Dom Juan ou le Festin de pierre

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Dom Juan[1] ou le Festin de pierre est une comédie de Molière en cinq actes (comportant respectivement 3, 5, 5, 8 et 6 scènes) et en prose jouée pour la première fois le 15 février 1665 au Théâtre du Palais-Royal.

Sommaire

[modifier] Note

  1. Don est un titre de noblesse espagnol placé devant le prénom. La graphie Dom est habituelle au XVIIe siècle. Elle est aujourd'hui réservée aux religieux. On a toutefois l'habitude de conserver Dom pour le titre de la pièce et pour le personnage.

[modifier] Personnages

  • DOM JUAN, fils de Dom Louis.
  • SGANARELLE, valet de Dom Juan.
  • DONE ELVIRE, femme de Dom Juan.
  • GUSMAN, écuyer de Done Elvire.
  • DOM CARLOS & DOM ALONSE, frères de Done Elvire.
  • DOM LOUIS, père de Dom Juan.
  • CHARLOTTE & MATHURINE, paysannes.
  • PIERROT, paysan.
  • LA STATUE du commandeur.
  • LA VIOLETTE & RAGOTIN, laquais de Dom Juan.
  • M. DIMANCHE, marchand.
  • LA RAMÉE, spadassin.
  • FRANCISQUE, un pauvre.
  • UN SPECTRE.

[modifier] Résumé

Cette pièce décrit un personnage infidèle, séducteur, libertin et blasphémateur. Dom Juan, jeune noble vivant en Sicile, accompagné de son fidèle valet Sganarelle, accumule les conquêtes amoureuses, séduisant les jeunes filles nobles et les servantes avec le même succès. Seule la conquête l'intéresse et les jeunes femmes sont abandonnées dès qu'elles sont séduites, même après un mariage. Mais l'une d'entre elles, Done Elvire, va lui donner bien du fil à retordre avec entre autre la venue de ses deux frères en Sicile pour trouver Dom Juan et le punir de l'affront commis à leur égard : en effet, Dom Juan a enlevé Done Elvire d'un couvent afin de l'épouser, puis l'a abandonnée. Ses conquêtes lui valent certaines inimitiés et certains duels auxquels il ne se dérobe pas. Il affiche un certain cynisme dans les relations avec ses proches, notamment avec son père (Don Louis) et remet en cause les conditions chrétiennes. Il aime les défis, jusqu'à celui de la fin : le repas avec la Statue du Commandeur, que Dom Juan avait tué auparavant, qui l'emportera dans les flammes de l'Enfer. Dans son récit, Molière a créé un personnage ayant tous les vices de son époque mais en expliquant ses buts, ses convictions et ses raisonnements.

[modifier] Acte I

Sganarelle, désinvolte, répond aux interrogations de Gusman. Il lui enlève ses illusions et esquisse un portrait de son maître, libre penseur, "grand seigneur méchant homme" et "épouseur à toutes mains". Arrive Dom Juan : il confie à Sganarelle que seule la conquête l’intéresse. Il évoque l’inconstance de l’amour et dévoile à son valet le secret de son propre caractère : il ne peut s'attacher à aucune femme, et rêve, tels les grands conquérants, de succès sans cesse recommencés. Le voici libre de se lancer dans une nouvelle "entreprise amoureuse" : il s'agit d'enlever une belle, au cours de la promenade en mer que lui offre son fiancé. Mais survient Elvire, douloureuse et indignée. Elle reproche à Don Juan sa trahison et lui demande des comptes. Dom Juan se réfugie dans une impudente hypocrisie et lui répond avec le cynisme le plus odieux. Elvire appelle sur lui la punition du ciel et le quitte en le menaçant de sa vengeance. Dom Juan, impassible, s’apprête à mener à bien sa "conquête amoureuse" dont il a parlé à Sganarelle...

[modifier] Acte II

Dom Juan a échoué dans son entreprise amoureuse. Alors qu’il souhaitait enlever la jeune fille en mer, une bourrasque a retourné sa barque. Il n’a été sauvé que grâce à l’intervention de Pierrot, un paysan. Pierrot et Charlotte discutent de ce sauvetage. Le jeune homme raconte comment il a sauvé du naufrage un grand seigneur magnifiquement vêtu.

