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Yanam ou Yanaon est un district du territoire de Pondichéry (un des anciens Établissements français de l'Inde) en Inde, d'une superficie de 30 km², enclavé dans l'état de l'Andhra Pradesh à l'est de l'East Godavari District. Sa population s'élève à environ 32 000 habitants. On y parle le Télougou.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le district se trouve entre 16° 42' et 16° 46' de latitude nord et 82° 11' et 82° 19' de longitude est. Les températures s'échelonnent entre 27°C et 45°C en été et 17°C et 28°C en hiver, avec un taux d'humidité variant entre 68% et 80% durant la saison chaude. Il ne comporte ni reliefs, ni forêts.

La ville de Yanam est située au confluent de la Godâvarî et son affluent la Koringa à 9 km de la mer.

La juridiction de Yanam s'étend sur la ville elle-même et sur 8 villages : Agraharam, Darialtippa, Farampeta, Guerempeta, Jambavanpeta, Kanakalapeta, Kurasampeta et Mettakur.

[modifier] Histoire coloniale

Du XVIIIe au XXe siècle Yanaon fut sous les dominations Hollandaise, française et britannique.

[modifier] Colonie néerlandaise

À l'ouest de Yanaon, on peut encore voir "Neelikundilu" (les puits d'indigo). On dit que les Hollandais y construisirent un fort que les habitants appellaient "sâli kôta" car après le départ des Hollandais les tisserands (saalivandru en télougou) y confectionnaient des vêtements. Le fort garda sa monnaie, frappée à Neelapalli, un village voisin.
Les Hollandais quittèrent Yanaon avant 1725. Entre 1734–1795 et 1818-1825, ils eurent une colonie à Jagannadhapuram (néerlandais Jaggernaikpoeram, anglais Jagannaickpore), aujourd'hui Kakinada, situé à 25 km au nord.

[modifier] Premières années de la colonisation française

En 1723 Yanaon fut la troisième colonie française en Inde. Le Jardin Botanique de Yanaon du médecin-colonel Alfred-Alphonse-Léon Bigot mentionne que les Français y établirent un entrepôt en 1723. La Compagnie française des Indes orientales y établit un comptoir en son nom. Les affaires déclinant et les opérations commerciales n'ayant pas produit les résultats désirés, Yanaon fut abandonnée dès 1727, les objectifs des Français étant purement commerciaux entre 1720 et 1741.

[modifier] Origine du nom

Asif ad-Dawlah Mir Ali Salabat Jang, redevable de son élévation au trône à la Compagnie française des Indes orientales, accorda le district de Kondavid (actuelle Guntur) aux Français en échange de leurs services, et peu après les autres sarkars (districts). L'empereur moghol, confirma toutes les concessions faites aux Français par Salabat Jang, subedar du Deccan. Ces concessions furent faites sous forme de donations et, au cours du temps, le nom "Inam" (cadeau) a été modifié en Yanam (Yanaon) par les Français.

[modifier] Ère de Bussy et Dupleix

La ville fut reprise par Dupleix en 1731 pendant que Pierre Benoît Dumas était Gouverneur général des Établissements français de l'Inde. En 1731 un firman (décret royal) de Haji Hassan Khan, nabab de Masulipatam, autorisa Fouquet, alors chef de la Compagnie à Machilipatnam, à établir une loge[1] à Yanaon, puis en 1735 Nawab Roustoum Khan autorisa les Français à y commercer. Mais Yanaon ne fut complètement rétablie qu'en 1742 pendant le règne de l'empereur moghol Muhammad Shah.

En 1742 Dupleix obtint le poste de gouverneur général de tous les établissements français de l'Inde. Il ambitionnait d'acquérir pour la France de vastes territoires en Inde. Pour ce faire il profita de l'anarchie produite par la dissolution de l'empire moghol, mena des campagnes militaires et noua des alliances avec les souverains locaux. C'est cette stratégie que le Marquis de Bussy appliqua dans la région de Yanaon. Les motifs politiques éclipsant le désir de gain commercial, toutes les fabriques furent fortifiées dans un but défensif. Monsieur De Choisis administra la ville, il y mourut le 27 octobre 1747. Monsieur Sinfray lui succéda. Le loyer annuel fut supprimé en 1743. Mir Muhammed Ali Khan Walajah, nawab d'Arcot, accorda aux Français tous les droits sur les terres situées devant les quartiers de Yanaon en 1747. Cette souveraineté fut confirmée par Muhyi ad-Din Muzaffar Jang Hidayat, nizam de Hyderabad (1750-1751) le 31 décembre 1750.

