Démon (Socrate)

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Socrate nomme démon (ou ðaïmon) ce qui lui souffle ses réponses lorsqu'il s'exprime sur un sujet. Pour éviter l'ambigüité, on adopte en français l'orthographe ðaïmon pour décrire ce type de démon.

Socrate se disait inspiré d'un génie particulier, qu'il nommait son ðaïmon et qui lui suggérait toutes ses résolutions, tous les principes de sa philosophie et de sa conduite. Consulter son ðaïmon familier, c'était pour Socrate consulter sa divinité intérieure, son jugement, sa raison, qu'il regardait non seulement comme un don mais comme une émanation et une portion de la divinité. Socrate le prenait pour un guide réel, distinct de son imagination et organe d'une divinité tutélaire. Pour Mme Blavatsky, le ðaïmon de Socrate est la partie incorruptible de l'homme, ou plutôt le véritable homme intérieur, le Noûs, ou l'Ego rationnel divin.

Dans un dialogue intitulé Le Banquet, Platon rapporte l'enseignement de Diotime à Socrate:

« Tout ce qui est démonique est intermédiaire entre ce qui est mortel et ce qui est immortel.
- Avec quelle fonction ? demandai-je.
- Avec celle de faire connaître et de transmettre aux dieux ce qui vient des hommes, et aux hommes ce qui vient des Dieux : les prières et les sacrifices des premiers, les injonctions des seconds et leurs faveurs, en échange des sacrifices; et, d'un autre côté étant intermédiaire entre les uns et les autres, ce qui est démonique en est complémentaire, de façon à mettre le Tout en liaison avec lui-même. C'est grâce à cette sorte d'être qu'ont pu venir au jour la Divination dans son ensemble, la science des prêtres touchant les choses qui ont rapport aux sacrifices, aux initiations, aux incantations, à la prédiction en général et à la magie. Le Dieu, quant à lui, ne se mêle pas à l'homme; mais toutefois, grâce à cette nature moyenne, c'est d'une façon complète que se réalise pour les Dieux la possibilité d'entrer en relation avec les hommes et de converser avec eux, soit pendant la veille, soit pendant le sommeil. »

Apulée de Madaure, au IIe siècle dans un petit traité intitulé A propos du Dieu de Socrate, dit en s'inspirant du dialogue de Platon:

« Non, vous répondra Platon par ma bouche, non, les dieux ne sont pas tellement distincts et séparés des hommes, qu'ils ne puissent entendre nos voeux. Ils sont, il est vrai, étrangers au contact, mais non au soin des choses humaines. Il y a des divinités intermédiaires qui habitent entre les hauteurs du ciel et l'élément terrestre, dans ce milieu qu'occupe l'air, et qui transmettent aux dieux nos désirs et les mérites de nos actions : les Grecs les appellent démons. Messagers de prières et de bienfaits entre les hommes et les dieux, ces démons portent et reportent des uns aux autres, d'un côté les demandes, de l'autre les secours; interprètes auprès des uns, génies secourables auprès des autres, ... »

[modifier] Bibliographie

  • Platon, Le Banquet, Ed. Gallimard, 1950.
  • Apulée, A propos du Dieu de Socrate, Ed. Les Belles Lettres, 1973
  • Mme Blavatsky, Glossaire théosophique, Ed. Adyar, 1981