Détrompeur

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Un détrompeur (poka-yoke, ポカヨケ, ou anti-erreur) est un dispositif permettant d'éviter une erreur.
C'est une « astuce », généralement mécanique, permettant d’éviter les erreurs d'assemblage, de montage ou de branchement.

Sommaire

[modifier] Enjeux et histoire du détrompeur

Au moment où la qualité est un des facteurs primordiaux dans la réussite d’une entreprise, le zéro défaut doit être un des objectifs principaux lors de la conception des machines de production. Pour cela, l’implantation de systèmes poka-yoke doit permettre d’éviter beaucoup de problèmes lors de la fabrication.

Un poka-yoke est un système qui, lorsqu’il est bien utilisé, ne peut laisser se produire aucune erreur, qu’elle soit d’origine humaine ou machine. Un bon système poka-yoke doit permettre d’atteindre le « zéro défaut » et doit avoir pour finalité l’élimination des inspections qualité qui ne sont présentes que pour déceler des défauts de production. L’implantation d’un système poka-yoke dans un processus déjà mis en place est complexe. Pour cette raison, il est intéressant d’incorporer lors de l’élaboration du processus un système anti-erreur. Il faut comprendre que l’erreur est humaine et est inévitable. Un système poka-yoke est mis en place pour empêcher à coup sûr que tous défauts envisageables ne puissent survenir. Un poka-yoke doit permettre à l’opérateur de se concentrer sur son travail sans avoir besoin de faire des actions inutiles pour la prévention des erreurs. Un défaut provient toujours d’une erreur.
Ces erreurs de production doivent tendre vers zéro avec un système poka-yoke bien conçu.
Pour cette raison, il faut pouvoir implanter au plus tôt lors de la conception des machines, de bons systèmes Poka-yokes, pour être sûr qu’au final de la chaîne de production, le produit fini est sans défaut et ne nécessite aucune vérification. Lors de la conception d’un système poka-yoke, il faut déterminer précisément les besoins à satisfaire et connaître les restrictions que doivent engendrer le système poka-yoke. Une analyse complète et détaillée de ses besoins peut permettre de fermer la porte à un maximum d'erreurs de manipulation.
On peut aussi, lors d’une démarche contraire définir sur quels points l’opérateur peut agir et ainsi ne rendre possibles que les interventions pertinentes. Dans l’idéal, un système poka-yoke est conçu et réalisé en collaboration avec les opérateurs. Ces derniers sont les plus aptes à cibler parfaitement les problèmes puisque ce sont eux qui utilisent la machine.

Le système détrompeur "poka-yoke" est l'invention d'un ingénieur, Shigeo Shingo (1909-1990), très créatif chez Toyota. C'est lui qui a créé le single minute exchange die (SMED), c'est-à-dire la méthode qui permet de changer un outil dans un processus de production en quelques minutes. Il s'est beaucoup intéressé aussi au contrôle de la qualité et à tout ce qui pouvait amener une organisation vers le « zéro défaut ». C'est dans ce registre qu'il a été amené à construire le pokayoke. L'idée est de concevoir un outil qui empêche l'erreur de se produire [Shingo, 1986]. Mieux vaut prévenir que guérir. Il distingue trois sortes de poka-yoke. Le poka-yoke de contact : la présence de ce dernier lors de l'opération oblige l'opérateur à ne pas faire d'erreur. L'exemple de la ceinture de sécurité non bouclée qui empêche la voiture de démarrer fait partie de cette catégorie d'outil anti-erreur. Le poka-yoke de signalement qui indique lors d'une procédure si une des opérations n'a pas été effectuée. C'est le signal sonore permanent qui se met en place lorsqu'une opération est manquante dans une procédure et qui ne s'arrêtera que lors de l'exécution de cette opération. Le poka-yoke chronologique qui est une suite d'opérations à caractère obligatoire à réaliser chronologiquement pour mettre en route une machine : c'est la vérification effectuée par un pilote d'avion lors de la prise des commandes.

[modifier] Cas du détrompeur mécanique

Il s'agit généralement d'éviter de brancher des prises ou des connecteurs dans le mauvais sens (lorsqu'il y a un sens) ou d'éviter de placer un objet à la place d'un autre.
Généralement un ergot suffit, pour être plus efficace et robuste une forme spéciale, souvent dissymétrique, par exemple trapézoïdale.

Exemples
  • Les robinetteries de gaz sous soumises à des normes très strictes, afin que l'on ne puisse pas se tromper dans les branchements ; en France, il s'agit de la norme NF E 29-650 ;
    • Dans le cas d'un branchement vissé, la distinction se fait sur le sens du filetage (pas à gauche ou à droite) et sur la position de la partie mâle et femelle (sur la bouteille ou le tuyau) ;
    • Dans les hôpitaux, les prise de vide et de dioxygène dans les chambres, de dioxygène et de protoxyde d'azote pour l'anesthésie sont différentes.
    • Pour les sapeurs-pompiers, les branchements des bouteilles de dioxygène médical et les branchements des bouteilles d'air comprimé des appareils respiratoires isolants.
  • De nombreux supports enregistrables ont des formes comprenant un détrompeur. Par exemple les disquettes.

[modifier] Système de pensée associé

L’intérêt d’un détrompeur est d’éviter une production défectueuse.

La nuance peut paraître sans grand intérêt par rapport à la définition initiale : en fait, elle fonde tout le système de pensée japonais en production (voir l'exemple de Toyota), dans lequel le fait de « faire la qualité » est prioritaire sur le fait de « contrôler la qualité ». D’une manière positive, le détrompeur devient un dispositif permettant de n’autoriser la production que si celle-ci est bonne.

Pendant de nombreuses années, on a négligé l’importance de l’approche culturelle dans l’approche des problèmes de la qualité. Cette limite a notamment conduit à la faillite des cercles de qualité (Kaoru Ishikawa) en France, où la langue japonaise est encore réputée « très étrangère ».

[modifier] Voir aussi