Mais cet accident n’a pas tempéré les ardeurs de Dom Juan. A peine remis de ses émotions, Il fait les yeux doux à une jeune paysanne, Mathurine. Pierrot sort et Dom Juan entre en scène. Il entreprend de séduire Charlotte et lui promet le mariage. Charlotte, un moment hésitante se laisse gagner par l'ambition de devenir une noble dame. Pierrot, de retour, trouve Dom Juan baisant la main de Charlotte. Il se fâche, s’interpose mais doit vite quitter la scène sous les soufflets de celui qu’il vient pourtant de sauver de la noyade. Sganarelle essaye de s'interposer et reçoit quelques gifles qui ne lui étaient pas destinées.

Dom Juan fait la cour à Charlotte. Mathurine, la jeune paysanne qu’il a séduit précédemment, apparaît. Les deux paysannes se jettent l'une à l'autre les promesses de mariage que Dom Juan leur a faites. Le séducteur tente de persuader chacune d'elles qu'elle est la seule aimée. Un valet vient prévenir Dom Juan que des hommes armés sont à sa recherche. Il prend la fuite.

[modifier] Acte III

Dom Juan, en habit de campagne et Sganarelle, en robe de médecin, font route à travers la forêt. Dom Juan confie à Sganarelle son scepticisme sur la médecine. Elle est selon lui un tissu d'absurdités. Il lui indique aussi qu'il ne croit pas plus en Dieu qu'à la médecine. Sganarelle, scandalisé une fois de plus, tente de démontrer l'existence de Dieu. En vain.

Les deux hommes se sont égarés. Ils demandent leur chemin à un pauvre qui leur indique le chemin de la ville. L’homme leur demande l’aumône, mais Dom Juan ne veut lui donner une pièce d'or que si il accepte de jurer . Or le pauvre homme est pieux et refuse de commettre ce qu'il estime être un péché. Après avoir grandement insisté pour forcer le pauvre à faire fi de ses principes, Dom Juan lui donne tout de même la pièce "pour l'amour de l'humanité".

Dom Juan entend des bruits d’épée. Il porte secours et sauve un gentilhomme attaqué par trois voleurs. Il s’agit de Don Carlos, l'un des frères d'Elvire parti à sa poursuite. Les deux hommes, qui ne se connaissent pas, ne prennent pas conscience de l'incongruité de la situation.

Don Alonse, un autre frère d’Elvire les rejoint. Lui, reconnaît Dom Juan l'ennemi de leur famille. Don Carlos persuade son frère de remettre à plus tard la vengeance contre un homme qui vient si généreusement de lui sauver la vie.

Dom Juan promet à Don Carlos d'être à ses ordres quand il le souhaitera. Demeurés seuls, Dom Juan et Sganarelle aperçoivent, entre les arbres, le tombeau d'un Commandeur. Il s’agit du commandeur que Dom Juan a tué en duel six mois auparavant. Celui-ci, par bravade, invite la statue du défunt à dîner. La statue incline la tête et indique ainsi qu’elle accepte l’invitation.

[modifier] Acte IV

Le soir même, Dom Juan, rentre chez lui, et attend son dîner. Se succèdent chez lui une foule d’importuns : M. Dimanche, son créancier. Dom Juan couvre l’intrus de tant de compliments que celui-ci n’a pas le temps de réclamer son dû. Arrive ensuite Don Louis, père de Dom Juan, qui reproche à son fils sa conduite déshonorante. Dom Juan ne manifeste vis à vis de son père qu'une froide insolence. Puis c’est le tour d’Elvire. Touchée par la grâce, elle demande à Dom Juan, avant de retourner au couvent, de renoncer au vice et de se convertir en Dieu. Vaine intervention. Dom Juan est pourtant séduit par la jeune femme et a beaucoup de difficultés à la laisser partir. Dom Juan se met enfin à table, mais il a oublié son invitée : la statue du Commandeur. Elle invite Dom Juan à dîner le lendemain.

[modifier] Acte V

Revirement de situation. Dom Juan annonce à son père qu’il s’est converti. Le vieil homme est touché par cette nouvelle et s'en félicite. Sganarelle, lui aussi se réjouit de la nouvelle. Mais Dom Juan le détrompe vite et lui indique que ceci n’est que pure hypocrisie. Don Carlos, le frère d’Elvire, vient donner ses ordres à Dom Juan, en lui demandant de rester fidèle à sa sœur. Dom Juan se retranche derrière sa supposée conversion.

