Cordite

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La cordite est un explosif utilisé en artillerie ou comme carburant solide pour les fusées, il est composé de nitrocellulose, de nitroglycérine et de nitroguanidine sous sa forme moderne (cordite N). Cette substance ne dégage presque pas de fumée lorsqu'elle est allumée et ne produit pas de flash lumineux. Elle se consume plus rapidement que la ballistite d'Alfred Nobel. Pour la fabriquer, on dissout les composants dans de l'acétone. Le mélange est ensuite séché puis extrudé sous forme de câbles d'où le nom de "cordite".

La cordite a été utilisée dans la bombe atomique Little Boy en 1945 pour propulser un projectile d'uranium contre une autre masse de matière fissile.

[modifier] La poudre blanche

En 1886, le chimiste français Paul Vieille inventa la première poudre explosive qui ne dégageait pas de fumée (la Poudre B ou Poudre Blanche). Elle était produite grâce à de la nitrocellulose et du collodion, mélangés à de l'éthanol et de l'éther puis malaxés pour obtenir une substance trois fois plus explosive que la poudre noire, sans les inconvénients de cette dernière. L'absence de fumée est due à une combustion produisant une plus grande proportion de gaz que dans le cas de la poudre noire. Celle-ci se dégrade à 60 % en produits solides dont du sulfate et du carbonate de potassium.

L'armée française adopta immédiatement cet explosif, mais il était instable et fut la cause de plusieurs accidents. Deux navires, le Iéna et le Liberté explosèrent à Toulon en 1907 et 1911.

Alfred Nobel inventa en 1887 un explosif similaire : la ballistite. Il était composé à 10 % de camphre, 45 % de nitroglycérine et 45 % de collodion. Dans le brevet déposé par Nobel, il est question d'une nitrocellulose qui doit être du "bien-connu type soluble". Avec le temps, le camphre s'évaporait et l'explosif devenait instable.

[modifier] Évolution de la ballistite

Un groupe d'experts au Royaume-Uni, le Explosives Committee dirigé par Sir Frederick Abel, s'intéressa au développement à l'étranger en matière d'explosifs. Abel et un autre membre, Sir James Dewar, brevetèrent en 1889 une nouvelle mixture composée à 58 % de nitroglycérine, 37 % de nitrocellulose et 5 % de vaseline. Avec de l'acétone faisant office de solvant, la pâte était extrudée sous forme de cordes appelées cordes de poudre ou modification de la ballistite par le Comité. Peu après, ces dénominations furent remplacées par cordite. Les chimistes découvrirent alors que la vitesse de combusion dépendait du diamètre et de la surface exposée de la corde d'explosif. De fins cordons étaient destinés à de petites armes et brûlaient rapidement alors que les cordons d'un diamètre plus élevé mettaient plus de temps à se consumer et étaient utilisés en artillerie.

Nobel attaqua Abel et Dewer au sujet de son brevet mais il perdit son procès en 1895 car il avait spécifié une nitrocellulose soluble et non solide comme dans le cas de la cordite.

[modifier] Améliorations de la cordite

Les trois explosifs continuèrent à être utilisés par les différentes armées pendant plusieurs années mais la cordite devint progressivement l'explosif de choix. Les premières versions de la cordite étaient corrosives et s'attaquaient aux canons d'artillerie. Les Britanniques changèrent la composition avec 65 % de nitrocellulose, 30 % de nitroglycérine et 5 % de vaseline après la deuxième guerre contre les Boers. Cette version fut nommée cordite MD (MoDified).

Pendant la Première Guerre mondiale, les réserves d'acétone s'épuisèrent rapidement et les Britanniques développèrent une nouvelle formule. Ce fut la cordite RDB (Research Department formula B) avec 52 % de collodion, 42 % de nitroglycérine et 6 % de vaseline. Cette variante était instable et fut remplacée par la vieille formule dès que l'acétone fut à nouveau disponible. Des recherches pour diminuer la quantité de solvants nécessaire et améliorer la stabilité du mélange furent menées et aboutirent à la version qui fut utilisée durant la Seconde Guerre mondiale, la cordite N.

La cordite N contient un ingrédient supplémentaire, la nitroguanidine qui produit une grande quantié d'azote lors de la combustion ce qui réduit l'intensité du flash à la sortie du canon. Sa température de combustion plus basse réduisait aussi l'érosion des canons, en particulier ceux de la marine.