Di Xin

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Di Xin 帝辛 (nom posthume), encore appelé Zhou Wang (紂王) ou Zhou Xin (紂辛), est le dernier roi de la dynastie chinoise Shang, successeur de son père Di Yi (帝乙). Il aurait eu pour nom de famille Zi (子) et pour nom personnel Shou (受). Ses dates de règne sont -1154~-1122 selon l’historiographie traditionnelle, et -1086~-1045 selon une évaluation plus récente basée sur les inscriptions oraculaires.


Sa réputation est celle d'un souverain d'une tyrannie effroyable, aimant faire souffrir les gens et inventant nombre de nouvelles formes de torture, s'adonnant à la débauche, en raison de quoi il serait connu dans certains milieux comme le dieu de la sodomie, sous le nom de Chou Wang .[1] La détestation générale vis à vis de son comportement aurait entraîné des défections, permettant au roi Wu du royaume voisin et féal des Zhou de le vaincre à la bataille de Muye (牧野). Di Xin aurait mis feu à son palais et se serait laissé brûler à l'intérieur.


Les historiens chinois de l’antiquité ont retenu le nom de deux de ses frères aînés, nés d’une concubine, Wei Zi (微子) et Wei Zhong (微仲), de deux fils, Wu Geng (武庚) et Lu Fu (祿父), et de deux oncles paternels, Bi Gan (比干) et Ji Zi (箕子). Après la victoire des Zhou , Wei Zi serait devenu leur féal et se serait vu confier le contrôle du territoire Shang, qui deviendra l’État de Song. Une légende coréenne fait de Ji Zi le fondateur du royaume de Gija Joseon.

Jeune, Di Xin aurait fait preuve de beaucoup de talent et de courage militaire, remportant une victoire sur les Dongyi, peuple rival de l’Est, à une période où, selon certains historiens, le contrôle du roi ne s’étendait pas au-delà d’une vingtaine de kilomètres autour de la capitale. Par la suite, il se serait laissé submerger par son goût de l’alcool et des femmes et serait devenu cruel, organisant beuveries et orgies dans son palais et se plaisant, en compagnie de Daji (妲己), sa concubine préférée, à faire torturer et exécuter tous ses opposants, dont son oncle Bi Gan qui était venu lui faire des remontrances. Son autre oncle Ji Zi, tentant à son tour de le ramener à la raison, aurait dû prétendre être fou pour avoir la vie sauve, mais n’en fut pas moins emprisonné. La fin de son règne est donc traditionnellement considérée comme une période de décadence morale extrême, qui constitue la toile de fond de L'Investiture des dieux, roman historico-fantastique de la dynastie Ming dont Di Xin et ses contemporains sont les héros.


Néanmoins, beaucoup d’universitaires modernes comme Gu Jiegang (顧頡剛), historien et philologue, soupçonnent que son personnage ait été noirci progressivement pour mettre l’Histoire en cohérence avec le concept de mandat du Ciel. En effet, au fur et à mesure qu’on remonte dans le temps à partir de la dynastie Qin, les commentaires sur Di Xin deviennent de moins en moins désobligeants, et plus de plus en plus élogieux, complimentant son intelligence et sa bravoure.[2] Commentant le récit de la fin des Shang, Zi Gong (子貢), disciple de Confucius, exprime aussi l'opinion qu’on avait prêté à Di Xin, souverain déchu, outre les siennes propres, toutes les turpitudes du royaume. [3]

[modifier] Notes et références

  1. Cette information reste néanmoins sujette à controverse. Le seul site internet corroborant cette version est Liste de dieux chinois sur chine-information.com; une traduction de cette page, disponible sur le même site, nomme le "dieu"... Cabbage Wang. La probabilité du canular semble très forte, aussi nous vous invitons à la plus grande vigilance.
  2. 顧頡剛 [紂惡七十事發生的次第]
  3. 紂之不善,不如是之甚也。是以君子惡居下流,天下之惡皆歸焉。