Dom Juan est allé trop loin. Le ciel décide de donner une ultime chance à cet effronté : une femme voilée, ayant l’allure d’un spectre et la voix d’Elvire, demande à Dom Juan de se repentir. Dom Juan veut frapper le spectre, mais celui-ci s’évanouit.

Dom Juan a laissé passer sa dernière chance. Surgit alors la statue du Commandeur. Elle rappelle à Dom Juan la promesse qu’il lui a faite : partager avec elle son repas. Elle entraîne Dom Juan dans les abîmes de la terre, en enfer. Sganarelle, resté seul, réclame, en vain, ses gages et il en est triste de les avoir perdu.

[modifier] Réactions

Frontispice des Œuvres Complètes de Molière
Frontispice des Œuvres Complètes de Molière

Cette pièce de Molière suscita à sa création une levée de bouclier de la part de la Cabale. Écrite juste après Tartuffe, où Molière fustigeait l'hypocrisie de certains dévots, elle semble aux yeux des religieux de l'époque une apologie du libertinage. Le seul défenseur de la religion semble être Sganarelle pour lequel la religion ressemble fort à de la superstition et dont le rôle comique est indéniable. Elle va donc subir, dès sa deuxième représentation une attaque en règle. On demandera à Molière de supprimer certaines scènes (scène du pauvre) et certaines répliques (mes gages, mes gages) qui semblaient tourner en dérision la religion. Elle ne sera éditée qu'en 1682 dans des versions souvent mutilées et ce n'est qu'en 1884 qu'elle sera rejouée pour la première fois dans sa version originale.

Il est à noter que Molière s'est inspiré du personnage principal de El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra de Tirso de Molina, à la différence que ce Dom Juan espagnol, qui passe son temps à renier Dieu et séduire les femmes, demande à se confesser avant sa mort lors du dénouement.

[modifier] Les intentions de Molière

Molière entretient l'ambiguïté sur ses intentions en décrivant un personnage qui n'est pas totalement noir. Il est intelligent et courageux. Dans ses duels verbaux contre Sganarelle, contre son créancier et contre son père, il gagne haut la main. D'autre part, son cynisme et son hypocrisie ne peuvent que révulser le spectateur.

En fait, la pièce est une réflexion sur le libertinage et ses excès. Molière est adepte de la libre-pensée, mais respecte les convictions religieuses. Il s'attaque principalement à toute forme d'hypocrisie que ce soit celle du dévot Tartuffe ou celle du libertin. Dom Juan est prêt à tout pour satisfaire ses plaisirs. La fin de Dom Juan est très ambiguë. Certes, Dom Juan est puni de ses péchés par la mort, il est anéanti physiquement (en effet les didascalies l'indiquent comme avalé par la terre), la conclusion semble donc morale (comme on peut l'attendre à l'époque). Néanmoins, peut-on dire qu'un héros est vaincu s'il a préféré mourir plutôt que de renoncer à ses convictions ?

[modifier] Analyse de l'œuvre

[modifier] Dom Juan

Dom Juan ou la démesure

Certains voient dans Dom Juan, l'archétype de la démesure et la preuve d'une démesure morale.

Grand seigneur espagnol jeune et beau il est méchant homme d'une insolence totale, parfois violent. Dom Juan manie avec aisance l'ironie et le sarcasme, l'impertinence et l'offense, l'irrévérence et l'irrespect. Il personnifie une lutte impitoyable entre le classicisme et le baroque. Tel Prométhée, il se libère par la mort, c’est-à-dire il entre dans la (dé)mesure triomphante.

Un personnage transgressif

Dom Juan, c'est la transgression des mœurs parce qu'il est séducteur il ne respecte pas le mariage, il séduit les femmes, y compris celles qui sont promises (voir la scène avec Charlotte et Pierrot). Dom juan est le maître du jeu.

Il transgresse les règles sociales, il vit à l'écart, il est constament en fuite (face au frères d'Elvire notamment),et il représente un danger pour la société dans la mesure où il séduit toutes les femmes.

Il est transgressif vis-à-vis des règles imposées par sa naissance, sa noblesse et son père. Il n'éprouve aucun respect envers ce dernier et lui souhaite même de mourir (acte IV). Il refuse de régler sa conduite comme le nécessiterait son rang. Son père, Dom Louis, l'accuse d'être la honte de sa famille dans une tirade que l'on pourrait qualifier de cornélienne.