En 1753, un paravana (firman) d'Asif ad-Dawlah Mir Ali Salabat Jang, Subedar du Deccan, concéda à Bussy les paraganas (circonscriptions fiscales) de Chicacole (Srikakulam), Ellore (Ellur), Rajahmundry et Mustafanagar (Kondapalli) avec un revenu annuel de 200 000 roupies pour l'entretien des troupes françaises dans la province. Avec les sommes versées en reconnaissance de l'aide apportée par ces sarkars (districts), on atteignait jusqu'à 1 million de roupies par an. Bussy aida Salabat Jang à devenir Subedar du Deccan. Yanaon acquit une importance considérable lors de l'occupation des Sarkars du nord par les Français.

[modifier] Inam de Bussy

En 1750 le Marquis de Bussy, général français, stationnait avec tout son bataillon près de Hyderabad où beaucoup de soldats moururent de maladie (Masuchi). Le roi Pusapati Peda Vijayaramaraju de Vizianagaram l'aida à surmonter ses difficultés financières et reconstitua son bataillon. En 1756, Bussy lui rendit visite à Rajahmundry. On dit que Vijayaramaraju offrit un accueil chaleureux à Bussy en allant au-devant de lui.
Le 23 janvier 1757 la rivalité entre le maharaja de Bobbili et le Raja de Vizianagaram provoca un conflit au cours duquel le Marquis de Bussy apporta son concours à Vijayaramaraju. Le fort de Bobbili fut entièrement détruit et de nombreux soldats y furent tués. Vijayaramaraju offrit cette région au Marquis de Bussy en reconnaissance de son aide.

On croit que Bussy habitat la rue de Yanaon qui porte encore son nom aujourd'hui. Yanaon est surnommée Inam de Bussy (le cadeau de Bussy).

[modifier] Trois occupations britanniques entre 1758 et 1816

Incompris des actionnaires de la Compagnie plus soucieux de leurs intérêts immédiats que de conquètes et abandonné par le roi, Dupleix ne put conserver les territoirs acquis. Il dut quitter Pondichery en 1954, ses efforts furent ruinés et sa politique abandonnée.
Les Français furent vaincus par les Anglais à Chandurthi en 1758. Salabat Jang signa un traité avec les Britanniques par lequel il leur accordait les Sarkars du nord. Plus tard le Nizam se rebella contre les Anglais et un second traité attribua définitivement les Sarkars du nord aux Britanniques. Ceci fut confirmé en 1765 à Lord Robert Clive, Chef et Conseiller à Vizagapatam, par l'empereur moghol Shah Alam.

Bien que lui restituant ses cinq comptoirs, le traité de Paris de 1763, entérinait la fin de la suprématie de la France en Inde du Sud.
Un document daté du 15 mai 1765 stipule que les villages de Yanaon et Kapulapalem ainsi que d'autres terres ont été remis à Monsieur Yoan Yacques Panon, Commissaire français délégué par Jean Law de Lauriston, Gouverneur Général de Pondichéry, pour en prendre possession. Ce document mentionne que la France est exemptée de toute taxe d'exportation et d'importation à Yanaon et ses territoires dépendants. Peu après avoir pris possession de ces terres, M. Panon obtint du dirigeant de Rajahmundry un firman accordant aux Français la liberté pleine et entière de commercer à Yanaon et un autre du Nawab Mir Nizam Ali Khan Bahadur (Asaf Jah II) demandant au Zamindars du sarkars Mustafanagar ne pas gêner le commerce des Français. Ceux-ci disposaient d'un modeste bâtiment situé sur les rives de la Coringa dans laquelle de petits vaisseaux pouvaient entrer. Yanaon fut rattachée à la province de Peddapuram.

