Délire de relation des sensitifs

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Le délire de relation des sensitifs (ou délire de relation des sensitifs de Kretschmer du nom du psychiatre Ernst Kretschmer qui l'a décrit en 1919) est un trouble psychiatrique du groupe des psychoses paranoïaques qui survient le plus souvent sur une personnalité particulière appelée personnalité sensitive.

Sommaire

[modifier] La personnalité sensitive

C'est un type de personnalité paranoïaque marqué par un sens élevé des valeurs morales, l'orgueil (une haute estime de soi-même, qui conduit à se considérer comme jamais suffisamment reconnu à sa juste valeur), une hyperesthésie relationnelle entraînant une grande vulnérabilité dans les contacts sociaux, et une tendance à l'autocritique, à intérioriser douloureusement les échecs et une susceptibilité. On ne retrouve pas l'hypertrophie du moi ni la quérulence présentes chez les autres personnalités paranoïaques.

[modifier] Description du délire de relation des sensitifs

Le délire de relation des sensitifs est un délire chronique non dissociatif, c'est à dire qu'il n'appartient pas au groupe des schizophrénies. Il s'installe chez l'adulte (généralement après 35 ans), chez des sujets qui présentaient antérieurement une personnalité marquée par la sensitivité. Un état délirant apparaît progessivement, généralement à la suite d'échecs ou de déceptions : le sujet commence à interpréter de manière délirante le monde qui l'entoure (c'est-à-dire qu'il perçoit correctement la réalité, mais qu'il lui attribue un sens erroné), c'est ce qu'on appelle un mécanisme interprétatif.

Par exemple les propos, mimiques, gestes de son entourages vont être interprétés comme des signes évidents de mépris et d'hostilité à son endroit. La prévalence du mécanisme interprétatif sur les autres mécanismes est caractèristique du groupe des paranoïas. Les thèmes du délire, c'est-à-dire le contenu des interprétations concernent des idées de persécution, de préjudice et de mépris dont le sujet serait victime, ou d'atteinte de ses valeurs morales. Le délire est en général limité au cercle proche du patient (sa famille, ses amis, ses collègues, ses voisins, etc). Il est vécu douloureusement et de manière solitaire.

Il se complique généralement d'épisodes dépressifs parfois sévères. Contrairement à ce qui se passe dans les autres types de paranoïa il n'y a pas de réaction d'agressivité envers l'entourage, peu de réaction bruyante, ni de dangerosité tournée vers autrui. Le risque suicidaire existe au cours des épisodes dépressifs. L'évolution est moins souvent chronique que dans les autres paranoïa, toutefois, même après une évolution favorable, les signes sont susceptibles de réapparaître à l'occasion d'une nouvelle déception.

[modifier] Traitement

Un traitement spécialisé par un psychiatre est nécessaire. Il associe un traitement de fond neuroleptique qui vise à réduire le délire, et éventuellement un traitement antidépresseur, notamment lors des périodes de dépressions. La prescription doit cependant en être bien évaluée. Il est également possible de proposer des anxiolytiques de manière ponctuelle lorsque l'angoisse est trop importante. Une psychothérapie peut également être proposée.

[modifier] Situation nosologique

L'école de psychiatrie française individualise ce syndrome au sein du groupe des paranoïas. Il n'y a cependant pas de consensus international sur ce point. Dans le DSM-IV par exemple, le délire de relation des sentitifs est classé sous la rubrique Trouble délirant qui contient tous les délires chroniques non dissociatifs, et le terme même de paranoïa a disparu.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Bibliographie

  • Ernst Kretschmer, Paranoïa et sensibilité (traduction française de la 3 e éd. allemande), éd. P.U.F., Paris, 1963,