Il y a également chez Dom Juan, la transgression du ciel. Il croit seulement que "deux et deux sont quatre". Il refuse, à maintes reprises de se repentir, il garde une attitude de libre pensée à l'encontre de tous les codes sociaux de l'époque. Même à sa mort, il a refusé de se renier, il est resté déviant jusqu'au bout.

C'est aussi un homme de l'expérimentation, qui affronte chaque nouveau problème, et le résout sur le moment. Il y a aussi chez Dom Juan la tentation du Ciel. On peut penser que, dans la scène du pauvre, ou dans sa fausse rédemption, il essaye, il attend une réaction, et n'en recevant pas, il continue à le nier.

[modifier] Sganarelle

Sganarelle, en tant que valet, n'est protecteur de la Foi que par peur de l'au-delà. Présent depuis les premières comédies de Molière, dans cette pièce, il vient en contrepoint apporter de l'humanité et du rire à une pièce qui sans lui aurait été bien noire. Mais le Sganarelle de Dom Juan se démarque des autres valets de Molière ; on peut le qualifier d'asexuel dans la mesure où il ne "récupère" pas les conquêtes de Dom Juan, ce que pouvait faire un valet moliéresque.

Sganarelle mêle souvent les dictons populaires, fait preuve d'un certain bon sens, mais reste assez maladroit. En revanche, l'éloge paradoxal (le célèbre éloge du Tabac, acte I, scène 1) est un procédé littéraire complexe. Il s'adresse à Gusman, le valet de Done Elvire de manière déconcertante : loin de profiter de ce moment d'égalité (en tant que valet), pour s'exprimer dans le patois qui apparaît souvent chez Molière il parle aussi bien que le ferait Dom Juan.

Dans l'acte I, scène 1, Sganarelle précise qu'il déteste son maître mais doit le suivre, plus par lâcheté que par sens moral. On peut néanmoins s'interroger sur les véritables raisons qui le motivent. En effet, il ne cesse d'implorer son maître de se repentir et le menace du châtiment divin. Il y a quelque chose de paradoxal dans son attitude. Sans doute Sganarelle, du point de vue de la société, trouverait dans l'ordre des choses que Dom Juan meure. Il n'en est pas moins fasciné par cet homme d'exception, qui, par sa personnalité, par sa transgression, prend une dimension monstrueuse. Sans doute se demande-t-il jusqu'où Dom Juan peut aller... Ainsi Sganarelle ne souhaite pas vraiment que Dom Juan meure. Pourtant à la mort de ce dernier, il ne le regrettera que parce qu'il lui devait de l'argent, "mes gages ! mes gages", tandis que le Sganarelle "social" justifiera et acceptera la mort de Dom Juan.

Ainsi, loin de s'effacer devant le personnage de Dom Juan, Sganarelle est aussi problématique.

[modifier] Les rapports maître-valet

Quels sont les rapports entre le maître Dom Juan et son valet Sganarelle ?

Dans la première scène, Sganarelle fait un portrait très péjoratif de son maître, un blâme, à Gusman, valet d’Elvire. Il le critique vivement en le qualifiant de « pourceau d’Epicure », « vrai Sardanapale », « hérétique »… Il présente son maître comme un libertin sans aucune morale : « rien n’est trop chaud ni trop froid pour lui ». Il a tenté de raisonner son maître à propos de ses mœurs qu’il n’approuve pas : «Il me réduit à applaudir ce que mon âme déteste », mais en vain.

De plus, Sganarelle croit en Dieu et craint la fureur divine si Dom Juan ne se repend pas. On peut affirmer que Sganarelle craint son maître : « la crainte en moi fait l’office du zèle ». Par exemple, à la scène 4 de l’acte II avec les paysannes : « mon maître est un fourbe […] elles se gardassent de le croire ». En effet, il se rattrape lorsqu’il voit Dom Juan revenir : il a peur des représailles.

Néanmoins, il participe à la moindre aventure entreprise par le grand seigneur méchant homme.

Sganarelle remplit ses fonctions de domestique et même plus. Il entretient une relation presque fraternelle avec son maître car il représente son confident et la seule personne toujours à ses côtés. Il est son unique interlocuteur. Il demeure presque toujours là dans les moments graves : avec M. Dimanche, les paysannes… Dom Juan semble être le double utopique de Sganarelle. En effet, il incarne presque tout ce qu’il aurait voulu être. Le valet éprouve une profonde admiration pour l’audace et le pouvoir rhétorique de son maître : « Ah quel homme ! Quel homme ! » (après la visite de Dom Juan chez son père). Cependant, dans la dernière scène Sganarelle est triste mais ce qui importe le plus à ses yeux , ce sont ses gages non payés : « Mes gages ! mes gages ! ».