[modifier] La dispute du marché

Des documents de 1765 font la lumière sur les circonstances d'une dispute au sujet du marché de Yanaon.
Un marché hebdomadaire s'y tenait traditionnellement tous les mardis (il s'y tient encore actuellement). Les gens avaient l'habitude de s'y rendre pour acheter les denrées qui leur étaient nécessaire pour la semaine. Neelapalli, un village sous contrôle britannique distant de 3 km, tenait également un marché le mardi. Il y avait donc conflit d'intérêts. Après une correspondance prolongée avec les autorités anglaises de Madras, les autorités françaises de Yanaon obtinrent de changer le jour du marché de Neelapalli du mardi au samedi. Ainsi Yanaon triompha-t-elle de son voisin, Neelapalli.

[modifier] Le mémoire de Lauriston

Jean Law de Lauriston, Gouverneur de Pondichéry (1765-1766), déclarait dans son "Mémoire de 1767" que "c'est à Yanaon que nous eûmes nos meilleur 'guiness' (beau tissu). Il est possible d'y tenir un commerce qui rapporte plus d'un million de livres par an dans une conjoncture plus favorable que celle que nous connaissons actuellement, mais en fournissant des avances, ce que nous n'avons jamais été en position de faire. Nous nous y procurames du teck, de l'huile, du riz et autres grains tant pour les hommes que pour les animaux. Port de commerce, Yanaon jouissait d'une autre importance de par les avantages que peuvent produire, en temps de guerre, une alliance que nous, Français, pourrions conclure avec des Rajas qui, tôt ou tard, ne manqueraient pas d'être mécontents des Anglais. Bien que les Anglais exerçassent un contrôle efficace sur les sarkars, Yanaon permit aux Français d'entretenir des relations secrètes avec des chefs locaux. Yanaon avait quelque importance commerciale".

On y produisait la majeure partie du sel que les Français importaient au Bengale. C'était aussi un centre important pour la production d'articles de coton et Yanaon fournissait une part considérable des cargaisons des bateaux français rentrant des Indes. Les sujets français étaient bien trop occupés avec leurs profitables affaires pour manifester quelque intérêt aux questions politiques et administratives, entièrement dévolues au Commandant de la place. Quant aux Indiens, ils ne souhaitaient rien d'autres que d'être laissés en paix pour mener à bien leurs activités commerciales.

De 1778 à 1783, Pondichéry fut sous occupation britannique.
Yanaon fut de nouveau restituée aux Français en 1785. Monsieur Mallhendre en pris possession et Monsieur Bluter lui succéda. Il leur fut recommandé de favoriser les affaires de la Compagnie française des Indes orientales et de protéger les intérêts de certains marchands.

[modifier] Pendant la Révolution française

La Révolution française eut des effets contrasté dans les Comptoirs français. A Yanaon, le commerce était florissant.

Succédant à Bluter, Monsieur Pierre Sonnerat (1748–1814) pris le commandement de Yanaon en 1790 et l'administra pendant la Révolution française. Naturaliste érudit, il écrivit un ouvrage en 3 volumes Voyage aux Indes orientales et à la Chine, fait depuis 1774 jusqu'à 1781 (1782). Il appréciait la musique et la langue télougou.
Sonnerat s'engagea dans des affaires avec les autres commerçants. Son activité commerciale eut de sérieuses répercutions sur son administration. Des requètes furent faites contre lui auprès du Chevalier de Fresne, Gouverneur de Pondichéry. La première fut déposée le 5 juin 1790 par Monsieur de Mars. Alors que Pondichéry, sous l'influence de la Révolution française avait déjà formé son premier Comité représentatif, ni le Gouverneur, ni le Comité ne donnèrent suite à l'action de De Mars. D'où le désintéret des citoyens de Yanaon pour les affaires de Pondichéry.

Les Français perdirent de nouveau le contrôle de Yanaon au bénéfice des Britanniques de 1793 à 1816. Yanaon tombait aux mains des Anglais pour la troisième fois.
Après les Guerres napoléoniennes, grâce au Traité de Paris (1814), Yanaon ainsi que la fabrique de Machilipatnam, furent restituées à la France le 26 septembre 1816. De cette date jusqu'à l'indépendance, elle demeura sous contrôle français. La troisième occupation britannique est également appelée Dernière occupation britannique.

