée pour avoir mis sur écoute Plenel. Ils n’ont pas fait appel de ce jugement. À l’issue de ce procès, Plenel a rassemblé en un volume ses trois livres sur la présidence de Mitterrand (La part d'ombre, Un temps de chien, et Les mots volés), en y ajoutant une analyse du procès des écoutes (Le journaliste et le président, 2006).

S’il a gardé une image de journaliste indépendant ayant tenu tête à Mitterrand, Plenel fut parfois accusé d’autoritarisme dans sa gestion de la rédaction du Monde. La fin de sa carrière à la direction de la rédaction du Monde a été précipitée par les accusations de Pierre Péan et Philippe Cohen dans le livre La Face cachée du Monde, du contre-pouvoir aux abus de pouvoir (Mille-et-une nuits, 2003). Contestant ce réquisitoire, qu'il juge semé d'inexactitudes ou de calomnies, Plenel s’est expliqué dans Procès (2006) où il revient à la fois sur ce livre qu’il qualifie d’« attentat éditorial », sur sa conception du métier de journaliste, sur son engagement professionnel au Monde et sur ses divergences avec les « vrais dirigeants » de ce journal qu’étaient, selon lui, Colombani et Minc.

Plenel a publié plus d'une dizaine d’ouvrages, dont L’effet Le Pen (en collaboration, 1984), La République inachevée sous-titré L’Etat et l’école en France (1985), Secrets de jeunesse (2001), qui a été distingué par le prix Médicis essai, et La découverte du monde (2002).

Après avoir animé sur LCI l’émission Le Monde des idées, Plenel y présente depuis la fin 2005 une autre émission hebdomadaire sur les livres, Entre guillemets. Depuis son départ du Monde, il tient aussi une chronique hebdomadaire sur France Culture (Ligne de fuite) ainsi qu’une chronique bimensuelle, puis mensuelle dans le quotidien belge Le Soir (La France vue d'en dehors, puis En dehors). Dans ses commentaires de l'élection présidentielle française de 2007, il a été un critique impitoyable de Nicolas Sarkozy. Il fut d'ailleurs le premier à employer dans les médias, à propos du président nouvellement élu, l'expression d'« hyperprésidence ». Depuis le 10 septembre 2007, il a rejoint l'équipe des polémistes d'On refait le monde sur RTL. Depuis le mois de janvier 2008, chaque samedi matin, sur France Info, il débat avec Alain Genestar, l'ancien directeur de la rédaction de Paris-Match, dans le cadre d'un duel animé par Jean Leymarie.

Ayant participé, auprès du professeur Paul Alliès, à la création du Master II professionnel « Métiers du journalisme » à la faculté de Droit de Montpellier, il y a été nommé professeur associé en 2006, sur proposition des instances universitaires. Il enseigne au sein du département de sciences politiques de l'Université Montpellier 1. Ses principaux cours ont pour intitulé: « Philosophie du journalisme », « Sociologie du journalisme », « Presse et pouvoir », « Communication et politique ».

De 1986 à 1995, Edwy Plenel a codirigé, puis dirigé seul une collection de livres d'actualité, d'abord chez Gallimard (« Au vif du sujet ») jusqu'en 1991, puis chez Stock (« Au vif »). Parmi les quarante-sept ouvrages qui y ont été publiés, on remarque notamment le best-seller de Gilles Perrault Notre ami le roi, deux essais d'Edgar Morin (Penser l'Europe et Mes démons), deux de Daniel Bensaïd (Moi, la Révolution et Jeanne, de guerre lasse), le témoignage précurseur d'Alain Emmanuel Dreuilhe sur le sida (Corps à corps) et la célèbre trilogie d'Anne Tristan (Au Front, L'Autre monde et Clandestine).

Dans le domaine de la fiction audiovisuelle, Edwy Plenel a été coscénariste de Une affaire d'État (1990), téléfilm de Jean Marbœuf avec Bernard Pivot dans le rôle-titre, et conseiller pour Le Rainbow Warrior (2006) de Pierre Boutron, scénario de Dan Franck.

[modifier] Bibliographie

  • La République inachevée. L'État et l'école en France, Paris, Payot, 1985 ; Stock, 1997 ; Biblio « Essais », 1999.
  • Voyage avec Colomb, Paris, Le Monde-Éditions, 1991 (traduit en japonais).
  • La Part d'ombre, Paris, Stock, 1992 ; « Folio Actuel », 1994.
  • Un temps de chien, Paris, Stock, 1994 ; Gallimard, « Folio Actuel », 1996.
  • Les Mots volés, Paris, Stock, 1997 ; Gallimard, « Folio Actuel », 1999.
  • L'Épreuve, Paris, Stock, 1999.
  • Secrets de jeunesse, Paris, Stock, 2001 (prix Médicis essai); « Folio », 2003.
  • La Découverte du monde, Paris, Stock, 2002 ; Gallimard, « Folio Actuel », 2004 (traduit en coréen).
  • Procès, Paris, Stock, 2006 (prix du Journal du Centre) ; Gallimard, « Folio », 2007.
  • Le Journaliste et le Président, Paris,Stock, 2006.
  • Chroniques marranes, Paris, Stock, 2007.

[modifier] Recueils

  • L'Effet Le Pen (en collaboration), Paris, La Découverte-Le Monde, 1984.
  • Mourir à Ouvéa. Le tournant calédonien (en collaboration), Paris, La Découverte-Le Monde, 1988.
  • La République menacée. Dix ans d'effet Le Pen (en collaboration), Paris, Le Monde-Éditons, 1992.
  • La Nation à l'épreuve (dialogue avec Alain Finkielkraut), Paris, Éditions du Tricorne-France Culture, 2000.

[modifier] Entretiens

[modifier] Préfaces

  • à Jean-Pierre Favereau, Blues Outremer, Paris, Contrejour, 1991.
  • à Joseph Fouché, Mémoires, Paris, Arléa, 1993.
  • à François Maspero, L'honneur de Saint-Arnaud, Paris, Seuil, « Points » 1995.
  • à Christine Daure-Serfaty, Lettres du Maroc, Paris, Stock, 2000.
  • à Seymour Hersh, Dommages collatéraux, Paris, Denoël, 2005.
  • à Des nouvelles de La Fontaine, Paris, Gallimard, 2007.
  • à Robert E. Park, Le journaliste et le sociologue, Paris, Seuil, 2008.

[modifier] Lien externe