Sganarelle est d'autre part, en tant que valet de comédie (un artefact propre à la comédie), l'intercesseur du public, c'est-à-dire un intermédiaire entre le public et le personnage de Dom Juan. Dans la scène 1 de l'acte I, il présente Dom Juan comme la bienséance l'oblige, en le critiquant vivement, mais si maladroitement que le personnage peut garder quelque charme lorsqu'il présentera lui-même sa passion de la conquête amoureuse (acte I, scène 2). C'est Sganarelle aussi qui pousse Dom Juan à avouer son athéisme ou son rationalisme (assimilés par les dévôts) : " je crois que deux et deux sont quatre...". Et surtout qui révélèra au public l'hypocrisie de Dom Juan envers Don Louis, alors qu'elle aurait pu duper le spectateur. C'est pourquoi il aura le dernier mot, en tirant la morale de la pièce, même si cette morale est encadrée par "Mes gages ! Mes gages !" : il importe qu'il reste un bouffon.

En conclusion, on peut dire que Dom Juan ne peut pas se séparer de son valet, ils sont d'ailleurs l'un pour l'autre une sorte de faire valoir réciproque. Ce premier représente le côté sombre de la pièce tandis que Sganarelle est l’amuseur, celui qui détend l’atmosphère, mais aussi l'intercesseur du public. Rôle que se réservait d’ailleurs Molière, car le plus théâtral de tous.

Malgré leurs relations amicales, Sganarelle demeure un inférieur. Il faudra attendre un siècle pour que les domestiques commencent à incarner des revendications, et quittent par là un rôle figé dans l'artefact théâtral, comme on peut le voir dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais.

[modifier] Dénouement

Un dénouement tragique, mais qui reste comique (acte V, scènes 4,5 et 6).

On sait que Dom Juan est emporté dans les Flammes des Enfers par la Statue du Commandeur.

Dom Juan meurt, on pourrait se croire dans le dénouement d’une tragédie. Mais très rapidement, le registre comique revient au galop avec la réplique finale de Sganarelle : « Mes gages, mes gages ! »; un Sganarelle peiné, non de la mort de son maître mais de la perte de son argent.

Le châtiment de Dom Juan peut paraître exemplaire : un homme qui défie toutes les lois sociales et la puissance divine ne peut survivre. Pourtant le comique de cette réplique finale annule l’effet voulu : Dieu n’a pas le dernier mot. La pièce se finit sur une note bouffonne et le commandeur Sganarelle énonce une morale.

Le ciel emploie tous les moyens possibles afin de convaincre Dom Juan, et doit se résoudre à utiliser la violence. Finalement Dom Juan ne va jamais se repentir, personne ne réussira à le convaincre et à vaincre sa logique.

Molière a élevé Dom Juan (libertin inventé par Tirso de Molina en 1630) au rang de mythe, en lui donnant une profondeur et une certaine complexité.

[modifier] Registre

Dans un premier abord, nous pouvons suggérer qu'à cause de son dénouement cette pièce est tragique mais avec plus d'attention on remarque que tout le long de la pièce est bercé par le registre comique.

En effet au cours de la pièce, nous faisons face à des situations qui font naître le rire ou le sourire à partir d'une contradiction. Cette situation est décalée et crée un écart soudain par rapport à ce qui est attendu. Ces rires ou sourires sont provoqués par plusieurs éléments de la pièce, notamment le comportement, la mentalité de Dom Juan, l'habit ou encore le registre de langage de certains personnages...

Dom Juan est donc une tragi-comédie.

[modifier] Répliques fameuses

  • « Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac, c’est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n’est pas digne de vivre. » (Sganarelle, acte I, scène 1)
  • « ... Un grand seigneur méchant homme est une terrible chose. » (Sganarelle, acte I, scène 1)
  • « Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. » (Dom Juan, acte I, scène 2)
  • « Je te veux donner un louis d'or... et je te le donne pour l'amour de l'humanité. » (Dom Juan, acte III, scène 2)
  • « La naissance n'est rien où la vertu n'est pas. » (Don Louis, acte IV, scène 4)
  • « Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. » (Dom Juan, acte III, scène 1)

[modifier] Adaptations

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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