[modifier] Administration locale : 1840-1954

À partir de 1840 les Établissements français en Inde furent directement administrés par l'État français et différents décrets les organisèrent :

Parallèlement se mit en place une administration municipale à partir de 1880. Le Conseil municipal de Yanaon se composait de 12 membres.

[modifier] La Cession de Yanaon

Yanaon est restée sous le contrôle de la France jusqu'en 1954.
Alors que des pourparlers se tenaient entre le gouvernement français et les autorités indiennes, dans une Yanaon majoritairement pro-française, le Maire, son adjoint et des indépendantistes menés par Dadala Rafael Ramanayya prirent le contrôle des administrations et formèrent un gouvernement provisoire qui proclama le rattachement du territoire à l'Union indienne. Cet épisode est connu sous le nom de Coup d'État de Yanaon. Le rattachement de fait eu lieu le 13 juin 1954, suivi le 28 mai 1956 du traité de cession que le Parlement français ne ratifia qu'en 1962. Yanaon intrégra alors le Territoire de Pondichéry avec Karikal et Mahé. Le gouvernement français proposa aux habitants de Yanaon qui le souhaitaient d'opter pour la nationalité française, ce que firent environ 10 000 personnes. Par ailleurs le traité stipule que "Le français restera la langue officielle des Établissements aussi longtemps que les répresentants élus de la population n'auront pas pris une decision différente".

[modifier] Situation actuelle

Yanam est une ville d'environ 30 000 habitants qui s'étale le long de la rivière Gauthami Godavari. La population vit principalement de la culture de la noix de coco et du riz ainsi que de la pêche. L'industrie se développe grace à un régime de taxe particulièrement avantageux.

[modifier] Tourisme

Le temple Alivelu Manga Sametha Shri Venkateswara, construit au XVe siècle, était renommé pendant la période coloniale car on y célèbrait des mariages d'enfants. Les familles des régions alentour s'y rendaient en nombre, et on a parfois dénombrer plus d'un millier de mariage en une seule journée.

Les fêtes de Venkanna Ratham se déroulent en mars. Consacrées à Lord Venkanna Babu, elles attirent des milliers de fidèles.

Réminiscence de la période coloniale, l'église catholique fut érigée en 1846 par des missionnaires français.

[modifier] Personnages célèbres

[modifier] Les écrivains

Le poète le plus important ayant vécu à Yanaon est Chellapilla Vincata Kavi (1870-1950), l'un des membres du célèbre tandem littéraire Tirupati Venkata Kavulu. On peut encore citer des poètes tels que Villa Reddi Naidou, V.Vincataswami Naidou et Samatam Krishnayya. Ce dernier était également un homme politique pro-français et il fut tué lors du Coup d'état de Yanaon.

[modifier] Les hommes politiques

Bezawada Bapa Naidou fut l'un des premiers maires de Yanaon. Son assassinat à Pondichéry reste mystérieux. Bouloussou Soubramaniam Sastroulou (1870-1941) fut l'un de ses fidèles adjoints. Modeste et sincère, il jouissait d'une grande estime.

Son adversaire politique, Kamichetty Venougopala Rao Naidou, était appelé Le grand vieil homme de Yanaon. Il fut également maire de 1931 à 1951 et sa famille domina la vie politique locale pendant 50 ans. Sa belle fille, Kamichetty Savithiry et son petit fils, Kamichetty Sri Parassourama Varaprassada Rao, furent député de Yanam.

Dadala Rafael Ramanayya (1908-1991) fut l'un des personnages clef de l'indépendance de Yanaon. D'origine modeste, il s'engagea dans la police avant de militer pour le rattachement du territoire à l'Union indienne. Celui-ci obtenu, il retourna à ses fonctions de policier.

[modifier] Notes et références

  1. Loge : emplacement commercial sur lequel les Français jouissaient théoriquement de droits fiscaux et judiciaires.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe