D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

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D'où venons nous? Que sommes nous? Où allons nous?
Paul Gauguin, 1897–1898
huile sur toile, 139.1 × 374.6 cm
Musée des Beaux-Arts de Boston

D'où venons nous? Que sommes nous? Où allons nous? est une des peintures les plus célèbres de Paul Gauguin. Peint à Tahiti en 18971898, il est maintenant abrité au Musée des Beaux-Arts de Boston, dans le Massachusetts, aux États-Unis.

[modifier] Provenance et histoire

Gauguin quitte la France pour Tahiti en 1891, à la recherche d'une société plus fondamentale et simpliste. En addition à plusieurs autres peintures de sa création qui expriment une mythologie hautement individualiste, il commença cette peinture en 1897 et la finit en 1898, la considérant comme un chef-d'œuvre et l'apogée grandiose de sa pensée. Elle représente le cycle de la vie.

Les restaurateurs du Musée des Beaux-Arts de Boston, où le tableau réside maintenant, mettent à jour régulièrement leur historique des différents propriétaires, suggérant que leur liste n'est pas exhaustive. En tout cas, en 1898, Gauguin envoya le tableau à George-Daniel de Monfreid à Paris. Par la suite, la toile fut confiée et vendue à plusieurs autres marchands et collectionneurs parisiens et européens, jusqu'à ce qu'elle soit acquise par la Galerie Marie Harriman à New York en 1936. Le Musée des Beaux-Arts de Boston en a fait l'acquisition auprès de la Galerie Marie Harriman le 16 avril 1936.

Il est exposé au Musée des Beaux-Arts de Boston (numéro 36.270) dans la Collection Tompkins, qui fait partie de la Sidney and Esther Rabb Gallery (qui expose des œuvres d'art européennes créées entre 1870 et 1900). Il fait 1,39m de hauteur et 3,74m de longueur.

[modifier] Style et Analyse

Gauguin — après avoir juré de mettre fin à ses jours après l'achèvement de ce tableau (il avait déjà fait une tentative de suicide) — indiqua que le tableau devait être lu de droite à gauche, avec les trois principaux groupes de personnes illustrant les questions posées dans le titre. Les trois femmes avec un enfant représentent le début de la vie, le groupe du milieu symbolise l'existence quotidienne des jeunes adultes, et dans le dernier groupe, d'après l'artiste, « une vieille femme approchant la mort apparait réconciliée et résignée à cette idée » ; à ses pieds, « un étrange oiseau blanc [...] représente la futilité des mots. » L'idole bleue à l'arrière-plan représente apparemment ce que Gauguin décrivait comme « L'au-delà ».

Après cette description de l'œuvre il y a l'interprétation. Dans cette fresque, beaucoup d'éléments ou de motifs appartiennent à d'autres œuvres qu'il a peint quelques années auparavant. Par exemple "Eve Bretonne" en 1889, qui est alors devenue la vieillarde de gauche - la réminiscence est même allée jusqu'à lui faire reproduire les racines tentaculaires qui surmontent la tête -; où bien l'enfant au centre mangeant un fruit, déjà peint l'année précédente dans "Jours Délicieux", même le chaton qui lèche, est dans la même position, avec la même écuelle que dans un petit tableau,et un éventail de 1888. La figure centrale est une version allégorique du nu d'homme aux bras levé, peint aux cours des premiers mois tahitien de Gauguin "L'homme à la hâche" de 1891.

Gauguin a laissé plusieurs traces sur son but et son envie du pourquoi de ce tableau testament. Tableau fort mystérieux et très complet reprenant grands nombres d'idées, de techniques, d'éléments de réflexions et autre. Il écrit alors à son ami Monfreid sur les circonstances de l'élaboration de "D'où venons nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?": « Il faut vous dire que ma résolution (de suicide) était bien prise pour le mois de décembre. Alors j'ai voulu, avant de mourir, peindre une grande toile que j'avais en tête et, durant tout le mois, j'ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe [...]. L'aspect est terriblement fruste [...]. On dir ("dira" ?) que c'est lâché, pas fini. Il est vrai qu'on ne se juge pas bien soi-même mais cependant je crois que non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes mais encore que je n'en ferais jamais une meilleure ni une semblable. J'y ai mis là, avant de mourir, toute mon énergie, une telle passion douloureuse dans des circonstances terrible et une vision tellement nette, sans correction, que le hâtif disparaît et que la vie surgit [...]. Les deux coins du haut, son jaune de chrome avec l'inscription à gauche et ma signature à droite, telle une fresque abîmée au coins et appliquée sur un mur or. » Gauguin se pose beaucoup de questions sur l'existence du monde, d'où ce questionnement et ce tableau. Chacun des groupes du tableau reprenant une des questions du titre.

Cette peinture est une accentuation du style post-impressionniste pionnier de Gauguin; son art insiste sur l'utilisation vivante des couleurs et un trait épais, principes de l'impressionnisme, alors qu'il visait à transmettre une force émotionnelle ou expressionniste. Il émergea en conjonction avec d'autres mouvements d'avant-garde du vingtième siècle, incluant le cubisme et le fauvisme.